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Lost Kingdom  :: Ellgard :: La Capitale - Keivere, citée des Sciences

Les flétrissures des chrysanthèmes || pv. Brynjar

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l'éclosion des
chrysanthèmes

le jeu perfide

« Cela fait un moment que tu n’es pas remonté à Ellgard, et tu retournes à Fhaedren en fin de semaine. Rentre chez toi, je passe te chercher ce soir. »

Aerith serrait entre ses doigts fins le volant du véhicule, un coude posé contre la fenêtre. Les mois avaient passé à une vitesse impressionnante, et elle occupait désormais un des postes les plus important au sein de cet Empire qu’elle méprisait. Bras droit d’un Inquisiteur, lui-même main de l’Empereur. Certains auraient tué pour trôner à sa place, et beaucoup étaient capables de la tuer pour ce faire. Ici, les gens étaient avides de pouvoir, et lorsqu’ils le possédaient entre leurs mains, étaient envahis d’un illusoire sentiment de puissance alors qu’ils n’étaient finalement que les pantins d’une pièce comique. À vrai dire, l’ascension en pouvoir à Ellgard semblait comme une descente aux enfers. Aerith le savait, elle était un cas différente. De grands sourires aux autres Inquisiteurs, au couple impérial, une couverture lisse et intacte en tant que figure de domination pour les soldats qui avaient mis un certain temps avant de la prendre au sérieux, persuadés qu’elle avait acquis un tel rôle grâce à une promotion canapé. Mais ils s’étaient rapidement rendus compte que le dragon voilé sous les traits d’une petite femme cachait en elle un potentiel qu’il ne fallait sous-estimer, et par extension qu’elle était une valeur sûre sur laquelle ils étaient capable de se reposer, de placer leur confiance. Ainsi, elle avait rapidement été respectée des soldats de Guerre. Elle paraissait être un bras droit parfait, alors qu’elle n’était que l’extension de la volonté de son supérieur. Là pour faire joli et faire semblant, en somme.

Le vrombissement du modèle de Guerre s’affola lorsque la voiture s’immobilisa sur un des feux. Elle extirpa de son sac une cigarette fine et lisse, allumant cette dernière et ouvrant la fenêtre à côté d’elle. Portant le filtre à ses lèvres et le tâchant de son rouge à lèvres carmin, elle inspira une profonde bouffée du condensé toxique, recrachant la fumée par le nez. L’odeur du lyrium envahit alors le véhicule, se dissipant dehors avec volupté. La voiture démarrait à nouveau une fois l’indicateur pointant un vert désagréable, et Aerith laissa la cendre du tube cylindrique chuter à travers la fenêtre. Elle avait dû apprendre à conduire, aussi. Une affaire fastidieuse, elle qui n’était pas à l’aise avec la technomagie. Mais désormais, si elle était assez violente et peu délicate, elle connaissait les fondements et les principes de la conduite. Le modèle du véhicule était simple ; la voiture était noire, aux coins durs et imposants et recouverte d’une particule de vernis la faisant luire, et possédant l’insigne de Guerre, ce qui suffisait à lui assurer une certaine priorité parmis les masses qui se précipitaient sur la route. Beaucoup auraient jubilé par cet avantage, mais Aerith n’en avait cure. Elle trouvait l’activité de conduire ennuyante, surtout pour une créature comme elle qui avait des moyens bien plus naturels et rapides de se déplacer. Hélas, en ville, elle devait agir comme les foules mortelles. Mimétisme méthodique qui marchait à merveille.

Après quelques temps, elle arrivait enfin non loin de la caserne. La nuit était déjà tombée. Elle se garda vulgairement devant cette dernière et sortit de son véhicule, claquant la porte derrière elle. Les gardes surveillant l’entrée du complexe s’étaient déjà mis au garde-à-vous, mais la femme agita sa main pour les intimer de reprendre leur formation initiale. Elle s’adossa contre la voiture, allumant une autre cigarette. Pour cette soirée, elle avait sélectionné dans sa garde robe des tissus simples. Une chemise blanc cassé rentrée dans un pantalon de cuir à la taille taille haute, sur lequel se trouvait de divers sangles ajoutant à la sobriété du vêtement quelque chose de plus original sans entrer dans l’excentricité. Il y avait, clippé sur sa chemise, l’insigne de son Inquisition. Elle avait compris qu’il fallait se pavaner comme un coq, lorsqu’on en avait les moyens.

Ainsi, elle attendait que le soldat pointe le bout de son nez. Ce soir, elle allait proprement mettre en place son piège. Piège qui se refermera sur lui, sans qu’il ne le sache. Elle n’allait pas lui faire de mal, mais simplement s’immiscer de force en lui pour qu’il l’accepte toute entière et qu’elle ait une pleine possession de ses moyens à lui. Elle ne l’avait que très peu revu depuis qu’il avait conclu un pacte avec elle ; sans doute car elle n’avait pas énormément de choses à faire en ce territoire désacré qu’était Fhaedren, et que lui y était là-bas comme chez lui, peut-être même plus souvent que chez lui. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’il avait été déployé à Fhaedren, et il était rentré hier soir pour quelques jours seulement avant de retourner risquer sa vie et ceux de ses comparses en bas. Elle l’avait directement hameçonné sans lui donner le choix. Comique qu’elle soit capable de lui ordonner des choses à présent alors qu’elle était entre ses doigts comme une forêt l’était sous le pied d’un titan. Il était capable de la briser, et elle aussi. Cependant, lui n’avait pas saisit cette opportunité, et elle était passée d’esclave, donc une condition bien inférieure à la sienne à bras droit, supérieur hiérarchique. Aerith était curieuse de sa réaction, avide de cette dernière.

Le mégot chuta au sol, et fut écrasé par le talon de la première chevalière. Le temps passait, et elle détestait attendre. Elle glissa un nouveau baton de papier et de tabac entre ses lèvres, son addiction au lyrium se manifestant de plus en plus en elle, surtout dans ses moments d’inaction. Elle mordit le filtre. Au bout de quelques temps, elle leva enfin les yeux et fit rouler ces derniers de soulagement, se redressant enfin de sa position à moitié avachie sur son véhicule.

« En retard, Fearghal, lâcha-t-elle sèchement. »

Elle contourna la voiture et ouvrit la porte côté conducteur et lui intima d’en faire de même à la place qui lui était adjacente, un bruit de clé se faisant retentir dans le véhicule. L’étau se fermait tout doucement sur lui, elle le sentait.  

« Avez-vous une idée de ce que nous allons faire ce soir ? »
@feat brynjar fearghal #6b70b0
Awful


the thing
ft. Aerith
le diable

La même routine à chaque fois que tu rentrais au pays, une routine qui n'était pas celle d'un retour temporaire à la ville civile mais plutôt juste le retour d'un ancien quotidien. C'était toujours le même bal, l'obligation de finir temporairement entre les murs de Ragnarök. L'obligation d'être examiné sous tous les angles, évalué puis qui sait modifié de nouvelles fois toi même ne pouvant être sûr de ce qu'ils te faisaient même s'il était parfois quelque peu intéressant de tester pour eux certaines de leurs créations. Des créations dont tu avais excessivement pris goût pour l'une, cette seconde peau de métaux que tu avais dû abandonner aussi, non pas car tu étais de retour en ce faux chez toi mais plutôt car on te l'avait obligé subtilement. Un quartier à l'isolement de celui des soldats normaux et des gradés, un quartier non loin de l'aide médicale de la caserne, un quartier qui avait pris la poussière depuis plusieurs mois. Un de tes doigts finissant par glisser le long du mobilier pour en récolter l'épaisse couche qui permettait de s'établir une idée en terme de temps vis à vis de tes longs séjours en Fhaedren. Tout n'était pas à l'abandon mais tout bonnement négligé tandis que paradoxalement il serait normal de vouloir prendre soin de sa... Demeure ? Ou plutôt de sa prison quitte à devoir y résider jusqu'à ce que la faucheuse se présente.

On t'avait réquisitionné ce soir et tu n'avais eu le choix, t'étant longtemps demandé le pourquoi du comment quand tu avais appris ceci. Tu savais cependant que pour commencer tu allais être en retard, les blouses blanches ayant bien trop fait traîner leur échange avec toi en ce jour. Tu t'étais pourtant bien rapidement préparé même si sans doute tu avais toujours passé un peu trop de temps sous la douche, trop de temps à observer tes nouveaux trophées qui sait, trop de temps à broyer du noir à ta façon alors que même habillé tu allais encore avoir ce sentiment d'être à nu. On ne t'avait vraiment pas adapté à la vie quotidienne des gens normaux, militaires ou non alors que tu avais bien trop souvent oscillé entre baraquements, salles aseptisées et bancs d'une école assez spéciale où le savoir le plus simple se mêlait à du théorique mortel. Une perception bien différente des normes sociales que l'on t'avait inculqué, une façon de vivre qui se devait d'être remodelée pour que tu puisses au moins espéré vivre en société. On t'avait appris à te tenir mais non pas à comprendre le concept de bien des choses car ce n'était pas nécessaire, apprenait on à un chien à quoi sert le fait de l'amener chez le vétérinaire ? L'utilité de le faire vacciner ? Non on lui faisait juste comprendre qu'il n'avait rien à craindre de cela à défaut de vouloir lui faire passer la muselière.

Tu ne tardas donc à quitter l'étreinte de l'eau pour finir de te préparer, fouillant en tes affaires relativement monotones. L'éventail décrivant parfaitement ton style de vie, les diverses tenues d'un homme de guerre venant côtoyer cependant avec admiration une déclinaison spéciale lorsque l'on pouvait observer tes préférences vestimentaires en civil. Il y avait comme une copie de ce que tu connaissais, les bases d'un uniforme se voyant repris de par une chemise ou encore une veste. On pouvait voir cela comme une subtile zone de confort et puis il y avait ces gants non loin. Diverses paires aux teintes sombres, généralement en accord avec le reste car tu n'appréciais que l'on t’épie plus que la bête que tu n'étais déjà de par tes proportions. Tu avais fait l'effort de tailler ta barbe car il semblait que cela était plus adapté à la vie en société, du moins à la capitale. Il était comique de savoir que tu préférais te détruire, enchaîner missions sur missions que de devoir affronter ce genre de vie auprès de tes semblables. Quoi que non cela ne l'était pas, dérangeant de savoir sans doute d'un point de vue externe que tu ne vivais que pour une chose. Dérangeant de se rendre compte que ton palpitant pouvait s'emballer ici à l'opposé du champ d'honneur où son rythme croissait seulement dans le but de soutenir l'effort et non pas sous la pression, le stress.

Tu te questionnais trop, peut être était ce pour simplement revenir sur ce que vous aviez convenu ? Peut être car elle, elle vivait normalement en société et souhaitait partager une simple discussion en un cadre lambda. Qu'avait elle raconté à l'inquisiteur sur ta personne ? Il y avait tant d'interrogations et tu allais sûrement encore une fois obtenir si peu de réponse. Tu devais prendre tout ceci plus sereinement, naturellement mais tu n'y arrivais tu avais besoin de ce petit plus. La seringue que tu avais prévu à cet effet finissant par se vider en tes veines, la solution que l'on te fournissait faisant son effet. Tu n'étais pas totalement serein mais juste un peu plus calme alors que tu avais fini par te vêtir. Tu quittas dès lors rapidement les lieux, plus vite tu allais aller à sa rencontre en ce cadre, faire en sorte que la soirée passe, plus vite ton quotidien serait de retour.

Il n'y avait rien de nonchalant en ta démarche même lorsque tu ne tardas enfin à arriver à sa rencontre, tu le savais que tu étais en retard mais tu n'en avais que très très peu à faire. La toisant machinalement dans l'instant qui suivit, la soirée allait être longue enfaîte, trop longue malgré tout l'infime bonne volonté dont tu pouvais faire preuve. Atroce pouvant être utilisé pour décrire le tout, elle avait fini en quelques mois par représenter, personnifier comme d'autres l'avaient fait bien avant une profonde amertume, un intense relent de par ce qu'elle était devenu en si peu de temps. Tu la jalousais, tu l'enviais mais non pas dans les termes les plus appréciables pour une femme. Sa beauté, une beauté que tu avais pu entièrement décrire il y a de cela des mois n'ayant d'égal que ton insondable rancœur. Tu gardas le silence te contentant d'expirer de façon mesurée, te remémorant la fois où pour la bonne forme tu avais dû la féliciter. Peut être que d'un point de vue externe ta mâchoire était un peu plus resserrée, un signe de ton irritation intarissable. Tu n'avais été capable de lui offrir plus que ton mutisme en guise de salutation alors que tu t'exécutais pour rejoindre la voiture et y prendre place.

Tu balayas du regard brièvement l'intérieur avant de reporter ton attention sur elle lorsqu'elle te posa une question. Ta réponse ne tardant à s'extirper d'entre tes lèvres dans la seconde qui suivit quasiment.

« - Faire des choses que tout les individus normaux font au quotidien dans le cadre de leur soirée ? »

Haussement d'épaule s'en suivant d'un sourcil arqué, le paysage typique à Keivere ayant commencé à défiler. Tu étais agressé par une certaine odeur non pas inconnue mais pas forcement familière, une senteur que tu avais appris à connaître après l'effort de guerre. Les hommes s'autorisant un petit réconfort tout sauf légal parfois mais juger de cette légalité ce n'était pas ton affaire, tu t'en fichais même.

« - À ce que je sache vous ne m'avez pas demandé de venir pour jouer aux devinettes, je vais avoir droit à une réponse concrète ou vous comptez laisser le suspense planer ? Ou plutôt devrais-je dire tu comptes laisser le suspense planer. »

S'il y a une autre question qui t'assaillait présentement, c'était bien celle qui ne tarda à suivre en une formulation subtile.

