Lost Kingdom  :: Nueva :: La Capitale - Lelanaserine, cité des sages

[Mission : Ravages Monstrueux] - Chapter I

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The Meat
Ravages Monstrueux

« I wonder which one will fall. I wonder which one is the monster. I wonder which one will catch the other. Do you smell me, as much as I smell you? Do not worry my dear, I know the truth; I'll be the one eating you. »
Il haïssait cette odeur. Celle puissante de la masse, du peuple se mixant, meuglant et gesticulant. Ils puaient l’espoir, ils respiraient une ignorance aussi dégoulinante que leur confiance. Jor’ observait Nueva avec un certain dédain allant de paire avec sa faim. Car il était un mythe déchu, et les récents évènements à Fhaedren ne lui avaient laissé qu’un goût amer, qu’un goût de trop peu. Il ne lui restait que le souvenir d’un corps perdu, des cendres devenues acides purulentes sur sa peau humaine. Parasite… Grondèrent ses écailles. Sa paume devint une serre crissant sur son genou à cette pensée. Ô, il n’oublierait ni la traîtrise, ni la fuite.

La voiture continuait son long chemin sinueux jusqu’aux abords de Lelanaserine. Seul à l’intérieur, c’était la meilleure façon d’éviter tout soupçon quant à l’expédition. Son aura d’effroi l’empêchait de monter à cheval, la bête primitive paniquant sous le coup. Et malgré l’accord mutuel de joindre les forces entre les deux gouvernements, il était préférable de ne laisser aucune trace négative de son passage.

Serpent en cage, le Jörmungandr sifflait de rage. Tout ce qui l’empêchait d’égorger un de ces équidés pour évacuer cette colère était l’intérêt qu’il portait au monstre du pays, partagé avec celui satanique de sa tendre amie.

Le rythme de l’embarcation ralentit, signifiant l’arrivée imminente au point de rendez-vous. Jor’ se focalisa sur les odeurs alentours, sa respiration lourde et robotique comme lugubre compagnie.

___________________

La nuit était tombée depuis un certain temps désormais, tandis que les lumières éclairaient la capitale nuevenne. Il avait été décidé de se rejoindre dans une auberge, en toute discrétion, aux alentours de la ville. Par souci de diplomatie principalement, et certainement en infime partie à cause de l’aura du serpent comme de la présence visible des membres de l’Empire.

Jor’ fixait à travers son casque les membres de l’expédition présents dans la salle. Il pouvait sentir la viande, il pouvait écouter sa propre ombre chuchoter et siffler avec avidité. L’Inquisiteur se tenait à part des autres, assis dans son fauteuil depuis des heures. L’automata médical apporté pour surveiller et prendre soin de son corps frêle et ignoble restait silencieux, parcourant robotiquement la pièce.

Parasite, sifflèrent-elles alors. L’ombre serpentine glissa sur les piliers, glaçait la roche, semblait se répandre sous la porte juste pour effleurer cette présence familière. Avant même de les savoir – de le savoir – ici, il l’avait senti, tel un prédateur en manque de sa nourriture favorite. Son sourire ignoble était caché sous son casque, tandis qu’il relevait sa tête jusque là posée sur son poing ganté, une vingtaine de secondes avant que la porte ne s’ouvre.

Les individus s’extirpèrent du long couloir pour venir faire face à leur équipe. Mais Jor’, ô Jor’… Son ombre glissait, furieuse, sur l’Oracle. Il le fixait avec avidité, rage et excitation mêlées. Déchire-le en deux, éviscère-le ! Susurrèrent-elles, si envieuse face à cette opportunité appétissante. Son aura lourde empestait la pièce.

Mais l’écailleux ne bougea pas d’un pouce. Son instinct embrassa cet effroi pour calmer l’illusion pathétique d’un titan. S’il arrachait la gorge de Kryos maintenant, il n’y aurait que conflits et gênes. Tue-les tous ! Ses écailles le piquaient. Il les fit taire. Car il voulait des réponses de ce parasite, et il les aurait tôt ou tard.

Sa pesante respiration s'insufflait dans l’air, tandis que Neha commençait des présentations pompeuses qui n’étaient qu’un reflet ignoble de la vérité. Ô… Il lui montrerait qu’il était plus qu’un misérable inquisiteur, plus qu’un titre. Il lui montrerait toute l’ignominie qui n’attendait qu’à l’assombrir.

« Messires Nueviens et Atlante, Ellgard vous adresse ses sincères salutations. Veuillez prendre connaissance des illustres en votre présence : Messire Maître de l’Inquisition Conquête d’Ellgard, l’inquisiteur Jor Hallvaror, Messire Capitaine de l’Inquisition Mort d’Ellgard, Maximus Meridius, Chevalier Médecin de l’Inquisition Mort d’Ellgard, Sifnir Illian. Je suis le Chevalier Neha Folia, de l’inquisition Famine d’Ellgard. En ces lieux, nous vous exprimons notre sincère gratitude pour nous avoir rejoint dans cette mission périlleuse. Il fait bon d’avoir des renforts. Notre Escouade comporte combattants aguerris, docteur militaire et diplomate. Chacun excellant dans son domaine. Ellgard espère pouvoir compter sur vous. »

Toute la quintessence d’une diplomate ; le jeu des mots et la voix claire. Il voulait la rendre rauque à souhait, lui arracher ce chant de lumière pour l’empoisonner de noirceur. Il voulait l’entendre hurler.

Jor’ se redressa, silencieux. La notion de silence était tout relatif vue sa respiration. Ses yeux globuleux fixaient chaque membre du groupe à travers sa visière d'obsidienne, effleurant chaque cœur battant à travers sa vue serpentine. Il voulait dénoter l’hémoglobine se révulser, se refroidir, courir jusqu’à ces organes vitaux et ces muscles qui bientôt danseraient sous leur contrôle. Le serpent se pencha en avant, chaque coude sur chaque genou. Ses doigts, lentement, se croisèrent entre eux, signe d’une attention de mauvais augure. De la chair pour un monstre, du désespoir pour un autre.


(c) DΛNDELION

   
   

   

   

   Ravages monstrueuxChapitre 1

   

   

   Je dois avouer : cet endroit a sa propre beauté, son climat doux et ses propres codes ésotériques qui offre un exotisme bienvenue comparées à ma toundra natale. Pourtant, le confort rustique de Nueva semble accuser un retard sur la grande Keivere. Ne serait ce que par les routes si abruptes et inadaptés pour des simples véhicules civilisés. Pour tout avouer, j'ai compris avec un temps de latence presque inquiétant que le confort de ma cité est sans commune mesure à ce que peut offrir le pays. Ca a tilté à la partir du moment ou notre troupe à rejoint le lieu de rendez vous. Une auberge non loin de ce qui s'assimile a une capital. Je dois avouer que la dernière fois que j'ai connu un bâtiment aussi rustique, c'était au barbecue Sieghart, perdu dans un lieu volontairement isolé de tout.  
M'enfin. Comparer aussi frontalement les deux pays s'apparente à opposer un diamant taillé contre un bout de verre polie par le sel de mer. C'est un peu inutile, puisque de toute manière, il est un lieu commun que seuls les enfants et les imbéciles s’émerveillent de la beauté du verre polie.


