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La Grâce ou la cendre [terminée]

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Alnaari Kahayferet

Dame de compagnie

Identité

  • Race : Salamandre
  • Âge : 50 ans
  • Orientation sexuelle : Bisexuelle
  • Situation personnelle : Célibataire dans ce pays
  • Nationalité : Akanthienne

Points de caractéristiques

  • Physique :
  • Agilité :
  • Force :
  • Endurance :
  • (Techno)magie :
  • Mana :
  • Puissance :
  • Contrôle :

Compétences [3/3 slots]

Cendrillon :
La manifestation magique de Kahay est loin d'être flamboyante comme l'est souvent celle des salamandres, ou encore comme pourrait le présager sa chevelure vive et intense.
Là où souvent l'on attend le spectacle de la combustion pour la pyrotechnie, le splendide et cruel spectacle de la destruction, puis le silence asphyxiant des cendres, Kahay saute à la conclusion comme le lui a permit la nature. Elle est dotée d'un pouvoir insolite, partiel et parfaitement égal à elle même. Kahay est fière d'être l'ombre de son étincelante famille et plus encore de sa resplendissante soeur aînée, et à l'ombre du feu s'éparpille parfois les cendres abandonnés.

En somme, au contact tactile, Kahay est capable de transfigurer - ou sublimer, comme elle le dirait - une matière organique ou minérale pour qu'elle se réduise progressivement à l'état de cendres, à allure irrégulière selon la constitution de la chose et l'investissement magique de la cadette Alnaari.
Ayant un grand orgueil de cette force et une fascination pour la magie en générale (ainsi que sa provenance, son sens et ses possibilités) elle l'a suffisamment étudié pour en connaître le procédé. Le mana qu'elle utilise et sa propriété singulière entraîne une succinte et rapide déshydratation puis oxydation de la matière affectée jusqu'à atteindre un résultat extrêmement similaire aux fruits d'une incinération. La modulation thermique permet à une légère vapeur d'échapper de cette sublimation en se chargeant d'une certaine chaleur, mais les cendres laissées sont toujours plus froides que l'on ne pourrait l'imaginer en observant le curieux phénomène.

Kahay peut s'en servir comme d'une arme et même d'une arme mortelle, à condition de pouvoir exercer une pression suffisamment longue et puissante sur la personne visée tout en investissant un effort magique quasiment maximal. Autrement, seul des séquelles superficielles ne seront infligées.
-A bonne puissance, la pyrolyse entraîne de gravissimes blessures physiques au bout d'une minute et la mort entre trois et quatre minutes, en fonction de la partie du corps visé et de la vigueur de la cible.

Elle estime qu'à l'instar des membres de sa famille, cette magie est une incarnation de la grâce divine lui conférant des privilèges et un rôle particulier dans la ronde des astres et de la providence; toutefois elle a conscience du caractère lugubre et sinistre de celle-ci, acceptant qu'elle n'est qu'une part de laideur acceptable créée pour protéger sa soeur - entre autres - de la disgrâce.

Génie :
Depuis très jeune, Kahay brille avant tout par son ingéniosité et son excellente mémoire. Elle semble, enfant, surdouée et créative. Mais par ces immenses qualités, elle devient vite menteuse et manipulatrice. Etant surprotégée comme la plus jeune et apparemment la plus fragile de sa famille, elle se servait aussi de cet atout de façon a pouvoir librement étudier et apprendre. Kahay est devenue curieuse et avide de tout connaître; chanceuse qu'elle fut, elle en reçut largement les moyens. Durant toute sa vie, jusqu'ici, elle a consacré une grande partie de son temps à satisfaire sa soif de savoir et d'enrichissement, dans le but de s'élever mais aussi par pure passion et attraction pour les grands mystères du divin et de la nature.
Ainsi elle n'est pas une précieuse savante comme on trouve parfois à la Cour des cendres pour ouvrir des cercles de discussion ou proposer des soirées thématiques littéraires. Elle est brillante et possède un savoir encyclopédique prodigieux  - bien qu'évidemment limité à certains domaines - qu'elle dissimule autant qu'elle en use, et même malgré son exubérance trompeuse.
Elle est artiste; une peintre accomplie et innovatrice; une sculptrice rare également, ainsi qu'une fervente mélomane.
Elle est également une philosophe et théologienne dilettante; ayant écrit cinq essais pour elle même, chacun parcourant de très nombreux et variés sujets allant de la politique à la métaphysique.
C'est un des talents que Kahay chérit le plus car elle estime qu'elle ne se le doit qu'à elle, même si elle cherchera toujours à le mettre à contribution pour les plans de la seule personne qui les mérite.

