Tout avait commencé dans les contrées de Mearian, quelque part au sud-est de Theopolis, une naissance venait d'avoir lieu sous une voûte étoilée. Dans ce qui semblait-être un temple, une dizaine d'individus portant un habit cérémoniel étaient agenouillés face à une jeune femme épuisée sur un léger matelas. L'un d'eux se dirigea vers celle-ci et y déposa sur elle un drap dans lequel nichait le nourrisson, mère et fils firent couler leurs larmes, l'une riait de joie et l'autre hurlait face à cet impitoyable monde. Prenant son enfant dans les bras la jeune femme rapprocha son visage du sien et lui murmura :

« Tu es quelqu'un de très précieux, tu es ma chose, Yuki Vektor Requiem..»


La mère de Yuki était une femme nommée Tsubaki, une magnifique jeune femme réputée pour posséder des dons de voyances, évidemment celle-ci n’égalait aucunement les prophéties d’Aetoith mais on raconte qu’elle aurait passée des années aux côtés de ce dernier dans l’espoir de perfectionner son don. Mensonge ou vérité ? Seul le dragon vous le dira, enfin essayera… C’est que c’est pas donné à tout le monde de comprendre ce qu’il dit… Ou d’arriver entier jusqu’à lui, mais passons !

Yuki passa alors son enfance entière dans le temple, traité comme un prince par les fidèles, ils devaient assurer sa sécurité avec autant de dévotion qu'envers  l'oracle en personne. Celle-ci fut aimante envers son enfant, l'emmenant partout où elle allait, le laissant rarement sans sa surveillance. En effet, c'est elle qui s'occupait personnellement de son éducation, ne permettant pas qu'un enfant aussi précieux que lui soit mêlé avec les autres du monde extérieur. Il devrait être l’héritier de sa masca… de son culte, celui qui pourra perpétuer la tradition familiale et guider les fidèles vers un avenir meilleur. Il serait celui qui égalerait Aetoith, son bout de chou adoré, le meilleur ! Ainsi elle l’éduqua en lui transmettant tout son savoir, prédire l’avenir, guider ceux qui quémandaient de l’aide vers une nouvelle voie… Et justement dans ce domaine l’enfant semblait posséder un certain don, comme l’avait toujours dit sa mère , cela coulait même de source à ses yeux .C'est par ce don que Yuki se sentait heureux, mais peut-on dire que le garçon connaissait le sens de ce mot.. « heureux » ? C'est vrai après tout si je n'ai pas mentionné l'existence de son père jusqu'à là c'est qu'il n'y en a jamais été question, d'après sa génitrice, il serait décédé bien avant sa naissance. De plus il n'a jamais eu de réel « ami » puisqu'il n'a jamais été en présence d'un enfant autre que lui, sa mère représentait donc sa seule source de lumière, elle entretenait un relation un peu trop fusionnelle avec celui-ci, l’enlaçant dès qu'elle en avait l'occasion, lui parlant d'une voix à la fois autoritaire et mielleuse, il trouvait parfois ceci un peu trop excessif et surtout il avait comme une sorte de boule au ventre dans ces moment-là,  mais se contentait de ne rien dire, elle pouvait en faire ce qu'elle voulait, après tout c'était sa seule lumière.
C'est au cours de sa neuvième année que quelque chose d'inhabituel s'était produit, de mystérieuses ailes d’une teinte rosée parsemées de longues et délicates plumes firent leur apparition dans le dos de l'enfant, celui-ci en proie au désarroi s'empressait d'aller voir sa mère afin de comprendre ce qui lui arrivait.  Mais lorsque celle-ci s'était rendue compte de la chose, elle n’avait pas l'air d'être surprise et l'espace d'un instant, sur son visage s'était dessiné un sinistre sourire.

-Je vois... Tu en possèdes donc.

Prononçait-elle avant de se jeter sur son fils, le prenant dans ses bras et caressant sensuellement de ses ongles ces magnifiques ailes, ce qui fit instantanément frémir le corps du garçon qui semblait hypersensible au niveau de cet endroit :

-Mère... Arr-arrêtez... Aaah !

La mère entendit les paroles de son fils et cessa ce qu'elle était en train de faire, puis se mis à blottir son fils contre sa poitrine :

-Tu.. Tu es à moi Yuki, d'accord, quoique tu fasses promets-moi de ne jamais me quitter ! De ne jamais dévoilé tes ailes à qui que ce soit ! Tu es mon trésor, ma création et mon amour.. Et tu ressembles.. tellement.. à cet homme.

Yuki resta béat, ne comprenant pas ce qui lui arrivait tout d'un coup, il subissait souvent des excessivités affectives, mais jamais de cette envergure, il n'osait pas dire un seul mot ni bouger le petit doigt. De plus « Cet homme »… Nul doute la dessus, pour la première fois sa mère venait d'évoquer elle-même l'existence de son père, chose pour le moins exceptionnelle chez cette femme qui avait toujours fait comme si son mari n'avait jamais existé, il était alors surpris d'apprendre qu'il s'agissait là d'un ange. Il aurait pu profiter de ce moment pour lui demander un peu plus sur le compte de cet homme mystérieux qui lui avait donné la vie, mais il n'osait pas faire quoique ce soit, se contentant comme toujours d’acquiescer simplement.
Cette année ne fut pas seulement le début d'une nouvelle identité pour Yuki, mais également celle où la roue du destin allait enfin se mettre véritablement en marche pour celui-ci. Il avait enfin été jugé apte à s'occuper des étrangers qui venaient trouver des réponses sur eux même afin de satisfaire le fruit de la curiosité : Il en recevait de tous les horizons, de tous les pays mêmes. Les archmagisters de Mearian en personne avaient  fini par s'intéresser à lui, puisque de temps à autres il recevait la visite de certains membres, lui conseillant de tenter de les rejoindre, cependant sa mère s'y opposait radicalement, assurant que son destin serait de rester ici dans sa cage dorée même si elle ne s’opposerait pas à apporter son aide si ces derniers venaient à la réclamer… Mais seulement elle ! Rien ne devait impliquer son fils !
Mais cet enthousiasme propre à l'enfance, résultant d'une naïveté et d'une innocence, va finir par prendre fin. Au fil des années Yuki continuait d'informer les voyageurs des prédictions qu'il avait perçu, il avait cependant besoin d’aide pour en effectuer les interprétations, ce fut donc sa mère qui s’exprimait toujours à la place du précieux garçonnet. Le son de sa voix relevait du mythe pour le monde extérieur, il n’exprimait ce qu’il interprétait que dans le creux de l’oreille de sa mère qui se chargeait ensuite de prêcher sa parole. Mais il y a un revers à tout… Certes sa mère représentait tout pour lui, et inversement, leurs vies gravitaient mutuellement autour de celle de l’autre. Cependant Yuki ne restait ni plus ni moins qu’un gosse, inconsciemment il se sentait un peu seul sans trop savoir pourquoi. Quand il ne se trouvait pas avec sa mère, il resta isolé dans la seule pièce qu'elle semblait apte à tolérer en tant que bulle, sa chambre. À la fois prison et sanctuaire, mais surtout un terrain de jeu aux yeux de l'enfant, il s'y rendait lorsque sa génitrice devait vaguer à ses occupations, cependant sans compagnon même la plus amusante des règles peut paraître fade et cruelle. Ok, y a bien les fidèles mais bon... À part les jeux de rôle maîtres/esclaves ils ne savent rien faire d'autres. Il dû donc recourir à une pratique récurrente chez les enfants de son âge dans le même cas : Se forger un ami.

