[Non loin de Theopolis]
Aller chercher des plantes médicinales aurait pu paraître affreux pour toute personne un temps soit peu riche ; cela l’aurait pu l’être aussi pour certains membres des Seraphs. Divinités adorées à Mearian, certains appréciaient leur confort et leurs droits divins ; pour Annalia, au contraire, s’échapper de la ferveur et la dévotion de Theopolis était souvent salvateur. Elle adorait son peuple, bien entendu : celui dans lequel elle était née, où elle avait même grandi. D’autre part, l’ascension de l’Ordre et la théocratie de sa nation était sinon omniprésente, au moins harassante. Et ne serait-ce que de temps en temps, Charité aimait s’éloigner de la capitale pour goûter un instant au silence, à la tranquillité, si tranchante avec le foisonnement de vie et de mouvement dans la capitale des Dieux.
C’était peut-être pour cela que, lorsqu’elle avait vu une liste de plantes médicinales par une infirmière dans un hospice de Mearian, Annalia avait proposé si spontanément d’y aller à sa place. La bonne femme avait de toute manière un bon nombre de patients à s’occuper, et pour ce qui concernait la Seraph, elle n’avait pas eu la volonté de rester simplement dans son temple. C’était impossible pour elle de rester sagement toujours au même endroit. Il lui fallait bouger, aider ceux qu’elle rencontrait si cela s’avérait nécessaire, mais ne pas rester à la même place indéfiniment. On pouvait donc dire qu’elle avait sauté sur l’occasion et délaissé les rues de Theopolis. Le reste avait été simple : Charité s’était aventurée dans une zone plus sauvage et plus boisée de Mearian, où elle savait qu’elle trouverait les plantes médicinales qu’elle recherchait. Une escapade d’autant plus agréable qu’elle était seule, et que le soleil régnait en ce mois d’octobre. Enroulée sous une cape brune assez ample, mais qui protégeait du froid d’automne, la demoiselle avait aussi pris une petite besace pour y déposer ses plantes.
Depuis, silencieuse et vive tout à la fois, Charité marchait au milieu de la forêt, goûtant d’une part à cet instant serein lié à la nature, cherchant d’autre part les plantes qui seraient utiles à ces infirmières qu’elle allait régulièrement voir. La magie aussi pouvait être bénéfique pour soigner les plaies et les blessures, mais les plantes médicinales pouvaient s’avérer tout aussi efficaces.
« Voire même plus, songea-t-elle. [i]Certaines magies peuvent au fond être néfastes…
Ce fut alors qu’elle cueillait des pétales d’ellébore, chères pour leurs effets contre la fièvre et la toux, qu’elle entendit un bruit, presque indistinct et qu’elle n’aurait pas perçu sans avoir fait attention. Annalia releva la tête, ne tarda pas à se relever, tout en regardant la zone vers laquelle elle avait entendu des brindilles craquer. Était-ce elle… ? Avait-ce été un animal ? Un lapin ? Une biche ? Encore une autre espèce… ?
Pourtant, et Charité fronça les sourcils, sa propre magie aussi commençait à faire effet. Elle avait tenté, au départ, de l’occulter et de penser à autre chose ; mais désormais, Annalia avait de plus en plus la sensation qu’on avait besoin d’aide dans les environs, sans savoir exactement de quoi il en retournait. Ca n’avait été qu’un sentiment diffus d’abord ; maintenant, cela devenait plus fort, comme si elle se rapprochait de la zone désignée par son pouvoir.
Elle aurait pu faire semblant de rien, évidemment. Cela aurait été tellement possible. Faire demi-tour, d’autant qu’elle avait déjà trouvé beaucoup de plantes lors de sa cueillette. Retourner à Theopolis, qui était à trente minutes à pied d’ici. Mais Charité n’eut le temps que de faire quelques pas tout en observant la forêt silencieuse qu’elle se retrouva nez à nez avec une silhouette apparut devant elle. La première chose qui la frappa, sans doute, fut les cheveux de la couleur de l’aube de la demoiselle en face d’elle.
Une surprise assez comique en soi, puisqu’Annalia elle-même avait la même chevelure.
Pour autant, la Seraph ne s’attendait pas encore tellement à croiser du monde. Elle avait cru que la personne qui avait besoin d’aide était encore loin… Et elle semblait s’être bien trompée, adoptant même une face interdite vers cette inconnue qu’elle n’avait pas vue venir.
L’espace d’une ou deux seconde, Charité fut totalement immobile, la main fermée sur la plante qu’elle venait de cueillir, observant simplement la demoiselle qui avait simplement une tunique blanche et une cape de la même couleur. Elle ne savait pas si c’était elle que son pouvoir désignait, ne voulait pas utiliser sa compétence pour en être non plus sûre. Il suffisait de la voir pour se rendre compte que cette jeune femme semblait au moins fatiguée, sinon perdue ou dans un état qui n’était peut-être pas normal.
- Excusez-moi… Est-ce que je peux vous aider ? demanda doucement la Seraph, rompant du même coup le silence qui semblait régner sur les lieux.
La demoiselle n’avait pas vraiment une tenue adaptée pour une balade en forêt : sa tunique lui semblait trop courte pour être une robe mise pour se balader dehors, d’autant qu’on était en octobre et pas en été. Quant à savoir ce que cette jeune femme faisait là… C’était une très bonne question qu’Annalia avait envie d’éclairer.
