l'éclosion des
chrysanthèmes
le jeu perfide
« Cela fait un moment que tu n’es pas remonté à Ellgard, et tu retournes à Fhaedren en fin de semaine. Rentre chez toi, je passe te chercher ce soir. »
Aerith serrait entre ses doigts fins le volant du véhicule, un coude posé contre la fenêtre. Les mois avaient passé à une vitesse impressionnante, et elle occupait désormais un des postes les plus important au sein de cet Empire qu’elle méprisait. Bras droit d’un Inquisiteur, lui-même main de l’Empereur. Certains auraient tué pour trôner à sa place, et beaucoup étaient capables de la tuer pour ce faire. Ici, les gens étaient avides de pouvoir, et lorsqu’ils le possédaient entre leurs mains, étaient envahis d’un illusoire sentiment de puissance alors qu’ils n’étaient finalement que les pantins d’une pièce comique. À vrai dire, l’ascension en pouvoir à Ellgard semblait comme une descente aux enfers. Aerith le savait, elle était un cas différente. De grands sourires aux autres Inquisiteurs, au couple impérial, une couverture lisse et intacte en tant que figure de domination pour les soldats qui avaient mis un certain temps avant de la prendre au sérieux, persuadés qu’elle avait acquis un tel rôle grâce à une promotion canapé. Mais ils s’étaient rapidement rendus compte que le dragon voilé sous les traits d’une petite femme cachait en elle un potentiel qu’il ne fallait sous-estimer, et par extension qu’elle était une valeur sûre sur laquelle ils étaient capable de se reposer, de placer leur confiance. Ainsi, elle avait rapidement été respectée des soldats de Guerre. Elle paraissait être un bras droit parfait, alors qu’elle n’était que l’extension de la volonté de son supérieur. Là pour faire joli et faire semblant, en somme.
Le vrombissement du modèle de Guerre s’affola lorsque la voiture s’immobilisa sur un des feux. Elle extirpa de son sac une cigarette fine et lisse, allumant cette dernière et ouvrant la fenêtre à côté d’elle. Portant le filtre à ses lèvres et le tâchant de son rouge à lèvres carmin, elle inspira une profonde bouffée du condensé toxique, recrachant la fumée par le nez. L’odeur du lyrium envahit alors le véhicule, se dissipant dehors avec volupté. La voiture démarrait à nouveau une fois l’indicateur pointant un vert désagréable, et Aerith laissa la cendre du tube cylindrique chuter à travers la fenêtre. Elle avait dû apprendre à conduire, aussi. Une affaire fastidieuse, elle qui n’était pas à l’aise avec la technomagie. Mais désormais, si elle était assez violente et peu délicate, elle connaissait les fondements et les principes de la conduite. Le modèle du véhicule était simple ; la voiture était noire, aux coins durs et imposants et recouverte d’une particule de vernis la faisant luire, et possédant l’insigne de Guerre, ce qui suffisait à lui assurer une certaine priorité parmis les masses qui se précipitaient sur la route. Beaucoup auraient jubilé par cet avantage, mais Aerith n’en avait cure. Elle trouvait l’activité de conduire ennuyante, surtout pour une créature comme elle qui avait des moyens bien plus naturels et rapides de se déplacer. Hélas, en ville, elle devait agir comme les foules mortelles. Mimétisme méthodique qui marchait à merveille.
Après quelques temps, elle arrivait enfin non loin de la caserne. La nuit était déjà tombée. Elle se garda vulgairement devant cette dernière et sortit de son véhicule, claquant la porte derrière elle. Les gardes surveillant l’entrée du complexe s’étaient déjà mis au garde-à-vous, mais la femme agita sa main pour les intimer de reprendre leur formation initiale. Elle s’adossa contre la voiture, allumant une autre cigarette. Pour cette soirée, elle avait sélectionné dans sa garde robe des tissus simples. Une chemise blanc cassé rentrée dans un pantalon de cuir à la taille taille haute, sur lequel se trouvait de divers sangles ajoutant à la sobriété du vêtement quelque chose de plus original sans entrer dans l’excentricité. Il y avait, clippé sur sa chemise, l’insigne de son Inquisition. Elle avait compris qu’il fallait se pavaner comme un coq, lorsqu’on en avait les moyens.
