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L'herbe n'est pas toujours plus verte dans le village d'à côté [Viladra Memphis]

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Le ciel était gris lorsque la monture d’Ezekiel atteignit le sommet de la colline surplombant le petit village. Et si les nuages ne le cachaient pas, le lycan aurait vu le soleil progressivement descendre. L’air était particulier à cet endroit à la limite de la frontière avec Mearian. Le vent sifflait une mélodie perturbante, les arbres morts environnants et la brume enveloppant les palissades de Ryker n’aidant en rien. Le chasseur de primes se surprit à sourire.

Un léger coup de talon relança son cheval au trot le long de la colline. Il avait entendu parler d’un village d’où les habitants avaient tendance à disparaître. Certains parlaient d’enlèvements. D’autres pensaient qu’une créature errait aux alentours et attaquait les promeneurs insouciants. Toujours était-il qu’on ne retrouvait jamais de traces des disparus.
Mais cette fois-ci, c’était différent. La dernière disparue n’était autre que la fille du chef du village. Et si jusque-là rien de cette histoire ne l’avait empêché de dormir, cette fois-ci il avait lancé un appel à l’aide. Agrémenté d’une prime, évidemment. De quoi ajouter à l’affaire déjà intriguante un réel intérêt.

La grande porte en bois s’était ouverte devant lui. Derrière, une figure voutée drapée de noir l’observa passer en silence, et sembla avoir oublié jusqu’à sa présence une fois la porte refermée. Le cavalier fronça les sourcils. À part les enfants jouant dans la rue et le portier lui tournant le dos, tout le monde l’observait. Un léger rire nerveux le prit sans autorisation.

« Glauque. »

Ezekiel attacha son cheval devant l’auberge et y entra. Il n’y avait que peu de monde à l’intérieur, mais assez pour que tous les regards tournés vers lui à son entrée contribuent à accentuer le malaise qu’il ressentait depuis qu’il était arrivé. Retirant ses gants, il se dirigea vers le comptoir derrière lequel un gros homme aux cheveux longs et sales l’observait.

« Qu’est-ce que je vous sers étranger ?
- À boire et manger pour mon cheval, et des informations pour moi. Je suis là pour les disparitions. »

Tous semblèrent se désintéresser subitement de lui, et reprirent leurs conversations à voix basse. Parmi tous les commentaires sur sa tenue et ses manières, une phrase en particulier piqua son intérêt. « Tu lui donnes combien de temps, à celui-là ? »

« Le maire habite dans la grande bâtisse un peu plus loin, vous pouvez pas la rater. J’imagine que je vous prépare une chambre ?
- Si ça ne vous dérange pas. »

L’aubergiste ne répondit pas. Le lycan n’attendait pas de réponse. Quittant le lieu, il tapota l’arrière-train de sa monture en passant à côté et se dirigea vers la maison du maire. Il n’était plus sûr de vouloir passer la nuit ici, mais ses choix étaient limités. Il doutait de pouvoir retrouver la petite avant la tombée de la nuit, et si les alentours étaient bien habités par une créature, il serait stupide de quitter les lieux avant le matin.
Le coin de ses lèvres se crispa. Rien ne semblait sûr, par ici.

La porte de la bâtisse était entrouverte, aussi la poussa-t-il doucement. Elle donnait sur un hall au milieu duquel trônait un grand bureau vide. Le chasseur de primes attendit quelques secondes avant d’entrer, puis referma volontairement la porte avec un peu de force afin de signaler sa présence. Il n’eut pas à patienter longtemps avant qu’une femme d’âge mûr apparaisse au coin d’une porte, l’observant avec curiosité.

« Que puis-je faire pour vous étranger ?
- Je suis là pour les disparitions. »

Les sourcils de la dame se haussèrent d’étonnement, et elle disparut sans dire mot. Ezekiel haussa un sourcil à son tour, sans trop savoir quoi faire. Son choix se porta sur les cent pas qu’il effectua dans la hall, laissant son regard naviguer dans les coins et recoins de la pièce sans intérêt.
Puis des pas se firent entendre, et il se retourna pour voir un petit homme à la calvitie avancée.

« Monsieur ?
- Oui, j’ai entendu parler de…
- Vous pensez pouvoir retrouver ma fille ? »

La détresse du petit homme était presque palpable. L’espace d’un instant, Ezekiel ressentit de la peine. Cet homme semblait vraiment aimer sa fille, et être dévasté par sa disparition.
Le lycan cligna deux fois des yeux pour se reprendre, et plongea son regard dans celui désespéré de son futur employeur.

« S’il est possible de la retrouver, je le ferai.
- Alors suivez-moi.
- À propos de la récompense… »

Le chasseur de primes fut interrompu par un geste sévère de la part de son interlocuteur qui lui tournait à présent le dos.

« Retrouvez ma fille, qui que vous soyez. Et je vous donnerai ce que vous voudrez. »

Le temps sembla s’arrêter l’espace d’un instant, le silence uniquement perturbé par le bruit du vent faisant craquer le bois de la bâtisse. Ezekiel hocha simplement la tête, mouvement qui fut retransmit par la dame qui l’avait accueilli au maire qui avait toute son attention. Celui-ci laissa échapper ce qui ressemblait à un soupir de soulagement, et les guida à l’étage, jusqu’à une porte qu’il ne semblait pas oser ouvrir.

« Sa chambre. C’est dedans que je l’ai vue pour la dernière fois. »

Le lycan observa avec pitié le petit homme au regard fuyant. Il se concentra ensuite sur la porte, vers laquelle il s’avança pour en tourner la poignée.

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
Je quittais la planque principale de Faedhren d'un pas las, fatiguée de constater que la guilde ne bougeait pas et que notre chef ne semblait pas s'activer pour notre cause. Au fond de moi, je me fichais allègrement de la recherche des cristaux ou de faire revenir l'immortel afin de recréer le royaume perdu... Mais ils étaient l'un des rares tremplins qui me permettait d'agir en toute liberté sans être entravée par des règles ou des limites stupides et ennuyeuses. Pourtant, je me retrouvais une nouvelle fois de plus à errer, condamnée encore à attendre que la providence veuille bien mettre sur mon chemin un peu de piment.

J'avais fait un petit tour à Mearian, jaugeant la température et constatant que l'Ordre des Astres conservait toujours autant la main mise sur son peuple. S'ils savaient à quel point ils étaient bercé par des mensonges et des tromperies... S'ils savaient à quel point il suffirait d'une simple révolte pour renverser ces faux dieux usurpateurs. Mais la masse se complaisait dans la soumission, et ce n'était pas encore le moment pour tenter d’entraîner les foules. Un jour, cela viendrait...

Alors que je partais en direction d'Akantha, hésitant à aller faire un saut chez Victoria, je tombai sur une prime intéressante. Des disparitions avaient eu lieu dans un petit village à la frontière et le chef avait placé une grosse récompense à qui retrouverait sa fille. J'hésitai un moment avant de me décider à y aller... Je n'étais pas quelqu'un d'altruiste et j'avais parfaitement conscience qu'aider les gens ne faisait pas partie de mes valeurs, mais pour le coup, c'était un bon moyen de me distraire et une enquête me changerait des exécutions banales et répétitives que j'avais fait jusque là.

Quand j'arrivai au village, mon portail s'ouvrit devant la porte principale et je sortis de nul part. La nuit n'allait pas tarder à tomber mais il faisait encore jour malgré le ciel gris qui pesait au-dessus de nos têtes. Faisant fi du gardien qui filtrait les allées et venues, je pénétrai dans l'enceinte sans difficulté et me dirigeai directement vers l'unique auberge de la route principale. Les gens me regardaient avec méfiance et je comprenais que les récents événements ne les poussaient pas à l'accueil des étrangers...

Qu'est-ce que vous voulez ?

On ne mit pas longtemps à m'apostropher, et j'avisai un petit groupe d'hommes armés qui me regardaient avec animosité. Je n'étais pourtant pas très impressionnante, d'un point de vue extérieur... Cela démontrait bien la tension qui régnait en ces lieux. Retenant une remarque acerbe qui pourrait foutre en l'air tout mon plan d'amusement, je me contentai d'afficher un sourire aimable et de répondre à leur question d'un ton que j'espérai apaisant.

Uniquement des informations concernant les disparitions. Je suis là pour la prime.

Leurs expressions se détendirent immédiatement et j'en vis un pousser un soupir de soulagement. Les quelques mains posées sur la garde de leurs armes retournèrent dans leur poche et ils s'approchèrent de moi pour m'indiquer la maison de leur chef. Bien, il ne me restait plus qu'à aller jeter un coup d’œil sur place...

Quand je rencontrai le dirigeant de ce village, sa peur et son inquiétude étaient palpables et je me retins de lui coller deux ou trois baffes pour le calmer. Je n'aimais pas l'agitation inutile, et traîner au milieu de cette vermine n'arrangeait pas mon moral.
Me dirigeant vers la chambre de la jeune fille, il me laissa alors au seuil, comme si le simple effet d'y entrer le terrorisait. Pénétrant donc seule dans la pièce, je laissai mon regard parcourir l'espace, tentant d'y trouver quoique ce soit de suspect.

C'était une belle chambre, le genre d'endroit où se prélassait une gamine de parents aisés. De belle taille, un lit à baldaquin y trônait en plein milieu, les rideaux d'un rose pâle accrochés par des attaches en argent. Le mobilier était sommaire mais on pouvait voir un coffre où débordait une multitude de jouets de fille : poupées, figurines en bois et autres tissus colorés et brillants. Un petit bureau était installé dans un coin et le mur qui me faisait face soutenait le poids d'une armoire énorme où devait se trouver toute la garde-robe de la demoiselle.

