Un lac réfléchit mieux les étoiles qu'une rivière.
★  La plus chère sœur de la luxure est la paresse.

   
   
 
Feat
Soma
Civil ▬ Inconnu
...
Là où les cœurs esseulés, battent au son des mêmes idées. L'envahissante ivresse de la paresse, les enveloppent de sa tendresse.


Fatigue.
Je reviens de mon excursion à Ellgard. Lasse, je tiens fermement les rênes de ma monture, ma capuche refermée sur ma tête. Le pas lent de mon compagnon de route fait onduler de droite à gauche mon corps qui s'accorde au mouvement de ses jambes. Le couché du soleil à travers les arbres embrase le ciel, provoquant des trouées enflammées dans les feuillages. Je force ma monture à trotter, restant bien assise contre mon cheval, comme si je collais au dos de la bête. Je serre les mollets, maintenant ma position le plus confortablement possible. Je souris légèrement, je sais où j'arrive, et je dois être honnête, je suis contente d'y arriver maintenant.

Lac.
L'étendue miroitante se laisse entrevoir timidement entre les branches. Je garde l'allure, relevant une main pour faire tomber ma capuche dans mon dos. Je ralentit dès que la forêt s'ouvre, s'effaçant pour offrir à la surface aquatique toute la place qu'elle mérite. Je mène ma monture à l'arrêt et descends, menant celui-ci près de l'eau pour lui permettre de boire. Je l'attache ensuite à un arbre non loin, m'autorisant enfin une pause. Je m'approche de l'eau glissant ma main dedans, sa température me satisfait. Le liquide transparent me fait frémir d'envie.

Délaisser.
Je me défais de mes vêtements. Me retrouvant ainsi à nue, la brise fraîche venant lécher ma peau abandonnée par sa couche protectrice. Je descend lentement dans l'eau, l'étendue aquatique se referme immédiatement sur chaque parcelle de peau venant la rencontrer. Je me laisse alors aller, dévoilant ma nature de sirène. C'est agréable et revigorant, sans ce bain de minuit j'aurais surement dû me hâter vers le virage au cours de la journée de demain. Je pose mes bras au bord de l'eau. Ma peau recouverte d'écailles bleu nuit est caressée par les herbes folles qui tapissent le rebord. Je pose ma tête contre mes bras, fermant les paupières. Sans cette crinière blonde, je me serais surement parfaitement fondue dans le paysage.

Bruissement.
Je peux entendre, et entrevoir une silhouette qui se détache dans la nuit naissante. Effrayée je plonge sous l'eau. Les yeux levés vers le rivage, j'observe se qui se passe à la surface, me déplaçant lentement contre la pierre, cachée par l'ombre de celle-ci. Mes grands yeux pâles fixent ce qu'il se passe avant que finalement, je constate bêtement que ce n'est qu'un animal sauvage venu s'abreuver. Je ressors la tête de l'eau et me soulève sur le bord, agitant ma queue aux teintes ténébreuses, je caresse les écailles aux reflets abyssales avec un petit sourire. Leur texture est toujours aussi apaisante.


▬ Lesariel ? Trouves-tu les étoiles belles ce soir ?


Carnet.
J'observe mon cheval qui se repaît paisiblement de l'herbe et de la mousse à sa disposition, ses sacoches contenant ce qui m'est précieux. Mon regard se glisse ensuite sur ma cape et mes vêtements que j'ai abandonné un peu plus loin. Je m'étend sur le sol dans l'herbe grasse, ma queue toujours dans le lac, je me redresse finalement un instant pour ramener mon corps dans l'eau, j'appuie le haut de mon buste contre le bord. Relevant ma tête vers les étoiles attendant peut-être une réponse vaine de mon ami d'enfance. Attendant un quelconque signe de celui que j'ai retrouvé en charpie, une unique larme roule long de ma joue, mourant au creux de mon cou, happée par ma peau déjà humide. Je me suis rarement sentie aussi seule. Je fredonne doucement, la mélodie d'une berceuse que nous chantait Douce-Mère lorsque nous nous sentions mal. Elle apaisait nos pleurs et effaçait aussi nos peurs. Sans y prendre garde la mélodie porte enveloppant le lieu où je suis, se réverbérant contre les parois de pierre, chantonnant avec l'écorce des arbres.


To be continued ...


©️ Never-Utopia