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Lost Kingdom  :: Nueva :: La Capitale - Lelanaserine, cité des sages

Le sage et l'oubliée. <pv. Hector>

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Voilà une journée étrange qui s’annonçait. Cela ne faisait pas longtemps que j’étais revenue de ma dernière opération que je me trouvais convoqué par le sage Primus, Hector Allaster. L’évènement, si ce n’était pas quelque chose de totalement hors du commun, restait suffisament rare pour qu’on le remarque. Ainsi, je me pris à me demander si j’avais put faire quoi que ce soit qui aurait put offenser l’un des sages, sans arriver à trouver la moindre réponse. Au final, vu que j’avais de toute façon le choix, je choisit de me présenter au bâtiment administratif officiel où j’avais été convoqué, en plein cœur de Lelanaserine.

La partie la plus surprenante, me dis-je, c’était que ce fut Primus précisément qui me convoque. Quand elle s’est réveillée de son long sommeille pour devenir tribun, une des premières actions que je fit fut de me renseigner sur les sages actuels tout en gardant profil bas. Il n’aurait pas été trop bon que quelqu’un s’intéresse un peu trop profondément à mon passé après tout. C’est dans cette mentalité que je m’avançait vers les portes du bâtiment administratif où l’on m’avait convoqué, une structure qui d’extérieur pouvait sans doute être comparée à toute les autres batisses préfectorale habituelle : rien d’excentrique, rien de flashy, juste une structure des plus conventionnelle sans pour autant être dénuée de moyens.

Après avoir sonné, il ne fallut que quelques secondes pour qu’un majordome vienne m’ouvrir. Me présentant, on me fit entrer sans poser de question. Et je dois avouer que je ne m’attendais pas vraiment à un tel changement d’ambiance. D’une batisse comme les autres, on passait à un intérieur des plus luxueux. Il restait un côté pratique et presque spartiate dans l’ensemble, mais la tonalité prenait un tour différent quand on savait sur quoi l’on posait les yeux. Les tableaux, bien que n’étant pas en nombre outrancier, provenaient rarement de personnes qui n’avaient pas au moins leur petite renommée, les meubles étaient ou en bois rare ou étonnemment bien travailler. Le tout était rehausser de vert par les diverses plantes qui se trouvaient ça et là dans la maison.

La conduisant ainsi au milieu des corridors du bâtiment, on l’amena à ce qui ressemblait à un petit salon, lui disant que le sage ne devrait pas tarder à arriver et de bien vouloir l’attendre. Bien décorrée, une table basse se trouvait au milieu de ce dernier, deux chaises venant s’y installer sans pour autant se faire face. Quelques plantes, une ou deux commodes, rien d’extraordinaire. Et pourtant, quelque chose attira mon regard dans l’une des commodes. Etait-ce sa forme ? Etait-ce ses gravures ? Sur le coup je ne le savais pas vraiment alors que mes pas m’amenaient à m’approcher de cette dernière. De bois massif, les poignées et certains angles se voyaient garnie de bronze. Le bois en lui-même n’avait rien d’extraordinaire, et pourtant il avait été travailler avec une précision qui avait sut transcender les âges…

* Au moins ça prouve que, outre son égo, le propriétaire des lieux à le minimum de goût requis pour nous convoquer ainsi… *

J’ignorais ces propos dans ma tête, ma main glissant sur le meuble alors qu’un sourire venait se poser sur mes lèvres. Que de souvenir : ce meuble était mien par le passé, mais cela commençait à dater. A l’époque, il se trouvait dans mon bureau, lorsque j’habitai encore à Lelanaserine en tant que sage. L’espace d’un instant je réfléchit quand à savoir si le compartiment secret et ce qu’il contenait avait été découvert ou non. J’aurais bien été tenter de l’ouvrir rapidement, pour vérifier, mais le bruit d’une porte qui s’ouvre me tira de mes rêveries, faisant porter mon regard vers cette dernière tandis que ma main se retirait de la commode, venant croiser sa jumelle dans mon dos alors que j’adoptait une attitude bien plus formelle. Devinant sans problème qui était la personne borgne en face de moi, je le saluait d'une inclinaison de tête.

« Vous m'avez fait mander, Primus ?
Journée banale pour le Sage. Quelques papiers à signer. Un rapport d’enquête à feuilleter afin de préparer la prochaine réunion. Un avis à demander aux tribuns sur la prochaine mesure concernant le commerce de diverses denrées. Rencontre à midi avec un riche artisan pour voir ce qu’il avait à proposer concernant le renouvellement de certaines fournitures du Conseil et de son administration. Ça pourrait être très lucratif pour lui, et le Conseil pourrait faire quelques petites économies non négligeables. Rien de très palpitant mais Hector tenait particulièrement à ce déjeuner où il comptait bien se faire un repas digne de ce nom.