  M'enfin, plus le voyage s'éternise, plus je prends la mesure de ce que Dankmar a lâché sur Jor quelques mois auparavant. Il avait appelé l'inquisiteur "cette chose". Sur l'instant, je n'avais pas mesuré la justesse de ces mots. Pour moi, c'était une simple question d'inimitié entre les deux hommes. Mais maintenant, je comprends. L’effroi que m'inspire l'inquisiteur semble parer tout son être comme une aura auquel je suis particulièrement sensible. Au début, il s’agissait d'une vague gêne, un simple sentiment latent qui flottait, comme une impression irrationnelle. Puis à mesure, ca s'est fait plus viscéral, plus persistant.
Dans ce contexte, le mot "chose" semble étrangement pertinent. C'est comme mettre le doigt sur le minuscule interstice d'un passage secret. Le mécanisme de dépasse ma compréhension, mais j'ai l'impression de toucher à la véritable nature cachée de... De cette chose. Ahah...
M'enfin, malgré ce problème, le poids de mes obligations m'a apprit à garder mon sang froid en toute circonstance. Alors pas question de trahir mon trouble grandissant en de pareils moments : Je mets un point d'honneur à me glisser dans le rôle impersonnel de soldat. Au moins, le temps de cette mission.

Quand les portes s'ouvrent pour laisser place ces alliés de circonstance je me lève solennellement pour les accueillir. Mon corps reste immobile dans cette posture militaire : Le dos droit, la tête haute, la bouche close et le regard inexpressif. Après tout, c'est ce qu'attend Ellgard de moi.

A mesure que je découvre le visage de ces inconnus, j'écoute la voix claire de Neha briser le silence pour entamer les présentations. Quand il est question de Maximus et moi, je retiens un sourire de malaise en mon for intérieur. La belle arrive à manier les titres ronflants avec une agilité verbale que beaucoup doivent lui envier. Le portrait qu'elle dépeint de nous parait tellement faux que ça me donnerai au choix l'envie de rire ou de vomir. Mais je doute que ces deux attitudes entre dans l'étiquettes Nuevienne. Alors je me retient de faire cette faute de goût et je hoche juste la tête en guise de salutation discrète.
M'enfin, son petit monologue fait son effet sur moi : Si chaque prise de parole se doit d'être aussi sophistiquée, j'ai bien peur de devoir passer le reste de la mission parfaitement mutique.
C'est dommage. D'autant que ma curiosité infatigable s'attarde sur le type qui semble partager le hâle de ma peau. Quelques questions sans intérêts naissent dans mon esprit, mais en bonne vitrine de la discipline d'Ellgard, je les retiens bien avant qu'elle ne traversent le maigre filtre entre mes mots et mes pensées.

Je profite d'être légèrement en biais pour observer Jor. Cependant, mon cerveau vrille quelque peu a mesure que le contact visuel se prolonge. Alors mon regard se reporte en silence sur nos invités. Une braise d’intérêt à peine visible s'éteint sous le poids de mes obligations.
   

   ©️ Jawilsia sur Never Utopia
   

   
~ Ravages Monstrueux ~

Elle savait bien qu’elle devrait faire des efforts lors de cette mission. Les gens n’étaient pas son fort, encore moins lorsqu’ils n’étaient ni Nuevien ni Atlante, mais elle pouvait passer par-dessus ça pour protéger les terres et les villageois du pays. Par contre, se rencontrer dans une auberge ? Par pitié, c’était le pire endroit possible. Diantéha avait envie de vomir juste en pensant à l’odeur omniprésente d’alcool qu’il allait y régner. Ils ne pouvaient pas se rencontrer dans la forêt ? Niveau discrétion, ce serait bien mieux. Sans doute un coup diplomatique futile pour mettre les membres des différentes nationalités en confiance, quelle plaie …

La Dryade se fit un plaisir d’arriver parmi les derniers, moins longtemps elle serait coincée dans ce bâtiment et mieux ce sera. Elle restait plutôt dans son coin, autant physiquement que mentalement en attendant que tout le monde se présente dans l’auberge avant de s’intégrer un minimum. Le silence qui flottait sur ce petit groupe fut brisé par une Ellgardienne qui se lança dans un discours de diplomate sans défauts, mais les titres à rallonges qu’elle offrait à ses compagnons ainsi qu’à elle-même exaspérait Diantéha. Tout pour impressionner, ça se voyait qu’ils venaient d’Ellgard. Elle tilta lorsque la représentante de l’Empire se présenta : Neha Folia, mais bien sûr ! Cela faisait un sacré moment, mais Diantéha n’oubliait jamais un visage.

Cette révélation fut suffisante pour ramener la centenaire dans la conversation. Adressant un sourire rapide à Neha, elle laissa voguer son regard sur les autres membres de leur petite équipe. Elle remarqua le signe d’Aquaros sur la tenue d’un homme qui ne s’était toujours pas prononcé. Heureuse de voir quelqu’un d’autre avoir une certaine affinité avec l’ancienne religion, elle nota mentalement ce détail avant de poursuivre son inspection. Les autres n’avaient rien qui attirait vraiment son attention, mais l’un des hommes de Neha – car Diantéha ne savait pas trop quel visage portait quel nom – lui inspirait un grand malaise. Sûrement magique, elle trouvait son regard très inconfortable, mais elle ne le montrait pas. Il ne fallait pas montrer aux bêtes sauvages lorsque l’on ressentait la peur … "Bête sauvage", c’était bien un homme qui se présentait devant elle, mais l’aéromancienne n’avait que ces deux mots en tête lorsqu’elle plongeait dans ce regard malsain. Elle préféra détourner le regard et se présenter à son tour, question de se changer les idées.

- Je suis Diantéha, mon clan importe peu. Je n’ai pas l’honneur de porter des titres aussi abracadabrants, mais mes longues années d’errances, ma magie, mes connaissances religieuses ainsi que ma volonté à protéger ces terres sauront être à la hauteur des attentes de cette mission.