Skunky, c'est comme ça qu'il nomma son copain, une petite frimousse moustachue accompagnée d'une bonne humeur et d'une énergie quotidienne, vous obtenez ainsi le meilleur félin pour égayer les journées de vos enfants ! Né à partir d'un de ses dessins préférés où on pouvait voir ce dernier au côté de sa maman, l'étrange personnage n'apparaissait seulement que dans sa chambre le temps des jeux, autrement il disait repartir dans L'ILE MERVEILLEUSE DE CRANOU LE CRANE en l'avertissant de ne jamais Ô GRAND JAMAIS  l'appeler à tout va pour d'autres raison que leurs jeux de chambre.

- Enfin malgré tout si tu le fais j'irais pas te crier dessus, par contre ce sera ta faute, ça restera drôle à voir...Mais ce sera ta fau- C'EST TOI LE CHAT ! Qu'il disait

…Je vais faire comme ci ce n'était pas à moi qu'il avait répondu, passons à la suite !

Le temps défilait..

-Oh euh... en fait je viens de me souvenir que c'est moi le chat, c'est vrai..excuse-moi petite voix qui parle... Ta transition est pas très belle par contre 

-Quelle petite voix Skunky ?

-Rien rien... Sois brave Yuki.

Comme je le disaiiiis, le temps défila et le petit garçon n'oublia jamais les paroles de son ami, il tâcha toujours de respecter son engagement tout jouant là-dessus... Après tout qu'est-ce qui l'empêche d'augmenter la fréquence de ses passages ? Que ce soit après chaque activité du culte, ou bien en veillant la nuit, Skunky conquit le cœur de l'enfant d'une traite en jouant tout aussi bien le rôle du confident que celui du compagnon de jeu... Bien entendu tout ceci n'échappa guère au regard attentionné de la mère, son emprise sur le garçon demeurait toujours, mais l'attraction mutuelle qu'ils ont toujours eu semblait moins importante.

-Yuki~

-Oui mère ?

-Que dirais-tu si nous passions un peu de temps à l’étang aujourd'hui ? Nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous balader cette semaine, ça fait si longtemps !

Elle qui fut habituée d'obtenir un délicat sourire emplit de timidité, l'inédite réponse du garçon lui ôta l'âme durant quelques secondes : Il s'excusa poliment d'une courbure respectueuse.

-Désolé mère, je ne me sens pas assez en forme pour sortir aujourd'hui, je préfère rester dans ma chambre à me reposer.

Un soupir de soulagement, si c'était pour son bien alors il n'y avait pas raison de s'y opposer ! S'agenouillant devant Yuki, son premier réflexe fut de contrôler sa température corporelle d'un geste de la main.

-Tu ne sembles pas avoir de fièvre, cependant ne prenons pas de risque, elle caressait la joue de son enfant, tu veux que je reste avec toi au lit pour t'aider à faire passer tout ça ?

Un détournement de regard bref de la part du regard de l'enfant, celui-ci fit mine d'être en proie à la maladie et se dirigeait vers sa chambre :

-Je vous remercie mère, c'est gentil mais je préfère me reposer seul pour reprendre des forces et...ne pas vous contaminer.

Quelle délicate attention, capable de détruire un monde d'une manière aussi pur...Le monde d'une mère et de son adorable et gentil petit Yuki. Il s'était toujours blottit contre elle ! Alors pourquoi ? POURQUOI ! Son visage complètement inexpressif, d'un pas silencieux elle s’avança vers l'entrée de la chambre. Au lieu du silence maladif qui aurait du y émaner, des rires... Ils ne venaient pas tous de Yuki.

-Skunky on joue à un deux trois soleil ?

-Si c'est moi qui compte t'auras plus de place pour toucher le mur ahah ! C'est que l'soleil ça fait grossir ! Je serais tellement gros que je pourrais plus rentrer à ma maison tout à l'heure

-Dans ce cas tu viendras vivre avec nous, je te montrerais ma maman ! Dit-il en rigolant.

-Ce serait tout aussi compliqué fouiny tu sais ! D'ailleurs t'étais pas obligé t'aurais pu aller avec voir les canards ! J'aime bien les canards, ils sont juteux.

-J'adore maman, c'est la meilleure des mamans ! C'est elle qui a toujours été là pour moi, qui comblait ma solitude, alors moi je veux faire la même chose pour mon ami...Et si ça peut lui dispenser de l'énergie c'est encore mieux !

-Dans ce cas je vais pas dire non ! Merci mon ami !

Ils jouèrent pendant tout le reste de la journée, sans jamais recevoir une quelconque visite de la maîtresse de maison. Ravagée... Enragée, serrant ses poings jusqu'à sentir ses ongles se loger dans la propre peau, non pas contre son fils pour lui avoir mentit, mais contre elle pour ne pas avoir totalement crû à son histoire d'ami « imaginaire ». Et maintenant il était en train de lui voler son fils, la chair de sa chair... L'amour de sa vie. Le crépuscule sonnant la fin de la récréation, il était l'heure pour les adultes de se mettre au travail.

-Repérez moi cet infâme chien et débarrassez-vous en sans réveiller mon précieux petit trésor, ainsi que tout ce qui est en rapport avec.

-Sauf votre respect madame, ce sera la première chose que remarquera le jeune maître à son réveil, alors comment allons-nous expliquer ça ?

Elle s'approcha de ce dernier, caressant sa joue de la pointe de son ongle.

-Es-tu en train de mettre en doute mon anticipation de l'avenir ?

-N-Non, veuillez me pardonner madame, dit-il en se raclant la gorge.

Ainsi cinq fidèles entrèrent dans la chambre du protégé, dès lors ils ressentirent une ambiance pesante, était-ce dû à l'effraction par lui-même ou bien...
Ils cherchèrent aux quatre coins de la pièce mais rien, pas même une quelconque trace de son « ami » mis à part le dessin exposé au mur. L'un d'eux s'en approcha, d'une main hésitante il détacha délicatement l’œuvre, l'autre main, quant à elle pleine de confiance lui sectionna la nuque. Un filet de sang flottant dans les airs, et entre deux griffes pendait les différents cartilages qui formaient son larynx. Dans un dernier balbutiement presque dépourvu de tout autre son que celui de ses lèvres, sa tête pivota vers l'arrière... Une première fois, puis une seconde, puis...le jouet se brisa, le son d'un ligament rompu raisonnait. Les autres sectaires eux, restèrent tétanisés, ils ne pouvaient en croire leurs yeux : Une masse noire, émanant du corps de Yuki l'entourait complètement, il avait l'air inconscient, entre les griffes d'une sorte de félin. Une sorte oui, on ne peut rien affirmer au vu de l'apparence grossière de son visage. Des énormes yeux globuleux, d'énormes dents blanches décorant ce sourire malsain, et pour ainsi dire exactement la même apparence que sur le dessin, en soit leur proie.