Avant de faire passer la demande d’avis, il repasse rapidement sur la liste des tribuns, pour savoir lesquels seraient le plus prêts à le soutenir et lesquels tendraient à s’opposer à lui. Les tribuns n’ont pas forcément de loyauté envers le Sage auquel ils ont été assigné, mais un genre de sympathie se développe en général étant donné qu’ils travaillent en collaboration, il faut le prendre en compte. De ce fait, il sait plus ou moins qui est attaché à qui et qui a quelle sensibilité. Mais ça s’arrête là en général. Feuilletant celle ci, il s’arrêta sur un nom qui ne lui disait rien de spécial. Bizarre. Freya… Ar’Ciel ? Qu’est ce que c’est que ce nom, c’est un peu désuet, non ? Enfin avec le mélange des espèces et des générations selon la durée de vie, ce n’est pas invraisemblable. Choisie spécialement par le Grand Sage, toutefois. Ce n’est pas rien. N’ayant pas prévu de voir le Grand Sage en dehors des horaires de travail pour le moment, la Salamandre décida de requérir quelques fonctionnaires pour aller lui sortir des registres ce qu’on pouvait trouver sur cette personne et de demander à droite à gauche rapidement ce qu’on en savait. Pendant ce temps, il se rendit à son déjeuner. Il avait mieux à faire que de fouiller.

En revenant, les dossiers étaient présents, chose agréable quand on a du pouvoir, avec un petit résumé des points importants. En même temps, les recherches n’avaient pas été compliquées : le registre à la bibliothèque et peut être quelques informations complémentaires. C’est pas comme s’il pouvait y avoir beaucoup d’homonyme. Et il y avait quelque chose d’étrange.

Cette femme était morte.

Le registre était catégorique. Cause de la mort, retenue prolongée dans un solide cristal dont personne ne savait trop quoi faire. Mais le pire, c’est que c’était il y a tellement longtemps que c’était impossible qu’il s’agisse de la même personne. Normalement. Surtout si elle avait passé tout ce temps dans un solide. D’autres informations complémentaires comportaient les commentaire qu’elle avait pu laisser ces deux dernières années sur les législations mises en place ou le choix qu’Alexander avait dû faire pour la recruter, car en théorie la sélection est aléatoire.

Devant le caractère étrange de la situation, Hector décida de la convoquer. Le plus vite possible.

Quand elle arriva dans le petit salon, Hector fut prévenu et il se déplaça vers celui ci d’un pas léger. Il en ouvrit la porte, où il trouva celle dont il avait requis la présence.

« Oui, bonjour. J’ai quelques petites choses à discuter avec vous. Madame Ar’Ciel, c’est ça ? Je vous prie de bien vouloir me suivre. »

Sans s’assurer si elle le faisait vraiment, il maintint la porte ouverte pour elle puis rebroussa chemin vers son bureau où il voulait lui poser quelques questions. Une fois qu’ils furent arrivés dans la pièce, où se trouvait donc le meuble en bois massif recouvert de documents divers et variés et de quoi écrire, plumes et encres de couleurs différentes, il prit place sur un siège rembourré et signe à la tribun de faire de même, en face de lui.

De sa poche, il sortit un monocle qu’il se fixa à l’œil valide. Il voyait très bien de cet œil mais on lui avait dit que ça donnait un air studieux d’avoir un de ces appareils alors il en avait commandé un. En réalité ce n’était qu’une loupe un peu fancy qui était quand même pratique pour lire les petits caractères. Ce faisant, il avait pris une pile de papier en particulier qui était assez imposante, posée devant lui, qu’il avait posée devant lui et commencé à feuilleter quelques instants en silence.

Il lança enfin, d’un ton calme mais inquisiteur :

« Madame Ar’Ciel, excusez moi de la requête soudaine, mais il fallait que je mette quelque chose au clair. Il fit une légère pause, fit mine de regarder quelque chose dans ses papiers, et reprit : Vous voyez, je me targue de bien connaître notre pays et surtout les gens importants qui le forgent. Enfin, je ne suis pas particulièrement féru d’histoire, donc je me contente des gens, pardonnez moi l’expression, des gens du présent, bien vivants, les gens qui comptent. »

Il fit une nouvelle pause, ferma le dossier, rangea son monocle (inutile) et reprit après un soupir :

« Vous, il me semble que vous soyez un certain mystère. N’y voyez pas de la persécution, j’aime me renseigner sur mes adversaires potentiels et leurs collaborateurs. Peut être que je pourrais en faire des soutiens, après tout, hein ? Mais pour ça encore faudrait-il que les informations qu’on trouve soit correctes. L’administration peut être si frustrante, elle fait des erreurs parfois. Que vous devriez vous employer à corriger, puisque vous faites partie des gens les plus importants du pays, maintenant ! Regardez donc moi ça. »

Ce disant, il lui tandis un petit carnet en particulier, desquels il y en avait des centaines et qui recensaient de manière pour ou moins correcte une partie importante de la population, sans avoir la prétention d’être un état civil complet à cause de la population rurale et des habitants un peu sauvages de la forêt, difficiles à comptabiliser.

