Le ciel était gris lorsque la monture d’Ezekiel atteignit le sommet de la colline surplombant le petit village. Et si les nuages ne le cachaient pas, le lycan aurait vu le soleil progressivement descendre. L’air était particulier à cet endroit à la limite de la frontière avec Mearian. Le vent sifflait une mélodie perturbante, les arbres morts environnants et la brume enveloppant les palissades de Ryker n’aidant en rien. Le chasseur de primes se surprit à sourire.
Un léger coup de talon relança son cheval au trot le long de la colline. Il avait entendu parler d’un village d’où les habitants avaient tendance à disparaître. Certains parlaient d’enlèvements. D’autres pensaient qu’une créature errait aux alentours et attaquait les promeneurs insouciants. Toujours était-il qu’on ne retrouvait jamais de traces des disparus.
Mais cette fois-ci, c’était différent. La dernière disparue n’était autre que la fille du chef du village. Et si jusque-là rien de cette histoire ne l’avait empêché de dormir, cette fois-ci il avait lancé un appel à l’aide. Agrémenté d’une prime, évidemment. De quoi ajouter à l’affaire déjà intriguante un réel intérêt.
La grande porte en bois s’était ouverte devant lui. Derrière, une figure voutée drapée de noir l’observa passer en silence, et sembla avoir oublié jusqu’à sa présence une fois la porte refermée. Le cavalier fronça les sourcils. À part les enfants jouant dans la rue et le portier lui tournant le dos, tout le monde l’observait. Un léger rire nerveux le prit sans autorisation.
« Glauque. »
Ezekiel attacha son cheval devant l’auberge et y entra. Il n’y avait que peu de monde à l’intérieur, mais assez pour que tous les regards tournés vers lui à son entrée contribuent à accentuer le malaise qu’il ressentait depuis qu’il était arrivé. Retirant ses gants, il se dirigea vers le comptoir derrière lequel un gros homme aux cheveux longs et sales l’observait.
« Qu’est-ce que je vous sers étranger ?
- À boire et manger pour mon cheval, et des informations pour moi. Je suis là pour les disparitions. »
Tous semblèrent se désintéresser subitement de lui, et reprirent leurs conversations à voix basse. Parmi tous les commentaires sur sa tenue et ses manières, une phrase en particulier piqua son intérêt. « Tu lui donnes combien de temps, à celui-là ? »
« Le maire habite dans la grande bâtisse un peu plus loin, vous pouvez pas la rater. J’imagine que je vous prépare une chambre ?
- Si ça ne vous dérange pas. »
L’aubergiste ne répondit pas. Le lycan n’attendait pas de réponse. Quittant le lieu, il tapota l’arrière-train de sa monture en passant à côté et se dirigea vers la maison du maire. Il n’était plus sûr de vouloir passer la nuit ici, mais ses choix étaient limités. Il doutait de pouvoir retrouver la petite avant la tombée de la nuit, et si les alentours étaient bien habités par une créature, il serait stupide de quitter les lieux avant le matin.
Le coin de ses lèvres se crispa. Rien ne semblait sûr, par ici.
La porte de la bâtisse était entrouverte, aussi la poussa-t-il doucement. Elle donnait sur un hall au milieu duquel trônait un grand bureau vide. Le chasseur de primes attendit quelques secondes avant d’entrer, puis referma volontairement la porte avec un peu de force afin de signaler sa présence. Il n’eut pas à patienter longtemps avant qu’une femme d’âge mûr apparaisse au coin d’une porte, l’observant avec curiosité.
« Que puis-je faire pour vous étranger ?
- Je suis là pour les disparitions. »
Les sourcils de la dame se haussèrent d’étonnement, et elle disparut sans dire mot. Ezekiel haussa un sourcil à son tour, sans trop savoir quoi faire. Son choix se porta sur les cent pas qu’il effectua dans la hall, laissant son regard naviguer dans les coins et recoins de la pièce sans intérêt.
Puis des pas se firent entendre, et il se retourna pour voir un petit homme à la calvitie avancée.
« Monsieur ?
- Oui, j’ai entendu parler de…
- Vous pensez pouvoir retrouver ma fille ? »
La détresse du petit homme était presque palpable. L’espace d’un instant, Ezekiel ressentit de la peine. Cet homme semblait vraiment aimer sa fille, et être dévasté par sa disparition.