Liaison dangereuse :
Chacun se fera sa propre opinion à ce sujet, et elle sera aussi libre et nuancée que possible, mais d'aucun pourrait dire que le genre d'intrigante qu'est Kahay peut s'avérer être une fréquentation dangereuse. Dans chaque cas, on le vérifiera d'une façon ou une autre.
Cependant ne nous y trompons pas; Kahay n'est pas une espionne, une barde, un agent double, ou quoique ce soit qui sied à l'information ou la basse besogne. C'est une dame de compagnie, douce, discrète et qui, malgré son rang élevé, ne se mêlerait pas impoliment d'affaires tortueuses qui ne la regarde pas. Toutefois beaucoup de choses la regarde, principalement les affaires de la reine d'Akantha qui sont même ses priorités. A ce titre, elle a limée et s'est appropriée avec une ampleur formidable son rôle et son statut de par sa prédisposition aux intrigues et aux sentiments.
Si la Cour d'Akantha pourrait paraître tel un magnifique jardin botanique peuplé de plantes toxiques, traîtresses ou carnivores, la jeune soeur de la reine s'y pose comme un rare recoin calme et doux, floral et attendrissant. Bien sûr cela n'est pas ce qu'il paraît mais, sans mot dire, la femme à la chevelure cramoisi entraîne dans le cercle de ses affections et distractions nombre de personnalités coriaces et brillantes, pourtant essoufflées par les jeux du trône et de la politique. Son regard n'est pas vénéneux mais consolant; sa présence et sa conversation agit comme une relaxante ballade en dehors du temps. Et lorsque l'on est touché par son affection, elle devient addictive; sensuelle mais surtout d'un romantisme irrésistible et parfaitement exécuté.
Kahay sait aussi bien recevoir que donner l'amour, sous toutes ses formes. Elle connaît et déchiffre les sensibilités et est habile pour les détenir sans avoir à quitter l'ombre de la reine.
Dire qu'elle est une séductrice serait se méprendre et tendre à l'opposer du caractère de Kahay; cette dernière ne séduit jamais et l'en a horreur. Elle incarne avec simplicité la subtile différence entre plaire et émouvoir, ou plutôt le falsifie avec aisance tandis que se posent - comme elle apprécie le formuler - "les mouches sur le miel".  
Et derrière tout cela, les yeux de Kahay n'aimant et ne voyant que la Grâce et les cendres, son regard et son jugement sur ceux qui l'approcheront et s'attacheront à elle demeurera implacable en temps et en heure. C'est pour ceux qui le verront qu'ils diront que Kahayferet Alnaari est la liaison la plus dangereuse de toute.

Physique

La première chose flagrante chez Kahay est sa taille et son maintien.
C’est une femme menue, très svelte et qui ne dépasse pas le 1m55 ; cela contraste beaucoup avec la façon dont elle se grandit par sa posture. Elle garde souvent la tête haute afin de toujours pouvoir baisser très légèrement les yeux vers son interlocuteur ou au moins afficher un noble orgueil qui ne la quitte en aucune occasion. Elle tient souvent ses mains fines aux longs doigts sur ses hanches ou elles les laissent graviter autour d’elle de façon aérienne avec une agilité évidente.
Ses yeux demeurent l’aspect le plus fascinant de son portrait. Teintées d’un rouge intense et vif côtoyant le vermeil charmant et doux, ils passent sans difficulté d’un état à l’autre ; soit se plongeant avec une intimidante intelligence dans le regard de son interlocuteur, ou se perdant dans les paysages sans parvenir à trouver un point d’accroche, illustrant un esprit parfois distrait.
Son visage est symétrique et, à l’instar de celle de sa sœur, harmonieux et objectivement jolie. Elle le maquille pour lui donner un teint de cire et une blancheur de craie pour renforcer le rouge de ses yeux. Ses cheveux sont longs et artificiellement sauvages, retombant sur ses épaules comme une cascade d’épines. Elle laisse avec une délicieuse nonchalance des mèches rebelles lui passer au travers de la figure, donnant encore plus de caractère à son visage et son regard. Là encore sa chevelure rouquine tire de façon extraordinaire sur un rouge amarante et sanguin qui s’accorde miraculeusement avec le reste.