« C’est regrettable, n’est ce pas ? Mais vous êtes morte, c’est écrit là. C’est vous, non ? Je n’ai trouvé personne d’autre de correspondant. J’ose espéré que ce n’est pas une tentative élaborée pour ne pas payer d’impôts. Il ricana un peu à ses propres paroles. Enfin c’est étrange. Parlez moi de cette regrettable erreur, vous en aviez conscience ? Vous savez pourquoi c’est arrivé ? Dites moi tout, je vous prie. C’est important. Oh, j’espère que je ne suis pas trop indiscret, mais je ne peux pas laisser de tels trous dans les registres, vous voyez. »

Il avait plissé l’œil d’un air de vouloir percer ses pensées à jour, mais en vain parce qu’il n’avait aucun pouvoir de ce style. Puis, il fut pris d’une réalisation soudaine et se frappa la tête de la main avec un air étonné. 

« J’oubliais ! Décidément, tête en l’air. »

Il se leva précipitamment, ouvrit la porte rapidement, glissa quelques mots à l’oreille du fonctionnaire non loin avant de revenir s’asseoir.

« Voilà, nous pouvons reprendre, désolé. »

Après ces paroles énigmatiques, quelques instants plus tard, on rapportait sur un genre de plateau à roulette de l’eau fumante par sa chaleur dans des tasses toutes simples et des herbes à infuser, le sage se faisant immédiatement son mélange, prenant garde à ne pas tâcher ses documents ou son bureau (ce qui serait dommage).

J’écoutait calmement ce que disait le sage Primus, feuilletant en même temps le dossier, plutôt complet, qu’il avait déposer sur la taille à mon sujet. Ce n’était pas grave : depuis que je m’étais réveiller, c’était là une possibilité que j’avais eu depuis longtemps le temps de développer dans mon esprit : l’hypothèse que quelqu’un ne découvre le fait que Freya Ar’Ciel était supposée morte depuis plus de quatre-vingt dix ans de cela. Le seul point réellement problématique était que c’était directement un sage qu’elle avait en face d’elle et qu’il semblait avoir demander suffisament de dossier pour pouvoir faire la corélation même entre les magies des ‘deux’ Freya Ar’Ciel.

* Devrions-nous prendre soin de lui ? Tu pourrais me laisser résoudre ce… problème. *

Soupir.

Je laisse les tasses d’infusion reposer ainsi avec l’eau chaude. Mais au final, était-ce vraiment un problème ? Elle n’avait pas forcément à nier directement les choses pour que les gens veuillent bien laisser son passé tranquille. Au contraire, il suffisait de leur montrer que la situation ne présentait pas autant d’avantage que d’inconvénient pour que la majorité fassent machine arrière. Le Hector Allabaster était réputé pour sa détermination, dirons-nous, mais il devrait également pouvoir comprendre ce genre de chose….

« Sage Primus, je vois où vous voulez en venir, mais je tiens en premier lieu à vous rappeler que des coïncidences de nom ne sont pas non plus choses rare. Cette Freya Ar’Ciel pourrait très bien être une de mes ancêtre disparue, et mes parents m’auraient donné son nom en espérant que j’aurais autant de succès dans la vie qu’elle je suppose. Certaines magies sont également transmises de manière familiale. Quand à mes impôts, je suppose que vous savez déjà parfaitement que je les paient : l’absence d’une personne dans les registres administratifs n’a jamais empêcher les percepteurs d’accepter les paiement des taxes envers l’état…

Calmement, ma main se porte ensuite dans un moment de silence à certaines des plantes proposée pour l’infusion. C’était à mon tour de prendre le temps de me faire infuser quelque chose. Je ne cherchais cependant pas à obtenir un résultat particulier pour l’infusion, juste quelque chose dont j’aimais le goût. Je regardais quelques instants les plantes infuser et commencer à donner leurs couleurs au breuvage avant de poursuivre, posant le dossier qu’il m’avait tendu devant moi.