Clair et direct, d’un ton parfaitement neutre. Diantéha n’était pas là pour faire la causette, ils savaient ce qu’elle pouvait apporter à leur expédition contre l’horrible créature et c’était amplement suffisant. Elle retourna ainsi dans son mutisme, écoutant ses partenaires. Elle allait intervenir si cela était nécessaire, ni plus ni moins.


Into the jaws of death, into the mouth of hell.




Sauvage.

Deux mois... deux pauvres mois et je suis déjà renvoyé chez les hommes de la forêt. Putain d'métiers. J'ai perdus mon bras en deux mois, ils pourraient au moins faire semblant d'être triste pour moi et me dorloter un peu. Kss. Pas le genre de la maison hein ? Je revois encore très bien la scène, Sieg qui entre comme d'hab sans taper alors que Faust avait à peine fini de se rhabiller (un sacré coup de chance au final), le dossier jeter sur mon bureau avec le petit "pas le temps de t'expliquer, lit ça et bouge dans le miens" avant de repartir aussi sec. Insupportable. Et v'là la tronche de la mission en plus. Si encore c'était juste aller faire joujou dans la forêt à la recherche d'une autre créature mythique possiblement capable de dévorer des villages, ça passerait, mais faut en plus que je tiennes l'espèce de machin bizarre à l’œil avec tout ça ? Bon. Au moins j'avais réussis à ramener Illian avec moi, ça fait au moins une personne de confiance et franchement elle sera vraiment pas de trop je pense.
Tout de même, je sens son mal aise en la présence de l'inquisiteur et les divers regards qu'elle lui jette. J'aurais pus sentir une pointe de jalousie poignarder mon cœur si je ne savais pas exactement ce qu'elle ressentais et l'étrange sentiment de terreur palpable qu'il instillais. Sous la table je viens apposer ma mains sur sa cuisse, enserrant légèrement son petit membre pour lui rappeler qu'elle n'a rien a craindre tant que je suis là. Une pensé qu'il est dur de garder intacte à l'apparition et aux présentation de nos "chère" collègue Nuevien, dont un seul semble à peu près "amical".

Sauvage.

Il semblait évidant que la politesse et la courtoisie n'était clairement pas leur point fort et je doute à leur allures que le combat rapproché ne le soit également. J'ose espérer qu'ils sauront se montrer à la hauteur de leur réputation de lanceur de sort.

Sauvage...

Des titres abracadabrant... ce qu'il faut pas entendre. Tu as de la chance petite plante que l'on m'ait ordonné la tenu de relation cordiale, car le lieux importe peu lorsque l'on se moque de notre grande nation et tu aurais tôt fait de te retrouver avec les dents incruster dans la table. Mais ce n'est pas le moment. Pas encore. Nous réglerons ça plus tard, une fois la mission terminé.
Mais tout de même, pour l'heure je préfère rapidement dissiper les doutes quand à l'écart de puissance entre nous et rappeler POURQUOI nous somme là. Leur rappeler qu'il y a étrangement bien plus d'Ellgardien embarqué dans cette mission alors que nous foulons pourtant leur terres.

Défaisant une des accroches de ma longue cape de ma mains libre, laissant apparaître l'uniforme sombre et l'armure brillante qui faisait la fierté de notre troupe et une partie un peu plus important de Sthéno. J'hésite à me lever pour les surplomber de ma hauteur, mais l'affront serait peut être trop poussé.

By Halloween sur Never-Utopia
Mission : Ravages Monstrueux
ft. Jor, Maximus, Sif, Dianthéa, Kryos & Galahad

Keivere - Ellgard
Juin passé depuis quelques temps, c'est le solstice qui doucement s’éteignait, bien que sa puissance restait inébranlable tant que sa saison surplombait les autres, et dans sa robe rouge, son épiderme sacré, la belle créature atypique au regard tempétueux savait à peu près à quoi s'attendre. Trois problèmes principaux ornaient sa route semée d'embûches vers les destinations forcées de ces représentants étrangers. Un. Jor Hallvaror, ou le mal attirant. Mal. Non mâle. Attirant. Il ne l'était pas physiquement. pas sous cette forme. Mais, tâché d'Obscural, c'était un mélange de frayeur et de désir qui s'immisçait en l'Eté. Car il représentait au mieux son contraire. Elle savait qu'il n'avait rien du Solstice opposé au sien, rien que par son caractère bien plus vil qui ressortait d'entre les grilles qui constituaient son casque morbide, mais la corruption envahissait son esprit comme la religion séraphique le faisait sur ces pauvres âmes perdues de Mearian. Un Mal attirant. Nimbé des terreurs qu'il inspirait. Pourvu de cette aura tremblante. De ce malaise constant. Un être venu d'une autre époque, rencontré par delà les océans. Le Jörmungandr lui-même. Mais lui savait se tenir. Normalement. Expérience qu'il était. Chien de l'Empire. Il ne lui porterait pas préjudice. Pensait-elle.
Deux. Maximus Meridius. Un bourreau des mots, meurtrier des coutumes et barbare sans une once de réflexion adéquate. Même après être passé sous les griffes de la saison, durant trois jours périlleux, il restait un risque majeur que cette mission courait, car rien ne pouvait plus démolir les faibles liens que Neha allait devoir tisser, que l’ego agaçant de cette armoire à glaces incapable d'apporter quelconque matière grise. Au moins, il était fidèle. Elle lui devait cela. Et l'avait maintes fois constaté lors de la traque de la traitresse.
Trois. Sifnir Illian. Pas le plus gros des problèmes. Une véritable sainte, même. Avec l'une des plus grandes qualité que la Rouge pouvait apercevoir : l'amour qu'elle attribuait à chacun de ses amis à fourrures. Mais cachée dans une personnalité bien plus sympathique que son apparence pouvait laisser paraître, se tenait l'ombre d'une rustre que seule sa volonté face aux ordres de la Glorieuse Nation pouvait stopper. La menace que craignait la Rouge résidait en ses réactions incontrôlées possibles face aux "renforts" - s'il était adéquat de les appeler ainsi -.

Soupir.