A la cour d’Akantha, Kahay se revêt de tenues élégantes mais sobres ; souvent des robes noires ou noires et blanches, qui épousent tout en subtilité la forme fine de son corps. Il lui arrive également, non par coquetterie mais pour une utilisation pratique, de mettre des talons pour compenser un peu sa lacune en terme de grandeur, chose qui ne la complexe mais l’agace.
Enfin, elle ne porte pas de parfum particulier, comptant plutôt sur l’authenticité olfactive ; toutefois elle se coiffe avec une huile à l’amande qui laisse une odeur ennivrante qui la suit.

Caractère

Kahayferet est multiple et assume toutes ses contradictions.
Elle est à la fois romantique et sensible, tout en pouvant se montrer odieusement méprisante et cynique. C’est une femme d’une rare tendresse et douceur tout en étant capable d’une forte brutalité et d’un pragmatisme mortel. Kahay est polie, effacée et discrète, mais aussi avenante, charmante et exhubérante.
En réalité, la sœur de la reine est surtout terriblement brillante et calculatrice. Parmi toutes les choses qu’elle sait et qu’elle a comprit (ce qui parcourt de nombreux domaines), elle n’ignore rien des artifices de la vie en société et adopte, dans un jeu de nuances et de subtilités étonnant, une pléiade d’attitudes et de caractères en fonction de son interlocuteur et de ses objectifs.
Elle est socialement manipulatrice et d’une immense froideur envers son prochain.
La seule personne pour laquelle elle ressent un profond attachement défiant même sa logique implacable, est sa grande sœur Nephetys qu’elle admire et adore. C’est pour elle, en grande partie, qu’elle s’est construite son personnage, afin de pouvoir être sa gardienne et une sœur irréprochable. Elle est capable envers elle – comme envers d’autres, par ailleurs, qui sauraient lui prouver leur valeur selon ses critères – d’un amour sans limite, meurtrier et auto-destructeur.
Kahay a beau être très fière et orgueilleuse, elle n’est ni imprudente ni égoïste. Elle se consacre entièrement à celle qu’elle aime et à sa doctrine.
En effet, pour le dire simplement, Kahayferet s’est construit à Mearian une philosophie du divin extrêmement précise et unique où elle imagine que la beauté est le seul salut de l’univers et qu’il se manifeste par une harmonie radieuse et exemplaire entre une âme parfaite et un corps parfait ; elle appelle cela la Grâce et est persuadée être la seule personne capable de la voir et la comprendre. Ainsi elle la trouve en certains êtres qu’elle juge comme « digne d’exister » - comme son ancien compagnon, Ambrose, ou elle même – et pense que son incarnation la plus évidente est bien sûr sa grande sœur qui est d’ailleurs l’inspiratrice de cet ordre de penser.
Elle ne voit en la nature que trop souvent de laideur dans l’artifice, le caractère éphémère des choses, ainsi que la propagation incohérente de la vie.
Elle juge sévèrement la vanité de l’existence telle qu’elle est actuellement, et ne vaut à ses yeux rien de mieux que de la poussière ou de la cendre, ce qui la rend implacable envers toutes les choses qui lui font obstacles et qui sont nuisibles à sa sœur.
Son pouvoir est pour elle la preuve de son rôle en tant que protectrice de la Grâce, et n’hésite par à s’en servir si elle le doit, quand bien même elle se mettrait en danger. Par ailleurs, elle se considère suffisamment sage et éclairée pour être plus légitime à juger les mortels que les nouveaux dieux qui sont pour elle des imposteurs maladroits. Mais tant qu’ils ne nuisent pas, elle leur concède le mérite d’insuffler la foi en tout un pays. Enfin, Kahay est capable d’une grande sensibilité et compassion envers ceux qui luttent pour des nobles espoirs et tendent vers la beauté. Elle se juge elle même extrêmement bienfaisante et miséricordieuse. Certains, particulièrement cinglant, pourraient bien aller jusqu’à dire que Kahayferet Alnaari, dépouillée de tout artifice, serait une sociopathe mégalomane.

Histoire

Tu es déjà mignonne voyons. Mais, souhaites d’être intelligente. La beauté se fane.