- Qui plus est, vous devez vous rendre compte que cette Freya Ar’Ciel ci serait mieux morte. Un sage ne pouvant être remplacé qu’à sa mort ou à sa demande, si cette Freya était encore vivante, elle devrait toujours être considérée comme Septimus, membre du conseil des sages, de ce que j’en aie lut sur ce dossier. Si cela arrivait, ce serait là une situation sans précédent et l’on pourrait se demander par quelle folie vous en êtes venu à convoquer un sage bien plus ancien que vous comme si il s’agissait d’une subalterne. D’autres sages pourraient mal prendre ce genre de nouvelles ainsi que les signes de soumission que cela sembleraient être de la part de ce sage envers votre personne. Certains pourraient même arguer de dire que vous chercheriez à déstabiliser le reste du conseil.
- Mais outre cela, la survie de cette femme à qui vous m’assimilez serait une mauvaise chose. Cela créerait une situation sans précédent : que faire de cette sage que nous avons destitué de manière opposée aux principes de la constitution qui régit le conseil des sages ? Doit-on destituer Septimus et lui rendre son titre ? Après tout : le sage septimus qu’était Freya Ar’Ciel n’a jamais quitter son poste. Pourtant, cette dernière n’en est pas moins légitime, suivant le point de vue que l’on considère. Auquel cas, doit on en faire un onzième sage ? Mais si l’on faisait ainsi, l’équilibre précaire générer dans le conseil par l’existence du Grand sage tomberait en ruine : il ne pourrait plus y avoir d’égalité entre sage, et, outre l’aspect figuratif du titre de grand sage, c’est également son rôle de médiateur qui en souffrirait.

Portant la tisane devant moi, je soufflais sur cette dernière, dispersant la volute de vapeur qui s’en dégageait avant de la porter à mes lèvres. Le liquide ambré s’en venait coulant dans mon palais, déversant son torrent de saveur dans une marrée brûlante. Mes yeux se closent quelques instants sous l’afflux sensoriel, me délectant de cela. Reposant la tasse, je continue mon argumentaire.

- La solution qui satisferait sans doute le plus de monde serait alors que vous renonciez à votre titre en la faveur de cette femme. Cela résoudrait à la fois les problèmes concernant la passation et la stabilité du conseil tout en évitant que l’on vous soupçonne d’en vouloir à la stabilité de ce dernier en soumettant un de ses sièges. Mais d’un autre côté, seriez-vous vraiment près à confier votre siège à une autre personne, aussi légitime soit-elle, sans la connaitre en personne. Après tout, ces tas de paperasse ont été écrite à son époque, mais qui dit que tout ce qui se trouve dedans est entièrement véridique ?

Je marque une courte pause, le temps que l’information soit digérer par son auditeur, avant de conclure :

- Non, en tant que tribun, je ne peux que penser qu’il vaudrait mieux que cette Freya Ar’Ciel là reste morte. Il ne résulterait rien de bon de son retour pour Nueva dans une période aussi troublée que celle-ci. Et vous, qu’en pensez-vous, après tout, la décision vous en revient, sage Primus ?
Immédiatement, cette Freya s’avéra être un adversaire coriace. Elle avait de sacrés arguments. Sans mauvais jeu de mot. Le sage écoutait sans broncher, soufflant doucement sur sa propre infusion, l’air le moins concerné du monde. Le fleuve de toutes ces idées n’était pas mal mené, il est vrai. Même une fois que celle ci eut terminé, il ne prit pas la peine de répondre tout de suite. Il sirotait calmement, un léger sourire aux lèvres. Posant délicatement sa tasse à nouveau, il prit à son tour la parole.

« Ahah ! S’exclama-t-il, amusé. Il est vrai que les registres ne sont pas aussi exhaustifs que nous l’aimerions. Je n’aime pas parler de coïncidences, mais soit ! C’est une possibilité. »

Son rictus tranchait complètement avec ses paroles : il ne pensait pas le moins du monde ce qu’il racontait là.  Son insincérité était lisible même par le plus grand des imbéciles, et pourtant aucun des deux interlocuteurs n’y verrait sûrement d’exception. Ainsi allait la politique.

Toutefois, il balaya d’un revers de la main nonchalant la plupart des arguments qui lui étaient présentés.

« Allons, allons. Vous n’y pensez pas. Je n’ai rien fait, moi, ce sont des subalternes qui ont découvert une anomalie. Je ne déstabilise rien, tien ! Je constate, c’est tout. Je vous en informe, on ne sait jamais. Il ajouta à nouveau, amusé : et puis, pour qu’un percepteur accepte des taxes, encore faut-il qu’il soit au courant que vous existiez. Vous seriez surpris du nombre de personne qui essaie de se faire passer pour morte pour esquiver leurs obligations ! Enfin, nous avons des moyens, vous vous en doutez. »

Il marqua une petite pause, après cette aparté fiscal, pour reprendre de plus belle.