-C'est-moi-le-chat, prit-il la peine d'articuler bien distinctement.

Sitôt dit que leurs cris raisonnèrent à travers toute la demeure, alertant Tsubaki qui débarquât immédiatement, sur le coup elle n'en croyait pas ses yeux. De parts et d'autres on y trouvait un peu divers morceaux de cadavres : Un œil pendant sur le rebord du lit, un homme accroché encastré dans le sol, broyé, des morceaux visqueux et roses sortant de ses orifices... Sans doute de la cervelle ?
Cependant la priorité à ses yeux restait toujours la même, elle le vit en proie à cette...Horreur, inconscient.

-Mon Yuki ! Le grincement de ses dents résonnait. Que lui as-tu fait espèce d'abomination !

-Moi ? Je me suis contenté de le protéger voyons, le protéger des vils crapules que vous êtes à, sa voix devint plus sec, nous séparer tous les deux ! Ce dessin c'est le symb-

-Ferme là ! Pourquoi mon fils ne se réveille-t-il pas !

-Ah oui c'est vrai ! C'est vous la maman de Yuki ! Il me parlait souvent de vous, vous et votre don à toujours gâcher nos rendez-vous en temps et en heure, à cause de vous je lui ai manqué, il ne dépendait plus que de moi ! Et à cause de ça son corps n'a pas supporté et il s'est effondré.

Les bras de l'entité s'étirèrent jusqu'à Tsubaki, saisissant ceux de la jeune femme en s'y enroulant tel un serpent, puis il en souleva le corps encore gémissant de la mère.

-Alors croyez-moi, on serait mieux sans vous, donc on arrête de se débattre... Plus vite nous en finiront, plus vite il cessera de dépenser inconsciemment du mana, alors dépêche-toi de mourir PE-TASSE !

Les griffes de Skunky commencèrent à pénétrer les chairs de la mère, un filet de sang s'écoulant de sa bouche, elle aurait dû souffrir, crier, pleurer, supplier ! Mais au lieu de ça, elle ne lui accorda qu'un sourire méprisant.

-Si tu existes c'est uniquement parce que je n'ai pas réussi à comprendre les besoins de mon enfant, tu n'es rien de plus que la matérialisation de mes misérables échecs.

Les yeux de Skunky prirent une expression plus sombre, vaisseaux sanguins naissant, son bras commençait à onduler de colère, lui broyer la nuque semblait inévitable mais quelque chose au fond de lui le retenait.

-Tu n'es rien de plus que la frustration de mon sang, elle posa sa main sur celle de son agresseur, la caressant comme si il s'agissait de son propre fils, ses yeux prenant une teinte cristalline. Merci pour tout ce que tu as fait mais Yuki n'aura désormais plus besoin de tes services.

Dès lors, le corps du monstre devint de plus en plus difforme, son bras lâcha prise et ce dernier commençait à gonfler comme un vulgaire ballon de baudruche ne lui lachant que des cris de supplice.

-Ça...ça fait mal ! STOP, MADAME ARRETE, FAITES PAS ÇA, ARR-

Et la créature qui ressemblait désormais plus à un ballon qu'à un chat implosa d'elle-même, une désintégration spontanée qui ne laissa pour trace que les cadavres ensanglantés des fidèles..Enfin j'appellerais pas  vraiment ça des cadavres mais vous voyez le concept?

[...]

Le lendemain matin, les premiers rayons éclairaient le visage de Yuki, il s'était réveillé dans une pièce qui ne semblait visiblement pas être sa chambre, il avait voulu bouger mais quelque chose entravait ses mouvements, une main, se rendant alors compte qu'il dormait à la fois dans la chambre et les bras de sa génitrice.  Il ne se rappelait pas vraiment de ce qu'il s'était passé hier, ce qui était arrivé, l'agression, mais paradoxalement il avait la sensation d'avoir raté un truc important.

- Oh, bonjour Yuki, bien dormi ? Fit la mère en baillant .

Elle semblait faire comme si de rien n'était, elle devait sans doute penser qu'il ne fallait pas en parler  afin de ne pas le brusquer, se disait-elle. Quoiqu'il en soit, se contentant de lui adresser un léger sourire sans dire un mot avant de  se diriger vers la sortie, elle avait alors voulu lui prendre la main comme pour l'en empêcher, ne faisant que l'effleurer de la même manière qu'elle l'avait fait pour son ami la veille...Ami s'il s'en rappel toujours évidemment. En sortant il remarquait dans un premier temps que la porte de sa chambre était condamnée, mais dans un second temps qu'aucun fidèle n'était présent.

- Excuse-moi Yuki, je ne voulais pas t'inquiéter… Ils ont tous quittés le temple et ont pris peur… J'ai tenté de les rattraper, de faire en sorte que tout se passe comme avant mais… Tu sais on a eu des agresseur et..Prononça sa mère qui commençait à pleurer à chaude larme en s'agenouillant.

Voir sa mère aussi triste lui nouait le cœur, elle qui avait tout fait pour lui depuis sa naissance, qui avait tant sacrifié lorsqu'il était dans le même état, il aurait bien voulu utiliser ses ailes afin de finir le travail qu'elle avait commencé en les rattrapant mais il n'avait ni la capacité de voler, ni l'énergie, et ne pouvait se permettre de la laisser seule et de l’inquiéter. Il lui tendit la main et l'aida à se relever en lui offrant un sourire :

-Je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé la veille ni du visage de ces malfrats, mais tant que nous sommes ensemble, nous n'avons pas besoin d'eux n'est-ce pas mère ? Et puis nous sommes sur la terre sainte de Mearian, je suis sûr justice sera rendue

Elle lui rendit alors son sourire de plus belle et s'aida de la main de son fils pour se relever et y déposer un baiser dans sa nuque. Ce qui eu pour effet de troubler Yuki qui continuait de se laisser faire:

-Tu es vraiment le plus grand des délices mon enfant… Murmurait-elle avant de repartir.

Les journées qui suivirent furent plutôt calmes, le jeune homme dormait en compagnie de sa mère le temps que les dégâts causés à sa propre chambre soient réparés. Oui la vie avait bel et bien repris son court normal mais tout n'étais pas pour autant terminé. Des murmures, des appels et de temps en temps l'écho d'un cri lointain...Ils se manifestaient de temps en temps dans l'esprit de Yuki mais pas assez pour s'en inquiéter...Bien que la fréquence entre chacune semblait de plus en plus régulière au fil des semaines.


Un sursaut et la voix s'estompa... Ne laissant qu'un sentiment d'incompréhension en lui. Avait-il réellement entendu quelque chose ? Quelqu'un l'appelait-il ? Ou est-ce seulement son inconscient qui lui jouait des tours.

-Tout va bien mon chéri ?

-Ou..Oui, c'est juste que je commence à faiblir de fatigue, je ferais mieux de ne pas traîner ce soir, souriait-il.