Kahayferet Alnaari avait son mantra de jeunesse dans la tête alors qu’elle revenait enfin chez elle ; après tout ce temps. Ses souvenirs d’Akantha étaient à la fois très précis et confus comme si ils venaient d’un rêve très récent ; joyeux et insignifiant. Qu’importait Akantha en fin de compte.
Il n’y avait qu’un être qui lui manquait et qu’elle désirait plus que tout rejoindre. Leur séparation avait bien trop duré – ou plutôt il était intolérable qu’elle soit encore plus longue.
L’élégante voyageuse serra ses mains avec impatience, laissant couler sa chevelure noblement sauvage faire retentir la bise. Elle y était presque.
Kahay était décidément prête à redevenir la sœur de Nephetys d’Akantha.


*


Kephèren venait tout juste de discuter longuement avec son père d’affaires qui n’avaient rien de particulièrement secrètes mais dont l’entretien convenaient essentiellement aux deux hommes les plus cruciaux de la famille. Il avait beau avoir déjà vingt-deux ans il avait tendance à se perdre entre sa jeunesse et ses futures responsabilités. Le jeune homme ne se sentait réellement adulte que lorsqu’il se trouvait prit la confidence avec l’homme qu’il respectait naturellement le plus, le patriarche Alnaari, son père. Il ressentait comme un passage de flambeau dans ces moments, où il pouvait entrevoir un avenir où chacun compterait désormais sur sa force et ses décisions. Devenir un soldat, un officier puis un chef de famille respecté était la vocation que la famille convenait pour lui et qu’il épousait avec orgueil ce qui éveillait sa bonne humeur comme rarement.
Ainsi donc, Kephèren se pavanait en copiant maladroitement le sourire bienveillant de son père, que celui-ci venait de lui adresser avant de le congédier. Il pensait à sortir en ville et peut-être retomber par hasard sur cette jeune fille timide qu’il aimait taquiner pour se divertir. Une fleuriste plus jeune que lui et qui ne savait pas faire autrement que baisser la tête en sa présence ; cela, en particulier, l’amusait au plus haut point. Il ramenait ses mèches grenat en arrière en secouant la tête, l’air rieur, alors qu’il passait devant la chambre de sa sœur, Nephetys. Ses pas ralentirent.
Les deux jeunes gens avaient eu l’un pour l’autre quelques mots méchants la veille quand bien même ils évitaient de se parler la plupart du temps. On l’avait sermonner sérieusement, lui répétant que ce n’était pas certainement pas mature de se disputer à son âge avec sa jeune sœur.
Depuis toujours il s’entendait difficilement avec elle. Ils avaient sans doute eu des débuts difficiles mais par la suite, une rivalité stupide entre un frère et une sœur s’était changé en un froid mépris presque insensible. Kephèren se rendait bien compte que quelque chose clochait, mais il ne voyait pas quoi. Mais quand cela le préoccupait trop longtemps il préférait faire comme si Nephetys n’existait pas, ce qui n’était pas difficile discrète comme elle était. Et puis après tout, elle était bien en âge d’être marié à un illustre bon parti qui l’emmènerait loin de lui pour longtemps. Il aurait peut-être même à donner sa bénédiction. Encore une pensée qui l’égaya.
Il avait dépassé la chambre lorsque la porte s’ouvrit soudain. Le jeune homme fut réconforté de voir à la place de sa cadette, la benjamine de la famille. La petite, frêle et douce Kahay qui de ses dix ans lui inspiraient une forte tendresse. Celle-ci referma la porte derrière sans la claquer, tenant sous son bras un livre. Il s’approcha en souriant, toujours à la manière de son père.

-Dis moi petite sœur, s’exclama t’il, que faisais donc encore fourré chez Neph ?

Il s’accroupit pour se mettre à sa hauteur. Elle était si petite et frêle qu’il la voyait plus souvent comme un oisillon fragile que comme une jeune salamandre. Kahay était la seule personne qui provoquait en lui le désir de se montrer sincèrement attentionné et délicat.
Elle ne s’étonna pas de lui voir mais fit un pas en sa direction en appuyant sur son air rieur deux yeux ronds vermeils.
-On parlait, répondit-elle.

-J’imagine bien. Mais tu sais, tu ne devrais pas trop…

Il s’interrompit. Le jeune homme ne savait pas exactement comment terminé sa phrase.
Kahay demeura immobile, patiente, attendant qu’il continue. Il secoua la tête en se contentant d’attirer son attention sur le livre qu’elle gardait près d’elle, en le tirant un peu pour le voir.

-Qu’est-ce que tu as là ? Une histoire de… hum… traité de botanique générale par Maeve Anatoli. Je vois. Hé c’est bien aussi. Tu ne préfères pas la fiction Kahay ?