« Non, vraiment, c’est impossible. Je n’ai rien à voir là dedans, moi. S’il y a querelle de Septimus, mon poste n’est pas à pourvoir. Mon prédécesseur est bien mort, lui. Enfin, à ce que j’en sais, puisque les sages semblent pouvoir revenir d’entre les morts, hé hé. Il n’y a pas de précédent sur la question, vous avez raison, mais qu’importe, Septimus laisserait bien son poste, ou on pourrait refaire des élections, peu m’importe, moi. Enfin, mon soutien irait à celui qui aurait le plus à cœur les intérêts de la nation et du peuple. Nous ne devons pas nous laisser influencer par des intérêts bassement politiques… Ce n’est pas pour ça que nous sommes là, pas vrai ? Enfin, je n’ai aucun désaccord avec le Septimus actuel, alors je me passerai bien du remue ménage que cela pourrait causer. Comme vous dites, la paperasse. Nous avons mieux à faire. »

Il se resservit un peu d’infusion avant de marquer le point final de ce sujet :

« De toute façon, ce ne sont que des hypothèses. Coïncidences, pas vrai ? Ce n’est pas vous, donc il n’y a pas de raison de s’inquiéter de tout ça. Et si jamais d’autres éléments vous revenaient en tête, vous saurez où me trouver. Passons à autre chose. »

Il se leva. Ce n’était pas le seul sujet pour lequel il avait convoqué la tribun. Il avait des plans.

« Dites moi, cet aïeul, cet homonyme, cet illustre inconnu, quoi que vous aimiez qu’il soit peu importe, les circonstances de sa mort sont un peu étranges, non ? »

Ce disant, il se dirigeait, dans la salle, vers le côté du bureau, où un râtelier ornemental maintenait délicatement un sabre au fourreau finement travaillé. Retournant vers le bureau, restant debout, il continua :

« Encastré dans un cristal dont on n’a jamais su quoi faire. On n’a jamais su d’où il venait non plus, d’ailleurs. Est ce que par hasard vous n’auriez pas une idée ? »

Pour appuyer ses propos, il sortit légèrement la lame de son fourreau. Elle brillait d’un éclat rougeâtre sans commune mesure avec du métal : c’était du cristal.

« Voyez vous, je suis peut être politique mais je suis également un artisan. Je suis en mesure de travailler le cristal pour en faire des artefacts intéressants, comme cette lame. Enfin, celle là n’est pas de moi. Mon grand-père. Nar'Norad Allabaster. Vous l’avez peut être connu ? Un grand homme, paraît-il. »

Il referma le fourreau et se réinstalla sur son fauteuil, s’accoudant au meuble, les mains jointes.

« Je vous écoute, ça m’intéresse beaucoup. »

A mesure que Primus avançait dans son délire, je me demandais si ce dernier avait bien compris mes intentions. J’avais entendu dire qu’il était quelque peu simple d’esprit et du genre à ignorer tout avis qui n’était pas le sien, mais à ce point là, on en venait presque à douter qu’il fasse parti des sages de Nueva. Enfin, le temps s’écoule telle une rivière et emporte les hommes, la valeur d’hier est la décadence de demain… Néanmoins, ce n’était pas à moi de juger ce que les temps étaient devenu : je manquait encore de recul sur les choses. Agitant la main devant mon visage, je balaie ces pensées d’un revers avant de revenir à ce qui nous intéresse.

« Arrêtons de jouer aux idiots je vous prie. Je n’ai fait qu’expliciter ce que je pensais le mieux pour Nueva, je n’ai jamais eu l’intention de cacher qui j’étais, sinon je n’aurais pas gardé mon nom, la simple découverte du cristal brisé lorsque quelqu’un d’autre passera dans ma ‘tombe’ créerait bien plus de remous si personne n’avait la moindre idée de qui j’étais. Quand à ce que vous voulez savoir, je suppose que vous parlez de ça…

Posant ma main sur le bureau, je prononçait les mots de pouvoirs. Rapidement, une brume sombre s’agglutina pour former un petit cristal noir aux bords polis d’une sobriété rare. Ce dernier flottait à quelques centimètres devant ma main, descendant doucement jusqu’à venir se poser avec délicatesse sur la table. Tant que ce n’était que des cristaux de cette taille, je pouvais me débrouiller à faire ça sans risque, même si il faut dire qu’un cristal plus petit qu’une phalange n’avait que peu d’utilité. Je n’avait cependant guère l’intention d’en générer plus que cela inutilement : cela risquait de la faire venir, et ça, je préférait l’éviter…

- C’est probablement la magie qui a créer le cristal, quand à comment expliquer le reste… même moi, je n’en ai aucune idée à l’heure actuelle.