Puisqu'il fallait bien commencer par quelque chose, je me dirigeai donc vers celle-ci et l'ouvrit en grand, regardant les piles de vêtements rangés impeccablement en équerre. Constatant alors qu'un tas de robes semblait affaissé dans un coin, je me baissai et posai ma main au milieu. Quelqu'un s'était réfugié ici, détruisant le rangement parfait de cet espace. Avait-elle entendu un bruit ? Quelque chose l'avait effrayé et elle s'était cachée ici... Mais son absence prouvait que cela n'avait pas été très efficace.

Alors que je me relevai pour chercher ailleurs, j'entendis la poignet de la porte s'enclencher et je pivotai pour observer la personne qui pénétrait dans la pièce. Un homme entra alors, un long manteau recouvrant son corps et un masque dissimulant le bas de son visage. Ce n'était pas difficile de deviner qu'il ne s'agissait pas d'un membre du personnel de la maison... Probablement un chasseur de primes. Pourquoi diable venait-on empiéter sur mes plates-bande ? Je travaillais seule et j'avais horreur de dévoiler mes capacités aux yeux des autres. L'anonymat était ma principale priorité depuis que j'avais trahi les séraph...

… Bonsoir, dis-je alors après quelques secondes de silence. Tu es là pour la prime, je suppose... ?

Autant vérifier dès le début. Peut-être qu'il n'était que de passage et que je n'aurai pas à me soucier plus de lui. En revanche, s'il était là pour les mêmes raisons que moi, une seule question se posait : devais-je me débarrasser de lui pour poursuivre seule, ou m'encombrer de cette présence afin de poursuivre la mission... Un peu de compagnie pouvait être distrayante, à condition qu'elle me soit agréable, évidemment...

La poignée tourna, le mécanisme cliqua, et la porte s’ouvrit. En tant normal, Ezekiel aurait pu ponctuer d’une note d’humour la révélation de la femme présente dans la chambre, à coup de « Elle est là, votre fille ». Mais pas cette fois. Cette fois, seule la surprise se lisait dans le regard du chasseur de prime.
Il n’était pas surprit de la présence d’une autre personne en soi. L’appât du gain est une puissante motivation. Il avait croisé bon nombres de « collègues », et avait raflé la prime sous le nez de tous. Non, sa surprise venait du fait qu’avant d’ouvrir cette porte, il n’avait aucune idée que quelqu’un se trouverait dans la pièce. Il ne l’avait pas sentie.

« … Bonsoir. Tu es là pour la prime, je suppose... ? »

La surprise dans son regard s’estompa peu à peu, laissant place à un regard inquisiteur. Comment faisait-elle ? Sans lui répondre, il inspira un coup, emplissant ses poumons de l’air de la pièce. Il la sentait à présent. Mais ses sourcils se froncèrent.
Il reprit une inspiration, puis une deuxième, puis une troisième. Il attrapa ensuite du bout de ses doigts gantés son cache nez et le tira vers le bas, révélant une partie de son visage. Il n’avait toujours pas répondu à la jeune femme, et c’était le cadet de ses soucis. Le lycan renifla à nouveau ; une, deux, puis trois fois, visiblement troublé.

« Vous êtes sûr qu’il s’agit bien de sa chambre ?
- Que voulez-vous… ? Bien sûr ! »

Sa question semblait idiote. Cette pièce avait tout de la chambre d’une petite fille. Mais à part l’odeur de la jeune femme présente, il ne sentait rien.
Ezekiel souffla par le nez, vidant ses poumons d’autant d’air que possible. Il sortit ensuite de la chambre, refermant derrière lui, et ferma les yeux pour se concentrer sur les sons et les odeurs alors qu’il inspirait de nouveau. Selon ses sens, la pièce était de nouveau vide. Il rouvrit la porte, irrité, pour poser de nouveau son regard incompréhensif sur la jeune femme.

« Quelque chose cloche ici. »

Le lycan retira ses gants, puis son chapeau dont il se servit comme réceptacle, et il les tendit distraitement à la première personne qui les prendrait derrière lui. Il ferma ensuite la porte, et longea les murs de la pièce en les frôlant du bout des doigts, avant de se diriger vers le lit dont il renifla rideaux et oreillers.
Il n’y avait absolument aucune odeur dans cette pièce, hormis celle de sa rivale.

« Je vais passer pour bien plus irrespectueux que je l’ai été jusqu’ici, mais je vais avoir besoin que vous sortiez. »

Il s’était approché d’elle en prononçant ces mots. Ce n’était pas son genre de répondre au tutoiement par un vouvoiement, mais il était conscient qu’elle attendait sûrement toujours sa réponse. Le vouvoiement avait paru comme étant le meilleur moyen de faire passer sa demande.

« J’ai uniquement besoin de quelques instants, après quoi vous pourrez tous faire comme bon vous semblera. »

Son pas était pressé tandis qu’il la raccompagnait jusqu’à la porte, la lui ouvrant respectueusement et la refermant derrière elle. Il laissa quelques instants la main sur la poignée, puis grimaça sous les convulsions que provoquaient le changement de forme de son visage. Bientôt, c’était un homme au teint sombre et au visage lupin qui tournait en rond dans la pièce, reniflant chaque recoin, chaque meuble, chaque tissu avant de reprendre sa forme normale et de s’assoir en tailleur au milieu de la pièce.

Il ne sentait rien. Il n’entendait rien. Il était incapable de dire si les personnes derrière la porte y étaient toujours ou si elles étaient parties. Il n’arrivait même plus à savoir s’il devait compter le temps passé seul en secondes ou en minutes. Cette pièce l’avait totalement coupé du monde extérieur. Cela le laissait à la fois agréablement paisible, et terriblement confus.

Lorsque la porte s’ouvrit de nouveau, il était toujours assit en tailleur, les yeux fermés.

« Qu’est-ce que vous faites ? »

Il rouvrit les yeux, plongeant son regard dans celui dubitatif du chef du village.

« Il y a une étrange magie à l’œuvre dans cette chambre. »

Agilement, Ezekiel se leva et alla récupérer auprès de la gentille dame ses effets.

« Ça devrait être plus intéressant que ce à quoi je m’attendais. »

Une fois qu’il fut de nouveau couvert de ses gants, chapeaux et cache-nez, il se retourna vers la jeune femme, fin prêt à lui répondre.

« Effectivement, je suis là pour la prime. »

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
Le nouveau venu ne me répondit pas de suite et je sentis une pointe d'exaspération monter en moi. Encore un homme, l'un de ceux qui pensent avoir la vérité infuse et qui marche droit devant, ne laissant ni place au doute ni à l'improvisation. Voilà pourquoi je ne passais que peu de temps avec mes confrères chasseurs de prime, préférant agir seule et surtout sans une présence sur mon dos qui pourrait me mettre des bâtons dans les roues. Je sentais la folie due à ma corruption s'agiter en moi et une envie d'abréger ce petit souci improvisé s'insinua lentement dans mon esprit. La refoulant aussitôt, je savais qu'il n'était ni intelligent, ni civilisé d'agir ainsi... Je n'étais pas venue pour me battre ou pour exécuter la première personne qui m'énerverait, j'étais là pour résoudre une affaire qui était importante aux yeux de l'employeur à défaut de me laisser de marbre. Après tout, il n'y avait pas marqué si je devais retrouver la gamine vivante... Et si son corps lacéré anéantirait ce père de famille, cela ne changerait en rien à la prime qu'il avait placé sur sa retrouvaille. Concentration, Vil'... Concentration.

Laissant le nouveau venu s'imprégner des lieux, je haussai un sourcil dubitatif en le voyant inspirer à pleins poumons, cherchant apparemment à capter des odeurs qui n'étaient pas perceptibles par le commun des mortels. Allons bon, il était de quel race, celui-là... Hybride, métamorphes ? Il n'y avait pas cinquante espèces dont les sens étaient développés plus que la moyenne. S'il s'agissait de l'un d'eux, la situation promettait d'être follement amusante... Car leurs capacités dépendaient essentiellement de leur perception extra-sensorielles... Et les miennes agissaient directement sur celles-ci.

Esquissant un mince sourire amusé, il se tourna alors vers moi, me demandant de sortir de la pièce pour je ne sais quelle action. Hésitant un instant à le rembarrer, je me ravisai finalement, curieuse de savoir ce qu'il cherchait à nous dissimuler. Me contentant donc d'acquiescer, je sortis de la pièce et regardai le personne de la maison s'éloigner dans le couloir en murmurant des paroles craintives. Là, je laissai mon mana m'envahir et tandis que je m'enfermai dans une bulle de ma dimension, je me téléportai, invisible, derrière le panneau de bois.

Je marquai qu'un bref étonnement quand je remarquai alors l'énorme loup qui s'activait à trouver des indices. Un lycan... J'en avait côtoyé quelques uns, dans mon passé. A défaut de ne pas nous détester, ceux qui avaient l'occasion de me connaître un peu plus s'étaient toujours méfié de moi. Évidemment, certains avaient été des ennemis, d'autres des alliés temporaires... J'en avais peut-être autant tué que j'en avais aidé. Je ne pensais rien de cette race, si ce n'était qu'elle avait une place bien implantée dans le royaume d'Akantha.
Ne cherchant pas à en voir plus, je retournai à ma place initiale, une fraction de seconde avant que le chef de maison revienne avec sa gouvernante. De toute évidence, cette scène ne semblait pas lui plaire et la présence du dernier recruté ne le rassurait pas beaucoup.