Ainsi, elle attendait que le soldat pointe le bout de son nez. Ce soir, elle allait proprement mettre en place son piège. Piège qui se refermera sur lui, sans qu’il ne le sache. Elle n’allait pas lui faire de mal, mais simplement s’immiscer de force en lui pour qu’il l’accepte toute entière et qu’elle ait une pleine possession de ses moyens à lui. Elle ne l’avait que très peu revu depuis qu’il avait conclu un pacte avec elle ; sans doute car elle n’avait pas énormément de choses à faire en ce territoire désacré qu’était Fhaedren, et que lui y était là-bas comme chez lui, peut-être même plus souvent que chez lui. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’il avait été déployé à Fhaedren, et il était rentré hier soir pour quelques jours seulement avant de retourner risquer sa vie et ceux de ses comparses en bas. Elle l’avait directement hameçonné sans lui donner le choix. Comique qu’elle soit capable de lui ordonner des choses à présent alors qu’elle était entre ses doigts comme une forêt l’était sous le pied d’un titan. Il était capable de la briser, et elle aussi. Cependant, lui n’avait pas saisit cette opportunité, et elle était passée d’esclave, donc une condition bien inférieure à la sienne à bras droit, supérieur hiérarchique. Aerith était curieuse de sa réaction, avide de cette dernière.
Le mégot chuta au sol, et fut écrasé par le talon de la première chevalière. Le temps passait, et elle détestait attendre. Elle glissa un nouveau baton de papier et de tabac entre ses lèvres, son addiction au lyrium se manifestant de plus en plus en elle, surtout dans ses moments d’inaction. Elle mordit le filtre. Au bout de quelques temps, elle leva enfin les yeux et fit rouler ces derniers de soulagement, se redressant enfin de sa position à moitié avachie sur son véhicule.
« En retard, Fearghal, lâcha-t-elle sèchement. »
Elle contourna la voiture et ouvrit la porte côté conducteur et lui intima d’en faire de même à la place qui lui était adjacente, un bruit de clé se faisant retentir dans le véhicule. L’étau se fermait tout doucement sur lui, elle le sentait.
« Avez-vous une idée de ce que nous allons faire ce soir ? »
Aerith serrait entre ses doigts fins le volant du véhicule, un coude posé contre la fenêtre. Les mois avaient passé à une vitesse impressionnante, et elle occupait désormais un des postes les plus important au sein de cet Empire qu’elle méprisait. Bras droit d’un Inquisiteur, lui-même main de l’Empereur. Certains auraient tué pour trôner à sa place, et beaucoup étaient capables de la tuer pour ce faire. Ici, les gens étaient avides de pouvoir, et lorsqu’ils le possédaient entre leurs mains, étaient envahis d’un illusoire sentiment de puissance alors qu’ils n’étaient finalement que les pantins d’une pièce comique. À vrai dire, l’ascension en pouvoir à Ellgard semblait comme une descente aux enfers. Aerith le savait, elle était un cas différente. De grands sourires aux autres Inquisiteurs, au couple impérial, une couverture lisse et intacte en tant que figure de domination pour les soldats qui avaient mis un certain temps avant de la prendre au sérieux, persuadés qu’elle avait acquis un tel rôle grâce à une promotion canapé. Mais ils s’étaient rapidement rendus compte que le dragon voilé sous les traits d’une petite femme cachait en elle un potentiel qu’il ne fallait sous-estimer, et par extension qu’elle était une valeur sûre sur laquelle ils étaient capable de se reposer, de placer leur confiance. Ainsi, elle avait rapidement été respectée des soldats de Guerre. Elle paraissait être un bras droit parfait, alors qu’elle n’était que l’extension de la volonté de son supérieur. Là pour faire joli et faire semblant, en somme.