Le lycan cligna deux fois des yeux pour se reprendre, et plongea son regard dans celui désespéré de son futur employeur.
« S’il est possible de la retrouver, je le ferai.
- Alors suivez-moi.
- À propos de la récompense… »
Le chasseur de primes fut interrompu par un geste sévère de la part de son interlocuteur qui lui tournait à présent le dos.
« Retrouvez ma fille, qui que vous soyez. Et je vous donnerai ce que vous voudrez. »
Le temps sembla s’arrêter l’espace d’un instant, le silence uniquement perturbé par le bruit du vent faisant craquer le bois de la bâtisse. Ezekiel hocha simplement la tête, mouvement qui fut retransmit par la dame qui l’avait accueilli au maire qui avait toute son attention. Celui-ci laissa échapper ce qui ressemblait à un soupir de soulagement, et les guida à l’étage, jusqu’à une porte qu’il ne semblait pas oser ouvrir.
« Sa chambre. C’est dedans que je l’ai vue pour la dernière fois. »
Le lycan observa avec pitié le petit homme au regard fuyant. Il se concentra ensuite sur la porte, vers laquelle il s’avança pour en tourner la poignée.
Je quittais la planque principale de Faedhren d'un pas las, fatiguée de constater que la guilde ne bougeait pas et que notre chef ne semblait pas s'activer pour notre cause. Au fond de moi, je me fichais allègrement de la recherche des cristaux ou de faire revenir l'immortel afin de recréer le royaume perdu... Mais ils étaient l'un des rares tremplins qui me permettait d'agir en toute liberté sans être entravée par des règles ou des limites stupides et ennuyeuses. Pourtant, je me retrouvais une nouvelle fois de plus à errer, condamnée encore à attendre que la providence veuille bien mettre sur mon chemin un peu de piment.
J'avais fait un petit tour à Mearian, jaugeant la température et constatant que l'Ordre des Astres conservait toujours autant la main mise sur son peuple. S'ils savaient à quel point ils étaient bercé par des mensonges et des tromperies... S'ils savaient à quel point il suffirait d'une simple révolte pour renverser ces faux dieux usurpateurs. Mais la masse se complaisait dans la soumission, et ce n'était pas encore le moment pour tenter d’entraîner les foules. Un jour, cela viendrait...
Alors que je partais en direction d'Akantha, hésitant à aller faire un saut chez Victoria, je tombai sur une prime intéressante. Des disparitions avaient eu lieu dans un petit village à la frontière et le chef avait placé une grosse récompense à qui retrouverait sa fille. J'hésitai un moment avant de me décider à y aller... Je n'étais pas quelqu'un d'altruiste et j'avais parfaitement conscience qu'aider les gens ne faisait pas partie de mes valeurs, mais pour le coup, c'était un bon moyen de me distraire et une enquête me changerait des exécutions banales et répétitives que j'avais fait jusque là.
Quand j'arrivai au village, mon portail s'ouvrit devant la porte principale et je sortis de nul part. La nuit n'allait pas tarder à tomber mais il faisait encore jour malgré le ciel gris qui pesait au-dessus de nos têtes. Faisant fi du gardien qui filtrait les allées et venues, je pénétrai dans l'enceinte sans difficulté et me dirigeai directement vers l'unique auberge de la route principale. Les gens me regardaient avec méfiance et je comprenais que les récents événements ne les poussaient pas à l'accueil des étrangers...
Qu'est-ce que vous voulez ?
On ne mit pas longtemps à m'apostropher, et j'avisai un petit groupe d'hommes armés qui me regardaient avec animosité. Je n'étais pourtant pas très impressionnante, d'un point de vue extérieur... Cela démontrait bien la tension qui régnait en ces lieux. Retenant une remarque acerbe qui pourrait foutre en l'air tout mon plan d'amusement, je me contentai d'afficher un sourire aimable et de répondre à leur question d'un ton que j'espérai apaisant.
Uniquement des informations concernant les disparitions. Je suis là pour la prime.