Il ouvrit la porte avec une force nerveuse, demandant alors ce qu'il se passait. Toujours silencieuse, je me contentai de me glisser dans la pièce, m'adossant contre le mur et croisant les bras en attendant que cette agitation veuille bien cesser.
Mon partenaire, ou bien mon rival, involontaire se contenta de récupérer ses affaires et de nous dire qu'une magie était à l’œuvre en ses lieux. Quelque chose avait peut-être brouillé ses sens, et dans tous les cas, rien ne valait la méthode conventionnelle pour débuter...
Répondant enfin à ma question, je me contentai de lui sourire, énigmatique, hochant brièvement la tête pour lui faire signe que j'avais compris. Bien, à défaut de pouvoir me débarrasser de lui pour le moment...

Il me... Il nous faudrait quelques réponses, dis-je alors en me tournant vers les habitants de la demeure, puis vous pourrez nous laisser travailler. Inutile d'être à quinze ici, ça ne fera qu'augmenter le risque d'effacer de potentielles traces importantes...

Le maire acquiesça vigoureusement, décidé à nous fournir toute l'aide disponible. Sa peine ferait peine à n'importe quelle personne pourvue d'empathie, pour moi elle n'éveillait que du mépris. Je n'étais pas mère, et ma race ne pouvait enfanter. Je ne pouvais donc pas comprendre le sentiment de perdre un enfant et je ne désirais absolument pas le connaître. Pour moi, ce n'était que s'ajouter une faiblesse inutile...

Il faudrait l'heure à laquelle on l'a vu pour la dernière fois, tout ce qu'il y a eu de suspect durant cette nuit, ainsi que le moment où vous vous êtes rendus compte de la disparition.

Mes paroles étaient prononcées dans une froideur efficace et je savais que mon ton ne réconforterait pas la tristesse de cette homme. Je n'avais pas de temps à perdre en enrobage inutile, je souhaitais me distraire, mais le bavardage consolateur ne faisait pas partie de mon contrat.
Triturant nerveusement le bort de sa chemise, il me répondit alors, balbutiant à moitié et causant en moi l’irrésistible envie de lui arracher la trachée. Restez digne, bon sang...

Sa femme de chambre l'a couché aux alentour de vingt et une heure... Je... Elle a éteint la lumière une demi-heure plus tard et toute la maisonnée s'est couchée à son tour... Elle... Nous avons juste vu qu'elle... enfin je...

« Reste calme, Vil, reste calme... » m'ordonnais-je avec difficulté malgré mon visage impassible.

… Mila est... je... nous avons constaté sa disparition au petit matin, dès le lever du soleil... Elle devait aller à son cours de chant et... Sa voix est mervei...

D'accord, le coupais-je avec un sourire crispé. Merci. Vous feriez mieux d'aller vous occuper d'autre chose, nous nous chargeons de cette petite affaire...

Quand ils sortirent enfin de la pièce, je retins un soupir de soulagement quand la porte claque derrière eux. Bien, cela en faisait déjà quelques un en moins... Mais un chasseur de prime était bien plus coriace et bien plus borné qu'un simple paysan.
Reportant enfin mon attention sur le lycan dont le visage était de nouveau masqué, je posai alors mon regard dans le sien.

Bien... finis-je par lâcher après quelques secondes. Devrions nous œuvrer ensemble, ou l'un contre l'autre ?

Je lui adressai un sourire qui, même s'il n'était pas tout à fait agressif, ne portait peut être pas à le pousser à me faire confiance. Mais nous n'étions pas dupes... Le monde des chasseurs de prime était cruel. Si les contrats étaient portés sur l'honneur et qu'en trahir un était souvent synonyme de honte, rien ne nous empêchait de nous étriper tant que nous ne nous engagions pas. Pour le coup, avant de commencer toute chose concrète, il allait me falloir savoir s'il marcherait à mes côtés, ou s'il chercherait à me doubler. Dans le second cas... La suite promettait d'être intéressante.

Elle avait souri. Ce genre de sourire prenant, qui laisse croire qu’il y a plus derrière. Comme ces sourires qui vous laissent un air béat plusieurs minutes après que la femme soit partie. Et son sourire allait bien avec le reste de sa personne.

« Il me... Il nous faudrait quelques réponses, puis vous pourrez nous laisser travailler. Inutile d'être à quinze ici, ça ne fera qu'augmenter le risque d'effacer de potentielles traces importantes... »

Un sourire se forma derrière le masque du lycan. Demander des informations n’était pas habituel pour lui. Il se fiait toujours à son flair, et celui-ci avait toujours été un meilleur informateur que les victimes elles-mêmes. Jusqu’aujourd’hui, en tout cas.
Heureusement pour lui, sa collègue s’en sortait très bien. Elle parlait même étonnamment d’un « eux ». Il la laissa donc continuer sans interférer.

« Il faudrait l'heure à laquelle on l'a vu pour la dernière fois, tout ce qu'il y a eu de suspect durant cette nuit, ainsi que le moment où vous vous êtes rendus compte de la disparition. »

Très pragmatique comme approche. Elle n’en était pas à son coup d’essai. Intéressant.

Accompagnant la version des faits du père, Ezekiel observait la pièce en imaginant les images correspondant aux propos. Il imagina d’abord la femme qui lui avait été un excellent porte-chapeau dans le rôle de la femme de chambre, mais balaya d’un regard cette image. Le maire lui prêtait un respect indéniable, il n’aurait pas parlé d’elle de la sorte en sa présence. Le chasseur de primes imagina donc une autre femme. Une plus jeune femme. Il imagina sa collègue inquisitrice dans le rôle, pourquoi pas ? Revisualisant la démarche qu’elle avait eu pour quitter la pièce, il l’imagina en tenue de bonne s’approcher du lit où était couchée une fille au visage flou. Il la vit la couvrir et lui souhaiter une bonne nuit puis quitter la pièce, puis revenir pour tout éteindre.
Il imagina ensuite les rayons du soleil pénétrant par les fenêtres, la même bonne entrer, s’affoler du lit vide, quitter la pièce et revenir avec le père.

« D'accord. Merci. Vous feriez mieux d'aller vous occuper d'autre chose, nous nous chargeons de cette petite affaire... »

La grimace du chasseur de primes était imperceptible sous son cache-nez. Il lui restait des questions à poser. Mais il ne chercha pas à les retenir. Il serait toujours temps de les retrouver plus tard, en espérant qu’ils ne disparaitraient pas à leur tour.

« Bien... Devrions nous œuvrer ensemble, ou l'un contre l'autre ? »

Si ses lèvres étaient invisibles, son sourire pouvait être remarqué par le mouvement typique de ses pommettes. Il détestait l’idée de travailler avec quelqu’un. La tentation de la menacer était grande, et son statut de femme ne lui vaudrait aucun traitement de faveur de sa part. Mais il avait appris à se méfier des femmes qui n’avaient l’air de rien. Après tout, il en connaissait une très bien. Et il savait qu’elles pouvaient être les plus dangereuses.

« J’imagine que vous ne partirez pas si je vous le demande gentiment, et j’espère que vous réalisez que l’inverse est tout aussi vrai. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour rentrer bredouille. Alors autant ne pas nous chamailler pour une récompense que l’on n’a pas encore reçue. »

Il serait toujours temps, plus tard, de trouver un moyen d’avoir la plus grosse part, si ce n’était la totalité. Mais le lycan préférait être prudent. Il était en terrain inconnu, aux côtés d’une femme inconnue, et en présence d’une magie qui l’handicapait grandement. Une alliée, aussi peu fiable fut-elle, était toujours mieux que rien.

Quand ceci fut réglé, le lycan quitta la pièce et explora avec attention la demeure. Il ne tarda pas à trouver une bonne seule faisant le ménage dans une pièce dont il toqua à la porte.

« Vous êtes la femme de chambre de la petite ? »

Toujours saisie par l’émotion, celle-ci hocha la tête sans ouvrir la bouche.

« Je vais avoir besoin de vous. »

Ce fut donc accompagné qu’Ezekiel regagnit la chambre, où il tira la chaise du bureau afin d’inviter la servante à s’assoir.

« Racontez-moi la nuit de la disparition.
- Comme d’habitude, après le dîner j’ai laissé Mademoiselle Mila seule dans sa chambre, puis je suis revenue la coucher. Elle a d’abord refusé, elle ne voulait pas aller à son cours de chant.
- Comment ça, elle n’aimait pas ses cours ?
- Non, monsieur.
- Pourquoi en prendre, alors ?
- Pour son père, monsieur. C’est lui qui insiste pour qu’elle chante, comme Madame avant elle.
- Sa mère ?
- Oui, monsieur. Madame avait une voix magnifique, elle aussi.
- Que lui est-il arrivé ?
- Elle a été dévorée par la Créature il y a des années, monsieur.
- Quelle créature ?
- Celle qui habite dans les collines, monsieur. »

Ezekiel alla à la fenêtre, observant les collines au loin.

« Quand vous avez éteint les lumières, elle était toujours là ?
- Oui, monsieur.
- Et le lendemain, elle n’était plus là.
- Non, monsieur. Elle est partie pendant la nuit. »

Le chasseur de primes se retourna vers la servante, fronçant les sourcils.

« Qu’est-ce qui vous fait dire qu’elle est partie ?
- Elle avait fait son lit, comme elle le fait tous les matins, monsieur. »

Le silence s’installa à ces mots, le lycan étant perdu dans ses pensées. Rien de ceci n’avait de sens.