-Oh je vois...Eh bien compte sur moi pour t'y aider, répondit-elle d'un clin d’œil.

Il avait choisi la facilité, évidemment, ce n'est qu'un enfant après tout. Cependant rien n'est jamais dû au hasard, le destin semblait désireux de réunir ces deux amis, de réparer les erreurs de celle qui l'usurpe depuis ci-longtemps... De faire tomber celle qui ne prétendait le manier. Une nuit de transition... la fin d'une époque et le début d'une nouvelle : Se plongeant dans le lit aux côtés de sa mère qui s'occupait de le choyer, celle-ci s'approcha et y déposa un baiser sur le front, tout en le caressant avec délicatesse, c'est étrange mais Yuki n'avait jamais remarqué à quel point le toucher de sa mère pouvait être si… apaisant, jusqu'à devenir la clé pour le royaume de Morphée..

-Fais de beaux rêves…

Une main baladeuse, caressant la nuque de l'enfant avant de ramper jusqu'à son oreiller où deux doigts s'y glissèrent, révélant l'objet de sa convoitise : Blanche, ronde, visqueuse, parsemée de vert... Elle tenait l'impensable entre ses doigts, elle tenait un œil humain. Sa langue lécha la cornée, l'entourait, le happa jusqu'à sa bouche. Désormais coincé entre ses dents, une légère pression perça la rétine, dilatant la cornée, sa canine perçant le sclérotique jusqu'à pénétrer le macula. Une sorte de nectar opaque coulait de ses lèvres. Ses mêmes lèvres qui s’approchaient de celles du fils, ses mêmes lèvres qui s'y collèrent, et leurs langues s'entrechoquèrent. Ce qu'il restait de l'organe se mélangeant avec leurs salives, puis fut poussée jusqu'au fond de la gorge de l'enfant qui finit par le gober inconsciemment.

-... Mon innocent petit gourmand.

Mais cette nuit, nuls rêves ne seraient accordés au malheureux, juste une réalité cauchemardesque.



Une voix mystérieuse, qui d'un coup avait libéré Yuki de ses tourments, enfin c'est ce qu'il pensait.. Le jeune homme, tout tremblant du cauchemar qu'il venait de faire, avait l'impression que tout ça était si réel, pourquoi ?
Il s’essayait sur le lit afin de reprendre ses esprits, mais quelque chose le troublait, sa mère ne se tenait plus à ses côtés. Inquiet il se leva alors et parcourut le temple à la recherche de cette dernière, il espérait qu'elle ne soit pas allée tenter de retrouver les fidèles qui les avaient abandonnés, elle savait pourtant que ce n'était pas la peine. Il était sur le point d'aller voir à l'extérieur, jusqu'à ce qu'un bruit dans le temple le perturbe : C'était un bruit étouffé mais à la fois si proche, régulier mais qui ne semblait pas naturel, il cherchait d'où pouvait provenir la source et suivit le son qui le menait à l'arrière du bâtiment. Une trappe s'y trouvait, il s'agissait de l'endroit où les provisions étaient rangés un endroit qu'il lui était encore inconnu puisque ce n'est pas lui qui s'occupait de ça. Malgré tout il s'y engouffrait avec curiosité, avançant de plus en plus vers le bruit qui avait évolué, on aurait dit qu'une personne essayé de cogner les parois du mur, et s'y l'on se concentrait on pouvait clairement entendre de léger cris en soutient. Il n'était clairement pas rassuré, mais le garçon continuait d'avancer malgré tout, il ne savait pas comment ses jambes y arrivaient, mais elles finirent par atteindre la source éclairée par une lumière… Peut-être qu'il n'aurait pas dû, ainsi il n'aurait pas eu à subir un nouveau cauchemar, mais cette fois ci, il avait beau vouloir le nier, il était bien réel… Devant lui se trouvait sa mère, avec le corps d'un fidèle dans ses bras, un tissu de chair écarlate les reliant , d'un côté se trouvaient deux ou trois d'entre eux, emprisonnés, et l'autre une pile de corps aussi mutilé que celui qu'elle tenait dans les bras... Ces fameux fidèles disparus.

-Taisez-vous donc, votre tour arrivera dans les jours suiv…

Lorsqu'elle remarqua à son tour la présence de son fils son teint se mit à pâlir, trouvant elle aussi cette scène surréaliste, l'iris de ses yeux semblait aussi noir que la nuit et des larmes coulèrent sur ses joues, un sourire niais se dessina sur son visage.

- Je ne peux pas y croire…

-Ce n'est pas bien Yuki… Tu aurais dû rester bien sagement au lit, dit-elle d'une voix tremblante, pourquoi tu n'as pas voulu obéir à ta mère.

Son corps ne répondait plus, il ne lui appartenait plus, la peur l'avait envahi et seul ses instincts primaires le faisait mouvoir, son corps se déplaçait alors de toute ses forces en direction de la sortie mais sa course fut interrompu par la puissante poigne de sa mère, au fur et à mesure qu'il tirait pour s'échapper, les ongles pénétraient sa chair lui arrachant un cri de douleur... Ironie du sort de voir les rôles inversés :

- Excuse-moi Yuki.. Moi aussi ça me fait souffrir tu sais, mais une mère doit aussi corriger son enfant pour le faire progresser.. Je t'aime tu sais ! Prononçait-elle de sa voix mielleuse.

- LAISSE-MOI! Hurlait-il en frappant sa mère au visage repoussant celle-ci de quelques pas.

C'était la première fois qu'il hurlait ainsi et qu'il levait la main la main sur quelqu'un, en l'occurrence sur elle, sa propre mère. Il ne savait pas lui-même ce qui venait de lui prendre, ses jambes ne répondaient définitivement plus, et il s'agenouilla sur place. Quant à Tsubaki, elle passa la main sur sa joue à l'endroit où il l'avait frappé et son expression changea radicalement : La tête rabaissée elle semblait à la fois choquée et démoralisée.

-Pourquoi Yuki.. Pourquoi fallait-il que tu gâches tout.. POURQUOI !

Elle se rua alors sur celui-ci, le plaquant violemment à terre et immobilisant ses bras, elle se mit alors à pousser un rire dément, Yuki ne la reconnaissait pas, on aurait dit qu'une autre personne se tenait devant lui.

- Mère…

- J'étais prête à tout pour toi, je me suis consacré corps et âme à te modeler ! Toutes ces personnes qui étaient destinés à mourir prochainement, tous ses fidèles qui me vénéraient je m'en suis servi pour te nourrir lorsque tu dormais, étant obligé de t’envoûter pour préserver ton innocence morale !.. Toi la chair de ma chair, ma plus belle création, celui qui m'a poussé à réduire au silence mes fidèles !.. Tout ce que je souhaitais c'était de te voir une créature aussi innocente que toi arriver à l'apogée de ton évolution, le fruit d'un ange et d'une goule.. J'aurais pu profiter pleinement de nous réunir tous les trois, comme une VRAIE famille, en te savourant comme il se doit, en te rendant heureux, en étant simplement une bonne mère.. Elle poussa un soupir, mais bon je suppose que les enfants grandissent trop vite... Il est temps pour toi de devenir un homme après tout.  Ahlala, tu me rappels ton père, sa pureté, son goût, son corps... J'aimais « tout » chez lui, mais lui refusait de m'aimer, tout ça à cause de mon sang maudit, impur ! Je l'ai donc forcé à « tout » donner en moi, tout ça pour arriver à ce jour.