-J’adore la fiction !

-Vraiment ? Pourquoi lire alors quelque chose d’aussi… eh bien… concret et terrestre ?

Il s’esclaffa, cachant difficilement son étonnement intrigué. L’enfant cligna des yeux avant de retourner son attention sur l’ouvrage.

-Il ne te restait peut-être que ça à lire, reprit-il toujours avec un ton enjoué, j’allais en ville, tu ne voudrais pas que je t’achète un roman ?

-Si bien sûr. Mais je tenais à aussi lire ce livre, Kephèren.

-Très bien…

Le regard de l’un et de l’autre convergeaient tous deux vers la couverture pendant quelques secondes. Il fronça soudain les sourcils, une idée le traversant comme un éclair.

-Tu ne voudrais quand même pas devenir fleuriste ?

A cette remarque, Kahay leva la tête et il lui sembla tout d’un coup qu’elle le dominait du regard.

-Non, dit-elle.

Elle récupéra son livre et aplatit sa main, dans le même mouvement, contre la porte de la chambre. L’enfant se mit à avoir un sourire délicieusement naïf et doux pour son frère tandis que ce dernier se relevait, perplexe.

-Neph s’est endormi, marmonna-t ‘elle. Allons ailleurs, d’accord ?

Kephèren se laissa saisir par la main et traîner en dehors du couloir, et il lui souriait tout du long. Sa décision était charmante et il se trouvait toujours très attentionné. C’était l’attitude qu’il devrait avoir plus tard en tant que chef de famille pour des enfants sages comme Kahay.
Puis ses petits doigts fins glissèrent entre les siens et elle fila hors de sa vue pour aller lire au calme. Le jeune homme se trouvait fier d’être un bon fils et un bon frère. Il regrettait d’ailleurs en ce moment même que Kahay ne soit pas sa seule sœur. Toutefois il sentait que peu de chose pourrait troubler sa bonne humeur aujourd’hui. Il reprit sa marche pour aller poursuivre cette fin de journée en ville.


*

Sethi était reconnaissant envers son frère de lui avoir donné aussi vite une suggestion pour l’anniversaire de Kahay. Elle fêtait ses quatorze ans et devenait, non pas aussi jolie que Nephetys, mais certainement une sœur très mignonne et elle mûrissait désormais à vue d’œil.
Chacun dans la famille couvrait d’affection leur petite protégée, calme et adorable, qui jamais ne causait le moindre souci. Personne n’égalait la relation complice indéniable entre Kahay et Nephetys, mais Sethi se flattait d’être un aîné attentif et bon pour elle et s’en serait voulu terriblement d’être arrivé les mains vides pour son anniversaire. Heureusement Kephèren, son aîné sur lequel il pouvait toujours compter, se rappelait bien que leur benjamine avait un penchant secret pour la flore. Probablement qu’un rosier magnifique lui serait un cadeau approprié ; si possible un rosier avec des fleurs de la même couleur sanguine de sa chevelure qu’elle laissait pousser largement depuis quelques temps.
Kephèren avait été lui même conseillé par leur mère et avait décidé, même si il était hésitant sur la question, de lui offrir un échiquier sculpté. Sethi lui même ne voyait pas ce que la réservée Kahay pourrait faire d’un jeu de stratégie qui ne s’inscrivait a priori pas dans ses goûts. Il ne pouvait plus se tromper. Cela fut un grand succès car la jeune fille s’empressa de l’examiner sous toutes ses coutures d’un regard scrutateur et vif ; un regard que Sethi ne lui voyait que lorsqu’elle lisait. Mais ce n’était pas pareil. Enfin il n’était pas sûr, cependant pour lui la littérature était une activité féminine futile qui s’éloignait bien de la tactique et des jeux. Le jeune homme ne comprenait pas l’intérêt soudain de sa sœur pour une telle chose. Le chevalier Dunne, ami de ses parents et sans doute la seconde personne dont Kahay se sentait la plus proche, lui promit de lui apprendre les règles et de jouer souvent avec elle.
Ses parents lui donnèrent des robes et Nephetys de vieux livres de toutes sortes, difficiles à trouver. Kahay s’extasia équitablement pour les deux présents, mais Sethi pouvait bien voir qu’elle n’avait d’yeux que pour la littérature offerte par sa sœur ; ainsi que pour sa sœur elle même.
A la fin de la fête, il la conduisit pour lui montrer le rosier qu’il avait planté au clair de lune. Il n’espérait pas qu’elle soit aussi émerveillée par celui-ci que pour l’échiquier ou sa future lecture, mais il attendait avec appréhension au moins un sourire rassurant de sa petite sœur.
Bien heureusement, elle lui tendit généreusement puis le prit entre ses bras. Il la serra, satisfait. Kahay était encore bien menue et il craignait que cela la poursuivre longtemps. Les qualités et la tendresse dont elle était capable étaient si précieuses ; contenues dans un corps aussi délicat, elles méritaient d’être préservées. Éloignées de toute brutalité.