« Merci. On vous appellera de nouveau si besoin est. »

La servante referma la porte, et le silence retomba de nouveau, avant qu’Ezekiel ne le rompe de nouveau.

« Qu’est-ce que vous en pensez ? »

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
Le lycan semblait prendre la situation avec le même amusement et malgré le fait que son visage fut caché, je repérai l'expression rieuse de son regard sauvage. Bien, à défaut d'y avoir de la confiance, il y aurait au moins un peu de distraction... J'aurais pu tomber sur pire, comme partenaire potentiel... Comme cela m'était déjà arrivé, et en général l'alliance n'avait jamais tenu bien longtemps, d'ailleurs. Lâchant un rire un peu froid à sa réplique, j'approuvai d'un léger signe de tête.

Effectivement, nous sommes dans une impasse. Répondis-je amusée. Alors faisons en sorte que les choses se déroulent efficacement et... paisiblement.

Du moins pas trop, ajoutais-je en mon fort intérieur. Trop de tranquillité devenait vite lassant et pesant. Je n'étais pas venue ici pour cueillir des fleurs, noter des indices dans mon carnet et repartir après avoir fait une bonne petite enquête pépère et sans agitation. Un peu d'action, que diable... Je n'avais pas vécu plus de quatre siècles pour me tourner les pouces.

Les choses enfin clarifiées, j'attendis tandis qu'il allait recueillir la femme de chambre. Durant son absence, je fis le tour de la pièce, regardant parfois sous les meubles et passant mes doigts sur les étagères en quête d'un objet incongru. Non, tout était à sa place, c'était même d'ailleurs très bien ordonné... Soit la gamine était une maniaque, soit la femme de chambre passait son temps à passer derrière elle pour ranger. En réponse à mes questions, elle ne tarda pas à entrer dans la pièce, précédant le chasseur de prime qui se tourna vers elle afin de lui parler.

Lui posant une série de questions quant au programme de la jeune disparue, elle répondit nerveusement, l'idée de savoir qu'une bête rodait et dévorait les gens. De toute évidence, la gamine n'avait pas été kidnappée, mais elle s'était enfuie... On ne rangeait pas tranquillement ses petites affaires lorsqu'un monstre venait vous chercher pendant la nuit. Seulement... Même si elle détestait ses cours de chant, ce n'était tout de même pas une raison suffisante pour prendre la poudre d'escampette. Il n'y avait pas cinquante solutions.

Le laissant poursuivre son interrogatoire, il laissa la femme de chambre s'en aller avant de se tourner vers moi pour quérir mon avis. Je n'avais pas tellement envie de lui faire part de toutes mes suppositions... Déjà je n'aimais pas parler sans savoir, et il était fréquent qu'émettre une avis pouvait parfois influencer une enquête dans le mauvais sens. Si j'aimais faire place à l'improvisation plutôt qu'à l'anticipation, il allait falloir que je fasse une petite entorse à ma manière de faire... Après tout, je n'étais pas seule et je ne le connaissais pas assez pour analyser sa façon de fonctionner.

Une gamine qui fugue, de toute évidence... Dis-je après un moment de réflexion. La question est de savoir pourquoi.

Les hypothèses étaient trop nombreuses vu le le peu d'informations que nous avions et j'éliminai rapidement les plus farfelues pour aller aux plus logiques. Il y en avait peu, mais elles tenaient à peu près la route... Mais je gardai la plus étrange pour moi. On verrait bien plus tard si elle se confirmait...

Soit quelqu'un l'a incité à s'en aller, que ça soit un copain ou une personne influente, et sa fugue a mal tourné. Ou peut-être qu'elle est tout simplement cachée quelque part et qu'elle réapparaîtra tranquillement.

Ce qui serait fort dommage, moi qui attendais quelques péripéties amusantes, l'idée de la récupérer par une oreille chez un camarade de classe n'était pas pour me plaire.

Dans tous les cas, ça ne ressemble pas à un enlèvement... Sauf si le kidnappeur voudrait brouiller les pistes. Mais quand on sait qu'il dévore les gens sans chercher à le cacher, je ne vois pas pourquoi il se mettrait d'un seul coup à faire le ménage...

Ou bien, la créature et la petite fille avait un lien, mais ce n'était pas le moment d'extrapoler. Au final, nous n'avions rien de très tangible et je commençais à en avoir marre de rester plantée ainsi. Mon naturelle impatience qui revenait au galop...

Peut-être devrions nous aller rendre une petite visite au maître de chant ? Ou sans doute as-tu ta propre idée quant à cette situation... ? Je serais aussi curieuse de connaître les circonstances de la disparition de la mère...


Appuyé contre le rebord de fenêtre, Ezekiel écoutait sa partenaire temporaire avec un intérêt certain, qu’il exprimait avec un léger sourire difficile perceptible derrière son masque. Quand elle eut exposé ses idées, il se gratta le front afin de rassembler ses idées.

« Hypothèses convaincantes, mais il reste trop de zones d’ombre à mon avis pour balayer complètement la thèse de l’enlèvement. »

Le lycan s’approcha du lit, en prit un oreiller, et le tendit à la jeune femme.

« Sentez-le. Il y a encore des cheveux dessus, et pourtant aucune odeur. D’ailleurs il n’y a pas d’odeur où que ce soit dans cette pièce. Et une fois que cette porte est fermée, on est complètement coupé de l’extérieur. Je pourrais sortir et hurler derrière la porte que vous ne m’entendriez pas. Ça me semble être une magie trop puissante, et absolument pas nécessaire pour une enfant. »

Ezekiel frotta son menton couvert. Il connaissait bien une magie similaire, mais celle-ci semblait plus puissante encore. Il faudrait être prudent.

« Et puis, elle s’est cachée dans l’armoire. Pourquoi ? »

Il posa un regard distrait vers les collines.

« Et s’il s’agissait d’offrandes ? Peut-être nourrissent-ils la créature, si créature il y a, pour s’acheter leur tranquillité. Mais pourquoi la fille du maire ? »

Le chasseur ferma les yeux, balançant doucement sa tête de gauche à droite pour fluidifier ses pensées. Un rapport avec la mère, peut-être ? Une jalousie ? Sa voix ?
Mais s’il s’agissait vraiment d’offrandes, le maire pouvait confortablement être exempté de suspicions. Qui sacrifierait sa femme et sa fille ? À moins qu’il y ait été contraint. Mais pourquoi demander de l’assistance, dans ce cas ?

Et s’il s’agissait d’un piège ?

S’il y avait vraiment une créature dans les collines, et qu’elle dévorait bien les promeneurs, qu’est-ce qui empêchait un maire aux épaules solides dans un monde tel que le leur de promettre une prime pour la résolution d’un mystère qui n’en était pas un afin d’attirer d’autres victimes pour s’offrir une tranquillité ?
Les paroles des clients de l’auberge lui revinrent en mémoire. « Tu lui donnes combien de temps, à celui-là ? »
Il se retourna vers la jeune femme, et la dévisagea un instant. Devait-il lui faire part de ses idées ?
Non, il ne connaissait même pas son nom. Et elle était présente avant son arrivée. Était-elle réellement là pour la prime ? Ou était-il possible qu’elle fasse elle aussi partie de ce village, et qu’elle ne soit là que pour lui faire baisser sa garde ?
Le lycan était-il le dindon de cette farce ?

« Mais vous avez raison, on peut effectivement rendre visite au maître de chant. Peut-être pourra-t-il nous en dire plus sur la petite. Ou sur sa mère. »

Rien de son conflit interne n’avait transparu sur les parties visibles de son visage. Mais alors qu’il tournait le dos au danger potentiel, il s’accorda un instant en marchant pour fermer les yeux et souffler. Il ne se sentait plus vraiment en sécurité, et regrettait presque d’avoir décidé de s’occuper de cette prime.
Mais quelle poussée d’adrénaline, ce sentiment de danger ! Un sourire carnassier se forma sur ses lèvres à l’idée de devoir exterminer le village entier pour s’en sortir. Bien qu’il doutait que cette fois-ci, une autre femme le retrouve en pleine nature et s’occupe de ses blessures.

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
Le chasseur de prime approuva mes hypothèses mais les balaya aussitôt pour en sortir une autre. Il semblait bien sur de lui, donnant l'impression qu'il en savait plus que ce qu'il disait... Etait-il réellement fiable ? Un enlèvement était douteux, les circonstances ne collaient absolument pas. Évidement, il ne fallait pas ôter cette possibilité, mais je n'étais pas convaincue. Les gens disparaissaient d'un seul coup, et pas en prenant le temps de ranger proprement ou de préparer leur départ... Cela n'avait aucun sens. Effectivement, on n'avait jamais retrouvé les traces des corps et peut-être qu'il n'y avait aucun monstre, c'était d'ailleurs étonnant qu'ils en aient fait une supposition alors que rien ne pouvait l'existence de cette créature. Personne ne l'avait vu, personne ne savait ce qu'il advenait des disparus. Beaucoup trop de zones d'ombre, dans cette histoire...

Il me parla alors de la magie à l’œuvre dans la pièce mais je le laissai vérifier en reniflant les coussins qu'en m'exécutant moi-même. C'était tout de même étrange, un lycan qui venait enquêter et qui tombait comme par hasard sur des sortilèges qui le coupaient de ses sens. Ah, la vie est capricieuse... Mais au bout d'un moment, cela faisait beaucoup de coïncidences pour une mission de routine... On ne savait plus à qui se fier, et je commençais sérieusement à douter du change-forme. Si on parlait d'offrandes, dans ce cas peut-être en étais-je la cible ? Ce serait plutôt amusant, et un bon revirement de situation.