Il n'en croyait pas un mot, pendant toutes ces années il n'avait été rien d'autre que l'objet de cette femme, celle qui lui a fait connaître le bonheur, qui était tout le temps auprès de lui. Au final il avait simplement été modelé à l'image qu'elle souhaitait, l'enfermant dans une prison utopique n'ayant que pour seule lumière cette femme démente.. En y repensant il avait toujours eu une sensation de malaise lorsqu'elle le choyait et le dorlotait avec des mots doux, mais malgré tout il continuait de s'y accrocher, de désirer cette personne, de désirer qu'elle continue ainsi.
Mais désormais il était trop tard, il fixait un dernière fois sa mère qui approchait son visage contre le siens, afin d'embrasser son fils une dernière fois avant d'aller dormir. Un sommeil qui le conduirait dans le domaine de la mort, royaume qu'il allait être contraint de visiter,  c'était certain désormais.. Et ça le frustrait, cette femme qui lui a dérobé son passé et son présent allait désormais lui dérober son avenir, il ne voulait pas voir cette réalité en face, cet avenir, il souhaitait le conserver, oh oui il le désirait de plus profond de son âme ! Au fur et à mesure qu'il perdit lentement conscience, sa vie défila devant ses yeux. Des souvenirs qu'il chérissait aux côtés de sa mère, d'autres qui furent scellés... Et ainsi, des abysses de sa mémoire un nom qui n'aurait jamais dû refaire surface jaillit, le garçon avait le choix entre écouter le bruit de son âme...ou mourir

-SKUNKY ! À L'...aide !

Et lentement, l'obscurité recouvrit l'esprit de l'enfant, n'entendant que l'écho d'un rire macabre en guise de dernier son.


Et puis il se retrouvait là, dehors, au sommet d'un champ de fleurs multicolores entouré par un voûte céleste remplit d'arc en ciel...En effet même pour moi c'est peu compréhensible, me demandez pas pourquoi, c'est son esprit pas le miens. Nan sérieusement qu'est-ce qu'il s'est passé ? Juste à l'instant on vient de passer d'un enfant terrorisé sur le point de mourir au beau milieu d'une cage à... Un enfant beaucoup trop terrorisé au milieu d'un champ pour pouvoir profiter du paysage.

-O-Où on est...il renifle sa morve, maman, Skunky ! Y a quelqu'un ?!

-Bah y a moi si tu veux, mais on dirait que c'est pas moi dont tu parles, du coup je suis triste, prononçait une voix inconnue.

Yuki ne mit que quelques secondes à comprendre avant de se rendre compte que celle-ci émanait du dessus, il s'agissait...D'un nuage avec une casquette ?! Bon, au point où on en est de toute façon.

-Amnesia, laisses le temps à notre ami de reprendre ses esprits, le pauvre viens d'arriver et tu veux déjà le refaire partir !

-Ouais, en plus tu lui fais peur avec ta casquette !

Le nuage baissa les veux tout en reculant un peu, victime qu'il était. Deux autres silhouettes inconnues étaient de la partie, une sorte de ravissante créature à tête de cheval et au corps multicolore ondulé...Et un soleil tout souriant. La vue de ces créatures stoppèrent miraculeusement les larmes de Yuki l'espace d'un instant, après tout comment voulez-vous continuer de pleurer dans un endroit pareil ?
L'étrange créature ondula en direction de Yuki

-Yuki, je suis si content de te voir ! Bienvenue dans le monde merveilleux de Grand Fantasia !

-Grand...Fantasia ?

-Mais ouiii Grand Fantasia ! Un monde où tu es libre Yuki, et où tu peux t'amuser comme tu le désires ! Tu peux avoir tout ce que tu veux ! Moi c'est Elhes'deh, la princesse du royaume ! Et voici mon petit rayon de soleil Haze, ainsi que le gentil Amnesia !

Une sensation de chaleur parcourut son être, il avait littéralement l'impression d'avoir été canonisé au paradis, lui qui côtoyait l'enfer il y a quelques secondes. Mais quelque chose empêchait cette chaleur de s'y répandre complètement. S'amuser c'est bien, mais s'amuser avec ses copaings c'est encore mieux !

-Est-ce que... Je peux venir avec ma maman et Skunky ?

-Mais voyons Yuki, t'es chez moi ! Je t'avais bien dit que je t'y emmènerais !

L'hybride se retourna, apercevant son ami de toujours.

-Skunky tu es là ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-il arrivé à maman ?

-Ah ça euh, t'en fais pas j'ai géré ! Dit-il d'un ton peu sérieux.

-Comment ça ? Un sentiment d'angoisse prit le dessus, je veux voir si ma maman va bien !

-Euh... écoute Yuki j-

Soudain le décor tout autour d'eux trembla, le ciel se fissurait de lui-même, l'atmosphère devenait de plus en plus opaque.

-Oh merde on a plus le temps... Soupira Skunky !

-Il se réveille, Yuki, peu importe ce qu'il est arrivé à ta mère souviens toi bien ! Nous sommes tes amis, on  sera toujours là pour toi ! Crois en nous comme nous croyons en toi ! S'exclama la princesse.