Venue en avance, digne de son rang, et surtout, de son Inquisition, et faisant honneur à son pays, et Empereur, l'Ecarlate portait sur ses épaules la longue cape noire qui lui faisait office de cache, lorsque sa peau attirait trop l'attention. Bien que sous l'avalanche de cheveux blancs comme neige, cela ne semblait pas suffire, d'autant que sa "tâche de naissance" douteuse, cruelle marque d'un père lointain et détesté, ne pouvait aider. En son dos, son arme, psypher doucement actif, ramassant régulièrement chaque goutte des rayons du soleil, pour pouvoir apporter, la nuit passée, sa lumière en l'Ellgardienne. Sur son visage, un sourire fermé. Elle n'était plus que la diplomate. Préparée mentalement, assurée d'un regard confiant, et d'un timbre de voix travaillé, elle n'avait plus eu qu'à attendre l'arrivée de ses comparses manquant cruellement de tenue, habituellement, pour finalement être agréablement surprise. Presque. Presque agréablement surprise. L'aura du mythique. Elle la connaissait. Mais avait espéré ne plus la ressentir. Cette impression étrange qu'il la dévore. Cette peur constante qu'il la pourrisse. Cette frayeur accablante qu'il lui retire les seuls créatures à donner un sens à sa vie. Elle ne l'afficha jamais, tenant son discours avec une perfection et une minutie implacable, mais en elle se tordait divers cauchemars, et sous sa tenue, sa peau frissonnait par moments.
Horrible.
Jouissif.
Inexplicable.
Attirant.
Un conflit vieux comme le monde. La lumière. Sa lumière. Et les ténèbres. Ses ténèbres. La peur l'engouffrait, comme l'envie de s'en rapprocher. Inconcevable, pourtant, à quiconque se tenait avec elle, près du monstre. A quiconque connaissait, même, cette présence infernale.

Lorsqu'enfin elle reçut des réponses, une réponse, précisément, de la part d'une ancienne connaissance, une femme qui l'avait aidée par le passé, alors que le Roi sous la Crevasse était une longue histoire, et que Gavin n'était pas aussi contaminé de haine et de fureur. Une ermite, dont la présence l'étonnait, autant qu'elle la ravissait. Dianthéa Viveronce l'avait accueillie en son antre, lorsque Neha n'avait plus rien, à part la promesse d'une nouvelle chance, d'une nouvelle vie. Aujourd'hui, c'était aux côtés de la Grande Ellgard qu'elle la revoyait, et si ses propos ne plaisaient pas au Solstice, à propos des coutumes ellgardiennes, l'enfant du Soleil savait parfaitement à quoi s'attendre. Dianthéa était douée dans ses domaines, et d'une grande aide, elle n'aurait su le nier. Aussi voulut-elle répondre lorsque le problème numéro deux joua de ses tours les plus absurdes pour se ridiculiser, ôtant une partie de sa cape pour dévoiler ses attributs - heureusement que ce n'étaient pas ceux auxquels on aurait pu penser -, son armure, uniforme, et sa redoutable arme.

Eté dut parler bien vite, pour éviter que l'affront ne prenne vraiment une plus grande ampleur, alors que d'un regard assuré, elle accorda à la dryade sa pleine attention.
_ Dame Dianthéa, nous nous trouvons fort estimés de vous avoir en nos rangs, le temps de cette mission. Vos compétences seront d'une grande utilité.

Il fallait espérer que Maximus ne fasse rien d'autre de problématique. Si le geste en lui même semblait anodin, la symbolique derrière était bien trop forte pour que personne ne remarque avec quel dédain il abordait ces relations avec les Nueviens et l'Atlante.
Il fallait aussi espérer qu'aucun autre Ellgardien ne commette une erreur de trop, et qu'aucun de ces étrangers n'aient la subite envie de dévaloriser la Glorieuse Nation. Car si Ellgard se voulait en bons termes avec Nueva, personne n'avait le droit de piétiner l'Empire...

HRP
J'espère que cela vous plaira [Mission : Ravages Monstrueux] - Chapter I 303179827
« Voilà une bien étrange procession à laquelle il avait pris part, et Kryos se demandait encore s'il souhaitait ou non être là. Une part de son être lui intimait de ne pas suivre, de laisser ces troubles et ces dangers dans les mains de ceux qui les subissaient, d'ignorer les disparitions, les rumeurs, ces on dit terrifiants et probablement exagérés. Une part de lui l'intimait à l'égoïsme et à rester reclus dans les méandres de cette université gigantesque qu'il parcourait avec une certaine impatience depuis quelques semaines maintenant. La sage Tertius lui avait promis un accès privilégié à certaines ailes occultes réservées, et elle n'avait pas menti. Mais une autre part de lui avait été saisie par la curiosité dévorante qu'il éprouvait habituellement devant les choses de l'ancien temps et les secrets du passé. S'il avait hésité, les derniers évènements survenus en Fhaedren l'avaient décidé à agir, à se mettre aux premières loges plutôt qu'à attendre de nouveaux et sinistres augures. Car des rumeurs s'étaient propagées un peu partout et l'une d'entre elle n'avait pas manqué d'attirer son attention. La bête des dieux. Probablement aussi fausse d'exagérée, mais la persistance de la chose n'était pas sans avoir attiré son attention. Une bête haute comme une colline qui dévorait des villages entiers et creusait dans la forêt des sillons larges comme des cols de montagne. Oui, c'était très probablement exagéré, mais il semblerait que les disparitions et morts ne le soient pas tant que ça car le Conseil avait décidé d'agir et, en tant que représentant d'Atlantys et au vu des liens qui unissaient la cité sous marine, Kryos avait glissé quelques mots à la sage Tertius pour mettre en avant le don divin de vision qu'il possédait.

Aussi le voilà embarqué dans cette affaire avec autant de suspicion que d'interrogations. Il avait rejoint un homme et une femme et l'échange avait été bref car ils devaient se porter à la rencontre de représentants de l'Empire, et il savait que ça n'était jamais quelque chose d'anodin. Il n'avait pas d'armes visibles mais portait un sac à dos de taille moyenne et son fardeau était également encombré d'un luth. Étrange lubie que d'avoir insisté pour ne pas le laisser ici le temps de son voyage. Mais il était venu avec et il repartirait avec. Parés d'une tenue à la facture typiquement atlante aux tons bleus et aux tracés ésotériques blancs, le symbole d'Aquaros se reconnaissait très facilement pour ceux qui le connaissaient, mais il fit silence jusqu'à cette auberge dans laquelle ils devaient se rendre.

Alors, c'est là qu'il sentit son aura.

Son intérêt s'éveilla soudainement et son cœur battit subtilement plus vite. Il n'était qu'à quelques secondes de la rencontre mais il savait déjà qui il allait y trouver. Il n'éprouve pas d'angoisse ni de peur, contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, mais une sinistre et froide gravité dont son visage se para. Le titan était là, et une certaine appréhension s'empara de lui. Qu'allait-il advenir ? Il n'en savait rien, mais la dernière fois qu'il l'avait aperçue, il lui avait sauvé la vie, à lui ainsi qu'Euryale.

Douce ironie.