-Merci Sethi, murmura Kahay.

Il hocha la tête, heureux de lui avoir offert ce rosier.


Deux saisons plus tard, à la place du rosier il n’y avait plus que des cendres. Kahay était assise devant, en ramassant une poignée pour les disperser au vent hivernal, devant le regard incrédule de son frère Sethi. Nephetys, ces temps derniers, passaient beaucoup de temps en dehors de la maison et l’on voyait plus souvent Kahay vagabonder en silence lorsqu’elle ne lisait pas. Sans sa sœur, elle ne semblait pas vraiment perdue ou désorientée, mais légèrement décalée quant à son caractère habituel. Le spectacle troubla Sethi autant par sa forme que par ce qui s’en dégageait. Que signifiait la façon dont les yeux vermeils de sa benjamine semblaient regarder au travers des volutes noires tout en ignorant sa présence ?

-Qu’est-ce qui s’est passé ? S’enquit soudain le jeune homme.

Malgré son air égaré, la réponse de sa sœur ne se fit pas attendre.

-Les fleurs s’étaient fanées. Toute leur beauté s’en est allé.

-Mais…

Il voulut d’abord s’approcher pourtant, pour une raison qu’il ne saisissait pas, il n’en fit rien.

-Mais le rosier allait refleurir.

La jeune fille acquiesça doucement avant de lui décocher un sourire patient et compréhensif. Il eut la désagréable sensation qu’elle cherchait à le rassurer ; comme l’on rassure un agneau avant l’abatoire. Il se débarrassa vite de cette idée. C’était Kahay ! Sa frêle et douce Kahay.
Pourtant il eut un frisson lorsqu’elle parla de nouveau, ornée de son expression innocente.

-A quoi bon ?

Pour la première fois, Sethi se demanda si il n’y avait pas quelque chose qui clochait avec Kahay.


*


-Échec et mat.

Kahayferet Alnaari, âgée de dix-sept ans, venait de battre avec aisance une nouvelle fois le chevalier Dunne et en semblait profondément ravis.
Ce dernier se tapa le front en s’esclaffant.

-Eh bien ma jeune demoiselle ! Je n’ai même pas eu le temps de souffler et de m’échauffer que vous me teniez déjà. Vous m’épatez.

-Voyons, répliqua l’intéressée en dissimulant à peine sa satisfaction, je ne suis pas sotte au point d’ignorer que vous m’auriez facilement battu si vous aviez jouer sérieusement.

-Mais comment ?! Mademoiselle ce serait pour moi manquer d’honneur… et devant vous… mais jamais… !!

Le chevalier soigna nerveusement ses longues moustaches blanches en rougissant en s’offusquant maladroitement tandis que Kahay éclata d’un rire cristallin. Elle lui saisit la main de la sienne, ce qui eut pour effet de le calmer à l’instant.

-N’ayez crainte, susurra-telle, vous êtes un galant mais dans le meilleur sens possible. Je vous remercie du soin que vous prenez avec moi et que vous avez toujours pris, et veuillez excuser mon insolente plaisanterie. Ingrate que je suis, me voilà vous taquinant cruellement.

Caché derrière ses moustaches, le sourire du chevalier s’élargit et il en rougit d’autant plus.

-Répondez moi plutôt, reprit-elle, suis-je devenue juste bonne à ce jeu, ou diriez vous que je suis excellente ? Sincèrement.

Dunne connaissait Kahay depuis qu’elle était toute jeune et se considérait humblement comme un second père pour elle tant il l’avait protégé avec affection, tout comme ses frères d’ailleurs. Il savait beaucoup de choses à son propos et son caractère, notamment sa très grande intelligence ainsi que sa sensibilité exceptionnelle. Le chevalier pouvait donc dire que la jeune femme n’était pas du genre à être futilement vaniteuse ou à chercher les compliments pour contenter son ego, malgré qu’elle soit fière de son esprit. C’était avec sérieux et maturité qu’elle lui posait cette question et il comptait bien lui répondre sur le même ton.