                                                                        …..
Ses yeux se rouvrirent, il était allongé sur le sol glacé, depuis quand avait-il dormi ? À en juger par l'état de son estomac je dirais un peu plus d'une journée.. Mais au fait que faisait il ici ?  Quelle était cette si douce odeur qu'il arrivait à discerner ? Et surtout quel était cet endroit où il s'était retrouvé ? L'esprit de Yuki était dans le brouillard total, il releva alors la tête et voulut se lever en s'aidant de la première chose à laquelle il pouvait s'appuyer. Au bout de quelques minutes la vision du jeune homme redevint assez claire, la pièce était assez sombre mais était tout de même éclairée par deux ou trois bougies. Une goutte ruisselait sur son visage, elle provenait de ses cheveux, il se rendit alors compte que son corps était trempé. Mais ce qu'il mit du temps à découvrir, c'est que cette goutte n'était pas transparente mais d'un rouge écarlate. Un frisson parcourait alors son échine, il regarda dans un premier temps sa main, puis tout autour de soi : Il se trouvait dans une mare de sang et de cadavres, fidèles, mère, il les reconnaissait tous, leurs entrailles éparpillées un peu partout dans la pièce. Sa mémoire revenait à lui, se rappelant des derniers événements qui ont menés à cela, les fidèles massacrés, le vrai visage de sa génitrice, le moment où il était sur le point de mourir et ce rire macabre qu'il avait entendu… Et désormais il était encore en vie, comment ? Il n'avait aucune explication à donner, aucune, AUCUNE...et à vrai dire il n'en voulait pas, ce dernier ne parvenant ni à hurler ni à pleurer, il était désormais brisé. Puis à côté, il n'y avait aucune trace de Skunky, le bougre était déjà retourné chez lui. Attends, c'est exactement ce qu'il avait dit ? C'était chez lui qu'il avait été emmené ! Le massacre, la perte de connaissance ? Alors tout était de sa faute ! C'EST LUI LE RESPONSABLE ! Toutes ces trahisons, ces « plot-twist » comme on pourrait dire, il n'était pas en état de supporter tout ça. Alors ses jambes coururent, elles coururent aussi loin qu'elles en étaient capables, ne laissant qu'un sillage larmoyant et des litres de sang derrière lui.
C'est ainsi que Yuki se mit à errer dans un monde qui lui était assez inconnu malgré le fait qu'il y a vécu toute sa vie, vivant une vie de paria il ne savait pas réellement où il allait. Il avait parfois pensé à rejoindre la cité sainte de Theopolis, comme il aurait dû le faire par le passé, mais avec cette tragédie c'était bien trop risqué, tôt ou tard une enquête aurait sûrement été réalisée et il aurait été en mauvaise posture. Pendant plusieurs jours il se mettait à marcher dans une verdure sans fin, parfois il voulut faire l'usage de ses ailes mais il n'y était pas habitué et avait vraiment du mal à les utiliser correctement. Malheureusement en continuant ainsi ses jours étaient comptés, en effet souvenez-vous, Yuki avait eu la fâcheuse révélation d'être à moitié goule, de ce fait il était de plus en plus confronté à la famine étant donné qu'il n'avait toujours pas croisé le moindre être vivant. Chaque jours l'affaiblissait de plus en plus, un état de fatigue constant qui progressait, lui brisant peu à peu le semblant de moral qui lui restait jusqu'à lui faire perdre tout envie de continuer sa route.
Ainsi, alors qu'il flânait dans les airs son chemin finit par s’arrêter prêt d'une cascade, un si bel endroit pour y passer ses derniers jours, ainsi il s'adossait contre un rocher en attendant que le destin lui réserve de nouveau un triste sort, ailes déployées. Plusieurs heures passèrent avant de s’apercevoir que deux silhouettes se diriger en sa présence.

- C'est bien ce que je vois ? Jo' me dis pas que c'est vraiment un ange !

-Si si, c'est bien ça regardes ses ailes !

- Oh on va toucher le pactole ça doit se revendre un max sur le marché aux esclaves ! C'est jour de paie aujourd'hui hahahaha !

-Elle a l'air de nous regarder nan ? Fais gaffe, c'est que c'est dangereux ces trucs, j'aimerais pas qu'on subisse les foudres divines !

- Boarf, regarde-le, il a l'air mourant l'gamin ! Ça va être facile on aura juste qu'à l’assommer et le mettre dans la cage.. Faudra juste faire attention à pas les abimer pendant le trajet ! C'est qu'c'est fragile ces p'tites choses !

Des comparses… Sa mort n'allait donc pas être si paisible qu'il le pensait, il restait une chose, c'était vraiment risible au final rien n'avait changé il allait finir ses jours comme il les avait passés, comme une chose. C'était vraiment frustrant, mais c'était ainsi, il allait mourir ici et maintenant par de vulgaires parias.

~Yuki ! Appel moi vite, je vais t'aider !

Une fois de plus la voix de Skunky raisonnait dans son esprit, toujours au taquet celui-là pour rappliquer quand ça devient la merde... Mais Yuki ne voulait plus avoir affaire à ce dernier, jugeant que tout ce qui lui arrivait était uniquement de sa faute. Yuki décida donc de l'ignorer, le laissant s'exciter dans son coin tandis que les ravisseurs venaient d'arriver à son niveau.

~YUKI TU FOUS QUOI BORDEL ?! ILS VONT TE FAIRE DU MAL !

-Tais-toi, murmura-t-il.
-Oh Jo' regardes, il a l'air encore conscient le bougre ! Eh gamin, ça te dirait de venir avec nous ?

La rage, la tristesse, la frustration d'être impuissant, tout se mélangea soudainement à l'intérieur de l'enfant... Désormais confronté face à sa propre faiblesse, incapable de survivre... De se nourrir seul.  Ne recevant aucune réponse de la part de leur proie, le rustre l'empoigna violemment par les cheveux pour le soulever, arrachant un cri de douleur au pauvre petit. Ce dernier dans un dernier élan de lucidité s'accrocha à son bras, tentant de se débattre... Qu'est-ce qu'elles avaient l'air charnues, c'est en les palpant dans le feu de l'action que de nouvelles sensations parcouraient Yuki : Désir, survie, envie, privé de la faim et n'ayant jamais vraiment vécu comme une goule,  il fit la découverte de ce que nous avons de plus primaire : L'instinct de survie. Ses crocs se plantèrent dans la chair de l'agresseur au niveau du poignet, arrachant les tissus charnels grâce à sa petite mâchoire tout en battant des ailes pour se libérer de son emprise.

-ARGHH SALOPERIE ! ENFANT DE PUT...

-Robert ! Saleté de piaf !

Il s'était extirpé, à la fois du rustre mais aussi de son ignorance, le goût du sang imprégnant consciencieusement  pour la première fois son palais, ce petit goût qu'il eu toujours ressentit lors des petits plats de sa mère semblait décuplé et dieu que c'était bon ! Sans crier gare, il se rua sur la tête de sa victime comme un oiseau qui s'en prendrait à un être humain, il lui serra la nuque de toute ses forces, exalté par la faim et la sensation de danger mortel. Plus le bandit ne cessait de se débattre pour essayer de s'extirper mais rien ne semblait conclure. Sa joue s'étira, s'étira et s'étira, avant de céder sous la pression de la mâchoire d'une goule, puis ce fut au tour de son oreille dont le craquement des petits ossements constituait le dernier son qu'il pu entendre de celle-ci. En fait pour résumer, plus il se débattait et plus il sentait son corps se faire mutiler, à côté de ça Yuki se sentait si excité, il venait de survivre tout seul comme un grand, prouvant ainsi qu'il n'avait pas besoin de l'aide Skunky ou qui que ce soit pour sur-..

         


Brusquement, l'hybride perdit immédiatement conscience.. Eh oui Yuki, il en restait un autre, et celui-là possédait de quoi t’assommer... Pas d'bol ! De la lumière à l'obscurité, de l'obscurité au trouble, du trouble à la lumière au bout de quelques clignement d'yeux pour finir par une vive douleur à l'arrière du crâne.

~Ah bah enfin, t'es réveillé ! S’élançait son « ange gardien » dans son esprit

Aucune réponse.

~Eh ! Qu'est-ce que t'as ?

-Où on est ? Demanda-t-il sans répondre, assis en boule dans un coin.

~Hum voyons... ça roule depuis des heures, des barreaux partout et à en juger par le paysage je dirais... Qu'on est dans une cage transportée par une charrette dans un endroit aride !