« - Aerith Faalenas ou la première chevalière ? »

Histoire d'éviter les impaires, surtout si personnes il devait y avoir. Tu avais l'idée d'être fixé sur la nature de la soirée pour laquelle elle t'avait harponné de par cette distinction sociale. Cette distinction qui t'affligeait encore une fois surtout de par la méfiance que tu avais toujours envers elle. Tu te demandais ce qui allait être le plus dire, cette soirée simplement de par le fait que tu étais loin de ton terrain de jeu ou sa simple présence à elle. Elle qui te tiraillait et malheureusement non pas dans les bons sens du terme, cela ne faisait que quelques secondes, tout juste une ou deux minutes mais le supplice avait déjà commencé. Doucement mais sûrement, la tumeur grandissant.




l'éclosion des
chrysanthèmes

le jeu perfide

Aerith démarra le véhicule, la cigarette calée entre ses lèvres. Elle déposa un coude sur son siège et pivota pour observer derrière elle et faire une marche arrière, crachant un rire jaune suite à la réponse du soldat. Il était toujours terriblement nonchalant lorsqu’il s’exprimait, et il lui rappelait peut-être un peu elle, au fond. Il avait sur cette face un constant masque placide, imperturbable et troublant. Heureusement pour elle, elle n’avait besoin de grands sourires et d'esclaffement gras pour se sentir intéressante et écoutée. Elle savait que ses oreilles étaient siennes lorsqu’elle parlait, et n’était pas atteinte par ses manies détachées qu’elle jugeait cependant presque naturelles plutôt qu’un mécanisme d’auto-défense. Il devait être bien mort à l’intérieur, pensa-t-elle. Peu importe, elle raviverait cette flamme, il ne restait qu’un parterre de charbon anthracite et il allait être embrasé à nouveau. Il produirait des flammes gigantesques et magnifiques aux couleurs multiples, mais elle sera la seule maîtresse de ce brasier.

La véhicule pris enfin une nouvelle place privilégiée sur la route, alors qu’Aerith écrasait un énième mégot qu’elle jeta par la fenêtre. Ce soir allait être un soir décisif. Ces derniers mois, elle n’avait pas véritablement pu creuser en lui comme elle voulait le faire - son statut d’esclave l’empêchait d’avoir la quelconque proximité qui ne soit pas douteuse avec lui, et elle ne se rendait pas non plus tout le temps à Fhaedren. Désormais, elle pourrait le travailler avec un grand soin, jusqu’à ce qu’il faiblisse, qu’il laisse entre-paraître les chairs vives sous sa carapace. Elle avait hâte de ce moment. Elle trépignait. Un sourire honnête et franc distordit les lèvres de la dragonne, et elle jeta un coup d’oeil à Fearghal dans le rétroviseur, l’écoutant parler, ou plutôt la questionner de façon non pertinente et embarrassante. Il était extrêmement zélé, comme s’il semblait oublier leurs statuts respectifs. Il se sentait peut-être proche d’elle parce qu’elle s’était définie en tant qu’expérience et qu’il se trouvait que lui finalement aussi en était une, mais cela n’était pas le cas. Il y avait un monde qui les séparait, biologiquement et professionnellement. Lorsque le temps le voudra, elle lui fera avaler ces fâcheuses manies qui méritent d’être corrigées. La femme resta silencieuse un moment, avalant sa salive devenue pâteuse à cause de la drogue cristalline.

« Aerith suffira pour ce soir, souffla-t-elle après un profond soupir. »

Lui était en repos, et Aerith n’occupait pas ses fonctions. Elle pouvait tolérer un poil de familiarité tant que celle-ci n’était pas systématique. D’un doigt presque fébrile, elle vint chercher une nouvelle cigarette…Le rouge à lèvre semblait déjà s’effacer à force d’un tel contact avec la matière. Elle présenta l’extrémité de l’objet devant ses lippes et entrouvrit ce dernier, soufflant, une flammèche s’échappant de ses morceaux de chair pour enflammer le cône. Le filtre fit coincé par la suite, et la fumée inhalée.

« La curiosité est parfois un vilain défaut. Il faudrait que tu apprennes à la modérer Brynjar, glissa-t-elle entre deux bouffées de lyrium, elle est embêtante. »

Elle ignorait ce qu’il était. Un enfant qui s’interrogeait pour rien ou un idiot. Parfois, il fallait mieux tenir sa langue et laisser les choses entre les mains des autres. Bien évidemment, elle était elle-même dotée de ce trait de caractère, mais savait en revanche qu’il fallait se tempérer et parfois laisser les évènements se glisser entre ses doigts sans forcément s’interroger sans arrêt. En était-il capable ? Aerith observa la route, ses yeux se perdant de temps à autre sur les bâtisses huppées des quartiers riches qui commençaient à se dessiner sur leur chemin. Adieu les quartiers populaires et miteux où les petites gens grouillaient en masse, à présent, les seuls formes qui se mouvaient étaient celles aigries et adipeuses d’hommes et de femmes à la richesse dégoulinante. D’une main distraite, elle tourna le bouton cylindrique servant à allumer la radio, changeant de canal avec une certaine désinvolture. Le choix n’était pas immense. Des discours propagandistes, des interviews suintant la cuistrerie, une musique de mauvais goût. Elle opta pour la musique, baissant le volume pour ne pas qu’il couvre sa voix.

« Nous allons au restaurant ce soir. J’ai quelques affaires à régler, et je me disais que cela t’intéresserait d’être de la partie. »

Nouveau sourire moins innocent. Elle tira une ultime bouffée de tabac, la feuille de la cigarette se consumant jusqu’à la limite du filtre. Elle cracha le nuage toxique par son nez, ravie par l’apaisement presque spirituel que lui apportait cette drogue. Elle avait eu la mauvaise idée d’y goûter pour sublimer sa couverture, et était désormais plongée dedans. Elle savait très bien ce que cela créait en l’esprit et les tumeurs qui poussaient dans les creux de sa boîte crânienne. Elle avait lu de nombreux ouvrages (anciens) sur Ephraïm, et même sur le lyrium en lui-même. Elle n’avait pas peur de devenir folle, mais plutôt de perdre la fonctionnalité de ses neurones sous cette forme, la sachant unique. De plus, elle ignorait toujours si les répercussions étaient présentes lorsqu’elle revêtait de son apparence écailleuse. Qu’importe.

Sans quitter ses yeux de la route, elle jeta le mégot et referma alors ses deux mains sur le volant en cuir. Son visage était calme, et pourtant assuré. Décidé. Il y avait quelque chose qui naissait en elle, et qui allait bientôt naître en lui. Elle jeta un regard très bref à son soldat, avant de reposer ses yeux sur le bitume.

« As-tu faim ? »

Simple question à la fois légère et pourtant si lourde. Elle referma la fenêtre une fois le poison dissipé de l’intérieur du véhicule.

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La même odeur ne cessant d'embaumer l'intérieur du véhicule, s'il y avait bien une chose que les expérimentations ne t'avaient donnés c'était bien des sens surdéveloppés, pour l'instant qui sait. L’inconfort aurait été total si cela avait été le cas même si tu ne témoignais d'aucun tic physique ou autre signe, tes paroles étant sèches comme à l'accoutumé. Tu te contentais effectivement de tendre l'oreille observant distraitement les quartiers changer à l'extérieur, les marques de richesse commençant à apparaître au fur et à mesure. Les bâtiments démontrant de nombreux changements tout comme l'accoutrement, les accessoires des divers individus à l'extérieur. Un bien grand nombre d'individus auraient pu s'insurger en voyant ce spectacle s'offrir à eux, en voyant cette opulence prendre forme et ce contraste mais cela ne t'affectait que très peu. Ils devaient avoir fait fortune en des domaines en lesquels tu n'aurais jamais eu le bagage nécessaire, méritocratie ou non comme la propagande se plaisait à le dire, une propagande à laquelle tu croyais partiellement. La seule chose qui t'intéressait vis à vis de cette strate du peuple était qui sait de savoir s'ils avaient une certaine reconnaissance envers ceux qui étaient sacrifiables, une question à laquelle il était préférable que tu n'aies jamais la réponse.

Tu avais eu en parallèle quelques réponses, tu te demandais si elle comprenait les vrais fondements de tes questions. Tu n'avais pas peur de l'inconnu, l'ignorance convaincu mais tu avais besoin de savoir pour des raisons plus personnelles même si bien loin de Fhaedren il était complexe d'éveiller la chose en toi. Tu préférais malgré tout prévenir que guérir même s'il n'y avait de raisons ce soir encore une fois surtout de par ton traitement qui était censé fonctionner. Tu étais convaincu qu'elle savait qu'elle amenait un homme défaillant doublé des instincts d'un primitif prédateur en un contexte tout sauf fait pour lui. Tu ne pus cependant que reporter ton attention sur elle quand elle vint enfin t'expliquer l'intérêt de cette soirée. Aller au restaurant tu arrivais à le concevoir, avec un individu comme toi bien moins mais cela était ses choix et tu ne voulais critiquer avant d'en savoir plus. Des affaires à régler avait elle dit, cela t'interrogeait beaucoup plus au point de piquer ta curiosité pour ne pas changer surtout car elle estimait que cela pouvait t'intéresser. Elle pouvait spéculer autant qu'elle le voulait, tu étais perplexe sur le fait que cela puisse prétendre à attirer ton attention à défaut de ta curiosité qui était saisie par elle, son raisonnement plutôt que la finalité.

Tu l'avais vu ce sourire étirer ses lèvres dont la teinte carmin s'était quelque peu fanée. Elle avait un don indéniable, un don malsain qu'était celui d'éveiller les deux extrêmes de ta personnalité. Elle ravivait un tant soit peu ce que l'on avait déconstruit, les fondations qui avaient donné naissance au colosse de chair qu'on avait fait de toi. Tu étais partagé entre le fait d'apprécier secrètement le fait que l'on te portait une attention qui allait qui sait porter ses fruits, chasser la frustration de n'avoir jamais la reconnaissance voulu depuis des années. La seconde parcelle de ton être considérant que l'on ne faisait jamais rien sans intérêt, bien plus terre à terre n'ayant jamais envisagé la bienveillance comme une possibilité chez quiconque. Tu te devais d'attendre, ton jugement ne pouvant être porté actuellement. Elle se permit donc à son tour de te poser une question, une question trop simple mais à laquelle tu n'avais envie d'opposer la moindre résistance.

« - Oui. »

Une réponse en un mot, tout ce qui était nécessaire. Il n'y avait de raison de s'éterniser alors que tu étais convaincu que cela était une façon comme une autre d'entretenir la conversation, pour ne pas laisser un silence déplorable et ennuyeux s'installer. Devoir répondre aux exigences ennuyeuses d'un groupe de scientifiques tout la journée avait le don d'ouvrir l'appétit le plus simple.

« - Et toi ? À moins que ces affaires te travaillent. »

Des paroles bien innocentes dans ton cas, autant tuer le temps du trajet en un certain échange alors que l'intérêt que tu porteras sans doute à sa réponse sera aux antipodes selon ses propos. Qu'est ce qui pouvait se passer de mal de par ce qu'elle t'avait raconté hormis ces affaires une nouvelle fois qui revenaient en ton esprit. Le fait de vous voir vous enfoncer en la bourgeoisie de Keivere, tu te rappelais de la dernière fois où tu avais dû quitter Fhaedren pour assister à un certain mariage. Un mariage en lieu encore plus luxueux que ceux que vous alliez éventuellement arpenter ce soir, en lesquels elle allait te guider si la destination se trouvait non loin. C'est avec ce même détachement et surtout le simple désir de converser quoi que plus présentement que tu déclaras ceci.

« - Tu as assisté au mariage de l'inquisiteur d'ailleurs ? Je ne t'ai pas vu même si c'est naturel de par le monde qu'il y avait. La première chevalière devait bien y être quand même non ? »

Des mots âcres à tes yeux s'étant glissé à la fin de ta question. Triste situation que celle de remuer soi même le couteau dans la plaie même si tu n'y songeais en cet instant précis. Il était complexe de manquer une femme comme elle de par son enveloppe charnelle qui faisait pâlir d'envie les plus belles tout comme les hommes devaient parfois bien trop attarder leur regard sur elle. Comique n'était ce pas de savoir que tu avais pu déjà l'observer dans son plus simple apparat ce pourquoi d'autres auraient pu tuer, ce qui ne t'avait pas atteint en ton cas de par une multitude de raisons. Tu avais mis sur le dos de la foule le fait que tu n'avais pu la croiser là bas, naïf et ignorant que tu étais.

Il y avait comme un semblant de volonté d'adaptation en toi, non pas par empathie encore une fois mais plutôt pour ne pas rendre la situation plus pénible qu'elle ne l'était déjà. Tu t'étais retenu de vouloir en savoir plus sur les problématiques dont elle souhaitait s'occuper en cette soirée, le temps ferait son œuvre même si pour le coup, tes lèvres te brûlaient de par de basiques envie comme savoir encore une fois ce qu'elle avait raconté à l'hybride sur cette nuit. Tu n'en avais entrevu la moindre répercussion et cela en devenait stressant paradoxalement.

Si elle t'avait demandé si tu avais faim, il y a déjà quelque chose qui te rongeait depuis plusieurs semaines.




l'éclosion des
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Il avait répondu positivement, mais avait-il seulement compris où voulait-elle en venir ? Cela importait peu. Aerith se contentait de sourire, soulignant au moins l’absence d’esprit de contradiction de la créature qui siégeait à ses côtés. Elle s’attendait à ce qu’il lui retourne la question, et quand ce fut le cas, elle répondit à son tour presque directement après, soufflant quelques mots emplis de légèreté et de détachement : « Je suis affamée ». Elle l’était. Son ventre gargouillait, sa gorge était sèche, hurlait de pouvoir se repaître de quelque chose de consistant et lourd. Sa bouche était pâteuse, peut-être plus à cause de la cigarette mais sans doute plus par l’impatience. Ce soir était une soirée promettante, et elle s’était bien gardée de lui dévoiler ce qu’elle avait derrière la tête en l’amenant lui et lui seul dans un endroit si mondain où l’on faisait pourtant une activité si triviale dans un milieu qui dégueulait la richesse. Peut-être un peu trop pour lui. Il avait l’air d’être simple, trop simple et se contentait sans doute du peu. Bien sûr, c’étaient des spéculations qui n’étaient basées que sur les a priori qu’elle avait de lui - peut-être était-il un esthète raffinée aimant les choses simples mais étant capable de faire preuve de bon goût, d’aimer l’art et les choses affriolantes sous un certain angle, sous de certaines situations occasionnelles. Elle creuserait ceci aussi pour voir comment chercher à briser ces os entre ses mains et ses dents.