Dis-je, haussant les épaules. Ce qui était d’ailleurs entièrement vrai : je n’avait pas la moindre idée au moment où l’on parlait de comment ma magie avait réussit à me maintenir en vie…
Alors qu’il avait l’air assez affable jusqu’à présent, le sage Primus arqua un sourcil devant le début de l’intervention de son interlocutrice. Avait-elle oublié à qui elle s’adressait ? Ou ses propres paroles d’il y a quelque chose comme cinq minutes ? Son comportement était assez étrange, et déplaisait un peu à Hector qui n’aimait pas beaucoup qu’on lui cause ainsi. Faisant un mouvement de balayage irrité avec sa main, il lança avec une sèche désinvolture :

« Allez, allez, je m’en moque en vérité. Vous ne voulez pas vous cacher mais vous me faites des sous entendus à n’en plus finir ? Arrêtez un peu votre cirque, je vous prie. Vous me demandez d’être discret, je suis discret, par respect pour ce que vous avez pu vivre et ce que vous souhaitez vivre en ce moment ; que vous choisissiez d’assumer ou non de passer pour mort aujourd’hui m’importe en définitive peu. Nous avons tiré ça au clair, c’est très bien. »

Il se concentra ensuite sur ce qu’il attendait le plus, et c’était le cristal étrange dans lequel on avait retrouvé la dame. Comment était-il arrivé là ? Quelles étaient ses propriétés ? Comment avait-elle survécu ? Est ce que c’était elle qui pouvait produire des quantités aussi phénoménales de cristal ? Était ce un simple minéral ou étaient-ils chargés en magie ? Tant de questions qui le taraudaient et qui nourrissaient son impatience. L’aparté sur l’identité n’était que contingent, il s’agissait de savoir où on en était et si c’était un appui sur lequel on pouvait se tenir pour actionner tel ou tel levier politique. Mais le cristal, c’était du pratique, et si on avait trouvé quelqu’un qui pouvait en produire, Nueva pouvait bien devenir la nation la plus puissante du monde…

Toutefois, le cristal produit était minuscule. Primus ne parvint pas tout à fait à cacher sa déception, lui qui s’attendait à quelque chose d’un peu plus… spectaculaire. On pouvait à peine faire une bague ou un pendentif avec cette quantité, alors des armes, tu parles ! Peut être des petites aiguilles d’assassin si on était déterminé mais il faudrait vraiment n’avoir que ça à faire de ses journées.

Il toussa pour reprendre contenance et regarda Freya dans les yeux, tentant de scruter si elle lui mentait ou si elle retenait son pouvoir pour une quelconque raison qui lui échapperait. Elle pouvait être totalement à la solde d’un autre sage, Alexander lui même après tout pourquoi pas, et du coup ne pas vouloir trop en dévoiler à Hector… Ou alors c’était bien la véritable étendue de ses pouvoirs. Dans tous les cas, ce n’était pas ce à quoi il s’attendait.

Lançant un léger : « je peux ? » plus de formalité que demandant vraiment une autorisation, Primus s’empara du petit cristal, qu’il entreprit d’examiner. Hé bien… Soit. C’était un petit cristal. Il le regarda de près, tenta de le sonder avec sa magie pour voir s’il pouvait s’en servir pour quelque chose, tenta de le faire tinter. Un cristal ordinaire.

« Et vous me dites que vous avez vécu là dedans pendant combien de temps ? Il doit y avoir quelque chose de plus. Je vous enjoins à étudier votre magie de plus près : Nueva a plus que jamais besoin de mages de talent depuis que le monde est en proie à la folie. On ne sait jamais ce qui pourrait nous arriver. »

Il prit une respiration avant de demander de l’air un peu résigné de ceux qui n’attendent plus grand-chose mais posent quand même la question, au cas où :

« Mais quand vous dites que vous n’avez aucune idée, vous dites que vous ne savez rien sur votre prison cristalline ou sur votre pouvoir en général ? Ces cristaux ont-il des propriétés particulières ? »

Pour appuyer son propos, une flamme jaillit de sa main. Petit à petit, le cristal qui était dans cette main devint malléable et Hector le travailla un peu avec les doigts pour lui en changer la forme en celle d’un bonhomme grossier qu’il reposa ensuite.