Comme en écho à mes interrogations, je le vis alors se tourner vers et moi et me dévisager d'un air pensif. Bien que je ne prenais pas cela pour une preuve, la tension était presque palpable et je sentais qu'il se posait lui aussi beaucoup de questions. Soit il jouait bien son rôle, soit lui aussi commençait à douter de la véracité des informations qu'on nous avait données jusqu'à présent. Les gens de ce village ne semblaient pas très intelligents... Comme n'importe quelle vermine qui grouillait sur cette planète. N'avaient-ils donc pas compris que quand bien même ils chercheraient à nous piéger, je prendrai un plaisir à les massacrer avec leur pseudo-créature ? Non, contrôle toi... Tant qu'il n'y a pas de preuve, ne faisons pas de spéculations hâtives.

Le maître de chant... me ravisais-je finalement, finalement je pense qu'il n'est d'aucune utilité. On devrait plutôt aller parler au père...

Et c'est ainsi que nous nous dirigeâmes alors hors de la pièce pour aller parler au maire. Il semblait nerveux, et si j'avais pensé un moment au fait qu'il l'était par rapport à sa fille, j'en venais à me demander si ce n'était pas tout simplement parce qu'il mentait. Quand je flairais un piège, je prenais plaisir à y foncer droit dedans... Rien ne pouvait me retenir et aucune limite n'existait pour moi, ce n'était donc pas tellement un problème...

Dites nous en plus concernant la disparition de votre femme. Demandais-je sans prendre de pincettes.

Ah ! Et bien... Elle est allée se promener un jour sur les collines et... Elle n'est jamais revenue. Nous n'avons jamais trouvé la moindre trace.

« Évidement, ça m'aurait étonné... » pensais-je, lasse.

Il sortit encore quelques paroles sans aucun intérêt et je sentais l'exaspération monter en moi. Je n'étais décidément pas patiente...
Attendant qu'il s'éloigne je me tournai alors vers le lycan. Je ne le connaissais pas, je n'avais ni son nom ni aucun élément le concernant. Ne devrais-je pas lui faire faux bond et mener mon enquête de mon côté ? Il pouvait très bien être un ennemi plus qu'un allié... Autant tester sa façon de faire.

Je n'ai pas plus de temps à perdre ici, lui dis-je après quelques secondes, quelque chose me pousse à croire que les gens ne seront ni honnêtes, ni coopératifs. Je vais directement me rendre aux collines. Que comptes-tu faire ?

Et braquant mon regard gris dans le sien, je guettai la moindre de ses réactions. Oui, j'accélérais les choses et je prenais une pente qui paraissait totalement inconsciente... Mais il fallait parfois faire confiance en ses capacités et je n'aimais pas trop prévoir à l'avance. Il avait l'air d'être du genre à tout planifier et à ne pas aller au hasard... Moi c'était le contraire, voilà pourquoi notre binôme risquait d'être efficace, ou bien totalement explosif.
Un mince sourire accroché à mes lèvres, j'attendis alors sa réponse, m'amusant intérieurement de cette situation étrange...


« Le maître de chant... finalement je pense qu'il n'est d'aucune utilité. On devrait plutôt aller parler au père... »

Ezekiel fronça les sourcils avant de se retourner vers elle. Pourquoi changer aussi vite d’avis ? C’était louche. Trop louche, même. À quoi jouait-elle ?
Évidemment, rien ne transparut de ce conflit interne. Le lycan s’était contenté de hocher la tête et lui emboiter le pas, la laissant une nouvelle fois parler pour eux.

« Dites nous en plus concernant la disparition de votre femme. »

Oh.
On lui avait régulièrement dit qu’il manquait de tact, mais il était heureux de trouver quelqu’un qui en avait bien moins encore.

« Ah ! Et bien... Elle est allée se promener un jour sur les collines et... Elle n'est jamais revenue. Nous n'avons jamais trouvé la moindre trace.
- Je croyais qu’une créature l’avait dévorée.
- Eh bien, c’est le plus plausible…
- Vous avez déjà vu cette créature ?
- Eh bien…
- Si vous redites "eh bien" une fois de plus, je vous arrache la langue. »


Le maire déglutit. Son pouls avait accéléré.

« C’est-à-dire que… La créature a toujours été là, avant même que j’arrive.
- Mais vous ne l’avez jamais vue ?
- Personne ne l’a jamais vue !
- Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il y en a une, alors ?
- Quelle autre explication avez-vous pour toutes ces disparitions ?! »

De toute évidence, le petit homme supportait mal la pression. Il semblait sur le point de fondre en larmes, il n’y avait plus rien à en tirer. Comme pour confirmer ses pensées, celui-ci leur tourna le dos et alla se réfugier dans une pièce au fond, claquant la porte derrière lui.

« Je n'ai pas plus de temps à perdre ici, quelque chose me pousse à croire que les gens ne seront ni honnêtes, ni coopératifs. Je vais directement me rendre aux collines. Que comptes-tu faire ? »

Le regard du chasseur de primes allait entre son interlocutrice et la porte claquée. Quelque chose clochait sévèrement dans ce village.
Elle souriait. Si seulement elle pouvait faire mine de ne pas paraître suspecte, le jeu en vaudrait la chandelle. Ceci étant dit, si elle était avec eux et comptait l’éliminer, pourquoi vouloir quitter la ville ? Ici elle pourrait compter sur le soutien du reste du village.
À moins qu’elle ne comptait le donner en pâture à la créature. Auquel cas, au moins il serait fixé.

« Très bien, allons-y. »

Retournant jusqu’à l’auberge, Ezekiel détacha son cheval et se hissa sur son dos, offrant à la belle de se joindre à lui. Après quoi il trotta jusqu’aux collines, trouva un espace assez dégagé, et mit pied à terre.

« La nuit tombe, on devrait faire un feu. »

Cela permettrait au pire des cas de garder la créature à distance si elle existait.
Le lycan rassembla du bois mort çà et là, perpétuellement à l’affut du moindre bruit. Mais ces collines semblait bien désertes. Il ne remarqua rien non-plus lorsque, une fois assez de bois rassemblé, il alluma le feu. Il s’installa alors confortablement, fouilla dans les sacoches qu’il avait décroché de la selle de son cheval, et en tira des provisions qu’il proposa de partager avec la jeune femme.

Et ce fut au coin du feu qu’il décida qu’il était possiblement temps de faire connaissance. S’il devait mourir dans ces collines, et si ce devait être par sa main, il préférait connaître son nom.

« Je m’appelle Ezekiel. Et vous ? »

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
De toute évidence, le lycan ne semblait pas avoir plus de patience que moi. Me remémorant la façon dont il avait répondu au maire, j'avais retenu un sourire amusé, préférant ne pas envenimer les choses non pas par délicatesse, mais pas souci de perde plus de temps. Les loups-garous avaient toujours eu le sang chaud... Cette particularité rendait leur espèce aussi intéressante qu'imprévisible, et si leur férocité pouvait parfois se montrer lassante, elle débordait au moins d'une vitalité qui ne me déplaisait guère.

Il hésita quelques instants, et je ne sus me décider sur le coup si je préférais qu'il accepte ou non. Je voulais m'occuper de cette histoire sans l'avoir dans les pattes, mais il s'avérait être plus intéressant que je ne le pensais et sa présence pouvait être une bonne source d'inspiration. Quand il prit finalement la décision de m'accompagner, je me contentai d'approuver son choix d'un signe de tête et lui emboîtai le pas tandis qu'il sortait de la demeure.

Tandis que nous nous dirigions vers l'auberge principale de la grande rue, je pouvais constater les regards surpris des personnes qui erraient dehors, le bruit courant que nous allions directement traquer la bête dans sa tanière. Mais y en avait-il seulement une ? Rien ici ne m'inspirait confiance, et ma paranoïa naturelle n'arrangeait pas les choses. Un frisson d'excitation me parcourant l'échine, je me sentis effleurer instinctivement la garde de l'une de mes lames. Concentration...

Quand le chasseur de primes détacha son cheval, je restai un moment interdite à l'idée de monter derrière lui. Je n'avais jamais eu besoin de moyen de déplacement, mes capacités m'offrant une efficacité et une vitesse inégalable. Je n'aimais pas non plus l'idée de me trouver aussi proche de lui alors que je ne lui faisais absolument pas confiance. Peut-être était-il du côté des villageois, même si son comportement commençait à me prouver le contraire. De plus, c'était moi qui me trouverai dans son dos, je risquais donc moins de me prendre une dague entre les côtes... Et je n'avais pas encore envie de dévoiler ma magie tant que je ne serai pas fixée sur ses intentions. Gardant donc mon appréhension pour moi, je me hissai alors à l'arrière de la selle et nous quittâmes le village en direction des collines.

Quand nous fûmes arrivés à destination, je descendis souplement, observant les alentours. C'était un espace dégagé, hors de la vue des habitations lointaines et sans aucune source de lumière en dehors de la lune qui commençait à s'installer en déesse mère sur les terres. Ramassant du bois, mon partenaire improvisé se mit en tête de faire un feu et je le laissai faire, plus dégourdi que moi à ce niveau-là. En quatre siècles, j'avais eu l'occasion de ce genre de situation, mais j'avais délaissé depuis longtemps ces désagréments pour me réfugier dans ma dimension. Je me voyais mal ouvrir un portail et l'inviter à y entrer, c'était quelque chose d'extrêmement intime pour moi, mais de surtout dangereux pour la personne qui y pénétrait... C'était comme s'offrir à une meute de loups affamés, en somme...