Aerith glissait ses yeux sur les rues, se servant de sa mémoire pour se rappeler de l’emplacement du restaurant, en prenant en compte le fait qu’elle voulait éviter de se garer dans le parking dédié à la bâtisse pour ne pas trop attirer le regard. Elle aurait pu, si elle voulait être tape à l’oeil. Elle n’avait pas besoin de ces artifices. Quand Brynjar lui posa une nouvelle question, un frisson parcouru son échine. Elle se souvint que personne, si ce n’était elle et Holker savait ce qui se tramait réellement derrière ce décor. Derrière ces sourires, derrière ces étreintes, derrière les traits durs et reptiliens de Kessi. Tous pensaient qu’elle était sa femme, qu’elle était son aimée, et il était lui aussi tombé dans le panneau. Elle lui jeta un regard dans le rétroviseur, déglutissant. Etait-il tombé dans le panneau ? Elle eut un moment d’hésitation, de panique. Leur plan n’était pas infaillible, et elle ignorait le potentiel intellectuel du soldat. Peut-être posait-il cette question en sachant que derrière Kessi, il y avait Aerith. Son interrogation était sans doute rhétorique. Voulait-il la piéger ? Elle pouvait se garer non loin, dans une ruelle déserte, et se débarrasser de lui. Elle lui avait déjà dit ; les morts ne parlent pas, et il ne faisait pas exception à la règle. Elle pourrait le tuer, trancher sa gorge et l’ouvrir en deux pour mordre sa moelle épinière et ses vertèbres à pleines dents. Aerith resserra ses doigts sur le volant et déglutit.

« Hélas non. J’ai eu quelques empêchements, j’étais en déplacement à Nueva et c’est la raison pour laquelle tu ne m’as pas vue pendant plusieurs semaines. J’aurais voulu y assister, fit-elle naturellement, comme si ses tribulations n’avaient jamais envahi son esprit et ne s’y étaient jamais accroché. »

Il fallait se calmer. Holker et elles étaient précautionneux, ils pouvaient échouer mais il n’y avait aucune raison qu’on découvre le pot-aux-roses. Surtout pas lui. Elle ne trouva pas cela nécessaire de lui retourner la question - un soldat comme lui y avait sans doute été convié et cela a dû être impossible pour lui de décliner une telle invitation empoisonnée. C’était un mariage barbant, et pourtant il lui semblait l’avoir aperçu en compagnie du Jörmungandr. Elle était curieuse, mais il n’était pas celui qu’elle devait interroger. Au bout de quelques minutes supplémentaire, la dragonne gara la voiture dans une petite ruelle calme éclairée par les cristaux. Elle sortit de la voiture avec son sac, sortant une cigarette de ce dernier, et claqua la porte du véhicule en attendant que Brynjar en fasse de même pour pouvoir verrouiller l’engin. Une fois sortie, elle alluma la cigarette et la glissa entre ses lèvres, dégrafant son insigne de Guerre pour la glisser soigneusement dans son sac à main. Elle arpenta alors la ruelle sans jeter un coup d’oeil à son soldat, sachant qu’il lui emboitait le pas de toutes façons.

Ils finirent par arriver au niveau de la devanture du restaurant. C’était une bâtisse solide, encastrée dans le sol. Halte, fière, brillant de mille feux et empestant l’excès et l’abondance. Un restaurant de luxe aux baies vitrées dévoilant les corps droits et fiers des aristocrates et autres individus fortunés de Keivere.

« Contente-toi de te tenir droit, ne me fais pas honte, glissa-t-elle à l’attention de l’homme en un sourire malicieux. »

Deux hommes en costume poussèrent les épaisses portes battantes du restaurant, et l’odeur de la nourriture et du cristal envahit ses narines. Il y a de cela quelques mois, elle n’aurait jamais été capable de pouvoir supporter les exhalaisons d’une viande animale, en partant du principe où l’homme se déliait de ses pairs et n’était considéré comme tel. Un serveur se dirigea vers elle et se fondit en une courbette exagérée et pourtant irréprochable, un sourire gras aux lèvres.

« Soyez la bienvenue Première Chevalière, je…
- Ne soyez pas si formel voulez-vous, je viens ici pour me détendre et oublier le travail !, s’esclaffa la femme avec une aisance malsaine. »

Le serveur se redressa et lui indiqua alors leur table - unique, située dans un coin de la gigantesque pièce. Deux hommes tiraient les lourds et sans doute confortables sièges pour qu’ils s’asseyent, et Aerith ne se fit pas prier. Elle jeta un coup d’oeil à Brynjar après avoir balayé la salle du regard, qui ne semblait s’être trop retournée sur eux. Il fallait dire que le visage du dragon n’était pas encore connu, du moins pas des aristocrates lambda comme ceux-ci. Le menu leur fut bientôt distribué, et Aerith l’ouvrit, parcourant rapidement les plats de ses yeux.

« Fais-toi plaisir, je t’offre le dîner, se contenta-t-elle de lâcher, sachant que cette phrase était en général assez embarrassante. Si elle doutait qu’il se mette à rougir comme une écolière suite à ses mots, cela serait mensonge de dire qu’elle n’avait pas expiré ces mots par sadisme. »

Les minutes passaient, et le serveur était de retour, son calepin en main. Aerith ne lui jeta pas le moindre regard.

« Je désirerai un velouté de courgette, commença-t-elle, puis une daube de boeuf à la lavande, accompagnée de votre habituel petit épeautre nuevien à sa crème d’anchois et au cèpes. Ah, et votre meilleur vin. »

L’homme gribouilla sa feuille et tourna la tête en direction de Brynjar, un grand sourire aux lèvres bien que légèrement impressionné par sa carrure.

« Et pour monsieur ? »

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Awful


the thing
ft. Aerith
le diable

L'opulence, tu la voyais là tout autre de toi alors que vous étiez toujours sur le trajet. Tu aurais pu juger tout ceci, si tu étais resté le gamin des bas quartiers que tu aurais dû être, si l'on ne t'avait pas extirpé de cet orphelinat bien tôt. Un bien grand nombre d’êtres auraient voulu vomir en voyant tout cela, cracher leur venin sur cette foule mais en ton cas tant que l'on ne venait te déranger il n'y avait de raison que cela te dégoûte. Chacun sa place et ses préférences, ca ne te plairait pas au fond sans doute de pouvoir prétendre à tout ceci toi qui avait toujours voulu arriver en haut de la chaîne alimentaire. Tu étais comme un animal à qui l'on avait jeté une balle, un chien qui courait derrière un jouet qui lui paressait si parfait mais éternellement hors d'atteinte. Un animal qui avait qui sait renoncé à son divertissement sachant qu'il ne pourrait jamais s'en satisfaire. Le plus complexe était de savoir si l'on avait réussi avec le temps et l'absence de récompense à définitivement lui faire passer cette envie, le désir de croire qu'il pourra un jour avoir ce qu'il convoitait, ce après quoi il fonçait ou si à l'opposé on avait juste anesthésié ce désir. Le silence et ta nonchalance étant tes armes favorites.

Aerith ne te laissait pas de marbre c'était indéniable. Indéniable tel que le fait qu'elle rongeait consciencieusement cette roche calcaire qui avait merveilleusement recouverte tes envies, des plus complexes aux plus simples. Sa fréquentation n'était pas positive, exquise mais plutôt tel une peste lâchée sur une population incontrôlée. Une peste, un virus qui aurait massacré bien avant que la famine, un autre fléau ne décime cette peuplade. Un mal non pas si mauvais, peut être nécessaire mais cruel surtout depuis cette nuit où tu aurais dû garder le silence et affronter une autre tempête qui viendrait tôt ou tard. Aussi bien qu'on ne pouvait savoir ce que le destin nous réservait, tu étais convaincu que tu allais comme toujours avoir droit à du sang, de la sueur et des larmes et non pas les tiennes. Dans les moments avec elle... Tu n'arrivais à planifier, ce qui exacerbait ta paranoïa, tes pires défauts. Cette nuit là tu savais que tu avais ouvert la boite de Pandore et que les maux qu'elle renfermait seraient nombreux, infinis et bien différent de ce que tu avais l'habitude de gérer, surtout avec ce qu'il y avait sous ta chair.

Cette funeste pensée chassée par sa réponse concernant le mariage, tu manifestas une curiosité bien plus développée lorsqu'elle parla de Nueva. Qu'est ce la première chevalière pouvait faire en ce pays qui était juste bon à être un grenier à grain, un pays qui n'avait que sa faune et sa flore pour lui. Si c'était de la diplomatie tout ceci revenait normalement à Famine, s'il y avait bien une chose que l'on avait bourré en ton crâne dès ton plus jeune cela était le fonctionnement militaire de la nation qu'on t'avait appris à chérir par dessus tout, même ta vie. Un humain, n'importe quelle race avait une date d'expiration, plus ou moins rapide selon ses occupations, Ellgard elle pouvait être éternelle à l'opposé de ton existence. Ceci devait expliquer ta vision atrocement pragmatique sur bien des sujets en lesquels tu n'hésitais pas à t'inclure. Tu ne rétorquas rien même si ton faciès pour une fois trahissait une certaine interrogation, que pouvait il d'y avoir de plus important que ce mariage avec lequel on t'avait bassiné, on avait bassiné la population et les soldats durant des jours. Tu aurais pu y prendre goût qui sait si au-delà de la définition de certains sentiments poussés on t'aurait appris à les analyser, les comprendre à défaut de drastiquement réduire ton empathie à néant pour être bien plus contrôlable et aveuglé par la grandeur de l'Empire.

Une nouvelle parole s'en suivant alors que vous aviez pris la direction de votre lieu de divertissement pour la soirée afin de vous sustenter et palabrer comme les gens ces aristocrates le faisaient déjà à l'intérieur. Tu ne pus retourner à la première chevalière qu'un sourire ampli de mépris à celui qu'elle t'avait concédé. On t'avait éduqué pour être un militaire, un pion amené à être l'arme la plus létale de bien des généraux. Tu savais te tenir droit, on t'avait appris à faire le beau même si le sourire manquait bien souvent ou à vrai dire tout le temps sauf rare exception. Ta stature était droite et tu avais jalousement gardé tes lèvres l'une auprès de l'autre alors que tu découvrais, examinait cet endroit à la décoration riche et aux détails si rares. Cela ne valait pas le palais impérial mais il y avait une certaine beauté, une beauté bien différente de ce que la chose en toi appréciait. Une chose que la demoiselle avait réussi à raviver légèrement malgré les sédatifs, la bête ayant grognée à sa précédente remarque. Un feulement qui ne s'était extirpé des ports de ta peau, un grognement qui n'avait transpiré en une réaction, sauvagerie totalement domptée.

Tu ne tardas à te saisir de la carte que l'on t'avait tendu une fois assis portant ton oreille aux nouveaux propos qui te furent adresser. Tu en étais resté éternellement imperturbable face à ce cadeau, inclinant juste doucement la tête en guise de remerciement. Un geste simple, on ne pouvait trop t'en demander si on te connaissait et cela avait déjà été un très grand pas. Tu n'étais pas du tout en ton milieu, bouleversé même s'il pouvait y avoir bien pire situation encore. Tu étais largement capable de gérer et de montrer un soupçon de sociabilité. Tu ne tardas à faire tes choix tout en te disant que tu allais un jour devoir lui rendre la pareille si tu en venais à respecter certaines normes sociales, tu n'étais pas riche mais tu avais toujours vécu sur les fonds de Ragnarök et de Guerre alors que ta solde dormait en une quelconque banque depuis des années. Tu t'étais contenté de croiser le regard du serveur quand il se tourna vers toi afin de noter ta commande, tes traits nonchalants prenant une tournure des plus neutres, le pauvre ne faisait que son travail chose à laquelle tu avais accepté de réaliser un léger effort.

« - Je souhaiterai un tartare de saumon et ensuite un tournedos couvert de sa tranche de foie gras accompagné de sa composition de tomates et autres légumes akanthiens. »

Une formulation pour évoquer des poivrons ou encore de l'aubergine, des mets bien rares en Ellgard. L'homme après avoir écrit se permis de récupérer les cartes et de se diriger sans doute dans un coin proche des cuisines pour y faire connaître les commandes. Tu avais eu depuis le début une bien désagréable impression, exacerbée par le serveur qui t'avait quelque peu détaillé pendant un moment. Tu te sentais comme une bête de foire que l'on exposait, une bête marquée de par des cicatrices légèrement visibles pour certaines. Il devait être plus que très rare de voir des individus comme toi ici et au fond tu étais convaincu que la belle empoisonnée ne t'avait amenée ici juste pour discuter du temps ou d'autres sujets lambda.

C'est en ce moment précis que tu répondis aux paroles de la première chevalière, tranquille pour un instant sans oreilles parasites à côté pour vous écouter.

« - Je sais me tenir, ne prend pas cette nuit et ce que tu as vu pour une généralité merci. »

Un détail clarifié alors que tu refusais que l'on t'assimile à ce prédateur que l'on t'avait greffé inopinément mais que la science n'avait jamais su t'ôter, un bien grand fardeau. Il y avait des mots, une multitude même qui embrasaient ton esprit, le martyrisant sans le brise juste de quoi te travailler, toi et l'hémorragie qu'il y avait en toi en bien des facteurs.

« - Tu as dit vouloir venir ici pour te détendre à ce serveur, à moi tu as répondu que tu avais des affaires à règles. Pourquoi avoir voulu me voir moi ? »

Un questionnement des plus curieux, pourquoi toi et non pas un autre. Il devait y avoir bien plus intéressant à inviter au restaurant à moins qu'elle avait besoin de toi pour une finalité spécifique. Le serveur ne tarda à revenir une première, bouteille de vin en main la présentant brièvement avant de la déboucher et en verser le contenu tour à tour en l'un des verres de la jeune femme puis toi. Le liquide à la robe cramoisi bougeant doucement en son nouveau réceptacle avant de se stabiliser. Tu t'étais plongé dans un certain mutisme alors qu'il s'exécutait même si quelque chose semblait préoccuper l'individu qui perturbait le calme de votre table. Il s'en éloigna rapidement, bien trop même pour retourner vers les cuisines alors qu'il n'était pas le seul travailleur de ces lits à s'activer excessivement. Ils paraissaient comme un peu débordés, clientèle sans doute un peu plus nombreuse qu'à l'accoutumé où alors s'agissait il de l'heure la plus éreintante.

Ils furent deux à s'arrêter une nouvelle fois à votre niveau, celui de votre table pour caqueter sur des problématiques spécifiques à leur tâche. Il y avait eu comme des problèmes de commande, des pinceaux s'étant mélangés alors qu'un troisième arrivait deux plats en mains dans le dos de la première chevalière. Il ne fallut pas plus pour que les engrenages s'activent en un drame qui allait coûter chère, très chère. L'un des trois êtres se retournant au mauvais moment, bousculant celui qui était près à déposer la nourriture. Un certain velouté de courgette ne manqua pas de se renverser sur la nappe immaculée mais aussi sur la charmante femme qui répondait au doux nom d'Aerith n'épargnant la teinte blanchâtre de son haut. Si seulement le cataclysme s'était arrêté là, l'assiette creuse s'était permise à son impact de toucher un des verres de vins, entraînant son confrère opposé dans sa chute. Un confrère qui était orienté vers ta titanesque personne nimbant ta chemise de ce liquide rougeâtre, le rouge t'allait si bien mais pas spécialement celui-ci...