-Honnêtement jeune dame, vous êtes meilleur que moi et meilleur que beaucoup. Tout bonnement excellente !

Elle apprécia la remarque et arbora un franc sourire.

-Très bien. A présent il faut absolument que joue avec ma sœur !

Dunne devinait depuis un moment qu’une des raisons pour laquelle la jeune femme s’entraînait aussi dur à ce jeu en particulier était pour impressionner Nephetys, sa sœur aînée.
Ce n’était pas que Kahay admirait ou idéalisait cette dernière ; c’était tout bonnement qu’elle l’adorait, et depuis toujours avec la même intensité. Son regard et son attitude n’était pas la même lorsqu’elle pouvait se trouver en sa présence et le chevalier eut parfois l’impression un peu mélancolique que c’était comme si toute sa vie elle la dédiait uniquement à Nephetys.
Les motivations et l’enthousiasme de la benjamine Alnaari lui provenait en grande partie des remarques et réflexions que lui avait tenu non pas ses parents ou ses frères, mais bien sa maître à penser jusqu’à l’adolescence, l’éloquente et splendide salamandre de la famille. La brillante sœur aînée, dédaignée par Sethi et Kephèren, mais objectivement plus prodige que les deux hommes.
Le chevalier ne savait pas exactement d’où venait – en dehors de l’amour seul – l’obsession de Kahay pour celle-ci, et se trouvait partager entre la tendresse pour celle-ci et une insolite inquiétude. Malgré ses qualités irréfutables d’artiste et d’intellectuelle, elle se rabaissait bien souvent au profit volontaire de Nephetys. L’une des rares fois où Dunne tenta de l’interroger quant à la raison, il ne pu rien tirer de plus probant que quelques mots mal assurés : « C’est que Neph, ma sœur, est gracieuse. Et que personne ne l’est comme elle. »
Depuis un an ou deux, cette même sœur gracieuse semblait avoir pris son destin en main, s’éloignant de plus en plus de l’autorité familial pour sans doute trouver ailleurs son indépendance et un moyen de s’élever autrement que par un simple mariage arrangé comme l’aurait bien voulu ses frères. Il soupçonnait Kahay d’avoir été mise en confidence de ses plans secrets mais n’eut pas l’audace de se glisser dans cette sacrée intimité. Au contraire de sa mère qui l’interrogea quelques fois sans ne jamais rien obtenir, ne parvenant jamais à ne serait-ce que hausser le ton sur sa tempérée et imperturbable fille bientôt adulte.
Dunne était amusé par l’emprise que Kahay avait toujours eu sur ses parents et ses frères sans n’avoir jamais rien eu à faire. Du moins a priori.  

Il s’apprêtait à répondre à sa protégée lorsque les portes du salon s’ouvrirent en fracas. Le chevalier et Kahay tournèrent la tête en alerte et la jeune femme reçu de plein fouet la plus importante tempête de sa courte existence. Sa mère entra en trombe dans la pièce pour s’effondrer dans les bras de la femme incrédule. Elle était éplorée. Dunne se leva formellement ne sachant pas si il devait partir sur le champs ou rester pour être d’un réconfort quelconque à l’une ou l’autre.
Le pater familias succéda à son épouse dans le salon, la mine ruinée par la peine. Il invita faiblement le chevalier à venir le suivre et lui apprit l’importante nouvelle.
Kephèren et Sethi, les deux frères de Nephetys et Kahay, venaient de trouver la mort.
Rapidement, Dunne comprit qu’il serait hors de question pour leurs parents de rester vivre dans le pays où le drame s’était produit. Et il semblait que Kahay et Nephetys allaient être séparés.


*


Les parents de Kahay se rendaient compte à l’aune de leur départ pour Mearian qu’ils n’avaient jamais vu leur fille en colère. Ni même vexée ou insolente. Mais cette fois, elle avait réduit toutes ses affaires en cendres et se tenait folle furieuse face à eux deux.

-Hors de question !

-Kahay… implorait sa mère, tu es tout ce qui nous reste. Tu es la seule que nous pouvons emmener à Mearian. Tu seras heureuse là bas, plus heureuse qu’ici. Plus libre aussi, je te le promet. Je t’en prie, nous pourrons pas y arriver sans toi.