Dès qu'il eut franchi le seuil de l'auberge, il sentit le vent violent et impitoyable de l'aura du Jörmungandr fouetter son visage avec la hargne de celui qui souhaite dévorer et détruire. Forcé de réagir s'il ne souhaitait voir la terreur s'instiller durablement en son cœur, Kryos libéra une parcelle de sa magie pour opposer sa propre aura à celle de son assaillant. Toutefois, les décennies interminables qu'il avait traversées lui avaient conféré un grand contrôle sur sa magie et il la contint pour que nul autour de lui ne soit touché. Tout au plus ce combat invisible et silencieux fut-il ressentit comme un changement aussi subtil que l'orage qui n'est pas là mais s'annonce par le vent qui tourne imperceptiblement, un frisson électrique qui remonte le long de l'échine.

Ses yeux se vrillèrent instantanément dans ceux, invisibles et obscurs, du casque du Jörmungandr. Avant toute chose, avant toute salutation. Il focalisa son ressenti empathique sur lui et palpa la sensation familière et séculaire de l'aura de la bête mythique. Il lui avait fallu plus de deux siècles pour oser venir se porter à l'encontre du titan, et voilà qu'en quelques mois c'était déjà leur troisième rencontre. À chaque fois dans des circonstances pour le moins troublantes. Si Kryos avait été prêt à réagir, il semblerait que l'inquisiteur ne daigne pas le faire saisir - en tout cas pour le moment -, mais il devinait l'impatience contenue qui rongeait son cœur.

Une femme à la peau rouge entama les présentations et il dû faire un effort pour ne pas se perdre dans ce lien invisible qui le reliait au titan et écouter. Il sentit, toutefois, l'élan lointain de crispation qui parvint jusqu'à lui lorsque Diantéha balaya l'étiquette pompeuse sans ménagement.

Très vite, Kryos s'intéressa aux manières de Neha qui semblait pour le moment la seule à se prononcer. Elle le faisait avec une tenue impeccable et il devina que c'était à son tour ou à celui de leur troisième camarade de se présenter. Il avait un rôle à figurer, et il le figurerait à la perfection.

Il eut un sourire. Un sourire dont la radiance trancha cruellement avec l'ambiance de faux semblants un peu tendus qui régnait pour le moment, mettant encore plus en contraste la peur que dégageait le Jörmungandr par l'innocence dont son apparent jeune âge et son charisme de triton l'avaient attribué.

_ Chevalier, Chevalières, Dame Diantéha, Inquisiteur, Monsieur, c'est un honneur pour moi de vous rencontrer tous. Permettez-moi de vous transmettre les salutations sincères d'Atlantys. Bien que notre cité soit rattachée au royaume d'Akantha, il était impensable que je ne propose mon aide au vu des liens qui nous relient à Nueva. Je suis l'Oracle d'Aquaros et j'espère que mes humbles connaissances pourront vous être utiles dans le cadre de cette mission. »

Il aurait pu éprouver une certaine satisfaction malsaine à voir ainsi le titan dans une position qu'il devinait aussi inconfortable que forcée. C'était le cas, quelque part. Néanmoins, il y avait autre chose. Autre chose qui avait changé depuis la dernière fois. Quelque chose était devenu plus grave, plus poisseux, plus lucide. Quelque chose qui lui disait qu'il serait mort à l'heure qu'il est sans le serpent. Quelque chose qui se posait une question dont l'impatience grondait à l'horizon de la psyché du triton. Où étaient Alrun et le cristal ?

Il détourna les yeux, pour détailler plus avant les impériaux. C'était en partie une façade, mais il y avait toutefois une certaine curiosité à leur égard. Ses connaissance s'arrêtaient à l'inquisition Conquête, et à vrai dire il découvrait pour la première fois l'existence de Mort. Il posa son regard sur la chevalière Illidan, se demandant sincèrement comment un médecin pouvait appartenir à la mort, puis sur la taille exagérée de la poignée de l'arme qui dépassait du dos de l'autre impérial. Est-ce que c'était vraiment une épée, ça ? »

[Habits de Kryos]


The Meat
Ravages Monstrueux

« I wonder which one will fall. I wonder which one is the monster. I wonder which one will catch the other. Do you smell me, as much as I smell you? Do not worry my dear, I know the truth; I'll be the one eating you. »
Futilités. Futilités humaines. Le serpent ne prêtait qu’une attention méprisante au jeu de respect pathétique qui s’exerçait silencieusement à côté de lui. Son casque cachait son regard, mais ce dernier restait fixé sur l’Oracle d’Aquaros. Il avait beau être chien de l’Empire, sa loyauté n’était qu’un rempart sur ses intentions et sa haine viscérale de cette nation le gardant en laisse. Mais ce n’était pas chose à montrer, et sa torpeur voulue passer pour une absence de besoin de dire quelque chose. Neha l’avait fait pour lui, dans ses tons suaves et sa diplomatie terrible.

Joue-t-il donc le jeu ? Susurrèrent-elles, amusées. La magie du triton répondait à la sienne, mais le saurien s’enroulait autour de lui, lentement. Ils passaient pour des étrangers, et cela n’aidait que plus ses intentions bien viles.

Lorsque le silence fut et que le dernier humain se joignit à eux, l’Inquisiteur se leva dans cette lenteur monotone, pour mieux jeter mollement un appareil circulaire sur la table qui les séparait. Présentations faites, il fallait laisser place aux explications, bien que chacun fut au courant de ce qui se passait, l’ordre était de mise. Sa voix rauque modifiée par son casque hanta l’air, tandis que le petit appareil laissait s’échapper un hologramme d’une carte de la région. Quelques chiffres apparaissaient ci et là, des kilomètres au nombre de victimes, des images d’après les tragiques événements venant agrémentées le tout. Si Jor’ haïssait l’Empire, il ne pouvait leurs enlever leurs capacités terribles en matière de technologie. Ou encore l'efficacité de la division de chasse de Conquête pour fournir quelques détails picturaux des accidents.

« Le gouvernement Nuevien nous a donné quelques informations qui ont été intégrées au programme. Les points rouges sont là où la créature a déjà attaqué. Jusqu’ici, aucun survivant n’a été retrouvé. Néanmoins une équipe se rendra sur le lieu de l'accident le plus récent pour comprendre le mode de fonctionnement de la créature, étudier le terrain et en savoir plus. D’autres devront aller dans les villes alentours pour obtenir plus d’informations. Nous ferons donc deux groupes. » Son index se leva pour pointer chacun. « Neha restera avec les Nueviens pour obtenir les informations. Elle représentera Ellgard dans cette enquête. Sif, Maximus et l’Oracle viendront avec moi sur les lieux de l’incident. Je veux un rapport détaillé de ce qui s’est passé à notre prochaine rencontre. »

Ses paumes gantées s’appuyèrent sur la table, il laissa passer un silence. Les équipes avaient été pensées pour agir au mieux avec leurs capacités et leur faction. Neha était mieux à même de calmer les foules ou de rassurer quant à la présence d’Ellgard sur le sol Nuevien. Diantéha et Galahad représentaient leur terre et il serait qui sait, plus facile pour eux, d’ouvrir quelques lèvres. Sif’ et ses capacités médicinales pourraient aider au sauvetage d’un possible survivant même si personne ne comptait sur cette probabilité. En cas de conflit physique, il valait mieux avoir Maximus dans cette aventure. Quant à l’oracle ; il n’était qu’un caprice de sa part, voilé sous des justifications bien pompeuses. Ne possédait-il pas des connaissances mystiques utiles sur le terrain ?