Leurs expressions se détendirent immédiatement et j'en vis un pousser un soupir de soulagement. Les quelques mains posées sur la garde de leurs armes retournèrent dans leur poche et ils s'approchèrent de moi pour m'indiquer la maison de leur chef. Bien, il ne me restait plus qu'à aller jeter un coup d’œil sur place...
Quand je rencontrai le dirigeant de ce village, sa peur et son inquiétude étaient palpables et je me retins de lui coller deux ou trois baffes pour le calmer. Je n'aimais pas l'agitation inutile, et traîner au milieu de cette vermine n'arrangeait pas mon moral.
Me dirigeant vers la chambre de la jeune fille, il me laissa alors au seuil, comme si le simple effet d'y entrer le terrorisait. Pénétrant donc seule dans la pièce, je laissai mon regard parcourir l'espace, tentant d'y trouver quoique ce soit de suspect.
C'était une belle chambre, le genre d'endroit où se prélassait une gamine de parents aisés. De belle taille, un lit à baldaquin y trônait en plein milieu, les rideaux d'un rose pâle accrochés par des attaches en argent. Le mobilier était sommaire mais on pouvait voir un coffre où débordait une multitude de jouets de fille : poupées, figurines en bois et autres tissus colorés et brillants. Un petit bureau était installé dans un coin et le mur qui me faisait face soutenait le poids d'une armoire énorme où devait se trouver toute la garde-robe de la demoiselle.
Puisqu'il fallait bien commencer par quelque chose, je me dirigeai donc vers celle-ci et l'ouvrit en grand, regardant les piles de vêtements rangés impeccablement en équerre. Constatant alors qu'un tas de robes semblait affaissé dans un coin, je me baissai et posai ma main au milieu. Quelqu'un s'était réfugié ici, détruisant le rangement parfait de cet espace. Avait-elle entendu un bruit ? Quelque chose l'avait effrayé et elle s'était cachée ici... Mais son absence prouvait que cela n'avait pas été très efficace.
Alors que je me relevai pour chercher ailleurs, j'entendis la poignet de la porte s'enclencher et je pivotai pour observer la personne qui pénétrait dans la pièce. Un homme entra alors, un long manteau recouvrant son corps et un masque dissimulant le bas de son visage. Ce n'était pas difficile de deviner qu'il ne s'agissait pas d'un membre du personnel de la maison... Probablement un chasseur de primes. Pourquoi diable venait-on empiéter sur mes plates-bande ? Je travaillais seule et j'avais horreur de dévoiler mes capacités aux yeux des autres. L'anonymat était ma principale priorité depuis que j'avais trahi les séraph...
… Bonsoir, dis-je alors après quelques secondes de silence. Tu es là pour la prime, je suppose... ?
Autant vérifier dès le début. Peut-être qu'il n'était que de passage et que je n'aurai pas à me soucier plus de lui. En revanche, s'il était là pour les mêmes raisons que moi, une seule question se posait : devais-je me débarrasser de lui pour poursuivre seule, ou m'encombrer de cette présence afin de poursuivre la mission... Un peu de compagnie pouvait être distrayante, à condition qu'elle me soit agréable, évidemment...
J'avais fait un petit tour à Mearian, jaugeant la température et constatant que l'Ordre des Astres conservait toujours autant la main mise sur son peuple. S'ils savaient à quel point ils étaient bercé par des mensonges et des tromperies... S'ils savaient à quel point il suffirait d'une simple révolte pour renverser ces faux dieux usurpateurs. Mais la masse se complaisait dans la soumission, et ce n'était pas encore le moment pour tenter d’entraîner les foules. Un jour, cela viendrait...
Alors que je partais en direction d'Akantha, hésitant à aller faire un saut chez Victoria, je tombai sur une prime intéressante. Des disparitions avaient eu lieu dans un petit village à la frontière et le chef avait placé une grosse récompense à qui retrouverait sa fille. J'hésitai un moment avant de me décider à y aller... Je n'étais pas quelqu'un d'altruiste et j'avais parfaitement conscience qu'aider les gens ne faisait pas partie de mes valeurs, mais pour le coup, c'était un bon moyen de me distraire et une enquête me changerait des exécutions banales et répétitives que j'avais fait jusque là.