Me rapprochant du feu, la température baissait progressivement et je n'étais pas équipée pour ces températures. A vrai dire, comme je travaillais seule, je ne cherchais pas à dissimuler mes capacités et je me retrouvais pour le coup un peu perdue. Si âgée, et pourtant si vulnérable face à des problèmes futiles de la vie... J'en aurais presque envie de rire.
Sa voix perça le silence et je relevai légèrement la tête pour le regarder. Se présentant alors, il était drôle de savoir que nous n'échangions nos noms que maintenant... Ezekiel. C'était un joli prénom, porteur d'une lointaine histoire, certainement.

Viladra. Répondis-je avec un petit temps de retard. Je préfère que tu me tutoies, si ça ne te dérange pas. Le vouvoiement a tendance à me mettre... mal à l'aise.

Ce n'était pas tellement le mot, mais j'avais vécu les premiers siècles dans un respect extrême, l'adoration et la soumission. Les fidèles se prosternaient sans cesse alors que j'avais conscience de l'usurpation donc nous faisions preuve. Je n'aimais plus ces marques de courtoisie traditionnelle... Le respect se montrait par les actes. Les mots, bien que dévastateurs à certains moments, étaient bien trop souvent prononcés de façon maladroite. Je n'avais pas envie de m'embarrasser avec tout cela...

Frictionnant doucement mes avant-bras de mes mains, je retins un soupir de bien être lorsque les flammes commencèrent à monter, me réchauffant progressivement. Ce n'était pas si désagréable finalement de vivre dans la réalité.

Et sinon, repris-je sans une once de moquerie, que penses-tu réellement de cette... mission ?

Nous étions à l'abri des oreilles indiscrètes et il était plus aisé de discuter sans facteur gênants. Évidement, il pouvait toujours refuser de me dire le fond de sa pensée étant donné qu'il ne me faisait sans doute pas confiance, mais puisque nous étions bloqués au même endroit, il allait bien falloir faire avancer les choses...nce, mais puisque nous étions bloqués au même endroit, il allait bien falloir faire avancer les choses...


« Viladra. Je préfère que tu me tutoies, si ça ne te dérange pas. Le vouvoiement a tendance à me mettre... mal à l'aise. »

Un sourire au coin des lèvres, Ezekiel hocha la tête. Si son premier vouvoiement à son égard était par pure politesse, ceux qui avaient suivi malgré le tutoiement de son interlocutrice avaient simplement été utilisés car c’était ce qui lui semblait le plus juste. Quelque chose chez elle inspirait le respect dans ses mots, tout comme un esclave n’inspirait chez lui que de la hautaineté.

« Je vais essayer. »

Comme pour attester de l’effort que cela lui demanderait, sa tête s’était légèrement inclinée malgré lui lorsqu’il prononça ces mots.

« Et sinon, que penses-tu réellement de cette... mission ? »

Le lycan observa un instant sa compagne en silence, incertain des mots à prononcer. Il pouvait être honnête, ou être prudent. Et bien que la tension de ne pas savoir si elle était de son côté ajoutait du piment à la situation, cet endroit le mettait mal à l’aise. Et puis, cette femme piquait son intérêt. S’en faire une alliée était une idée qui lui plaisait.

« Honnêtement ? Je crains pour ma vie. »

Les mots sortaient de sa bouche avec fluidité. Il n’y avait aucune honte dans son aveu, ni aucune supplication. Ezekiel ne cherchait pas à provoquer la pitié. Il énonçait simplement la froide vérité.

« Je suis actuellement au milieu de nulle part en train de partager un feu avec une inconnue dans des collines qu’on dit habitées par une créatures supposément à l’origine de nombreuses disparitions. Je n’ai aucune certitude de pouvoir voir le soleil se lever au matin, et ma plus grande interrogation est de savoir si ma mort sera causée par les griffes d’une bête ou la dague d’une belle femme. »

Son regard était sévère. Ses mots, posés. Il ne s’agissait pas là d’une complainte, ni d’une accusation, et encore moins d’un interrogatoire détourné. Cette femme pouvait possiblement tenter d’attenter à sa vie cette nuit, et il voulait qu’elle sache qu’il s’y attendait.

« Même si, à choisir, la dague serait certainement moins douloureuse. Et la vue plus agréable. »

Ezekiel ne craignait pas la mort, sa prestance lors de son discours se chargeait de rendre la chose claire. Son travail tournait autour de la mort. Toute sa vie n’avait été qu’une longue danse avec cette charmante partenaire. Depuis qu’il était assez grand pour chasser, il l’avait regardée dans les yeux, et succomber à son étreinte n’était pas le pire sort qu’il puisse imaginer. Mais il voulait la regarder dans les yeux jusqu’à la fin, pas qu’elle ne le prenne par surprise.

« S’il y a une créature dans ces collines, je la trouverai. Ou mieux encore, c’est elle qui me trouvera. Et si je suis encore en vie au matin sans avoir trouvé la moindre de ses traces, j’aurai la confirmation que quelque chose cloche dans ce village. »

Le chasseur de primes se leva, fit le tour du feu pour se rendre aux côtés de Viladra, et retira son manteau afin de lui placer sur les épaules, révélant par le fait l’arsenal qu’il cachait en-dessous.

« Il est un peu lourd, mais il te tiendra chaud. Et dans le pire des cas, il te protégera peut-être de quelques griffures. »

Il était tenté de lui faire remarquer l’absurdité de son envie de passer la nuit dehors alors qu’elle n’avait rien de plus pour se couvrir. Il aurait même pu tenter d’en savoir plus sur elle en questionnant ses méthodes. Mais il considérait ses propos précédents comme suffisant pour le moment.

« Je vais faire mes recherches de mon côté, libre à toi de t’occuper comme tu le souhaites en attendant. Si tu vois la créature, tu peux crier. Je devrais t’entendre. »

Ezekiel posa brièvement sa main sur l’épaule de la jeune femme.

« Bon courage. »

La nuit fut longue, sombre, mais exempte de terreurs. Le lycan l’entrecoupa de courts instants de répit pendant lesquels il se reposait principalement les yeux avant de reprendre. Tout de noir vêtu et n’utilisant aucune source de lumière, il se fondait parfaitement dans l’ombre environnante. Mais sa traque n’était pas fructueuse.
Il bien croisé quelques animaux, vivants comme morts. Mais aucune trace, vision ou odeur d’une quelconque créature mangeuse d’hommes. C’est donc bredouille qu’il retourna au campement au petit matin, curieux de savoir ce qu’il en était de la jeune femme.

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
Ezekiel, puisque tel était son nom, répondit avec un naturel et une honnêteté déconcertante. Sans chercher à se mettre en avant, du moins pas dans ses mots, il n'hésita pas une seule seconde à m'apprendre qu'il se méfiait de moi, mais que la situation l'amusait aussi. Ne répliquant pas immédiatement, je me contentai de sourire légèrement, continuant d'écouter ses paroles. En dehors de cette légère paranoïa teintée d'une pointe de charme, il revint rapidement au sujet principal, à savoir l'existence probable, ou improbable, de la fameuse créature que nous traquions.

Nul besoin de confirmation, répondis-je alors. Il est évident que les habitants de nous disent pas tout, et je doute fort qu'il suffira de simplement insister pour les faire parler. Il faudra peut-être une méthode plus... incisive.

Le voyant se lever, je me raidis légèrement tandis qu'il s'approchait de moi et me retins de pousser un soupir de soulagement et de lassitude mélangés quand je compris ce qu'il voulait faire. Ah, les hommes et leur galanterie légendaire... Toujours à profiter du moindre instant pour mettre cette facette hypocrite en valeur. Le laissant faire bien que ma main s'était instinctivement posée sur la garde de l'une de mes armes, l'étoffe suffit à masquer ce geste qui pouvait paraître agressif. En profitant pour détailler du regard sa silhouette, je repérai alors bon nombre de lames savamment disposées. Un chasseur de prime équipé, de toute évidence...

Si une créature se sent suffisamment à l'aise pour se jeter sur moi, je crains fort que ses griffes soient le cadet de mes soucis... Répliquais-je, légèrement cynique. Mais... Je te remercie pour ce geste.

« strictement inutile, cela dit » ajoutais-je intérieurement.

Quand il posa sa main sur mon épaule, je refoulai rapidement mes instincts primaux et teintés de corruption en arrière. Le contact direct avait toujours était quelque chose d'important au cours de ma vie... Ancienne déesse du désir, ce fut moi un temps qui prodiguais mes caresses, déclenchant l'envie et la passion en quelques gestes. Désormais, cela n'attise plus que la méfiance et la crainte de me remémorer un jour cette faiblesse qui fut autrefois le goût de la proximité. Ezekiel n'avait aucune conscience de cela, mais j'avais parfois perdu le contrôle, dans un domaine comme dans un autre, pour moins que cela.

Retenant un nouveau sourire amusé quand il me conseilla alors de crier si jamais je venais à être en danger, je m'abstins une nouvelle fois de tout commentaire. Allons bon, je pense que je ne m'en remettrais jamais si je devais me mettre à hurler au secours dans l'espoir d'une jeune femme frêle et fragile qu'un homme vienne voler à son secours. Peut-être devrait-ce être toi qui devrais m'appeler à ton aide, jeune loup ?

Je garde le conseil en tête. Me contentais-je de répondre, malgré l'ironie flagrante qui perçait ma voix. Excellente nuit à toi, Ezekiel...