La main de Jor’ fit glisser brièvement l’hologramme pour montrer l’image picturale d’un monstre à l’œil glacé et aux crocs terribles. Gigantesque. Si infime, grincèrent-elles avec mépris. Les yeux du saurien glissèrent, avides, dans celui profond de ce monstre. Il le dévorerait. Il l’annihilerait avec délectation. Il montrerait qui est le titan. Ses crocs se découvrirent en un sourire malsain.

« La créature est dangereuse. Longue, implacable, dotée d’une gueule infernale. Elle semble à jamais affamée. Gourmande et insatiable. Instable… »

Son ton se perdait, faim de tout, fin de ça. L’aura du Jörmungandr vint serpenter, frissonner, se délecter. Ses yeux délaissèrent l’image fixe et il éteignit la machine. L’instant se brisa, pour ne laisser qu’un Inquisiteur se déplacer, longuement, lentement, dans la pièce, tandis qu’il énumérait quelques faits. Sa langue persifflait. Sa voix grave s’amusait à enlacer avec une angoisse amoureuse. Il glissa un doigt macabre dans les cheveux blancs d’un solstice.

« Maintenant, soyons clairs ; que vous soyez de l'Empire ou non, si je prends l’un de vous à m’omettre un fait, à mettre à mal cette mission alliant deux nations, je le saurais. » Son pas claquant se stoppa, et ses mains se posèrent sur les épaules frêles de l’Oracle. Brise-les ! « Je sais quand vous mentez. » Sa paume se leva en l’air, tenant un cœur invisible qu’il voyait pourtant si bien. Ses doigts glissaient, suaves, pour représenter l’hémoglobine. « Ça glisse dans votre cœur, ça bat vite, ça s’insuffle dans vos muscles. Et malgré la plus belle des impassibilités que vous offrirez, je saurais. Telle la peur, vous ne pouvez vous défaire d’un mensonge… Et si je sais que vous mentez, que vous essayez même d’outrepasser mon autorité ô… »

Ses squames frissonnèrent, et le sort resta en suspens. Ses anneaux invisibles glissaient sur les chevilles, les doigts fins et froids caressaient les nuques.

« Je vous emmènerai par le fond. »

Il lâcha enfin l’Oracle pour revenir à sa position initiale à côté de la diplomate. La peur avait toujours été un effet grisant pour lui, oiseau de mauvais augure. Son discours instaurait une ambiance lourde, car il n’avait confiance en personne. Car il savait les humains rats envieux. Le Jörmungandr fit signe à son équipe de se lever.

« Nous partons ce soir pour observer les lieux de l’incident et camper non loin. Neha… » Son casque se tourna vers elle, ses yeux venant percer les siens indirectement. Globuleux et sales. « Je te laisse t’organiser avec ton équipe. »

Il reprit le petit appareil et le glissa dans un sac. L’Inquisiteur glissa entre les énergumènes, sans un regard pour vérifier que son équipe le suivait, excepté un bref, et d’une malice mauvaise pour l’Oracle qu’il faisait exprès de frôler avec ignominie. Ô, il allait le dévorer ce monstre, avec la même délectation qu’il noierait Celui qui l’avait trahi.


(c) DΛNDELION
« Pas de scandale, pas d'éclat, pas d'arme dégainée pour lui signifier ce qu'il pensait de la façon abrupte dont il s'était enfui la dernière fois. La dernière fois. Un froid intense s'insinua dans ses os et entre ses pensées, le même froid brûlant lui irradiant les chairs et l'esprit que ce qu'il avait ressenti au contact de la relique impie, enserré entre les anneaux de la Grande Dévoreuse et sur le point de se faire broyer en mille morceaux. Les images étaient floues dans sa tête, comme un rêve peint sur une surface fragile et que l'on avait essayé d'effacer à la va vite pour en dissimuler les preuves. Il fixait le casque du Jörmungandr sans le voir, faisant glisser lentement son regard vers l'image magique qu'il leur affichait. Une bête monstrueuse et terrible, à la laideur inconcevable et qu'il imaginait sans peine semer effroi et désespoir. Était-ce donc bien réel ? Était-ce là un signe des dieux ? Le fruit de son imagination ?

Un pressentiment terrible et refoulé grondait à l'horizon de la psyché du triton, tandis qu'il alignait les uns derrière les autres les signes avant coureurs d'une apocalypse à venir. L'explosion du royaume perdu, la perte des dieux, l'avènement d'idoles nouvelles et pour certaines corrompues, la prophétie du retour du dieu et, récemment, la résurgence du champion d'Obscural. Tout ceci et maintenant ça. Un doute terrible rongeait les côtes de l'oracle depuis l'intérieur, marée d'acide qu'il se refusait encore à formuler à voix haute, de peur que toute sa mascarade ne soit devenue réelle et que ses mots ne se prophétisent. Une vérité qui pulsait à ses tempes comme les visions hallucinées d'un cauchemar et qu'il entendait hurler entre chaque mot du Jörmungandr, dans ces silences entrecoupés du bruit artificiel et grinçant de sa respiration.

Une vérité aveuglante qui irradiait les yeux de celui qui la regardait.

Un frisson de malaise parcourut l'échine de Kryos, un vertige terrible qui sembla une seconde déchirer le voile de la réalité pour lui rappeler cruellement que tout ce qui s'était passé dernièrement n'était pas le fruit de son imagination malade.

Les mains du titan se posent sur ses épaules. Il sent son empreinte effleurer la sienne, s'y mêler, laisser une trace éphémère sur lui. Il y lit l'impatience, l'avidité, la colère et cent autres promesses malsaines encore. Il voit, il sent, il goûte à cette fébrilité qui tressaille dans la corne de ses écailles, les siennes ou celles du titan il ne sait pas, et qui lui hurlent un vent obscène fait de sinistres tentations.

Euryale, reviens moi.