Et il avait raison ! Fini la magnificence -kof kof- de Mearian, place à Faedhren ! Oh, vous voulez une description rapide ? Je comprends, ils écrivent trop c'est chiant...Bon pour faire simple, vous voyez votre pain favoris ? Vous la faite cuire jusqu'à ce qu'elle devienne noir, vous éjaculez un peu dessus comme au jeu de la biscotte, vous laissez le tout sécher un peu et vous obtiendrez Faedhren. Et y a des gens qui y vivent... Bande de sac à foutre.
~Eh, et si on s'échappait ? Tu sais, genre....EN M'APPELANT !

-Arrête...

~De quoi tu parles ?

-ARRÊTE DE TE MOQUER DE MOI ! JE SAIS TRES BIEN QUE C'EST TOI QUI VEUX ME FAIRE DU MAL !

Skunky lui rendit son silence

-Oh petiot, c'est pas bientôt fini tout ce raffut, ferme là ! Hurla le rustre, brisant l'ambiance.

~C'est vraiment ce que tu penses Yuki ? Moi...J'ai toujours cherché à bien faire comme tu me le dem-

-T'as tué ma maman et tu parles de bien faire ! Tu te- 

color=#006600]~Quoi ? Attends, c'est pour ça que tu me fais la gueule enfant de putain ? C'est l’hôpital qui se fout de la charité?! Et dieu sait qu'au niveau de la charité j'en ai eu ! Alors apprends à différencier la sensation de bien et de mal, ça t'aidera plus tard à pas te retrouver dans des situations étranges à base de cuir, de sang et de foutre plein la cage.[/color]

-Hein ? Du foutre ? C'est quoi ça ! Ça a un rapport avec ce que t'as fait à ma maman ?!

~Waow... Alors là j'ai pas les mots, narrateur transition s'il te plaît !

-Mais ma parole il va la boucler celui-là !

Yuki sentit le véhicule s'arrêter, son ravisseur s'approchant avec un trousseau de clé en main.

~Merci capitaine !

-Oh connerie, j'ai pas laissé crever un chieur pour m'en trimballer un autre...Bon en même temps partager l'argent c'est pas trop mon délire. Bref, ferme bien ta grande gueule mon grand, que j'ai pas à te reprendre sur la route, après si tu veux vraiment l'ouvrir y a des acheteurs qui seraient ravis de te la remplir.

La dureté de ces mots le ramena à la réalité, coupant Yuki dans son monol...Sa discuss...Euh dans son élan ! Il avait oublié ce petit détail, de n'être plus qu'une vulgaire marchandise. Il replongea donc sa tête dans ses bras, résigné. Jusqu'à ce qu'une nouvelle voix l'en extirpe à nouveau.

-Excusez-moi, est-ce votre enfant ?

-Hein, t'es qui toi ? Depuis quand tu nous suis ?

Une femme à la silhouette élégante, de longs cheveux de nuit apportant un certain contraste avec la clarté de sa peau...Et deux cornes sur sa tête qui cassent tout le délire !

-Je vous ai demandé si c'est bien votre enfant, ni plus ni moins.

-Je sais pas je l'ai trouvé dans la nature, j'ai p'tet baisé sa mère mais pas moyen qu'un vrai homme en soit le père vu sa tronche.

Le sang de l'hybride se mit à bouillir, entendre cette ordure parler ainsi de ses parents...Inacceptable, impensable, INTOLLERABLE !

-Mais dis-moi toi, t'es pas mal poulette, si tu veux je peux t'en faire un d'enfant... ça fera une petite compensation pour ta peau mal entretenue et ces espèces de cornes de biquette. Jubilait-il en décortiquant l'étrangère du regard.

Espérons pour lui qu'il s'est bien assez rincé l’œil puisque ses paroles sonnèrent le début d'un long calvaire pour le bougre. Avant même de connaître la réaction de son interlocutrice ce dernier se retrouva plaqué et ligoté contre les barreaux de sa précieuse cage, sa nuque écrasé par un membre noir formant un épais cordage. Nul besoin de vous préciser que ce bras appartenait à ce très charmant Skunky, libéré involontairement par la colère de son hôte. Ses bras faisaient preuve d'une élasticité exemplaire, les étirant pour chopper l'ennemi et se contractant en ce moment même pour l'étrangler, prenant le temps qu'il voulait sous le regard larmoyant de son comparse, des larmes de fureur dirigées vers lui. La victime souhaitait parler mais en était incapable, ses veines devinrent de plus en plus visible tandis que sa teinte évoluait tranquillement du rouge vers le violet. Jusqu'à l'intervention de la demoiselle.

-Attends poussin, ne fais pas ça s'il te plaît.

Mais Yuki ne parvenait pas à l'écouter, seul l'écho de ses pleurs raisonnait dans tête. Alors elle soupira, inspirant profondément et...

-Je t'ai demandé d'arrêter tes bêtises, jeune homme !

Sa voix atteignit l'enfant et...Je sais pas, une sorte de sentiment d'obéissance, en tout cas cela suffit à ramener Yuki à la raison et obliger Skunky à suivre le mouvement en relâchant sa poigne. Les deux s'échangèrent un regard, le premier de peur et le second d'interrogation... Sans déconner, ses pupilles formaient vraiment des points d'interrogations.

-Aaaah, tu l'as tué ! Hurla Yuki lorsqu'il aperçut le corps de son ravisseur dans les mains de son « ami »

-M-Mais que QUOI ? Il est même pas mort déjà, et surtout... Comment ça moi ?

Un cliquetis métallique raisonna.

-Allons, allons, qu'est-ce qu'il se passe ici ? Prononçait l'inconnue qui venait d'ouvrir la porte de la cage.

-Euh...Comment t'as fait ?

-Je viens de prendre la clé dans la poche de ton jouet chaton.

-Oh... Je vois, malynx la dame.

-J'ai un prénom figures toi, Ellyn.

Elle s'accroupit à hauteur de Yuki, s'en s'approcher plus pour ne pas l'effrayer, elle lui tendit juste les bras pour lui faire signe de venir auprès d'elle. Étonnement il n'hésita pas, elle dégageait quelque chose de...chaleureux, assez pour accourir se blottir contre elle tout tremblant.

-Et quel est ton prénom ?

-Euh..Y-Yuki madame.

-Et d'où viens-tu... Je veux dire avant d'être dans cette cage.

-Euh...Ma maman m'a dit que ça s'appelait Maérien... Je vivais loin de la jolie ville où y a des dieux.

-Mearian. Dit-elle avec un peu plus sèchement sans pour autant changer de comportement, mais dis-moi... qu'est-il arrivé à tes parents ?

-Mon papa je..je l'ai jamais connu, et ma maman... elle...elle est morte à cause de..de... Il pointa du doigt son siamois.

-Super ! Eh allez, c'est encore moi le méchant ! Sérieusement ?! Un soupire blasé, tu sais quoi Yuki va chiez, moi je te rends un service comme un bon ami et c'est comme ça que tu me remercies ! Monsieur le fou amnésique ! Il se mit à croiser les bras en regardant dans la direction opposé..Bref il boude.

-Allons allons, ne vous chamaillez pas, il ne m'a pas l'air si fou que ça... Il manque juste d'un peu de lucidité.

-De la lucidité ? C'est quoi ?