Et une fois que je fus certaine qu'il n'était plus à proximité, je dégageai son manteau de mes épaules, le posant à mes côtés. Son odeur était mélangé à la mienne, ce n'était pas dans mes habitudes de porter le parfum d'un autre aussi facilement... Ouvrant un portail, je me glissai alors dans ma dimension, m'effaçant doucement de la réalité jusqu'à ce que je ne sois plus qu'un élément effacé du présent.

La nuit passa lentement, et si je laissais une fenêtre dimensionnelle ouverte sur l'extérieur, rien ni personne ne rappliqua. C'en était presque décevant... Les villageois disaient qu'ils étaient désormais impossible de sortir la nuit dans les collines au risque de se faire dévorer, et voilà que rien ne s'était passé. Pourtant, nous n'avions pas cherché à être discrets sur notre arrivée et j'avais délibérément laissé le feu se consumer de lui-même afin que sa lueur attire éventuellement quelque chose. Echec total...

Lorsqu'Ezekiel revint dès les premiers rayons de soleil, le fait qu'il ait les mains vides et qu'il n'affichait aucune expression satisfaite confirma qu'il n'avait pas eu plus de résultats que moi. Assise sur une pierre plate, je levai un sourcil faussement interrogateur une fois que nos regards se croisèrent.

Il faut croire que nous ne sommes pas à son goût. Lâchais-je une fois qu'il fut à portée de voix. Cela en serait presque vexant.... Une proposition pour la suite des événements ?

J'espérais qu'il avait quelque chose en réserve, car me connaissant je risquais de perdre patience et de faire une descente sanglante au village afin de tirer quelques explications au clair. Ils nous cachaient délibérément des choses et je commençais à me lasser de ces enfantillages qui m'avaient fait perdre déjà bien assez de temps....


« Il faut croire que nous ne sommes pas à son goût. Cela en serait presque vexant.... Une proposition pour la suite des événements ? »

Ezekiel récupéra son manteau, l’enfila, détacha son cheval et se hissa sur la selle.

« Il n’y a pas de créature dans ces collines. Pas même le moindre prédateur qui pourrait être dangereux pour quoi que ce soit d’autre que des rats. »

En prononçant ces mots, il avait guidé sa monture jusqu’à Viladra, lui tendant la main pour qu’elle se hisse à son tour.

« J’ai une discussion à avoir avec monsieur le maire. »

Son ton était froid, sévère. Il avait très peu et mal dormi, et cela tendant à le rendre facilement irritable. D’autant plus quand, comme pour ce village, il n’avait plus aucune envie ni raison d’être aimable.

Arrivés à destination, Ezekiel attacha sa monture devant l’auberge comme la veille. Mais cette fois-ci, le propriétaire sortit de son établissement pour s’avancer vers le chasseur de primes d’un air mécontent.

« Je vous avais préparé une chambre.
- Je suis désolé que vous ayez eu du travail par ma faute. Dites-vous qu’elle sera impeccable pour les prochains visiteurs.
- J’aurais pu la louer à quelqu’un d’autre.
- Bien sûr. Quel dommage qu’il n’y ait personne d’autre.
- Il va falloir la payer. »

Ezekiel observa d’un œil mauvais le gros aubergiste, puis s’approcha pour se planter devant lui et le regarder de haut. Même derrière son cache-nez, il pouvait sentir l’haleine fétide de ce vautour.

« Je peux vous laisser une dague. Vous la préférez dans l’abdomen ou dans la gorge ? Je ne fais pas le cœur, c’est trop expéditif à mon goût. »

Son interlocuteur tentait tant bien que mal de garder un semblant de contenance face à cette menace ouverte. Ses bras étaient pris de légers spasmes, sa lèvre inférieure tremblait, et son regard, bien que toujours planté dans celui du lycan, était devenu particulièrement craintif.

« Mon cheval a faim et soif. Vous êtes un bon gars. Vous allez vous occuper de lui, n’est-ce pas ? »

Sa voix était aussi tranchante que ses lames. La tête entière du bonhomme commença à trembler, jusqu’à devenir un hochement de tête nerveux. Ezekiel aurait été jusqu’à lui tapoter le crâne pour appuyer sa soumission, mais ses cheveux étaient bien trop sales à son goût.

L’homme en noir ne prit littéralement pas de gants avec le maire. Il entra dans la demeure sans retenue, ignorant sa secrétaire complètement pour aller jusqu’au bureau dans lequel le petit homme s’était enfermé la veille, et frappa à la porte sans s’arrêter jusqu’à ce qu’elle s’ouvre.

« Vous disiez que la créature existait déjà quand vous êtes arrivé. Qui vous l’a dit ?
- Comment cela ?
- Un village entier croit en la présence d’une bête que personne n’a jamais vue. Si quelqu’un a réussi à implanter cette idée dans vos esprits idiots, il ne devait pas s’agir d’un simple voyageur de passage. Qui vous a tous convaincus ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez… »

Ezekiel prit le maire au col, et le repoussa jusqu’à le plaquer sur son bureau, le meurtre dans le regard.

« Qui vous a parlé de cette créature ?!
- C’est… Maître Adhémar… Le doyen du village ! »

Lorsqu’il fut relâché, le maire tremblant roula sur le côté, tombant à genoux aux pieds de son bureau, réajustant son col.

« Vous allez me dire où je peux trouver ce Maître Adhémar. »

Le chef du village semblait totalement déboussolé. Il ne fit pas mention de l’agression qu’il venait de subir, et n’opposa plus aucune résistance. Il raconta au duo ce qu’il savait de ce fameux doyen, que les années ne semblaient pas laisser de marques sur lui, qu’il était très élusif sur le sujet, mais surtout qu’il donnait des cours de chant à sa fille, et à la mère de sa fille avant elle.
Lorsqu’accompagné de Viladra ils quittèrent la bâtisse, Ezekiel se tourna vers elle.

« Il semblerait que ta première intuition ait été bonne. Espérons qu’elle le reste. »

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
La nuit dans le froid et sans aucun confort ne sembla pas améliorer le mental de mon cher partenaire car ce fut un peu froid qu'il se remit en selle avant de me tendre la main. Étrangement, j'étais, contrairement à lui, de bien meilleur humeur... Les choses ne se déroulaient absolument pas comme on l'attendait, je sentais une certaine tension poindre le bout de son nez et tout cela annonçait de la discorde à foison... Que demander de plus ? J'en venais presque à apprécier le fait de travailler en binôme... Il était plutôt froid et mesuré dans ses propos, mais je pouvais capter son sang bouillonnant et l'impulsivité qui sommeillait en lui.

Ah, les hommes... Si j'en méprisais la plupart, certains avaient le don de me plaire... Et toi, mon loup, j'osais encore espérer que tu n'avais pas terminé de me surprendre. Attrapant sa main en masquant un sourire amusé derrière mes cheveux, je me hissai derrière lui, glissant un bras autour de sa taille tandis que nous repartions au village.

Son arrivée à l'auberge ne passa pas inaperçu et je mis pied à terre sans interrompre la joute verbale qui explosait entre le tenancier et Ezekiel. Quand ce dernier en vint à le menacer ouvertement, je retins un rire et me contentai d'observer alors la soudaine soumission de son interlocuteur. Ah, ça y est... Il commençait à enrager et semblait presque mûr. D'un pas léger, je lui emboîtai le pas, un frisson d'excitation parcourant agréablement mon échine. La diplomatie ne semblait plus être importante à ses yeux et j'en eus confirmation lorsqu'il tomba presque littéralement sur le maire.

Les questions s’enchaînèrent et il exposa les faits sans prendre de pincettes, se moquant de la stupidité et de la naïveté des villageois. Un doyen qui ne vieillissait pas et qui donnait des cours de chant ? Un sombre mage qui volait peut-être la jeunesse d'autrui, ou bien un chasseur d'âmes, peut-être. Peut importe la nature de ce personnage, je sentais ma corruption s'agiter en moi, me soufflant de violent désir de chair et de sang. Contrôlons nous, il n'était pas encore temps de se laisser aller à la folie...

Quand nous sortîmes de la demeure, le chasseur de primes se tourna vers moi pour confirmer mes premiers soupçons et je sentis à mon grand regret son calme et son assurance revenir au galop. Dommage, j'avais commencé à apprécier son côté explosif, peut-être que cela reviendrait plus tard. Un fin sourire amusé toujours collé aux lèvres, je répondis tranquillement malgré la pointe de jubilation qui perçait dans ma voix.

Espérons, oui... Mais un peu d'imprévu ne m'a jamais dérangé...

Et dans l'ombre d'un clin d’œil, je lui tournai alors le dos afin de me mettre en marche vers la maison du doyen. Il n'habitait pas très loin, mais sa demeure se trouvait excentré de la voie principale du village, au bout d'un jardin de taille appréciable qui l'isolait des autres bâtisses. Un endroit discret et bien entretenu où il était impossible de se perdre involontairement... Autrement dit, si on voulait vivre sereinement sans être dérangé par le voisinage, c'était le lieu idéal.

Poussant le portillon qui entourait le terrain dans un grincement, nous remontâmes l'allée de gravier jusqu'à un parvis de pierre. Une porte massive se tenait face à nous tandis qu'un heurtoir en bronze en forme de pattes griffue attendait sagement qu'on l'utilise. Il n'y avait aucun bruit et aucune musique ne s'échapper de l'intérieur... Il ne donnait donc pas de cours et nous ne pouvions pas deviner s'il était encore là. Après tout, il était encore tôt, peut-être dormait-il tranquillement dans son lit sans se douter que deux chasseurs de primes venaient l'interroger...