Quelque chose s'agite, imperceptiblement, sous les tuniques du triton. Quelque chose serpente, invisible et secret, comme dérangé par la poigne indésirée de l'inquisiteur mais qui bien vite redevient immobile. Kryos sent la chaleur de sa magie qui enveloppe son corps et son âme comme le feu repoussant l'ombre du Jörmungandr. Un feu en apparence bien frêle pour affronter les menaces du monstre marin tandis que l'oracle jurerait presque qu'il ne s'adresse qu'à lui et lui seul. Pourtant il soutient son regard, jusqu'au bout, la figure concernée mais calme. En apparence du moins. Car dans le fond de ses pupilles se tortille, éphémère et agitée, la lueur du délire qui règne entre eux deux, soudainement ravivée.

Il aurait pu lui répondre maintes choses, diverses et variées, pour lui signifier qu'il n'avait pas à répondre à son autorité. Et pourtant, quelque part, il sentait la langue râpeuse et servile lui glisser dans la nuque, y laissant une question en suspense dans le silence qui ne lui répondait pas : serait-il aujourd'hui encore en vie, sans le serpent-monde ? Et elle ?

Ce dernier mit les voiles sans plus attendre et l'oracle n'eut pas besoin de ses talents pour saisir qu'il se jouait de lui. Ironie du sort où, il y avait peu, c'était encore lui qui titillait le titan comme un chat avec une souris.

_ Très bien. »

Il jeta un œil vers les nueviens, un autre vers les impériaux, détaillant ces derniers plus avant. Ce que ses yeux lui montraient, c'était une montagne de muscles hors normes dont la fonction laissait difficilement le doute quant à ses capacités, et une femme plus fluette - mais qui n'en avait pas l'air à côté de cette montagne - qui devait être la médecin. Probablement la dénommée Sif. Et l'autre devait être le Maximus en question. Leur allure de soldat ne l'enchantait guère et présageait selon lui d'un voyage bien triste et morne s'ils étaient à l'image de leur maître. L'espace d'une seconde, il écouta avec attention les émanations qu'ils pouvaient dégager. Il décela, chez le géant, un énervement certain qui lui suggéra avec pragmatisme de ne pas se mettre en travers de son chemin.

Il tenta un sourire amical, comme pour essayer de détendre l'atmosphère, mais qui étrangement était raté au vu de ce qu'il venait de se passer. Même s'ils allaient travailler ensemble, Kryos n'en oubliait pourtant pas quelque chose d'essentiel : il allait être seul avec le Jörmungandr et deux de ses chiens. L'inquisiteur l'avait kidnappé une fois, il le referait sans hésiter si tel était son souhait et peut-être même était-ce déjà un plan dans sa tête. Il lui faudrait rester méfiant dans tous les cas.

Emboitant le pas derrière le monstre marin, il ralentit toutefois l'espace d'un instant pour s'adresser à Galahad et Diantéha.

_ Bonne chance. Puissent les Anciens veiller sur vous. »

Et de partir rejoindre son cheval lui aussi. »


Into the jaws of death, into the mouth of hell.




Énervé ? Non ce ne serait pas vraiment le mot recherché. Hors de moi serait plus juste je pense. À peine notre chère inquisiteur avait-il ouvert la bouche que je sentais mon corps se tendre d’une rage sourde. Je ne saisissais toujours pas cet étrange phénomène, mais sa simple présence réussissait à me mettre sur les dents et à faire vibrer chaque parcelle de mon âme. Le répit était une notion que je pouvais effacer de ma mémoire lorsque j’étais en sa présence avec cette sensation de danger imminent qui planait autour de moi et qui me donnait l’irrépressible envie de trancher une bonne partie de notre assemblée en deux. Histoire de faire bonne mesure.

Mon cœur se tend alors qu’il désigne sa suite et je jette un coup d’œil à Sif pour voir son état. Je la connais depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’elle préférerait largement être dans l’autre groupe, tout comme moi d’ailleurs. Je repense un instant aux paroles et à l’accord tacite que l’on avait passé avec Sieg, soupesant son utilisation en pareille circonstance avant le plus grand sérieux. La tentation est forte, mais exposerait aux grands jours les tensions entre nos deux inquisitions et surtout entre nos deux inquisiteurs.
Je vais me contenter d’obéir. Pour le moment.

Dans tous les cas, il semble pour l’heure bien plus intéressé par le représentant marin que par nous. Chance ou pas, tant qu’il se tenait loin de moi, je n’avais pas à me plaindre. Je ne pouvais par contre que plaindre le pauvre petit poisson qui devait frissonner de tout son être. Je le plaindrais presque tiens. Je reporte mon attention sur la carte et la représentation de la créature, les laissant se débrouiller entre petites personnes pour essayer de déceler un indice dans les éléments présent. Vaine tentative évidemment au vu du peu d’information que nous possédons, mais le manque d’information en est déjà une en soi. Qu’une si grande créature réussisse à passer inaperçu pendant si longtemps cachait forcement quelques chose.

Je tressaute légèrement alors que je sens son attention se reporter de nouveau sur moi et abandonne bien vite mes pensées. Si partir en pleine soirée me semblait évidemment complètement stupide et inconscient au vu de la faune Nuevienne, je ne fis pas le moindre commentaire et adressai un léger salut Impérial à Néha avant d’emboîter le pas de mon "supérieur".

- Chevalier Folia, je ne peux que vous souhaiter bon courage dans votre mission. Faites nous honneur.

Le seul bon point de la présence des deux trouble-fêtes avec résident dans le fait que cet "oracle" doit être un petit puits de connaissances et qu'il semble se connaître avec Hallvaror. Nous aurons une longue discutions tous les deux lorsque l'autre monstre ne sera pas dans les parages... commençons doucement par une approche amicale et une main tendue.

- Enchanté de faire votre connaissance oracle. Captaine Meridius, commandant des forces spéciales de Mort.

By Halloween sur Never-Utopia



Les Légendes Du Chevalier Errant.


Ravages Monstrueux

Chapitre 1


[Mission : Ravages Monstrueux] - Chapter I 11nw



Nueva. La ville de son enfance. Si Galahad avait voyagé partout dans le monde et passé un temps considérable au sein des quatre nations, Nueva était celle où il avait certainement le plus d'attaches. Bien sûr si l'on en croyait les rumeurs il était né à Akantha..Ou à Mearian...Ou à Ellgard..Ou quelque soit la région d'où la rumeur s'était propagée. C'est pourtant bien au cœur des rues et allées de Lelanaserine que le chevalier errant avait appris à survivre, fait ses premiers pas, gagné et perdu ses premières batailles. C'est l'endroit qui l'avait vu naître et même renaître si il était d'humeur à se laisser emporter par un soudain élan de spiritualité. La simple pensée amena un lourd soupir à ses lèvres, non, la mélancolie et tout ce charabia pseudo-symbolique n'était vraiment pas sa tasse de thé. Une grande inspiration pour remplir ses poumons et le voilà qui reprit sa marche, laissant une fraîche brise détendre la tension qui avait pu s'accumuler dans ses muscles alors qu'il parcourait les rues de la cité des sages. Sans sa fameuse armure blanche, il passait parfaitement inaperçu au milieu de la foule vacant à ses occupations. Il faut dire que l'imposante trame métallique recouvrait d'ordinaire entièrement son corps et la figure d'un chevalier à l'armure blanche laissait une marque bien plus résistante dans l'esprit des foules, épris de symboles et de mythes, que le visage d'un homme. Au final, c'était pour le mieux qu'il fasse profil bas en ces circonstances, la besogne qui l'amenait jusqu'à cette auberge était apparemment une affaire restée hors des oreilles du publique.