Le serveur venait sans doute au mieux de signer son licenciement à moins que ses excuses soient des plus plates, un soupir s'étant extirpé longuement de ta bouche alors que tu avais levé les yeux au plafond. On t'avait sorti de ton trou, de ton terrier, de ta cage pour un moment supposé être plaisant et pourtant celui-ci était déjà très irritant alors que tu devais te contrôler. Ce n'était qu'un accident, les accidents étaient une variable à prendre en compte même si présentement tu n'avais qu'une envie, une envie de meurtre face à cet individu qui devait être l'un des meilleurs dans son domaine d'expertise. Il était aisé de constater que ton regard avait changé du tout au tout alors que tu cherchas tantôt les iris de la dragonne. Ils avaient réussi avec si peu à réveiller la chose qui commençait à montrer ses crocs même si l'humain la domptait toujours. Elle réclamait son dû alors que tu restais taciturne pour ne pas exprimer ton désir de meurtre et ne pas plus attiser la monstruosité qui secouait sa cage médicamenteuse si violemment.




l'éclosion des
chrysanthèmes

le jeu perfide

Lorsque l’homme commanda, le serveur s’emparait alors des menues et après un hochement de tête poli, il s’en alla dans les cuisines. Le regard d’Aerith qui l’avait suivi méticuleusement se fondit alors sur l’assemblée qui se trouvait face à elle et dos à Brynjar ; ayant choisi cet emplacement non par hasard puisqu’être dos au mur lui permettait d’avoir un regard sur l’ensemble du restaurant sans paraître louche ou attirer le moindre regard. Elle observait chaque visage, s’arrêtant sur certains, détournant les yeux en sentant leurs iris se diriger sur elle. Ses yeux gardaient en visuel presque constamment une des tables, observant les plats et les soupes et l’avancée du repas des individus. Finalement, elle regarda Brynjar, lui portant un cruel désintérêt suite à sa remarque. Elle se doutait qu’il soit plus ou moins civilisé mais le considérait toujours autant comme un animal. Sans doute à cause de cette soirée, mais sans doute à cause de sa gestuelle, de ce qu’il dégageait. Un colosse à la dextre de fer, incapable de faire la moindre preuve de délicatesse de par sa force et surtout sans doute parce qu’il n’avait pas besoin de l’être. Après tout, il avait été créé pour tuer, détruire et ravager, pas pour discuter de la pluie et du beau temps en sirotant un thé à la camomille. Elle aussi, d’ailleurs. Ses desseins n’étaient supposés être comme cela, mais elle avait dû changer, se remodeler et se laisser remodeler pour devenir plus malléable au changement sans subir ce dernier. Il lui avait même fallu à elle seule de longs siècles pour arriver à se comporter comme un homme. Et après de longs millénaires la voici, commandant des plats raffinés dans un restaurant de luxe de la métropole Ellgardienne. Ses confrères mythiques se moqueraient d’elle, s’ils le pouvaient.

Suite à son interrogation, cependant, elle sourit. Au moins, il était capable d’effectuer un raisonnement simple, ce qui prouvait que même si cela semblait assez malingre il y avait quelque chose dans son crâne. Quelque chose à décortiquer et dévorer, en espérant que cela ne la laisse pas sur sa faim. Etait-il à la hauteur de ses efforts se demandait-elle sans parvenir à trouver de réponse. Elle espérait. Aerith déposa ses coudes sur la table et joignit ses mains, entremêlant ses doigts entre eux et s’en servant pour y déposer son menton.

« L’être et le paraître, glissa-t-elle en un sourire. »

Rien de plus, pas un mot ajouté. À qui mentait-elle ? Mentait-elle ? Y avait-il une raison pour laquelle elle l’avait choisi lui plutôt que de s’être passé de compagnie humaine ? Son sourire s’évanouit et elle se redressa lorsque le serveur revint à leur table avec une bouteille en verre remplie d’un liquide sombre. Le liquide coula dans les verres en cristal, et elle glissa ses doigts sur le pied du contenant, effectuant un mouvement détaché de rotation faisant se mouvoir le vin. Elle finit par porter le bord du verre à ses lèvres, se délectant (ou du moins, faisant comme si) de l’explosion de saveurs dans son palais. Elle voulut hurler et le cracher au visage de Brynjar, avant de grimper sur la table et de se jeter à son cou. Ses yeux s’ouvrirent et pétillaient, alors qu’elle observait son vis-à-vis avec cette claire envie en tête. Si rien ne l’arrêtait, elle l’aurait fait. Mais elle avait bâti bien trop de choses en cette nouvelle vie pour pouvoir se laisser submerger par ses instincts et ses pulsions. Elle avait appris à se modérer, tempérer et canaliser ses impulsions bestiales pour devenir une créature plus réfléchie, bien qu’à ses yeux toujours aveuglée et embrumée par cette faim sans fin. L’époque de Fhaedren lui manquait un peu. Elle était bien plus terre à terre, bien plus réfléchie, bien plus véritable et surtout moins affamée.

« Excellent. Leur vin est vraiment sublime, fit-elle. »

Elle n’avait pas le palais d’un oenologue, encore moins d’un sommelier mais savait différencier les bons breuvages des mauvais. Celui-ci était excellemment atroce ou atrocement excellent en fonction du point de vue. Ses yeux observaient une fois de plus les visages, se focalisant sur certains avec une plus grosse insistance lorsqu’ils ne regardaient pas. Finalement, les serveurs arrivaient. Au départ un, puis deux. Aerith les observait converser et se fondre en excuses, avant de s’éloigner un peu plus loin - hélas pour eux, ils pouvaient toujours les entendre et le dragon s’amusait alors de leurs vociférations inutiles. Qu’ils travaillent, pensa-t-elle. Elle sentit un corps se glisser derrière elle qui portait l’odeur de multiples mets - un autre serveur. Le coup du sort avait bien joué son rôle, et l’atroupement non loin d’eux avait causé un incident quelque peu fâcheux. L’assiette chuta non loin d’elle, l’aspergeant insolemment de son contenu fumant sur ses jambes et sa chemise - tâchant ainsi cette dernière et brûlant sa peau sous son vêtement. La retombée de la vaisselle causa un bruit violent de verre et de porcelaine, faisant par la même occasion choir le verre de Fearghal qui n’avait rien demandé mais qui se trouva lui aussi tâché par un liquide foncé et rosâtre. Les yeux du dragons se glissaient simplement sur sa chemise, et il lui fallut un instant pour réaliser la situation embêtante. Elle était restée immobile comme un golem, encastrée dans sa chaise comme un édifice antique dans le sable et elle ne bougea pas, avant de lentement pivoter la tête sur le serveur qui s’était affolé et s’était excusé presque autant que fois que ses collègues qui, s’ils n’avaient rien fait n’étaient pas non plus innocents.

Un profond soupir s’échappa des lippes rouges d’Aerith, et elle sentait quelque chose bouillir en elle. Ses yeux en revanche n’exprimaient rien d’autre que de la lassitude entremêlée à de la consternation. Il lui fallait se calmer avant que ses fantasmes ne deviennent lubies, et que ses lubies ne deviennent carnage. Quatre homme accoururent, à genoux pour essuyer le velouté sur la chemise immaculée désormais souillée de la dragonne tout en essayant de la persuader de ne pas faire de scandale. Ses yeux se glissaient sur le soldat en face, qui avait eu le droit aux mêmes soins sur la tâche de vin sur son accoutrement. Son regard croisa le sien, et elle sourit en voyant l’éclat carnassier de ses iris fades. Elle appréciait cette lueur. Elle appréciait cette flamme, qui avait naquit sans son aide. Tout ce qui lui restait à faire, c’était d’alimenter le brasier.

« Nous sommes vraiment navrés, Première Chevalière, nous… »
« C’est moi qui suis navrée pour vous, sourit-elle, avant qu’un silence gênant ne prenne place entre les individus. Elle se retint de rire et poursuivit plus calmement : Peu importe, peu importe. Les accidents arrivent. Contentez-vous de continuer votre service, je n’aime pas attirer les regards. »

Sa proie s’était agitée, elle l’avait remarqué et cela ne lui plaisait pas. Encore une fois si elle avait laissé ses pulsions se matérialiser, ils seraient tous morts. Mais elle fut elle-même surprise du contrôle de sa personne, et observa les serveurs s’éloigner avec confusion une fois les dégâts plus ou moins réparés. Les vêtements des soldats en restaient cependant marqués de façon bien disgracieuse, et les odeurs n’étaient pas forcément agréables. Peu importe, ils ne comptaient pas rester ici des heures entières.

Une fois que les employés n’étaient plus visibles (ils étaient sans doute partis se faire engueuler, et retourner chercher avec le plus grand soin possible de nouvelles assiettes), Aerith posa son regard sur Brynjar et sourit. Le feu en elle grandissait, et elle avait du mal à continuer à l’alimenter seule. Il lui fallait un exutoire, ou elle se transformerait. Dans sa bouche, la bile noire et toxique se formait - elle l’avala, et la substance brûla son oesophage. Il lui fallait se calmer. Calme-toi, Aerith. Les accidents arrivent, ils arrivent à tout homme. Elle voulait se transformer, ouvrir la gueule et avaler cette bâtisse entière avant de s’envoler et de picorer chaque habitant jusqu’à ce qui ne reste de Keivere qu’un paysage plat et baignant dans l’hémoglobine de leurs résidents. Elle voulait briser leurs os et sentir leurs muscles et leurs mâchoires se contracter. Les larmes couler. Le sang couler, se déverser en litres le long de leurs corps poisseux par la sueur. Elle voulait récolter ce carmin de sa langue, et mordre leurs chairs, l’arracher, la déchiqueter. Les tuer, les éviscérer, les...

« Ne leur en tiens pas rigueur. Ils étaient peut-être nerveux, mh ? »

Elle sourit, et cette fois-ci les plats furent amenés à nouveau à leur table sans encombre, et déposés sur la nouvelle nappe blanche et lisse. L’odeur du poisson, de la viande et des légumes polluaient les narines du dragon, qui sentait sa patience se consumer. Le boeuf qu’elle avait commandé baignait dans sa sauce. La couleur du velouté était laide, et l’odeur affreuse, encore plus que lorsqu’il s’était déversé sur elle. S’emparant avec fébrilité de sa cuillère, elle plongea cette dernière dans la mélasse verdâtre qui remplissait l’assiette en porcelaine. Elle porta le tout à ses lèvres, laissant le liquide se déverser en elle. Dans sa bouche, sur sa langue, braver la frontière de sa gorge et l’envahir d’une agréable chaleur. Non, elle voulait cracher. Le velouté était infâme, infect. Elle voulait vomir, et s’était même retenue de régurgiter la nourriture. Elle voulait sentir ses crocs se planter dans la chair d’un homme ou d’une femme, abuser de lui ou d’elle et le déchirer, se nourrir de ses cris, et l’engloutir. Et pourtant, son visage était calme et serein, comme s’il n’était affecté par rien. Une neutralité exemplaire, qu’elle ne semblait lire sur le visage de son camarade. Aerith sourit une énième fois, et rapprocha légèrement son visage de l’homme.

« Dans ce restaurant, il y a un homme. Il appartient à Cyclone, fit-elle entre deux cuillerées de velouté, et c’est un traître. L’idiot pense que nous ne savons pas. »

Elle finit rapidement son assiette, et glissa sa fourchette dans l’autre récipient pour piquer le boeuf et le porter lui aussi à ses lèvres. Même sensation, même dégoût. Elle n’avait eu d’autres choix que de s’habituer au goût de la viande animale, mais ne l’a jamais apprécié et ses goûts ne seront capables de changer hélas. Elle préférait un met plus naturel, moins filamenteux, plus tendre. Quel goût avait le soldat qui se trouvait en face d’elle ? Sa viande devait être épaisse et consistante. Lorsqu’elle le dévorera, elle coupera sa chair en suivant les cicatrices déjà encastrées en lui pour ne pas le salir. Elle le sublimerait, par sa consommation. Non. Il devait servir pour les desseins du maître, elle ne pouvait se l’accaparer. Ou du moins, cela ne serait pas raisonnable. Il fallait faire preuve de sérieux, balayer cette égoïsme.

« Il batifole avec la Résistance et je dois lui apprendre que ce qu’il fait, c’est mal. »

Aerith mordit la fourchette, se concentrant à nouveau sur son assiette, puis repris ultimement.

« Comprends-tu pourquoi je t’ai sollicité, Brynjar ? »

Autour de lui, les âmes de la boîte hurlaient et s’accrochaient à sa peau, à sa chair. Elles plantaient leurs dents dans sa peau halée, et le parasitaient. Pourtant, il ne semblait réagir aux assauts immatériels des créatures. Seul Aerith les voyait, et elle sourit.

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Des regards se croisant, un sourire alors que la situation ne s'y prêtait pas spécialement. Tu étais comme dans ton petit univers alors que ce bal s'activait autour. L'humain cherchant à mâter du mieux qu'il le pouvait ses instincts les plus bas, des instincts parasites qui n'étaient pas les siens. Tu pouvais entendre chaque parole prononcée par les divers employés ou encore ta supérieure mais tout n'était qu'un distant écho alors que tu te canalisais face à ce contre temps qui était plus complexe à gérer que ceux auxquels on t'avait adapté. La peuplade ayant d'ailleurs reportée son attention sur vos personnes inévitablement, heureusement que tu te trouvais dos à celle-ci. Il y avait un facteur qui pouvait être gênant en moins à gérer en tes pensées émergentes, en ces pensées névrosées. Tu en avais même fini bien avant les paroles de la première chevalière par lever une main tentant très difficilement d'étirer les lèvres en un rictus qui était censé faire preuve de sociabilité. Ton geste ayant invité à les serveurs à arrêté de s'occuper de ton cas, tu ne voulais pas plus d'attention cela suffisait amplement. Leurs efforts étaient contre productifs, contre productifs pour ce que tu tentais de bâtir en ton fort intérieur afin d'asservir ta propre bête.

La foule plus loin dans la salle ayant fini de reporter leur attention sur vous, à défaut que tu semblais avoir captivé celle d'une autre personne de façon bien plus poussée. Une certaine personne juste en face de toi, son faciès arborant la même expression que précédemment. Pour la première fois de la soirée tu te permis de lui présenter un air identique, fugace certes mais bel et bien présent avant de lâcher discrètement cette phrase.