Aller chercher des plantes médicinales aurait pu paraître affreux pour toute personne un temps soit peu riche ; cela l’aurait pu l’être aussi pour certains membres des Seraphs. Divinités adorées à Mearian, certains appréciaient leur confort et leurs droits divins ; pour Annalia, au contraire, s’échapper de la ferveur et la dévotion de Theopolis était souvent salvateur. Elle adorait son peuple, bien entendu : celui dans lequel elle était née, où elle avait même grandi. D’autre part, l’ascension de l’Ordre et la théocratie de sa nation était sinon omniprésente, au moins harassante. Et ne serait-ce que de temps en temps, Charité aimait s’éloigner de la capitale pour goûter un instant au silence, à la tranquillité, si tranchante avec le foisonnement de vie et de mouvement dans la capitale des Dieux.
C’était peut-être pour cela que, lorsqu’elle avait vu une liste de plantes médicinales par une infirmière dans un hospice de Mearian, Annalia avait proposé si spontanément d’y aller à sa place. La bonne femme avait de toute manière un bon nombre de patients à s’occuper, et pour ce qui concernait la Seraph, elle n’avait pas eu la volonté de rester simplement dans son temple. C’était impossible pour elle de rester sagement toujours au même endroit. Il lui fallait bouger, aider ceux qu’elle rencontrait si cela s’avérait nécessaire, mais ne pas rester à la même place indéfiniment. On pouvait donc dire qu’elle avait sauté sur l’occasion et délaissé les rues de Theopolis. Le reste avait été simple : Charité s’était aventurée dans une zone plus sauvage et plus boisée de Mearian, où elle savait qu’elle trouverait les plantes médicinales qu’elle recherchait. Une escapade d’autant plus agréable qu’elle était seule, et que le soleil régnait en ce mois d’octobre. Enroulée sous une cape brune assez ample, mais qui protégeait du froid d’automne, la demoiselle avait aussi pris une petite besace pour y déposer ses plantes.
Depuis, silencieuse et vive tout à la fois, Charité marchait au milieu de la forêt, goûtant d’une part à cet instant serein lié à la nature, cherchant d’autre part les plantes qui seraient utiles à ces infirmières qu’elle allait régulièrement voir. La magie aussi pouvait être bénéfique pour soigner les plaies et les blessures, mais les plantes médicinales pouvaient s’avérer tout aussi efficaces.
« Voire même plus, songea-t-elle. [i]Certaines magies peuvent au fond être néfastes…
Ce fut alors qu’elle cueillait des pétales d’ellébore, chères pour leurs effets contre la fièvre et la toux, qu’elle entendit un bruit, presque indistinct et qu’elle n’aurait pas perçu sans avoir fait attention. Annalia releva la tête, ne tarda pas à se relever, tout en regardant la zone vers laquelle elle avait entendu des brindilles craquer. Était-ce elle… ? Avait-ce été un animal ? Un lapin ? Une biche ? Encore une autre espèce… ?
Pourtant, et Charité fronça les sourcils, sa propre magie aussi commençait à faire effet. Elle avait tenté, au départ, de l’occulter et de penser à autre chose ; mais désormais, Annalia avait de plus en plus la sensation qu’on avait besoin d’aide dans les environs, sans savoir exactement de quoi il en retournait. Ca n’avait été qu’un sentiment diffus d’abord ; maintenant, cela devenait plus fort, comme si elle se rapprochait de la zone désignée par son pouvoir.
Elle aurait pu faire semblant de rien, évidemment. Cela aurait été tellement possible. Faire demi-tour, d’autant qu’elle avait déjà trouvé beaucoup de plantes lors de sa cueillette. Retourner à Theopolis, qui était à trente minutes à pied d’ici. Mais Charité n’eut le temps que de faire quelques pas tout en observant la forêt silencieuse qu’elle se retrouva nez à nez avec une silhouette apparut devant elle. La première chose qui la frappa, sans doute, fut les cheveux de la couleur de l’aube de la demoiselle en face d’elle.
Une surprise assez comique en soi, puisqu’Annalia elle-même avait la même chevelure.
Pour autant, la Seraph ne s’attendait pas encore tellement à croiser du monde. Elle avait cru que la personne qui avait besoin d’aide était encore loin… Et elle semblait s’être bien trompée, adoptant même une face interdite vers cette inconnue qu’elle n’avait pas vue venir.
L’espace d’une ou deux seconde, Charité fut totalement immobile, la main fermée sur la plante qu’elle venait de cueillir, observant simplement la demoiselle qui avait simplement une tunique blanche et une cape de la même couleur. Elle ne savait pas si c’était elle que son pouvoir désignait, ne voulait pas utiliser sa compétence pour en être non plus sûre. Il suffisait de la voir pour se rendre compte que cette jeune femme semblait au moins fatiguée, sinon perdue ou dans un état qui n’était peut-être pas normal.
- Excusez-moi… Est-ce que je peux vous aider ? demanda doucement la Seraph, rompant du même coup le silence qui semblait régner sur les lieux.
La demoiselle n’avait pas vraiment une tenue adaptée pour une balade en forêt : sa tunique lui semblait trop courte pour être une robe mise pour se balader dehors, d’autant qu’on était en octobre et pas en été. Quant à savoir ce que cette jeune femme faisait là… C’était une très bonne question qu’Annalia avait envie d’éclairer.