« Je suis forge-mage. Je fais des psyphers et si vos créations font quoi que ce soit de spécial, vous pourriez grandement nous aider. Votre pouvoir serait pour ainsi dire d’intérêt général. Rien de mieux pour le pays ! »

J’écoutais calmement les informations que me transmettait Hector. Son acceptation et son jeu, sa déception quand au trop petit cristal que je venais de lui fournir, ses interrogations concernant son pouvoir, son affirmation sur ses capacités et les possibilités que cela avait pour la nation. Au final, cela entraina un long silence que je ne ponctuait finalement que par un long soupir. Les choses ne semblaient pas se passer trop mal : au moins, le point été admis que le passé n’avait pas à être remué… pour l’instant du moins. Mais bon, c’était déjà cela d’acquis : Nueva n’avait pas besoin de son retour en tant que sage à l’heure actuelle.

« Il n’était pas nécessaire de faire une mine désabusée en voyant ce cristal, je pourrais en créer une quantité suffisante pour remplir l’entièreté de cette pièce, même si je doute que notre santée apprécierait. Qui plus est, cela pourrait déclencher un… contre-coup que ni vous, ni Nueva n’avez envie de voir.

* Contre-coup, contre-coup, je t’en donnerais moi du contre-coup ! *

Je retins un deuxième soupir, cela aurait été malapproprié. J’en vint néanmoins à me masser la tempe droite, l’Impératrice entendait bien sur tout ce que je disais, et avec sa nature irritable, il me valait mieux ne pas aller trop loin dans les comparaisons la concernante, ou elle pourrait tenter quelque chose. Une fois ceci fait, je me relève, me dirigeant vers la fenêtre dont la lumière venait réchauffer les lieux. Ma voix était calme et monotone alors que je répondait aux interrogations du sage.

- J’ai passer 93 années prisonnière du cristal. Durant ce temps, mon corps ne semble pas avoir vieillit ni gardé de séquelle de la stagnation, et mon esprit est resté éveiller. Comment cela se faisse, je n’en sais rien et ne saurais l’expliquer : de ce que j’en sais, ces cristaux sont incapable de contenir la moindre magie, le fait qu’ils aient réussit à m’empêcher de vieillir est un véritable mystère pour moi, aussi experte des cristaux que je fut.

Mon regard se posa sur la ville en contrebas, sur les marchands et les badauds qui s’organisé en une immense cohue désordonnée. Une fourmillière sans reine d’êtres aussi divers que variés dont les but et les mœurs différaient d’un individu à l’autre. Il était d’ailleurs étonnant de constater avec quelle facilité les gens avaient pouvaient considérer autrui comme fou simplement à cause d’une différence de pensée. De mon expérience et de mon observation du monde, les conflits, quels qu’ils soient, se faisaient toujours entre personnes persuadées d’être dans leur bon droit et suivant la voix de ce qui est ‘bien’. Tiens, là en bas il y avait un marchand qui semblait avoir une discussion houleuse avec l’un de ses clients…

- Pour le reste de ma magie, je peux contrôler ces cristaux, ce qui veut dire que je peux contrôler leur forme, leur taille, les faire s’envoler et contrôler leur mouvement ou même les liquéfier ou les détruire. Etrangement, ma magie me permet également d’absorber la magie des autres cristaux, les transformant en cette sorte de cristal. Je devais avoir cinquante-cinq ans quand les premiers symptômes de ma magie se sont manifestés : je ne suis pas un mage de talent, au mieux une personne qui s’est découvert une capacité inconnue d’autrui.

Je ne commentais cependant pas les derniers propos du tribuns concernant son rôle de forgeron ni l’utilité publique que pourrait avoir ma magie. L’intérêt général de Nueva c’est cela ? Peut-être que mon pouvoir pouvait amener du bien pour la nation, tout comme avec sa présence, il pouvait l’entraîner à sa ruine la plus totale. Je me tenais le mentons, observant l’altercation entre les deux personnes. Sans pour autant en comprendre les mots, je pouvais comprendre l’idée générale qui s’en dégageait à la gestuelle des participants. Je restait cependant à l’écoute de ce qu’avait à me demander Primus, car je doutais étrangement qu’il en ait finit avec moi…
Hector, le nouveau sujet des cristaux éclipsant totalement ce qu’il aurait pu vouloir savoir au sujet de l’étrange « mort » et du nouveau statut de la tribun actuellement devant lui, écoutait attentivement son récit, se frottant le menton de manière pensive. Elle était donc beaucoup plus puissante que cela, potentiellement. Toutefois, comme toujours, elle restait cryptique, elle ne disait pas tout. Un contrecoup, hein ? Que Nueva, pas seulement le pauvre petit sage qu’il était, mais le pays entier n’aurait pas envie de voir ? Sa curiosité était… titillée. Est ce que ce n’était dangereux que pour Nueva ? Pourquoi ? Est ce qu’on ne pourrait pas s’en servir contre les autres, comme ces fous furieux du nord ? Puisque Nueva n’apprécierait pas ça veut dire que sa santé, à elle, ne serait pas affectée ? Elle ne s’est pas mentionnée, mais peut être que « Nueva » ça veut juste dire, comme Primus avait mentionné que son pouvoir pourrait être d’utilité publique, que ce contrecoup l’empêcherait de l’exercer pleinement et donc que cela ferait perdre des ressources à Nueva ? Il décida, pour le moment, de ne pas creuser plus, mais ces questions ne quitteraient pas son esprit jusqu’à ce qu’il en ait le cœur net.