« - L'erreur est humaine. »

Ne plus y penser était sans doute la meilleure solution pour ne pas plus t'attiser, l'attiser lui en toi. Ce qui est fait est fait te disais tu tout bonnement et même si tu n'étais en ton environnement, tu te devais de simplement apprécier ce que pouvait apporter ce lieu. Qu'importe le mode de vie simple que tu avais il était impossible de ne pas être travaillée par les senteurs qui ne tardèrent à émaner des plats qui avaient fini par atterrir entiers sur votre table. Il y avait des choses contre lesquels on ne pouvait aller comme l'appréciation du goût, de l'odorat là où à la base tu étais un homme avec toutes ses composantes les plus subtiles à quelques exceptions près. Tu t'attaquas dès lors à ton premier plat, observant du coin de l’œil la première chevalière qui ne paressait pas très en appétit à en juger la façon dont elle s'était saisi de sa cuillère. Le poisson à la teinte qui oscillait entre le rosé et l'orange finissant en ta bouche à diverses reprises, comblant partiellement ce vide en ton ventre en plus de ravir tes papilles. Des saveurs non pas nécessairement nouvelles s'éveillant ou plutôt se redécouvrant.

Tu avais beau satisfaire ta faim la plus simple, tu avais toujours cette infâme impression d'être incomplet surtout depuis cet accident. L'impression de porter à tes lèvres un simple vide ou encore un mets qui semblait se désagréger, cela en était frustrant comme bien des choses alors que l'un de tes appétits se tarissait à l'opposé d'un autre. Ta priorité, tes désirs se remodelant doucement mais sûrement malgré tous les efforts que tu pouvais faire, malgré le fait que tu pensais avoir maté cette créature en toi. Tu avais fini ton premier plat avant la jeune femme mais cependant tu n'avais encore touché au second, les pupilles perdus un léger instant sur ton verre de vin quasiment vide. La teinte se rapprochant de celle de cette envie que tu n'arrivais à réprimer même si elle croissait lentement, lentement mais sûrement malheureusement. Tu n'étais pas cette monstruosité, une idée dont tu tentais de te convaincre du mieux que tu pouvais. Tu étais un humain avec juste quelques lacunes, une perception sous laquelle tu te voilais la face afin de ne voir la réalité. Cette autre parcelle de ta personnalité qui n'était tienne et ne le sera jamais.

Une voix qui te rappela indirectement à l'ordre, ta vigilance s'en voyant de nous agrippée par les perfides de la dragonne. Elle t'avait temporairement substitué à cette problématique qui te bouffait de l'intérieur. Elle venait enfin de clarifier ce dont elle parlait quand elle avait utilisé bien plus tôt le termes d'affaires, tu buvais ses paroles, lui mangeait dans la main au fur et à mesure qu'elle déballait le tout. La résistance, un amas de déchets qui croupissaient dans diverses planques qu'il fallait éradiquer au même titre que les fanatiques de l'autre côté de la mer. Tu ne pouvais qu'être de son avis alors qu'il avait une confiance aveugle de ta personne envers elle sur ce sujet, une confiance sans limite du point de vue professionnel. Une question pour conclure le tout, tu vins dès lors te saisir de ton verre finissant le fond qu'il y avait dedans pour te désaltérer en vain avant de prendre la parole. Le désagrément grandissant encore et toujours à ton plus grand désarroi.

« - De par ton choix de mots, l'exécution est un trop grand châtiment. Tu souhaiterais une sentence plus légère mais tout aussi dans la douleur ? »

Tes prunelles aux teintes monotones vagabondant distraitement ou plutôt pour se lier aux futurs mots que tu allais prononcer à un détail que tu décrivais. Les tâches toujours présentes le long de sa chemise que tu pouvais observer, une brève œillade avant de lier ton regard au sien une énième fois.

« - Ce n'est pas la force qu'il te manque pour le faire mais tu ne dois pas plus te tâcher plus qu'actuellement c'est cela ? »

Se tâcher... Un terme qui prenait un sens bien différent en cette tournure, il y avait un léger détail qui te gênait en cette histoire chose que tu évoquas rapidement.

« - Cependant il y a un point qui me dérange quelque peu. »

Ne donnant fin à ton raisonnement directement, tu vins te saisir de la bouteille de vin pour en verser le contenu d'abord en le verre de la première chevalière à l'absence de contenu tel que le tien puis enfin celui qui t'appartenait. Tu reposas tout simplement ensuite le réceptacle qui s'était déjà vidé d'une bonne partie de son contenu entre les verres qui avaient chuté et votre consommation respective. Un acte fait alors que tu exposas le fond de ta pensée.

« - Pourquoi ne pas simplement transférer son dossier à Mort ? La résistance et tout ce qui va avec c'est leur domaine de prédilection. À moins qu'il en est trop efficace pour que tu estimes qu'il est impossible de s'en passer ou qu'il y autre chose que tu as soigneusement oublié. »

Tu ne comprenais pas la nécessité de vouloir s'handicaper soi même en interne avec un problème comme celui dont elle voulait s'occuper ce soir. Il suffisait d'un simple courrier, des preuves et le tout était fait. Tu comprenais la motivation de la première chevalière mais la façon d'y parvenir te semblait plus étrange même si chacun ses méthodes. Tes mains venant trouver tes couverts de nouveau pour s'attaquer à ta viande, en coupant un morceau. Saignante, le fluide vital s'en extirpant pour nimber l'assiette. Il n'avait pas la même teinte que ce délicieux liquide que vous buviez ou encore ce qui coulait en vos veines mais ceci eu le don d'un tant soit peu te travailler de nouveau.

Un morceau finissant par se déposer sur ta langue, tes lippes se refermant dessus. La saveur était exquise mais toujours dépourvue de contenance réelle. Ton appétit ne cessait de se développer mais en un tout autre domaine surtout de par ce qu'elle avait annoncé, inconsciemment il n'y avait pas que ta parcelle humaine qui avait su tendre l'oreille. Une parcelle qui si elle l'avait pu aurait fait les yeux doux à la première chevalière pour le plus rapidement possible passer à l'exécution même si le résultat en aurait été disproportionné. Tu te désaltéras une seconde fois sans que cela produise l'effet estompé en ta psyché. On pouvait voir que tu avais eu un rare mal à déglutir le breuvage même si tu l'avais excessivement apprécié alors qu'il était encore entrain de ruisseler le long de ces récepteurs gustatifs.

Elle l'avait décelé sans le moindre doute elle qui était juste en face de toi mais se doutait elle spécifiquement de ce qui se tramait, des réactions chimiques en ton encéphale qui se multipliaient. Tout était bien trop différent de l'accoutumé pour que tu puisses efficacement te gérer, le sujet n'ayant eu le don de chasser bien loin cette problématique tout au contraire. Tu portas tantôt ta serviette à tes lèvres pour les essuyer avant de déclarer ceci.

« - Est-ce que cela de te dérange si je m'éclipser deux ou trois petites minutes ? J'aimerais pouvoir me passer un peu d'eau sur le visage. »

Des paroles simples qui avaient été offertes sur un ton des plus simples mais qui étaient en réalité une véritable supplication. Une faim ne cessant d'être remplacée par une autre au fur et à mesure. Une faim où la viande, les aliments n'étaient pas ce qui suffisaient à l'assouvir. Une faim qui réclamait plutôt un amusement sanguin qu'elle connaissait, elle face à toi. Une faim qu'elle avait vu alors que malheureusement en dépit des précautions que tu avais pris avant de partir, celle-ci s'était enflammée tel un brasier. Deux parcelles s'entredéchirant dans les tréfonds de ta conscience.




l'éclosion des
chrysanthèmes

le jeu perfide

Le bord du verre glissa à nouveau sur ses lèvres, et elle finit à son tour son verre avant de le laisser reposer sur la table. Elle extirpa de son sac sa petite boîte en bois habituelle, et prit une cigarette pour l’allumer avec un des petits cristaux rouge qui trônait au fond de l’objet. La fumée commença à envahir leur table. Elle ignorait si on avait le droit de fumer ici, mais savait qu’on ne lui en tiendrait pas rigueur ; la plupart des emplois des insectes ici tenaient déjà sur le maigre fil de sa patience et si cette dernière explosait, les têtes risquaient de valdinguer. Aerith inspira une profonde bouffée et la recracha, soupirant par la suite de soulagement. Grâce à cette drogue insidieuse, elle se sentait plus calme, plus patiente, et cela valait mieux pour chaque client ici, le soldat en face d’elle inclu. Si elle le savait puissant, il ne serait capable d’endurer ses ires et ses horions à lui tout seul. Personne n’était capable d’endurer ses ires et ses horions. Pas même elle, hélas. Elle déposa sa cigarette sur l’assiette creuse ayant hébergé le velouté, l’observant fumer sa vapeur perfide. Elle continua de manger silencieusement, jusqu’à ce que Brynjar prenne la parole. Un sourire malsain horna ses lèvres, et elle vint mordre la viande à pleine dents. L’exécution était-elle un trop grand châtiment ? C’était la sublimation après de longs moments de préparation. La victime était choyée pendant de longues heures et ne pouvait d’ailleurs plus être qualifiée par cette appellation suggérant qu’il y ait un bourreau. Non, elle était le sublime résultat, la divine création d’un artiste aux inspirations grandiose. Elle était élevée au rang d’art. Et pourtant parfois, Aerith n’était pas un très bon artiste. Parfois elle bâclait ses toiles, et ces dernières n’étaient à peine finies et pourtant déjà exposées ; sublimée, comme elle le disait. Sublimée par la consommation, par la dévoration. Une aubaine inespérée. C’était l’ultime sentence, et la seule légitime à ses yeux bien qu’en général laisser un homme branlant et traumatisé lui permettait d’apprendre les choses sur la durée et de ne pas les oublier. La mort, pour certains étaient considéré comme une salvaton n’étant parfois pas méritée. Aerith n’était pas d’accord. Aerith tuait pour elle, et pour ses oeuvres. Elle refusait de les laisser en vie, s’il n’y avait pas d’intérêt. Ferait-elle une exception ce soir, y avait-il un intérêt à laisser cet homme en vie ? Pendant sa réflexion, Aerith s’était rendue compte qu’elle n’avait répondu à son interlocuteur, qui avait posé par la suite une autre question dont elle appréciait énormément la formulation, cette dernière faisant naître en elle quelque frissons hérissant le maigre duvet de sa peau, lui donnant la chair de poule. Oh, qu’elle aimait cette syntaxe, ce choix de mot, la façon dont sa gorge les avait expiré, la façon dont ses lèvres les avaient autorisé à sortir de sa gueule.

« En effet, cela serait fâcheux de salir à nouveau ma chemise. »

Elle sourit, se saisissant de sa cigarette, dont la cendre avait déjà chuté sur la beauté de la nappe sans la brûler pourtant. Elle inhala une fois la fumée, écrasant le mégot dans le reste de velouté, ruinant sans aucun doute la matière coûteuse qui composait l’assiette dans son essence. Elle dirigea à nouveau ses yeux sur Brynjar lorsqu’il évoqua un point qui ne le plaisait pas, et lorsqu’il évoquait Mort. Ah, cette brillante Inquisition. Elle l’aurait haïe du plus profondément de son être, si elle l’estimait suffisamment pour pouvoir ressentir l’once de haine. Non, cela se rapprochait du mépris et la confortait dans l’idée qu’il puisse exister des créatures caduques, mortelles et pourtant fureteurs et indiscrètes, capable d’essayer de fouiller dans des profondeurs interdites pour y trouver de quoi s’abreuver. Elle voulait les entendre hurler sous ses crocs. Elle les entendrait hurler sous ses crocs.  

« Guerre rougit d’une réputation suffisamment sombre auprès de Mort pour qu’elle s’attire d’autres soucis, souffla-t-elle assez discrètement, si nous avons l’occasion de régler nos petits soucis internes entre nous sans que toutes les autres Inquisitions soient mises au parfum, pourquoi s’en priver ? »

Elle avait suffisamment confiance en ses capacités pour ne pas laisser des évidences se disperser. Ses yeux observaient l’homme en question, puis son assiette, avant de calculer le temps qui leur restait. Peu, en somme. L’inconvénient de tout à l’heure avait ralentie la dragonne dans ses plans, et elle se tourna à nouveau vers Brynjar, se penchant un peu sur la table pour parler d’une voix toujours base.

« Huppert Klass. Trente huit ans. Simple soldat de Cyclone. Sa femme l’a quitté il y a quelques années, emmenant son enfant avec elle et le laissant ainsi seul. Il s’est enrôlé dans l’armée pour trouver un but à sa vie, et surtout pour pouvoir vivre convenablement. Cela n’a pas été un franc succès, et il vend à présent des informations à la Résistance, vulgaire pot de vin pour ce qu’il va récolter, surtout qu’au vu de son grade il n’a pas grand chose à vendre, hélas. »

Aerith inclina la tête lorsque le soldat remplit son verre, et elle porta ce dernier à ses lèvres. Nouveau regard auprès de sa victime - de sa future oeuvre. Il avait bientôt fini, ils devaient faire vite. Aerith s’empressa de finir son assiette, engloutissant la viande avec dégoût pour mieux en finir, et se prépara une nouvelle cigarette. Elle essuya ses lèvres avec la serviette positionnée sous son assiette, et sublima ses morceaux de chair d’un nouveau rouge carmin, funeste présage sur un exquis moment. Brynjar parla. Il ne semblait pas dans son assiette. Elle voyait où il voulait en venir, et comprenait pourquoi il souhaitait s’éclipser. Le savait-il ? Elle aussi, avait accès à son dossier, et pas à cette vulgaire couche floutée et remplie de noir sur les points les plus obscurs de son existence et de sa personne. Elle le connaissait bien, trop bien, et chaque seconde passée en sa compagnie creusait davantage sa tombe. La tombe de l’ancien lui. Sur son corps putride serait recouvert une terre fertile, et sur cette terre pousserait des champignons et une végétation pur et nouvelle. Le nouveau lui. Aerith sortit de son sac une paire de lunettes noires, et les glissa sur ses yeux, allumant une nouvelle cigarette. Son corps se leva.