-Et bien je pourrais te le dire...Mais avant j'aimerais que tu me racontes tout depuis le début s'il te plaît, tu veux bien ?

Le garçonnet acquiesça timidement et Ellyn le fit s'asseoir sur ses genoux, lui racontant ce que vous venez de lire depuis tout à l'heure mais en plus court... T'as la haine de pas être à sa place avoue ? En plus il utilise des mots plus simples. À la fin de son histoire, Ellyn avait l'air quelque peu effacée, peut-être avait-il dit quelque chose de travers ? Mais son doute s'estompa à la vue de son sourire.

-Je vois, mon pauvre petit  ça a dû être si dur... Je crois comprendre ce que tu vis, donc pour répondre à ta question, eh bien la lucidité se trouve pour ta part à deux endroits, tout d'abord derrière toi en train de bouder...Et enfin ici en train de dormir.

Une caresse de sa part sur la joue du garçonnet et tout d'un coup il sentit son corps bouillir, un profond désir l'envahissait, chaud, brûlant, ardent...Incessant. Un désir de quoi ? De tout, tout ce qu'il n'a jamais obtenu, à commencer par la vérité ! C'est la seule chose qu'il n'a jamais obtenu ! Que ce soit de la part de sa mère, Skunky, et surtout de la part de son esprit. Ces réponses ils les voulaient...DONNEZ LES LUI DONNEZ LUI LA VERITE BORDEL.


Un rire...seul ce fut sa première réponse, un rire qui le transporta à cette fameuse nuit juste au moment où il s'était évanouit, un rire venant droit du cœur qui alliait démence et plaisir. Un rire qui ne s'arrêtait plus, SON rire. Eh oui Yuki, cet écho sinistre que tu entendais avant de dormir, c'était le tien, enfin je veux dire avant de perdre raison.
Ce moment où TU avais appelé ton ami à l'aide, et où il avait fidèlement répondu présent...Si bon ami, en cette occasion très spéciale il était même deux fois plus grand qu'à la normale, le résultat d'un potentiel juvénile totalement libéré. Tenant fermement d'une poigne sa propre mère le corps suspendu dans le vide, griffes logées dans son corps. On aurait dit une orange pressée.

-Yu...ki...suis...

-Une sale menteuse ! C'est tout ! Hein, hein ? C'est pas vrai ? Je voulais une maman, pas un monstre, SALE MENTEUSE !

-Tu veux que je casse les œufs Yuki ?

Le rire de l'enfant recommença à envahir la salle.

-C'est trop triste ici, je veux des ballons Skunky ! Pleins de confettis! SKUNKY UTILISE EXPLOSION !

Skunky ne put s'empêcher de pouffer de rire face à cette demande. S'emparant des deux extrémités de la maman, il tira il tira et il tira le corps au-dessus de Yuki qui n'en avait que faire des cris de sa mère. Jusqu'à la rupture, tissus, viscères, vertèbres, tout se fendit en deux avant de s'éparpiller aux quatre coins de la pièce, avec en bonus quelques petits morceaux de fidèles non digérés.

~Est-ce que c'est un testicule que je viens de voir tomber ? Se demanda Skunky. Ooooh, c'est trop chou Yuki, tu rougis ! S'exclamait-il en voyant l'état dans lequel se trouvait Yuki tandis que ce dernier se léchait de partout.

-Ouah, c'est trop bon ! Il ria, Encore Skunky ! Encore ! ENCORE !

-Allez ! Regardes on peut faire la fête, on en a pleins autour de nous !

-Ouiiii, toi aussi Skunky, viens goûter !

Il se souvenu donc de tout...Comment il avait tué maman, comment il avait dévoré maman et les figurants, comment il ne fit qu'un avec elle. Avant de finir par faire la sieste, repus, scellant jusqu'à aujourd'hui sa propre folie.



De retour à la réalité, Yuki ne pleurait plus, il se sentait...Heureux, apaisé, il paraissait paradoxalement normal.

-Oh, tu es semblés être revenu parmi nous, tout vas bien ? Demanda Ellyn.

-J'ai l'impression d'avoir fait un long rêve, dit-il en baillant. C'était trop bien !

Il descendit de ses genoux et accourut vers Skunky qui boudait toujours, sautant contre ce dernier pour le câliner.

-Eh, tu fais quoi là !?

-Pardon Skunky, tu veux bien me pardonner pour avoir dit des bêtises ! J'aurais pas dû être si méchant avec toi !

-Eh bah tu vois, qui c'est qu'avait raison ?

~C'est lui ! S'exclamèrent plusieurs voix dans la tête de Yuki. Lui lui qui ? ♫ Skunky le Bagarreur ! ♫

Il reconnut ces voix, c'était les petits camarades de Skunky qu'il avait vu dans ses rêves !

-Oh ! Vous êtes venus ! Mais pourquoi ? Grand Fantasia ça avait l'air marrant ! Je veux y aller !

Skunky éclata aussitôt de rire, il pouvait pas s'arrêter !

-Oh oh oh, ahahahah, les gars, on lui dit ou pas ?!

~Ouiiiiii ♫

-Me dire quoi ? Je veux savoir, je veux savoir !  Et-Et  d'abord comment tu les entends Skunky ?

~Mais voyons, parce qu'il est chez lui ! Grand Fantasia c'est toi, c'est nous, mais plus que tout c'est ton monde ! Tout ce qui t'entoure essssst...

S'exclamèrent ils tous ensemble !

Il sautilla sur place, tout pimpant, Skunky lui était rentré à l'intérieur de la tête de Yuki, tout ça l'avait vraiment crevé ! Puis il s'adressa de nouveau à Ellyn.

-Merci madame, vous êtes la meilleure ! Vous êtes meilleure qu'une maman !

-C'est trop chou ! Je suis contente que tu te sois réconcilié avec toi même, tu vois avec un brin de folie t'as fini par devenir lucide !  Bravo !... Et tu sais, si tu veux bien rester avec moi je te ferais découvrir toutes les choses que t'as raté en étant isolé si longtemps, et crois-moi elles sont très amusantes !

-Ouaiiis !

-Mais il faudra être sage compris ?

-Yuki est un enfant gentil !

Et c'est comme ça que débuta sa grande épopée, l'épopée de Yuki le gentil ! Ellyn le prit sous son aile, l'éduquant à sa manière et l'instruisant sur ce monde qu'il prenait plaisir à découvrir ! Parfois elle s'absentait quelques temps pour aller faire des « courses », mais ça ne le gênait pas, elle le laissait s'amuser comme il voulait ! Et puis elle finissait toujours par revenir ! Elle lui a appris à faire ses lacets, à le laisser s'épanouir comme il voulait et surtout à l'entrainer pour devenir fort ! Et Yuki était très fort pour être fort, il finit même par être assez fort pour invoquer pleins de copains tout forts, il a même fait des nouvelles rencontres ! E puis il devenait mature, il devenait grand, beau, et intelligent ! Ça a duré sept ans en tout, c'était une routine sans vraiment en être une, car Ellyn lui trouvait toujours des choses à faire et il était content, il faisait sa petite vie à côté ! Et puis un jour...