Se levant de sa chaise, il décida de prendre la parole, usant du ton de la compréhension.

« Bon. Au final, le plus important, c’est que vous soyez en vie. Sage ou pas, d’un autre temps ou pas. Mage de talent ou pas. Ce n’est pas le plus important : nous aimons nos citoyens et la mort même accidentelle de chacun d’entre eux nous cause de la peine. Nous ne sommes pas comme ces autres barbares qui n’ont rien d’autre à faire que de gaspiller des vies pour des inanités, en plus d’exploiter leur population. C’est ce qui fait notre force. Ça et le commerce, mais vous voyez où je veux en venir. »

Il se retourna vers la fenêtre, observant lui aussi le fourmillement en contrebas. C’était son peuple, là, qui s’activait et qui faisait de Nueva la nation la plus paisible. Jusqu’à présent, en tout cas. Pourrait-on rester ainsi longtemps, alors que le chaos n’arrêtait pas d’augmenter de partout ? C’était difficile à prévoir. Même Hector, qui préférait ne pas se mélanger avec les actions des autres nations, si ce n’était pour leur vendre de quoi se taper dessus entre eux si ça pouvait leur faire plaisir, n’était pas aussi naïf. Une faction neutre dans un monde en conflit ? Une cible de choix, voilà ce que c’était. Et Primus… Ce n’était pas un guerrier. Politique, oui. Artisan, pourquoi pas. Mais en cas de guerre, il devrait rester en arrière, et ça lui déplaisait un peu. Il faudrait que les hommes et les femmes qui défendraient la nation, le cas échéant, soient le mieux équipés, le mieux préparés. Heureusement, la nation était riche, pour l’équipement nous aurions de quoi faire. Pendant un temps du moins. Mais on n’est jamais trop prudents.

« Enfin, vous dites que vous n’êtes pas un mage de talent, reprit-il après un moment d’observation et de réflexion, se retournant à nouveau vers son interlocutrice comme il reprenait la parole, mais vous pourriez remplir la pièce de cristaux si vous le vouliez, si on ne prenait pas en compte ce… problème dont vous parliez. Ce n’est peut être pas encore du talent, mais de la puissance, à défaut, c’est déjà pas mal.

Il se rapprocha à nouveau du bureau avant d’ajouter :

Une capacité inconnue, ça ne vous intrigue pas plus que ça ? Vous pouvez absorber la magie d’autres cristaux, c’est sans précédent, non ? Vos cristaux, vous croyez qu’ils ont les mêmes propriétés que les cristaux magiques inertes ? On ne peut peut être pas y remettre de la magie, mais peut être qu’ils réagiraient en contact avec de… véritables cristaux, si je puis dire. Vous avez pensé à essayer, par le passé, ou votre petit accident vous a-t-il empêché d’y procéder ? »

Ses questions partaient en flèche, ne laissant jamais vraiment le temps d’y répondre. Il parlait un peu tout seul en fait, réfléchissant à voix haute. Il s’en rendit compte, toutefois, et s’empressa de rectifier le tir :

 « Hm. Excusez moi, je m’emporte. C’est que ça pourrait nous être utile, le cas échéant, donc ça m’intrigue. Ne connaissant pas l’étendue de ce que vous consentez ou non à faire pour pouvoir étudier votre propre pouvoir, je pose des questions qui me semblent un peu basique, mais n’y voyez pas de malice. Tout au plus de la curiosité un peu mal placée. Il toussota pour reprendre contenance. Dites moi, tout de même. Seriez vous en mesure de créer un cristal d’une taille suffisamment respectable pour qu’on puisse faire… différents tests sur celui ci ? Pour voir quel est votre potentiel. Enfin, si vous le voulez, aussi. La sécurité de Nueva est importante, mais pas au prix de nos libertés, il est vrai. Tant qu’elles durent. »