« Non. Nous n’avons pas le temps. »

Un serveur passait par là, et elle lui informa qu’ils quitteraient prématurément leur table. Elle balança sur cette dernière quelques précieuses pièces d’un or éclatant, et les épaisses portes battantes furent poussées par les vigiles. Aerith laissa son visage embrasser la froideur des rues de Keivere, et tira une bouffée de lyrium, se tournant vers Brynjar qui lui avait évidemment emboîté le pas. Elle le sentait qu’au fond de lui, il n’avait pas l’air dans son assiette, et jubilait intérieurement. Qu’il se calme, il trouverait rapidement l’ataraxie passagère capable d’apaiser son esprit. Aerith observa à droite, puis à gauche, et s’enfonça dans les ruelles désertes qui transperçaient l’avenue. La pluie tombait, les gens étaient rentrés chez eux. Il ne faisait pas particulièrement bon dehors de toute façon, Ellgard était connue pour ses températures hivernales même en septembre pendant qu’à Akantha on suait à grosses gouttes. Aerith s’adossa contre une bâtisse, luttant pour que sa clope reste allumée. Pas loin d’eux, une voiture garée, et pas n’importe quelle voiture. Huppert sortirait bientôt, et rentrerait chez lui avec ce véhicule. Il habite à la frontière entre les quartiers huppés et les quartiers populaires et allait à cet endroit seulement quelques fois dans le mois pour faire bonne figure. Être et paraître, tout à l’heure disait Aerith.

« Rien ne sert d’être nerveux, il suffit de patienter. Montre-moi que tu n’es pas cet animal que j’ai vu ce soir-là. »

Le temps passait, et au bout d’une dizaine de minutes un enchaînement de pas se fit entendre. Aerith devinait aisément à travers la démarche peu assurée et la force avec laquelle les talonnettes des chaussures de l’individu claquaient contre le pavé mouillé laissait deviner son poids, sa taille. Environ un mètre quatre vingt. Soixante seize kilogrammes. Le regard opalin de la créature brilla, et elle portait une main à sa ceinture, extirpant de cette dernière une arme de poing typique à l’armée ellgardienne. Lorsque l’homme passa devant la ruelle, Aerith porta une main affamée à son bras, l’attirant dans le creux de l’allée morbide, entre Brynjar et elle. Elle laissa son soldat le réceptionner, et le mit rapidement en joug, pointant son arme sur sa tempe.

« Il y a une différence entre la chasse et la pêche ; le chasseur tue, le pêcheur appâte. Tu as pathétiquement mordu à l’hameçon, Huppert, déclara Aerith en soupirant, voilant le mieux possible sa jouissance. »

« Q-Qui êtes vous, bon sang ? »

La femme retira ses lunettes et glissa une main dans sa chevelure, sourire aux lèvres. Le visage du garçon se décomposa alors, et elle observa alors son soldat, lui indiquant d’un mouvement détaché de s’enfoncer dans la ruelle étroite afin de ne pas attirer les regards. La pluie ravageait toujours le sol et ses épaules, sa tenue, sa chevelure, les gouttes chutant des mèches rebelles de sa crinière.

« Lâchez-moi bordel, qu’est-ce que vous me voulez ?! Il hurlait. »

Aerith plissa le nez, et accrocha ses lunettes à sa chemise. Son doigt caressait la gâchette, mais elle savait qu’elle n’effectuerait pas la moindre pression sur elle.

« Soldat Fearghal, souffla-t-elle d’une voix suave et emprunte d’un désir presque sexuel, faites-le taire, mais ne l’amochez pas trop. »

Le silence était d’or, mais qu'en était-il de la parole ?

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the thing
ft. Aerith
le diable

Ne pas tâcher cette chemise, une façon de se dire que lorsque l'on pouvait avoir un homme de main il ne fallait pas s'en priver. La première chevalière ayant en cette soirée enchaîné un bien grand nombre de cigarettes dont la senteur n'était pas inconnue à ta personne mais dont les effets oui, du moins empiriquement. Tu arquas un sourcil lorsqu'elle évoqua la réputation de Guerre vis à vis de l'autre inquisition. Tu rentrais sans doute dans les canons de cette réputation même si ton dossier et ses écarts étaient jalousement gardés. Tu n'étais pas étonné par le fait que Guerre puisse cacher des données sur ses hommes, l'affrontement pouvant développer bien des syndromes. Si on se devait de se débarrasser de chaque individu qui présentait quelques défiances l'armée perdrait quelques pions intéressants. S'il y avait bien une inquisition qui était problématique pour les autres, Mort en était le parfait exemple alors que Famine ou Conquête se contentaient de travailler dans leurs domaines. Tu n'avais pas la curiosité de toute façon, l'envie et tout ce qui allait avec de plus creuser les propos de ton interlocutrice. Tu allais devoir jouer le bourreau donc ou du moins le geôlier selon la suite des événements.

Cela avait été un miracle que ton raisonnement n'en soit pas plus parasité par ce que tu étais entrain de traverser. Un malaise qui n'était qu'un éternel recommencement que tu ne vivais que bien trop souvent. Lorsque la dragonne se permit d'un peu plus détailler la vie de la cible dont elle voulait que vous vous occupiez, tu aurais pu soupirer mais tu t'en étais retenu. Un total désintérêt venant gangrener tes pensées, ton absence d'empathie se manifestant. D'autres auraient songé à avoir la main plus légère sur le destin du dénommé Huppert Klass tandis que pour toi ceci n'avait eu le don d'altérer ton jugement. Tu la vis ensuite rapidement se délecter de son repas et non pas le savourer tandis que tu tentas d'avaler un autre morceau, la même sensation revenant et s'amplifiant. Ta faim se développait au point où il en devenait complexe de totalement la réprimander. Tu ne pouvais plus l'ignorer, tu ne pouvais que la tempérer du mieux qu'il t'était possible de le faire actuellement. Elle s'accaparait un peu plus chacun de tes sens, ces bêtes au fond de ton esprit, au cœur de tes tripes ou plutôt en chaque parcelle de ton être. Qu'est ce que tu aurais pu donner pour que l'on te débarrasse de cette chose, qu'on t'en libère même si tu en étais partiellement maître.

Tu la suivis donc lorsqu'elle finit par se lever, assiette négligemment entamée alors que ton appétit avait été massacré par cet accident et tout ce qui en avait découlé. Vous aviez fini une nouvelle fois par passer ces portes alors que les gouttes commencèrent par s'écraser sur ta veste et ta chevelure. Un contact auquel tu n'étais plus entièrement habitué de par cette seconde peau que tu arborais bien trop souvent, l'humidité et sa sensation en étant non pas entièrement déplaisante mais juste dérangeant. Il ne s'agissait pas de trombes d'eau pour l'instant malgré tout, ta personne se contentant de continué à suivre ta supérieure. Tu t'arrêtas dès lors juste à côté de la première chevalière lorsque ses pas cessèrent, l'eau ruisselant le long de ta veste et de ta chemise alors qu'il n'y avait âme qui vive. Une simple voiture se trouvant non loin de vous, tu fus quelque peu étonné par la prise de parole de la jeune femme lorsqu'elle te demandant de museler le prédateur. La tâche était des plus ardues surtout lorsque l'on n'était pas né avec ce fardeau mais plutôt lorsqu'on avait fini par l'imposer. Les périodes de calme et de rechute s'enchaînant bien trop souvent avec l’accoutumance qui grandissait face aux diverses drogues que l'on avait testé, les séances avec les psychologues n'ayant aucun effet car était il possible de dominer des instincts comme ceux-ci ? Des instincts aussi nécessaires que le fait de boire, manger, dormir.

Tu t'étais contenté de te faire violence, la bête allait qui sait pouvoir s'amuser avec l'homme que vous attendiez. Tu ne savais jusqu'à quel point tu allais avoir carte blanche ou non ou même si tu allais totalement réussir à être maître de toi en les moments qui allaient suivre. Il y avait tellement de facteurs qui allaient en dépendre et tu n'étais point apte à influer sur un de ces points, ceux-ci dépendant autant de la mythologique que de l'humain que vous aviez pris en chasse. Tu te demandais combien de temps vous alliez attendre encore alors que celle qui avait détenu la boîte de Pandore il y a des mois paressait efficacement tuer le temps avec sa clope. La dragonne guettant en la rue à la recherche de mouvements jusqu'au moment où elle finit par sortir une arme pour se saisir de l'homme qui traversait à ce moment précis. Il ne tarda à finir entre deux individus dont qu'importe les efforts qu'il allait pouvoir déployer disposaient de tous les moyens pour le maintenir en les griffes acérées. Le canon du pistolet pointant dès lors vers son front alors que tu avais pris les devant en agrippant comme un vulgaire ballot de paille l'un de ses bras pour le glisser en son dos où tu pris place, une position bien inconfortable pour votre proie surtout si tu souhaitais appuyer, tirer sur son membre en cette position pour lui briser éventuellement.

Il n'arrêtait de geindre à sa façon, exprimant ses émotions si aisément alors que le ton de sa voix délivrait tant de choses. Tu la sentais cette agitation en lui, cette peur qui allait être intarissable dans les minutes qui se profilaient. Une peur qui avait déjà commencé à te nourrir, comme une bien délicieuse mise en bouche. Une mise en bouche qui valait sans doute tous les plats que vous aviez pu ingurgiter ce soir. Était sur qu'elle valait tout ceci ? Qu'elle n'en était pas encore plus exquise surtout pour le chasseur qui s'éveillait même s'il n'avait pu bénéficier du plaisir de la traque. Il empestait la peur en sa façon de parler, de se tenir mais tu souhaitais plus, tu étais envieux de voir ce regard apeuré. Ces pupilles qui se nimbaient d'une rare supplication car toi, la chose que tu pouvais devenir ne se nourrissait point de sa victime à proprement parler mais plutôt de chacun ses sentiments, de chacune des exaltations que la longue agonie entraînait. Les effets de l'expérience de mort imminente étant un mets des plus raffinés si ce n'est le plus raffiné.

Il n'arrêtait pas de hurler, fait face auquel la trompeuse créature à tes côtés s'empressa de te donner un ordre, un ordre mesuré. Il y avait comme un écho malsain en ses paroles, un écho atrocement charmeur de par sa voix, ce ton et surtout ce qu'elle avait intimé. Les deux y trouvaient paradoxalement leur compte, toi tu ne souhaitais que faire ton travail soldat que tu étais et la bête elle voulait faire souffrir, non pas briser son jouet maintenant mais minutieusement le désassembler en un exercice sanglant. Tu n'avais dénié répondre à la demoiselle, t'exécutant machinalement. Tu n'avais tardé à passer devant l'homme pour le plaquer contre l'un des murs de cette ruelle, ton poing venant brutalement s'écraser sur sa cage thoracique. Enfonçant celle-ci sans guère plus de cérémonie afin de lui couper la respiration. Tu savourais inconsciemment le fait de le voir chercher en vain de l'air, d’oxygéner son organisme même si cela était une bien maigre récompense qui ne prodiguait qu'une satisfaction plus que douceâtre et éphémère. Ton avant bras suivant, cette parcelle de ton être se logeant le long de sa gorge afin de précieusement filtrer tout apport externe en chacune de ses inspirations.

L'humain estimait avoir respecté les ordres à la lettre mais la chose hurlait, déshérité de la jouissance que lui provoquait la douleur d'autrui. Si l'hémoglobine finissait par couler, il était sûr que tu en serais incontrôlable jusqu'à ce que le divertissement prenne entièrement fin. Ton souffle était long trahissant le fait que ton malaise ne cessait de s'intensifier, d'arriver à son paroxysme alors que l'animal réclamait temporairement sa liberté. Ta main libre venant enserrer la mâchoire du soldat de Cyclone, comme si tu caressais le désir de lui broyer, de casser celle-ci même s'il avait fini par se taire bien trop concentré sur cette simple fonction qu'était la respiration. Tu fus parcouru par un interminable frémissement alors que tu te répétais de chaque expression de cette victime en ta poigne de fer alors que bien des hommes auraient pu brièvement reporter leur regard sur la mythologique trempée par la pluie qui n'avait cessé de s'intensifier.

Tu étais au bord du gouffre, cherchant en vain tel un funambule sur sa corde à ne point chuter alors que l'abysse te tendait les bras. Toute ta personne transpirait cette intense problématique, cette intense contradiction en ton esprit car tu ne devais être cette bête. Pas actuellement nécessairement, qui sait le sadisme de cette chose allait pouvoir te servir en espérant ne point la libérer plus que de besoin.

« - Qu'est ce que vous voulez en faire maintenant ? Dois-je le torturer ou attendre et envisager ceci s'il refuse de répondre à vos questions ? »

Une voix qui trahissait un désir tout sauf conventionnel, le désir qu'elle réponde positivement à la première parcelle de ton interrogation. Tu vins ouvrir une seconde fois la bouche pour déclarer ceci.

« - Au final vous le voulez vivant ou mort Aer.... Première chevalière ? »

Un prénom qui avait failli échapper, tes paupières venant voiler ton regard sur cette réplique. Une réplique qui fut nimbée d'une rare supplication en ta prononciation, une supplication qui était intervenue lorsque tu évoquas son décès. L'utilisation de son nom réprimandé ayant démontré à quel point tu rêvais de la voir prononcer ce mot qui signalait l'absence de vie. Faire abstraction des mots aurait fait croire que tout n'était que désir purement sexuel mais ici l'envie était barbare.



l'éclosion des
chrysanthèmes

le jeu perfide

Les larmes de l’éther éteignirent la cigarette avant qu’Aerith ne puisse la finir. Mais il y avait un feu que la pluie ne pouvait éteindre. Un feu intense, brûlant, grand, et qui grossissait malgré l’averse. Un feu qu’aucune goutte, qu’aucune eau, qu’aucun torrent n’était capable d’éteindre. Un feu qui vivait, grand, devant les yeux pétillants de la dragonne. Ou plutôt, la naissance de ce feu. Il évoluait désormais seul, et elle se sentait réchauffée par lui dans la nuit noire. Ce brasier mordant, qui hurle, alors que les âmes rodent autour de lui et veillent à ce qu’il ne perde de son éclat par lui-même. S’il faillit, elle l’alimenterait à nouveau, jusqu’à ce qu’il n’y ai plus rien à brûler et jusqu’à ce qu’il s’évanouisse de lui-même. Aerith laissa tomber sa drogue au sol, et l’écrasa de son talon, l’encastrant dans le pavé luisant de la ruelle. Les coups aussi pleuvaient, mais avec retenue. Elle voyait Brynjar, et sentait sa haine, sa bestialité suinter des pores de sa peau et dégouliner le long de sa tenue, la tâcher, la tremper plus que l’ire du ciel. Il faisait en effet taire l’homme à sa façon, réduisant ses hurlements à l’état de complaintes et ses complaintes à l’état de râles étouffés. Il était sauvage et magnifique ainsi, satisfaisant ses désirs les plus primaires dans le simple but de calmer une entité sauvage qui cherchait à s’échapper de son esprit et de son corps. Il lui rappelait vraiment elle, bien que son démon à lui était sans aucun doute un nourrisson face à le sien.