Le vrombissement du modèle de Guerre s’affola lorsque la voiture s’immobilisa sur un des feux. Elle extirpa de son sac une cigarette fine et lisse, allumant cette dernière et ouvrant la fenêtre à côté d’elle. Portant le filtre à ses lèvres et le tâchant de son rouge à lèvres carmin, elle inspira une profonde bouffée du condensé toxique, recrachant la fumée par le nez. L’odeur du lyrium envahit alors le véhicule, se dissipant dehors avec volupté. La voiture démarrait à nouveau une fois l’indicateur pointant un vert désagréable, et Aerith laissa la cendre du tube cylindrique chuter à travers la fenêtre. Elle avait dû apprendre à conduire, aussi. Une affaire fastidieuse, elle qui n’était pas à l’aise avec la technomagie. Mais désormais, si elle était assez violente et peu délicate, elle connaissait les fondements et les principes de la conduite. Le modèle du véhicule était simple ; la voiture était noire, aux coins durs et imposants et recouverte d’une particule de vernis la faisant luire, et possédant l’insigne de Guerre, ce qui suffisait à lui assurer une certaine priorité parmis les masses qui se précipitaient sur la route. Beaucoup auraient jubilé par cet avantage, mais Aerith n’en avait cure. Elle trouvait l’activité de conduire ennuyante, surtout pour une créature comme elle qui avait des moyens bien plus naturels et rapides de se déplacer. Hélas, en ville, elle devait agir comme les foules mortelles. Mimétisme méthodique qui marchait à merveille.
Après quelques temps, elle arrivait enfin non loin de la caserne. La nuit était déjà tombée. Elle se garda vulgairement devant cette dernière et sortit de son véhicule, claquant la porte derrière elle. Les gardes surveillant l’entrée du complexe s’étaient déjà mis au garde-à-vous, mais la femme agita sa main pour les intimer de reprendre leur formation initiale. Elle s’adossa contre la voiture, allumant une autre cigarette. Pour cette soirée, elle avait sélectionné dans sa garde robe des tissus simples. Une chemise blanc cassé rentrée dans un pantalon de cuir à la taille taille haute, sur lequel se trouvait de divers sangles ajoutant à la sobriété du vêtement quelque chose de plus original sans entrer dans l’excentricité. Il y avait, clippé sur sa chemise, l’insigne de son Inquisition. Elle avait compris qu’il fallait se pavaner comme un coq, lorsqu’on en avait les moyens.
Ainsi, elle attendait que le soldat pointe le bout de son nez. Ce soir, elle allait proprement mettre en place son piège. Piège qui se refermera sur lui, sans qu’il ne le sache. Elle n’allait pas lui faire de mal, mais simplement s’immiscer de force en lui pour qu’il l’accepte toute entière et qu’elle ait une pleine possession de ses moyens à lui. Elle ne l’avait que très peu revu depuis qu’il avait conclu un pacte avec elle ; sans doute car elle n’avait pas énormément de choses à faire en ce territoire désacré qu’était Fhaedren, et que lui y était là-bas comme chez lui, peut-être même plus souvent que chez lui. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’il avait été déployé à Fhaedren, et il était rentré hier soir pour quelques jours seulement avant de retourner risquer sa vie et ceux de ses comparses en bas. Elle l’avait directement hameçonné sans lui donner le choix. Comique qu’elle soit capable de lui ordonner des choses à présent alors qu’elle était entre ses doigts comme une forêt l’était sous le pied d’un titan. Il était capable de la briser, et elle aussi. Cependant, lui n’avait pas saisit cette opportunité, et elle était passée d’esclave, donc une condition bien inférieure à la sienne à bras droit, supérieur hiérarchique. Aerith était curieuse de sa réaction, avide de cette dernière.
Le mégot chuta au sol, et fut écrasé par le talon de la première chevalière. Le temps passait, et elle détestait attendre. Elle glissa un nouveau baton de papier et de tabac entre ses lèvres, son addiction au lyrium se manifestant de plus en plus en elle, surtout dans ses moments d’inaction. Elle mordit le filtre. Au bout de quelques temps, elle leva enfin les yeux et fit rouler ces derniers de soulagement, se redressant enfin de sa position à moitié avachie sur son véhicule.
« En retard, Fearghal, lâcha-t-elle sèchement. »
Elle contourna la voiture et ouvrit la porte côté conducteur et lui intima d’en faire de même à la place qui lui était adjacente, un bruit de clé se faisant retentir dans le véhicule. L’étau se fermait tout doucement sur lui, elle le sentait.
« Avez-vous une idée de ce que nous allons faire ce soir ? »