 

Les rumeurs qui entouraient les récents.."Incidents" si on peut les qualifier ainsi, étaient bien sûr sur toutes les lèvres. L'atmosphère lourde d'inquiétude et de doute était pratiquement palpable et pour cause, les murs de la cité et de la région en général n'étaient plus sûrs. Nueva qui était restée un havre de paix et de sécurité en ces temps de conflits était compromise. Elle qui avait survécu à l'obsession expansionniste d'Ellgard et aux ambitions dogmatiques de Mearian voyait maintenant la mort frapper à ses portes. Le conseil des sages ne pouvait naturellement pas laisser placer à une panique générale et c'est pour cela, il jugeait, que les informations concernant la menace et une quelconque action contre celle-ci étaient restées bien gardées. Par chance, ses années d'aventures, de services rendus et sa manie à se jeter la tête la première dans des situations toutes plus farfelues les unes que les autres lui avaient values, au fil du temps, de se forger des liens avec toutes sortes de monde. Une petite visite auprès de ses connaissances haut placées et un peu de persuasion, et il avait officiellement rejoint l'escouade mise en place pour gérer la situation. Ce qui l'amenait justement à cette fameuse auberge où il devait rencontrer pour la première fois ses compagnons d'infortune.

 

Tout le monde était déjà là. Il s'approcha de la table mais restait debout de toute sa hauteur, le regard posé sur le groupe, inquisiteur et observateur malgré lui.

 

Galahad plissa les yeux.

 

L'atmosphère pesante qui atteignait ses sens ne laissait aucune place au doute. Son regard se posa sur l'un des membres de l'équpe dont émanait cette soif de sang. Il pouvait la sentir, aussi putride que l'odeur du sang et de la mort sur un champ de bataille, cette pulsation macabre qui émanait d'un prédateur. Qui que soit cet individu, il était plus bête qu'homme. Mais Galahad avait rencontré et combattu les deux et cette sensation était loin d'être nouvelle. Pourtant si il ne semblait pas y réagir lui même, au delà d'en prendre note, un regard rapide autour de la table révéla facilement que cette présence bestiale avait fait son effet sur le groupe dont la tension était palpable. Devant lui, une jeune femme, cheveux courts, gardait son sang froid, mais il pouvait lire le trouble dans son regard. Une seconde jeune femme, une dryade, évitait tout bonnement de croiser celui de l'individu. Une réaction plus ou moins similaire semblait être partagée par les autres, à l'exception d'un individu qui semblait répliquer en laissant sa propre présence confronter celle de l'autre. Galahad remarqua rapidement le symbole d'Aquaros sur sa tenue avant de prendre place.



«  Yo. »


 

Du reste, rien ne semblait sortir de l'ordinaire. Le dédain des Ellgardiens vis à vis des aspects plus rustiques de Nueva était clair. Il avait maintes fois visité l'Empire et si le confort de la vie moderne était certainement apprécié, il avait toujours un faible pour la nature, la simplicité et tout ce qui était terre à terre.

 

Il fût tiré de ses pensées lorsque l'homme qu'il avait précédemment remarqué prit la parole pour la première fois. Il semblait posséder une sorte d'ascendant hiérarchique puisqu'il n'hésita pas une seconde à disperser les groupes. Galahad observait calmement alors que la soif meurtrière revenait envahir la pièce au fur et à mesure que sa source cédait à ses instincts primaires. La peur, heureusement pour lui, était un instinct que des années d'entraînement martial aussi bien physique que mental ainsi qu'une ribambelle de rencontres impossibles avec le Mythe avaient remplacés par d'autres, plus utiles. Il n'était pas rare pour Galahad de donner, à son insu, l'air d'être "absent". Comme si il observait les événements sans réellement en faire partie. Ce n'est pas qu'il était inconscient du risque ou de la menace implicite et pourtant si évidente dans cette aura de mort qui étouffait presque la pièce, il avait cependant développé un sens suffisamment aiguisé pour y réagir sur le plan pragmatique plutôt que d'être emporté par une réaction émotionnelle qui aurait pu prendre le dessus chez un autre. Il était cependant bien conscient des implications et il nota bien dans son esprit de prêter une attention toute particulière à l'inquisiteur.

 

L'Ellgardien s'exprimait maintenant en menace et le chevalier, avant-bras contre la table et dos contre la chaise jeta un rapide coup d’œil autour de la table pour jauger les effets de celles-ci sur le reste de l'équipe. Ses yeux grand ouverts et cette façon qu'il avait de nonchalamment cligner des yeux ne laissait aucune place à la subtilité dans son regard alors qu'il cherchait à lire les individus présents, sans doute parce qu'il s'agissait plus d'une réaction instinctive, bien trop ancrée dans des procédés subconscients pour que la pensée de la dissimuler ne lui vienne à l'esprit.

 

Le premier groupe s'en alla après les directives que chacun avait reçu. Galahad garda l’œil sur eux alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie mais chacun, si ce n'est pour leur leader, pris le temps de s'adresser à eux. Si l'Ellgardien avait uniquement engagé sa camarade, le second, "l'Oracle" à ce qu'il avait entendu, s'adressa à eux. Galahad sourit et son faciès se détendit en un air compatissant. L'homme lui inspirait, sans qu'il puisse vraiment l'expliquer, une certaine douceur de caractère, à laquelle il se trouvait favorable.



«  Toi aussi, l'ami. Fais attention à toi. »


 

Il semblerait qu'il avait raté une partie des explications mais il était censé être accompagné du reste des "Nueviens", qu'il supposait être la dryade ainsi que d'une certaine "Neha", sur laquelle il posa, pour la première fois, un regard plus attentif.

 

Tiens, c'est étrange..Il fronça le sourcil. Il était certain de ne pas la connaître, avec une apparence si distinctive, il s'en souviendrait, et pourtant, elle lui rappelait quelque chose. Quelque chose, mais quoi ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus..

©️ Code de Anéa pour N-U