Son démon à elle était grand, majestueux. Il trônait fièrement à ses côtés, se cachait lorsque venait la socialisation et réapparaissait lorsqu’elle était seule. Elle l’aimait, elle ne se voyait pas vivre sans lui. Après tout Aerith sans son diable n’était finalement qu’une femme névrosée et folle, affligée par la tourmente et plongée dans un état léthargique. Brynjar, lui, possédait ce démon qui se nourrissait de son propre hôte et qui rendait ce dernier faible et trop esclave de lui. Il y avait un rapport de force bien trop évident entre cette entité et lui. Aerith ne pouvait pas dire qu’elle avait totalement la mainmise sur la créature qui la hantait, mais elle avait su la prendre en main et s’adapter à ses mouvements pernicieux pour mieux les affronter. Lui, il était faible, et cela se voyait. Dans ses actions, ses mots, ses expressions faciales ; il y avait une claire souffrance, et donc quelque chose à exploiter. Ainsi, elle restait immobile et observait son soldat faire pression sur l’homme, croisant les bras, alors que de ses lèvres s’échappaient une fumée épaisse et opaque dûe à la froideur nouvelle des lieux.

Lorsqu’il évoqua la torture et la mort, Aerith balaya distraitement sa main dans le vide et secoua le chef négativement, le nez plissé.

« Non, non. Pour le moment, ne parlons pas de ça. Personne n’a dit que nous allions le tuer, le torturer. Nous allons simplement parler et faire en sorte que le message passe bien, pas vrai… C’est quoi ton nom, déjà ? Elle lit sur les lèvres tremblantes de l’homme, et sourit. Huppert, oui, c’est ça. Très joli. Bref. »

Sur ces mots, la Première Chevalière s’approcha du soldat de Cyclone et fit signe à Brynjar de le relâcher et de le soumettre dans la même position qu’auparavant pour essayer de dissiper cette trop forte sensation d’oppression qui allait le tétaniser plus qu’autre chose. Alors que ses poignets étaient liés dans son dos, Aerith glissa son arme de poing dans la petite pochette de son pantalon en cuir - cela n’allait plus servir. Elle zieuta le garçon. Il n’était pas bien grand, avait un visage détendu et gras, une barbe merveilleusement mal taillée et une pilosité faciale décadente dans tous les cas. Il était assez malingre. Rien de particulier n’émanait de lui. Il rentrait avec perfection dans ces cases huilées et conçues pour faire rentrer en elles le maximum de formes peu importe si les coins coordonnaient entre eux, tout allait rentrer et tout devait rentrer. D’un mouvement, elle s’empara de son menton entre ses doigts, plantant ses ongles dans sa chair.

« Vient le moment où tu te justifies, à présent. Vas-y convaincs-moi de ne pas te crever, fit la dragonne en lâchant l’homme. »

Il se mit à trembler, bégayer pendant plusieurs secondes, sa gorge formulant des sons inintelligibles même pour son ouïe acérée. Elle le regarda pleurer un moment, son visage au fil des secondes se décomposant. Il la regardait, et il savait que s’il ne bravait pas cette paralysie, le colosse retenant ses membres aurait raison de lui d’une façon bien moins rapide qu’un plomb niché dans le crâne. Au bout d’un moment, ses lèvres s’ouvraient enfin.

« Je faisais pas ça pour vous trahir, j’vous le jure. Vous connaissez mon dossier après tout, vous...Vous connaissez mes antécédents. Puis, je leur ai pas dit grand chose… J-J’vous jure que si vous me laissez sain et sauf, j’dirais rien. J’dirais plus jamais rien. Je me ferais tout petit… »

Un soupir. Elle s’écarta de quelques pas en arrière.

« Arrête de jouer au plus malin avec moi Hubert, souffla la dragonne, je sais que tu es plus malin que tu en as l’air. Alors, qu’est-ce que tu leur a dit ? »

« Première Chevalière, je vous jure que… »

C’était de trop. Son brasier à elle commençait à s’intensifier, et elle sentait sur sa peau suinter les traînées de sa monstruosité. Elle faisait un sérieux travail sur elle-même pour ne pas exploser, et le faisait sans doute car il y avait Brynjar a à peine quelques mètres d’elle, et qu’il était un témoin trop précieux. Elle ne pouvait juste pas se débarrasser de lui comme ça, alors qu’elle le voulait. Elle n’avait pas l’envie de lui soutirer des informations. Elle mourrait d’envie de sentir ses os craquer, de les voir sortir timidement de son derme et le sang perler le long de ce dernier. Toujours les mêmes envies triviales dont elle n’arrivait pas à se lasser. Lui aussi, le voulait-il ? Aerith jeta un regard à Fearghal, soutenant son regard un long moment dans le sien. Lui aussi, hurlait pour la violence et le Saccage ?

« Fearghal, souffla-t-elle de la même façon que la précédente fois qu’elle avait fait appel à ses violents service, faîtes-le chanter un petit peu. »

Une sentence aussi violente qu’un couperet sur une échine juvénile. Il était temps de dîner, désormais.

@feat brynjar fearghal #6b70b0
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le diable

Déchirer.
Arracher.


Il y eut de la déception et plus que tout un brutal tumulte à sa réponse. La chose ayant tant placé d'espoirs en une positive réponse de celle qu'elle ne considérait non pas comme un supérieur mais simplement la généreuse donatrice de son gibier du soir, un gibier bien fade à ses goûts. Un gibier monotone parmi les émotions dont il transpirait, une peur plate même si la dragonne venait de lui donner un soupçon d'espoir qui allait être encore plus plaisant s'il s'avérait être une simple moquerie des plus sinistres. L'homme que tu étais ayant donné à la bête une main pour s'en voir le bras être doucement dévoré en son esprit, cela était bien souvent le même schéma, le même procédé douteux et affligeant psychologiquement se déroulant qu'à l'accoutumé. Un échange tendancieux qui apportait le repos à l'être intelligent qui était face à ses désirs les plus obscures. Tu te retenais alors que ton cœur ne cessait de pomper et distribuer à ton organisme ce sang souillé d'une adrénaline malsaine, les pupilles se dilatant face à la scène qui allaient peut être devenir intéressante témoignant d'un morbide intérêt. Tu te fichais de ce qu'il allait répondre et le plus triste était sans doute de savoir que c'était l'humain qui pensait ceci afin de rapidement en finir. L'humain espérant le plus secrètement que ses réponses ne satisfassent la première chevalière pour enfin avoir l'exutoire voulu, pour enfin être tranquille face à ses démons, son démon.

Un démon qui aurait dû avoir des traits écailleux de par ses origines, de biens belles écailles mêlées à l'ébène de ta peau. Un démon qui s'était déjà bien adapté aux outils qu'il n'aura jamais sous la main mais qu'il aurait désiré, des griffes imposantes pour lacérer. Une dentition simplement crée pour déchirer, arracher même s'il se contentait de la force herculéenne de l'enveloppe qu'on lui avait imposé et d'une connaissance parfaite de la chair, une connaissance utilisée de façon trop pernicieuse. Il pestait sur la vicieuse belle, murmurant à l'humain de céder, de ne point finir cet interrogatoire barbant car après tout toutes les vies étaient dispensables. Ce ver que tu retenais finirais tôt ou tard par mourir alors autant rendre son décès utile à un infernal contentement. Tu trépignais d'impatience toi que tout ceci se termine vite, matant bien plus difficilement que jamais la monstruosité t'exécutant en parallèle pour maintenir la cible en une position totale de soumission. Ses poignets liées en son dos par le carcan de ta tact d'acier, vulgaire fétu de paille qu'il était. Le stade du malaise ayant touché à sa fin depuis quelques secondes, tu luttais en te demandant si tu allais avoir le dû nécessaire pour t’apaiser ensuite et t'enfoncer dans ce moment où la bête rentre dans sa cage, satisfaite d'avoir joué avec son jouet et son hôte fatigué.

Tout ceci te fatiguait, ignoble torture que tu subissais. Tout ceci te dévorait de ne pas pouvoir vivre tel un autre de ton espèce, de te savoir foncièrement différent et de ne rien pouvoir y faire là où même la science avait échoué. Etait-ce pour ceci que tu n'avais rechigné à réaliser les pires missions possibles ? En espérant sans doute secrètement mourir pour se débarrasser de l'entité qui te rongeait celle-ci ayant fini par arriver jusqu'aux os sous le poids des années. Il était complexe de dire par quel miracle tu tenais encore alors que tu étais excité par des actes aussi idiots, aussi simples que le fait de voir cette femme ainsi enfoncer ses ongles en le derme de cet individu. Tu aurais tant souhaité la voir lui brouiller la mâchoire, la voir déboîter celle-ci, la voir lui arracher cette mandibule inférieure. Était-ce le fantasme de l'humain ou de la chose ? La limite en devenant difficilement discernable tellement les deux avaient à gagner à leur façon, le répit face à l'euphorie. Il ne cessait de geindre en des propos qui suintaient la crainte, en des propos qui cherchaient à lui assurer un fade repos. Ses chances se réduisant à vue d’œil tandis que la créature intelligente que tu étais s'en retrouvait galvanisée.

C'était long, bien trop long et il te fallait un petit lambeau de chair à sacrifier à ton propre parasite. Tu aurais pu supplier la première chevalière de remarquer qu'elle n'en tirerait rien si le démon et le vrai possesseur de ce corps n'étaient pas deux entités fières. Deux regards se croisant de nouveau en disant bien plus qu'au par avant. Il sentait qu'il n'y avait éventuellement pas qu'un prédateur et plus que tout il comptait jalousement conserver, s'accaparer sa proie là où il aurait dû être reconnaissant face à cette offrande. Tu n'esquissas le moindre sourire cependant, une simple expiration se faisant bien trop longue s'en suivant alors qu'en son cœur l'humain prenait du retrait. S'il venait de déclarer une chose à sa sangsue c'était bien que celle-ci fasse son œuvre promptement et dans la limite de l'acceptable, la raison tentant de veiller sur la fureur, la sauvagerie et surtout le sadisme.

« - D'accord. »

Une parole simple, un mot facile à articuler car il t'était difficile de formuler plus ta présente prise de parole l'ayant démontré. Tu jubilais quelque peu, cela serait bien fini et repu à ta façon pour un moment. Une main se glissant en ta veste pour en sortir une lame qui ne te quittait jamais, la toile allait bientôt être peinte tout comme ce brasier qui allait bien atteindre sa plus grande intensité.

Tu fracassas dès lors la jambe du pauvre homme afin de le faire s'échouer à même la sol, la tête finissant par choyer le sol. Tu ne lui avais rien brisé alors que tu aurais pu éventuellement. L'épouvantable essence portant sa griffe artificielle en son dos et plus précisément vers l'extrémité gauche de son omoplate. C'est en ce mouvement que l'acier glacé vint se planter à travers sa veste et sa chemise en la peau tendre, fébrile en une profondeur non pas létale mais millimétrée pour avancer jusqu'au milieu du dos, juste au dessus de sa colonne à une hauteur équivalente. Le poignard nimbé de cette teinte pourpre s'en extirpant pour exécuter un tracés identique. Deux lignes s'étant dessinées, deux lignes qui descendaient au fur et à mesure qu'elles se rejoignaient. La plaque métallique, tranchante vint une troisième fois dès lors se perdre en ce corps suivant parfaitement cette colonne. Arme retraçant celle-ci en étant à la limite de l'acceptable pour ne point la touche de sa pointe.

L'hémoglobine affluant pour encrasser merveilleusement sa tenue. Était-ce le début ? Assurément car il ne se contenterait que de cela et que toi tu tolérais ceci, sachant que cela n'était le pire que ce que la bête avait pu faire. Tu finis par ôter lentement mais sûrement tes gants, il n'y avait qu'elle et sans doute un futur mort pour voir tes majestueuses imperfections. Tes mains aux phalanges, à l'ossature marquée par les cicatrices rangeant ensuite précieusement les morceaux de tissus. C'est une autre texture qu'elles vinrent ensuite massacrer, déchirant la veste et l'autre haut de la dépouille en devenir. Offrant à la vue ce dos écharpé, pas assez selon tes actuels goûts bestiaux. Tu vins apposer tes mains de par et d'autres des profondes et méticuleuses entailles dont ruisselait ce sublime fluide, pressant sur ces blessures, écartant sa chair en chaque ligne tracée. Accentuant la blessure, étirant cette vulgaire barbaque alors que le basané de tes doigts, de tes paumes et de leur dos se voyait recouvert de ce divin cramoisi. Les perles rougeâtres chutant de tes deux membres pendant que tu les relevais. Tu t'étais délecté du moindre détail, de ses complaintes de douleur durant cette tâche trop courte pour la chose. Une absence de sourire se lisant toujours auprès de ton faciès même si ton regard pétillait tout en démontrant le fait qu'il en voulait plus.

Tu avais qui sait oublier le un petit peu de ta supérieure mais tu l'avais fait si bien chanter.

Les minutes passant, tu vins te agripper sa tête d'une de tes mains, le saisissant comme une brindille se verrait souffler par le vent. Le faisant se redresser de cette façon, phalanges enfoncées en sa chevelure captivant ce crâne. Tu le présentais à elle, il allait assurément parler.

« - Toujours indisposé à dire la vérité à la première chevalière ? »

Un ton froid, quelque peu nimbé d'une très mauvaise malice. L’atmosphère s’imbibant de ce nectar, cette senteur métallique là où la créature avait pu goûter à son entrée la peur puis au plat principal de la souffrance et du sang. Il ne lui manquait que son dessert même si elle ne pouvait être par contre un meilleur accompagnement avec son morceau de viande au milieu des deux autres moments de son dîner.

Tes mains dégoulinantes encore et toujours de ce fluide alors que tu vins soutenir le regard de la vicieuse belle semblant peut être y déceler un écho identique ?

« - Je dirais tout... Tout... Pitié...»

Des dernières paroles entre sanglots et délicieux râles de douleur. Tu avais encore faim même si ton appétit avait été partiellement comblé, l'humain ayant détourné le regard sur la scène qu'il avait tempéré la bête en désirant plus. Il y avait une nouvelle fois beaucoup d'espoirs en Aerith, deux espoirs très différents mais sans doute avec la même finalité.