Me tournant vers Ezekiel, je lui adressai un regard interrogateur, préférant connaître son avis sur la démarche à suivre avant de prendre l'initiative. Si ça ne tenait qu'à moi, je me serai déjà téléporté à l'intérieur, une dague sous la gorge du maître chanteur... Mais comme cette méthode était trop redondante, je préférais d'abord savoir s'il avait quelque chose de plus amusant à proposer.

On arrive avec diplomatie, ou tu préfères aller directement au vif du sujet ? Demandais-je d'un ton doucereux.

Mes sens étaient en alerte, ma magie bouillonnait en moi, prête à jaillir et à s'abattre sur la première cible qui se présenterait. J'avais besoin d'action, d'excitation et d'étonnement... La frustration ne s'était jamais bien alliée à la jalousie, et rares étaient ceux qui pouvaient témoigner de mon état d'esprit instable et cruellement joueur. En feras-tu partie, Ezekiel.... ?


« Espérons, oui... Mais un peu d'imprévu ne m'a jamais dérangé... »

Afin de dissimuler la lueur ambrée qui envahissait ses yeux, Ezekiel les ferma, faisant craquer son cou et respirant profondément en ce faisant. Il était peut-être allé trop loin avec le maire. Avec l’aubergiste aussi, maintenant qu’il y pensait. Il aurait au moins pu leur dire bonjour avant de les agresser de la sorte.

Légèrement calmé, il emboîta le pas de sa partenaire dans leur quête de la maison du doyen. Le temps était toujours aussi morne, le village ne semblant jamais se défaire de sa brume. C’était déprimant, et il voulait le quitter vite. Le lycan commençait à croire que la magie dans la chambre de la fille n’était pas la seule à l’œuvre. Quelque chose le faisait trop facilement sortir de ses gonds. Le manque de sommeil, peut-être. Ou peut-être autre chose.

Le duo arriva rapidement à une maison à l’écart de la voie principale, et suivirent l’allée menant à la grande porte de la demeure. Aucun son ne provenait de l’intérieur. Ezekiel ferma les yeux pour se concentrer. Vraiment aucun.

« On arrive avec diplomatie, ou tu préfères aller directement au vif du sujet ?
- Je brûlerais la totalité de ce village si ça me permettait d’avoir cette prime. Bientôt je le ferai uniquement pour pouvoir partir d’ici. Mais quelque chose cloche, je doute que ça soit aussi simple. Soyons prudents… pour le moment. »

Sa main gantée empoigna le heurtoir, et il hésita un instant avant de frapper trois fois avec. Étrange choix esthétique que cette patte griffue. Et il ne l’avait certainement pas prise pour le côté pratique, elle était assez désagréable à utiliser.

Il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longtemps, car la porte s’ouvrit. Il n’avait entendu personne approcher avant que la poignée ne soit tournée. Les yeux plissés, il observa le bossu qui tirait la porte vers lui, les observant craintivement. Son sourcil se souleva.

« Monsieur le doyen ? »

La créature secoua énergiquement la tête, toujours silencieux. Puis une personne apparut au fond du couloir. Grand, mince, richement vêtu, aux longs cheveux brillants, tellement pâle que sa peau semblait grisée par les couleurs mornes de l’endroit. Inutile d’en avoir côtoyé pour savoir que cet homme était un vampire. Il était la description parfaite qu’on en faisait.

« Monsieur. Madame. Que puis-je faire pour vous ?
- Vous êtes Maître Adhémar ?
- En effet. Qui le demande ?
- Nous enquêtons sur la disparition de Mila. »

Le visage du vampire resta un instant impassible, puis se teinta de désolation.

« Oui, triste histoire. Son père doit être bouleversé.
- Pouvons-nous vous poser quelques questions ?
- À quel sujet ?
- Nous avons entendu que vous étiez son maître de chant. Nous avions espoir qu’elle ait pu discuter avec vous d’un inconfort, peut-être, d’une envie de partir. De fuguer, peut-être. »

C’était presque imperceptible. Un relâchement infime sur son visage, un soulagement à peine visible à l’œil nu. Ezekiel sourit derrière son masque.

« Bien sûr, entrez. »

Avec un remerciement de la tête, Ezekiel attendit que Viladra entre en première, guidée par l’étrange hôte. Une fois à l’intérieur, ses suspicions se confirmèrent. La sensation était la même que dans la chambre de la fille. Il n’entendait plus rien de l’extérieur, et il ne percevait aucune odeur. Le lycan effleura le bras de sa partenaire afin qu’elle lui prête attention, et fit un bref signe vers son nez, inspirant de manière démonstrative pour lui signaler sa trouvaille.

Le petit groupe arriva dans une grande pièce bien décorée, dont l’ambiance contrastait grandement avec le reste du village. L’air y était chaud, les couleurs aussi. Si Ryker toute entière avait été ainsi, sûrement le lycan s’y serait-il senti plus à l’aise. Quoique, ses sens aussi grandement diminués, il ne se sentait pas au mieux de sa forme.

Leur hôte leur pointa un canapé, invitation silencieuse à s’assoir, et prit place dans un gros fauteuil de cuir rouge. Un feu crépitait dans la cheminée à côté de lui, et il fit signe à son bossu de leur apporter du thé sans même le proposer. Celui-ci s’exécuta étonnamment vite, et ils n’eurent pas à attendre longtemps avant que des tasses fumantes d’eau remplies de feuilles claires ne leur soient servies. Le vampire n’attendit personne et ne se fit pas prier pour s’emparer de la sienne et en prenne une gorgée, guettant de toute évidence leur réaction.
Ezekiel prit la tasse, baissa son cache-nez et renifla le liquide. Il n’avait pas plus d’odeur que le reste.

« Je ne reconnais pas cette odeur. Qu’est-ce donc ?
- Une plante qui pousse aux alentours. Les villageois l’appellent la fleur de brume. Elle a de nombreux usages, mais Mundo en fait un thé délicieux.
- Je vous remercie. Toutefois je préfère éviter de consommer quoi que ce soit pour le moment, j’espère que vous comprenez.
- Évidemment. C’est ma faute, j’aurais dû vous demander avant. »

Adhémar reprit quelques gorgées qu’il prenait bien le temps de savourer avant de reposer sa tasse et poser son regard sur ses invités.

« Alors. Que souhaitez-vous savoir ? »

ft. Viladra

ft. Ezekiel

「 Tout part d'un détail 」
Quand le battant pivota pour laisser apparaître un homme bossu, je ne pus m'empêcher d'afficher un air surpris. Pour un doyen, il n'avait pas trop la figure de l'emploi... Puis une haute silhouette se dessina dans son dos et j'haussai un sourcil étonné en voyant un grand vampire. Ce n'était pas compliqué de les reconnaître, leur beauté sombre et leur aura maléfique se confondaient au milieu de la pâleur de leur peau. Finalement, cette simple information ouvrait d'un seul coup bon nombre de possibilité quant à la disparition de la fillette et des autres villageois...

Le saluant d'un léger mouvement de tête, je laissai Ezekiel s'exprimer, me contentant de rentrer dans la maison en premier, il nous conduisit dans un salon où les murs semblaient isolés. L'ambiance était intime et le lieu confortable, il y faisait plutôt bon et si les circonstances n'avaient pas été teintées de menace, j'aurais pu m'y sentir à l'aise. Quand mon acolyte m'effleura le bras, je compris qu'il trouvait cela tout aussi étrange que moi et je détournai mon regard de lui pour ne pas éveiller de soupçons.

Quand je pris place dans le canapé aux côtés du lycan, nous attendîmes que son serviteur nous amène une tasse de thé et je posai délicatement la mienne sur le bras de notre assise, sans y toucher. Il comprit rapidement notre méfiance puisqu'il bu ostensiblement dans la sienne mais je me fichai éperdument qu'on puisse me considérer comme étant mal élevée. Ezekiel se fit la même réflexion puisqu'il ne goûta pas non plus le breuvage. Les laissant parler banalités, j'attendis que le vampire revienne sur le sujet et croisai mes longues jambes avant de prendre la parole.

Et bien... Il faut croire que selon les derniers témoignages, la fille du maire avait une... très forte réticence à venir aux cours de chants. Nous serions curieux de connaître votre avis sur la question.

Tout ce que je souhaitais faire c'était fouiller cette baraque et comprendre ce qui y clochait. Les choses n'étaient pas nettes ici, et sans vouloir faire de racisme, je m'étais méfiée de cette espèce nocturne... J'avais fréquenté de nombreux vampires, appréciant leur saveur ainsi que leur savoir-vivre séduisant, mais je m'en étais toujours méfiée, et non sans raison. Seulement, je doutais fort qu'il accepte que nous fouillions, mais d'un autre côté, refuser éveillerait encore plus les soupçons... Commençant à connaître un peu Ezekiel, il était tout de même probable que la même envie le prenne et qu'il tente quelque chose. Je n'avais pas encore vraiment utilisé ma magie, pour le moment... Il sera peut-être temps de le faire...

Nous avons aussi appris que sa mère, décédée, était l'une de vos élèves. Peut-être auriez-vous quelques informations qui vous aurez... étonnées, par le passé ?

Il valait mieux commencer sobrement, et je ne souhaitais pas me montrer agressive tout de suite. Nous n'avions encore rien découvert et pourtant je sentais que nous nous rapprochions peu à peu du but. Enfin, du moins l'espérais-je... Car mon euphorie commençait à redescendre et la lassitude n'allait pas tarder à revenir au galop...