Quand j'arrivai au village, mon portail s'ouvrit devant la porte principale et je sortis de nul part. La nuit n'allait pas tarder à tomber mais il faisait encore jour malgré le ciel gris qui pesait au-dessus de nos têtes. Faisant fi du gardien qui filtrait les allées et venues, je pénétrai dans l'enceinte sans difficulté et me dirigeai directement vers l'unique auberge de la route principale. Les gens me regardaient avec méfiance et je comprenais que les récents événements ne les poussaient pas à l'accueil des étrangers...
Qu'est-ce que vous voulez ?
On ne mit pas longtemps à m'apostropher, et j'avisai un petit groupe d'hommes armés qui me regardaient avec animosité. Je n'étais pourtant pas très impressionnante, d'un point de vue extérieur... Cela démontrait bien la tension qui régnait en ces lieux. Retenant une remarque acerbe qui pourrait foutre en l'air tout mon plan d'amusement, je me contentai d'afficher un sourire aimable et de répondre à leur question d'un ton que j'espérai apaisant.
Uniquement des informations concernant les disparitions. Je suis là pour la prime.
Leurs expressions se détendirent immédiatement et j'en vis un pousser un soupir de soulagement. Les quelques mains posées sur la garde de leurs armes retournèrent dans leur poche et ils s'approchèrent de moi pour m'indiquer la maison de leur chef. Bien, il ne me restait plus qu'à aller jeter un coup d’œil sur place...
Quand je rencontrai le dirigeant de ce village, sa peur et son inquiétude étaient palpables et je me retins de lui coller deux ou trois baffes pour le calmer. Je n'aimais pas l'agitation inutile, et traîner au milieu de cette vermine n'arrangeait pas mon moral.
Me dirigeant vers la chambre de la jeune fille, il me laissa alors au seuil, comme si le simple effet d'y entrer le terrorisait. Pénétrant donc seule dans la pièce, je laissai mon regard parcourir l'espace, tentant d'y trouver quoique ce soit de suspect.
C'était une belle chambre, le genre d'endroit où se prélassait une gamine de parents aisés. De belle taille, un lit à baldaquin y trônait en plein milieu, les rideaux d'un rose pâle accrochés par des attaches en argent. Le mobilier était sommaire mais on pouvait voir un coffre où débordait une multitude de jouets de fille : poupées, figurines en bois et autres tissus colorés et brillants. Un petit bureau était installé dans un coin et le mur qui me faisait face soutenait le poids d'une armoire énorme où devait se trouver toute la garde-robe de la demoiselle.
Puisqu'il fallait bien commencer par quelque chose, je me dirigeai donc vers celle-ci et l'ouvrit en grand, regardant les piles de vêtements rangés impeccablement en équerre. Constatant alors qu'un tas de robes semblait affaissé dans un coin, je me baissai et posai ma main au milieu. Quelqu'un s'était réfugié ici, détruisant le rangement parfait de cet espace. Avait-elle entendu un bruit ? Quelque chose l'avait effrayé et elle s'était cachée ici... Mais son absence prouvait que cela n'avait pas été très efficace.
Alors que je me relevai pour chercher ailleurs, j'entendis la poignet de la porte s'enclencher et je pivotai pour observer la personne qui pénétrait dans la pièce. Un homme entra alors, un long manteau recouvrant son corps et un masque dissimulant le bas de son visage. Ce n'était pas difficile de deviner qu'il ne s'agissait pas d'un membre du personnel de la maison... Probablement un chasseur de primes. Pourquoi diable venait-on empiéter sur mes plates-bande ? Je travaillais seule et j'avais horreur de dévoiler mes capacités aux yeux des autres. L'anonymat était ma principale priorité depuis que j'avais trahi les séraph...
… Bonsoir, dis-je alors après quelques secondes de silence. Tu es là pour la prime, je suppose... ?
Autant vérifier dès le début. Peut-être qu'il n'était que de passage et que je n'aurai pas à me soucier plus de lui. En revanche, s'il était là pour les mêmes raisons que moi, une seule question se posait : devais-je me débarrasser de lui pour poursuivre seule, ou m'encombrer de cette présence afin de poursuivre la mission... Un peu de compagnie pouvait être distrayante, à condition qu'elle me soit agréable, évidemment...