Tu avais toujours tenté d'échapper à cette chose que tu devenais, inarrêtable. Une chose qui était ta raison d'être, dont tu venais, vous deux devenant bien trop souvent qu'un. Qu'arriverait il si un jour celle-ci finirait par dompter l'humain ne serait-ce qu'une nuit ? L'enfermant à son tour en cette prison ? Saccage, une réponse trop faible.  




l'éclosion des
chrysanthèmes

le jeu perfide

La vie était une effluve mortifères aux relents douceâtres. Si la vie avait une saveur, elle aurait eu celle d’un morceau de viande frais et bon, rongé intérieurement par les vers. Si elle avait une odeur, elle aurait sans doute été un peu ferrique, humide, bétonnée. La mort à elle seule ne suffisait pas à contenter ses sens. Elle n’appréciait pas son homogénéité. Elle l’aimait accompagnée d’un poivre doux, qui prenait tendrement à la gorge. Elle l’aimait hétéroclite, composée de diverses choses qui lui permettaient de radier et d’être magnifiée. Aerith se demandait si en cette situation, elle aimait les exhalaisons de la mort. Mêlées à ce sang, aux hurlements étouffés et complainants de son oeuvre et aux bruits discrets et présent de la section de la chair, du raclement des os. C’était assurément un bon travail, pensa-t-elle. Brynjar lui offrait quelque chose de bien plus délicat (sans abandonner son habituelle férocité) que ce qu’il lui avait montré il y a de cela quelques mois. Que cette vulgaire mise en charpie de ses propres hommes, impulsions incontrôlées d’un démon si vorace que sa conscience n’a pas été capable de le retenir - ou peut-être était-elle trop soumise à lui pour ce faire. Cet homme était puissant dans sa faiblesse.

Ainsi il s’était entrepris à torturer le soldat de Cyclone, ravageant sa chair à travers ses tissus qui lentement se nimbèrent du carmin de ses fluides vitaux, eux-même mêlés à l’humidité du pavé déjà trempé par les larmes célestes. Aerith observait calmement ce spectacle, appréciant sa position de spectatrice assise dans les premières loges, à quelques mètres seulement des tragiques acteurs de cette pièce décousue. La lame du noir tranchait, coupait, et ne laissait évidemment pas le gibier indifférent. Cependant, à ses yeux, cela n’était pas de la chanson. Ses cordes vocales étaient tendues et rigides, et les notes harmonieuses supposées s’échapper de sa gorge étaient fondues en tonalités fausses qui manquaient de grâce et d’élégance. Il ne chantait pas, il piaillait et dégoisait désagréablement une chanson qu’il ne connaissait même pas, mené par un chef d’orchestre encore une fois maladroit et indélicat. Le visage d’Aerith restait stoïque face à cette vue qu’elle ne jugeait ainsi pas des plus agréables ; espérant une chute, un retournement de situation ou quelconque élément perturbateur qui changerait son avis déjà ébauché en son esprit. Mais il n’en était rien. Il serait mensonge de dire que Brynjar ne faisait pas objectivement un bon travail. On avait appris aux soldats ellgardiens à prendre avantage de leurs victimes, à les écraser psychologiquement et on leur avait donné les outils pour ce faire ; elle savait que lui plus que quiconque les maîtrisaient comme un professionnel. Mais il avait une vision bien trop encadrée du sujet, et ne laissait pas son esprit s’adonner à quelque chose de plus imaginatif, lui qui était si restreint sur cette vision des choses. Ainsi, il avait clairement compris le propos sous-jacent qui s’écoulait des ordres de sa supérieure mais il en avait oublié la formulation claire, qui elle était explicite et simple à appréhender. De cette façon, il s’était détourné de sa consigne et venait à faire quelque chose qui s’éloignait de son ordre, et la désobéissait ainsi - malgré son évidente incompréhension.

Le sang du garçon coulait désormais le long du pavé et remplissait les creux de ce dernier, glissant jusqu’à la chaussure d’Aerith. Elle s’écarta d’un pas de côté pour éviter que l’hémoglobine ne la tâche. Lorsque le visage de la victime fut redressé, il dévoilait une face maculée de sang et acculée par la douleur et l’épuisement ; trahissant ainsi une faiblesse regrettable qu’elle craignait de ne pas pouvoir balayer. L’interrogation du soldat fut emboîtée par la réponse plaintive et supplicative de l’homme, et Aerith pencha alors la tête de côté, agitant sa main dans les airs pour enjoindre à presser le pas et ne plus perdre de temps. Personne n’était passé dans cette ruelle, mais ils n’avaient pas énormément de temps devant eux.

« Parle, alors. Tu risques de mourir ici si tu ne te dépêche pas. »

Alors que l’homme s’apprêtait à expirer de nouveaux mots - des aveux précieux, il fut stoppé par un restriction impérieuse de son corps mal en point. Il n’arrivait pas à cracher autre chose que du sang et de la salive, et lorsqu’il trouvait enfin les mots, ces derniers sortaient par fragments et semblaient inintelligibles, pour un humain dans tous les cas. Brynjar avait très bien calculé sa torture, objectivement, encore une fois. Et encore, elle pensait qu’il s’était laissé emporter, un peu comme un chien trop zélé à qui on donne un morceau de viande après de longs jours d’abstinence. Affamé et irréfléchi, malgré une évidente obéissance et un désir de faire les choses bien. Après quelques secondes passées à écouter les balbutiements de l’homme ensanglanté, Aerith poussa un soupir profond qui témoignait d’un agacement certain.

« Tu vois, fit-elle, cette fois-ci en direction de son soldat, tu n’écoutes rien. Une voix sèche. Je suis déçue, encore une fois. Tu m’as montré que tu n’étais certes pas un animal, mais que tes instincts restaient primaires et triviaux, à l’image de ces créatures sans cervelle. Je me demande ce qui est le pire. »

Un regard imbibé d’affluences sombres et dures. Un essaim noir qui se refermait peu à peu sur l’homme hâlé, et qui grouillait autour de lui. Aerith aurait pu être satisfaite, ne pas être regardante de ces petits défauts qui parasitaient à peine l’oeuvre de l’homme, mais cela n’était pas possible. La manipulation ne passait pas par de douces caresses. Il fallait générer quelque chose de chaud, de bouillant, attiser cette flamme et lui faire prendre des proportions cyclopéennes. Il devait la haïr, il devait aimer la détester.

« Tu ne l’as pas fait chanter, tu l’as fait brailler. Je ne sais pas si tu es incapable, ou juste totalement débile. Elle redressa le menton. Tu avais l’air affamé et je voulais te nourrir tout en partageant un moment intimiste avec toi. Mais je n’ai plus envie de te faire plaisir à présent. Écarte-toi. »

Elle observa Brynjar s’exécuter, et le suivit du regard, avant de regarder l’homme au sol essayer de s’accrocher aux dalles pour s’enfuir. Elle ne prit même pas la peine de le retenir, il n’irait pas bien loin, et la ville entière était sourde à ses râles de douleur incompréhensibles. Aerith s’interposa cependant entre le corps et le soldat, fixant ce dernier.

« Plus loin. Va à l’entrée de la ruelle, lui consigna-t-elle. À ce moment précis et jusqu’à ce que je t’y autorise, je t’interdis formellement de te retourner, de jeter le moindre regard par-dessus ton épaule. Exécution, Fearghal. »

Il était l’heure de finir soi-même le travail. Il n’était pas capable de dire quoi que ce soit, et les derniers grains du sablier glissaient, et s’écrasaient. Aerith n’avait pas envie de briser le verre et d’y répandre le sable emprisonné à l’intérieur. Pas ici, pas maintenant.

@feat brynjar fearghal #6b70b0
Awful


the thing
ft. Aerith
le diable

Il y avait cette sensation des plus étranges, une sensation que tu ne connaissais que trop bien et atrocement vicieuse. Les stimulus chimiques ne cessant de se multiplier en ta boîte crânienne. Les synapses communiquant intensivement, tu ressentais comme une satisfaction. Une satisfaction qui était purement personnelle face à la douleur d'un autre être en un point où ceci était anormalement grisant. Un point où même d'autres pratiques plus socialement acceptables, charnelles et simples entre deux individus était normalement plus plaisante. Il y avait comme une jouissance malsaine qui se développait en toi encore et toujours. La souffrance n'était ce pas la seule et unique chose que tu savais donner, offrir complètement cependant à défaut d'être apte à témoigner d'intérêts plus développés. Des émotions profondes ne pouvant germer en ton être du moins en l'état que l'on t'avait laissé depuis des années, depuis le début de long tourment dont tu n'avais idée. N'y avait il pas pire de considéré pour soi même qu'un état comme celui-ci était normal ? Que le seul défaut se trouvait en d'étranges pulsions qui étaient aussi artificielles que totalement enchaînées à l'être qui fut autrefois simple et candide.

Il y avait une chose qui décevait la bête qui ne se souciait point des propos de la jeune femme, l'ignorant complètement pour l'instant. La proie semblant déjà marqué des clairs faiblesses pour un acte de barbarie qui fut plutôt simple alors que la chose ne voulait qu'une chose, simple l’éviscérer et l'entendre hurler son affliction. Il n'y avait que ta parcelle d'humanité, professionnelle qui faisait un tant soit peu non pas aux propos de l'individu en pleine agonie mais plutôt aux propos de la première chevalière. Les réponses du futur cadavre t'important que peu, très peu en réalité tandis que tu étais plus préoccupé par le fait de gérer ces pulsions qui atteignaient doucement mais sûrement leur paroxysme. Il n'en sortait rien d'intéressant, un simple pion comme celui-ci, comme celui qu'il était ne devait avoir la moindre valeur. Tu te demandais pourquoi elle voulait perdre son temps avec alors que le monstre souhaitait pouvoir s'accaparer son gibier, en retirer le délice le plus obscène qu'il était apte d'en tirer. Les méthodes de mise à mort ne manquaient pas même si la bride était toujours maintenu. Si tout se passait bien tout n'était qu'une question de minutes pour que tu retrouves la tranquillité que tu avais perdu des heures.

Il y eut enfin un nouvel ordre, un ordre qui eut le mérite de faire plisser les yeux aux deux êtres qui cohabitaient en cette même enveloppe. L'un se sentant bafoué dans son honneur, l'autre spolié de ce qui lui revenait de droit. Le foyer où autrefois un simple amas de cendre trônaient n'étant plus qu'un immense brasier où même un magma bouillonnant s'en échappé suite aux paroles de la jeune femme. Il y avait une faim qui n'était pas comblée et qui se trouvait juste derrière cette silhouette bien plus petite que la tienne, une faim qu'il fallait mieux tarir plus que de vouloir jouer avec celle-ci. Un appétit qu'on ne devait laisser traîner tellement il pouvait aisément en devenir handicapant. La dragonne jouant avec un feu dont elle ne paressait pas réellement comprendre le fonctionnement d'une si importante problématique sur le long terme tandis que les drogues montraient leurs limites. Il était plus que très risqué de vouloir apprivoiser une créature tel que celle qui sommeillaient en toi en temps normal, bien trop éveillée actuellement. La lutte ne cessant entre l'homme qui connaissait les limites et la chose qui n'en avaient que très peu voir aucune jusqu'à ce qu'elle ait fini de ronger les os des tributs qu'on lui avait fait.

Ce tribut elle le voulait même si un soupçon d'humanité reprenait le dessus, un soupçon plus apte à une réflexion simple. Il y eut une énième fois une très longue inspiration et expiration, ta personne se rapprochant d'elle. Il avait bien des directives que l'on devait suivre avec une monstruosité mais la première chevalière n'en avait que faire. Des paroles ne tardant donc à s'extirper de tes lèvres, un avertissement tout sauf voilé.

« - Cela fait deux fois, deux fois que tu m'ôtes de quoi être tranquille quelques temps surtout que personne n'aurait pleuré celui-ci. N'abuse pas de ce que je peux devenir et ne parle pas comme si tu savais ce que je ressens. Ne tente plus jamais de me voler mes échappatoires ou cela en sera très contre productif pour nous deux. »

Un consensus ayant été trouvé en ces propos entre le golem de chair et la chose envieuse de calvaire. Elle prenait de trop grandes libertés avec ce que l'on avait enfermé en toi à tes goûts malgré tout le respect que tu avais pour son titre. Tu ne tardas à lui tourner le dos sans plus de cérémonie, les mots doucement levées afin de laisser les gouttes célestes commencé leur simple tâche de chasser l'hémoglobine de tes mains. Tu extirpas un tissu de ta veste qui vint bien rapidement se nimber du fluide vital qui avait recouvert ta peau et cette lame, tes pas s'enchaînant vers le bout de la rue. Tu te faisais violence à un rare niveau, un point sans doute jamais atteint pour ne pas finalement te retourner et obtenir ton trophée. Le souffle tout sauf contrôlé il y avait cet légère idée qui avait germée là où l'arme redevenue pure aurait pu servir tel un miroir si le temps aurait été plus généreux en luminosité. Tu broyais du noir plus que jamais, tes poings se resserrant bien plus qu'à l'accoutumé. Le squelette de métaux se heurtant à la musculature sur-développé qui l'entourait jalousement.

Ses phrases ne cessaient de se rejouer en ton esprit jusqu'à ce que l'une s'enraye en celui-ci. Un mot plus précisément, un mot qui avait une sonorité étrange même si celui-ci devait être à prendre en son sens le plus simple sans le moindre soupçon de névrose plus perverse à sa façon.

Intimiste.

Elle t'avait interdit d'observer mais t'avait elle intimité de garder le silence ? Non. Tu étais curieux de savoir s'il s'agissait d'un piètre choix de mots ou non, le tout ayant qui sait le don d'un peu plus chasser la créature à laquelle la muselière fut difficilement replacée mais bien là.

« - Un moment intimiste ? De la torture tu considères cela intimiste alors que tu devais simplement régler une affaire ? Tu vas me dire que c'est un mauvais, maigre choix de mots ? »

Il y avait cependant ce désir toujours présent, grouillant sous les ports de ta peau. La faim stagnant horriblement surtout de par la mise à mort ôtée, une frustration sans nom germant bien trop rapide. L'impossibilité d'infliger une bien plus colossale douleur décuplant celle que tu aurais dû exprimer, dont tu aurais dû te débarrasser. Tout ceci avait été si contre productif, contre productif là où la chose gagnait un peu plus chaque jour du terrain, contre productif là où l'humain voyait la science et ses calmants perdre du terrain face à l'accoutumance.

Le parasite croissant au fil des semaines, des mois. Un parasite mêlé à l'homme dont toutes les atrocités n'étaient que réciprocité de son vécu.