-Et vous, vociférait dans une œillade glaciale la jeune femme, vous cela ne vous embarrasse pas de me priver de ma sœur ! Et elle de la priver de moi ! Qu’avez vous dans la poitrine… un cœur !? Une dalle de pierre !?

Elle arracha d’un geste vif la cendre froide sur les meubles et la fit glisser entre ses doigts en serrant les dents, brandissant son poing rageur.

-Ou bien est-ce que tout a fini par se consumer ?! Et qu’il ne reste plus rien à part…

-Kahay ! S’écria son père. Nous venons de perdre… de les perdre. C’est un drame sans limite pour chacun d’entre nous ; inutile de nous faire plus de mal.

-Plus de mal ?! Sans elle je vous jure que...

Cette fois il tapa du poing contre le mur avec une force admirable, forçant le silence à Kahay qui n’en demeura pas moins défiante dans son attitude.

-Nephetys à d’autres projets semble-t-il. Des grands projets. Sa place est ici. Mais plus la notre.  Et cette fois Kahayferet… cette fois je t’intime de m’obéir.

Il baissa la tête. Il retint un sanglot.
Kahay l’observait en le dominant du regard. Sa mère ne disait mot mais s’épouvantait de la noirceur qu’elle entrevoyait en ce moment dans les yeux rouges de sa fille.
Un silence s’en suivit ; finalement brisé par Kahay qui hocha paisiblement la tête.

-Bien, approuva-t-elle. Bien. J’attendrais que vous mourriez tous les deux pour la revoir. D’ici là, je ferai en sorte de devenir digne de me tenir à ses côtés. Et que personne ne puisse plus jamais m’y arracher.


*


-La reine Nephetys d’Akantha, si belle et éclatante, rayonne tant sur son pays que là bas le soleil ne s’y trouve que pour l’épauler. Gloire à l’ascension de ce nouvel astre ! Gloire à la couronne d’Akantha !

Une jeune femme au pas léger et aérien s’arrêta pour sourire au crieur avant de repartir de plus belle. Elle se détachait clairement de la foule habituelle de Theopolis, comme une fleur sauvage ayant poussé par miracle dans un jardin artificiel.
Le jeune Ambrose ne manqua pas de la remarquer et son cœur s’emballa. Aucune femme n’avait jamais trouvé de l’intérêt à ses yeux mais cela ne voulais pas dire qu’il ne rêvait pas comme tous les jeunes hommes romantiques d’un idéal féminin précis qui lui apporterait la perdition sentimentale et passionnée, synonyme d’amour. C’était peut-être l’intuition ou l’instinct, l’intelligence ou le cœur qui le lui soufflait, mais il lui semblait que se trouvait dans la rareté de cette femme une part de romantisme. Il expira mélancoliquement, décochant un sourire rêveur.
Le jeune étudiant n’en fut pas pour autant ralentit et se dirigea à son tour vers le crieur.

-Excusez moi… cela signifie que Sol d’Akantha s’est marié avec cette Nephetys ? Si je peux me permettre, d’où vient elle au juste ?

Le crieur s’interrompit, conservant un air extrêmement sérieux.

-Il est dit et chanté partout que dame Nephetys est si sublime et flamboyante qu’elle incarne à elle seule le coeur du pays ! Il y a de ces personnes si prodigieuses qu’elles sont nées pour être roi ou reine et il n’y a rien à savoir de plus.

Ambrose hocha lentement la tête avec un rire d’embarras.

-C’était donc cela, dit-il, je vous remercie infiniment.

Si Mearian, et encore plus la capitale, était une contrée érudite et pieuse, elle était aussi capable d’un certains débordement enthousiaste pour ce qui était de l’exotisme romanesque de ses alliés. Et le couronnement du roi et de la reine avait de quoi faire s’émerveiller la foule, comme un événement rarissime et majestueux. Un phénomène astral, telle une éclipse, aurait pu s’y comparer, mais ici à une échelle terrestre et donc presque encore plus fascinante. Le bouche à oreille et les extrapolations des bardes et crieurs faisaient le reste.
Ambrose soupçonnait le clergé de laisser sans sourciller ce genre de pratique distraire le peuple de Mearian car cela l’arrangeait dans une certaine mesure. La religion et les dieux était le pilier de leur culture et donc de la nation, mais comme chaque personne sage le savait, pour que chaque doctrine fonctionne il fallait toujours quelque chose en plus. Les affaires et la cultures étrangères étaient un ciment raisonnable dans le bon ordre général. De quoi alimenter les futilités et les conversations.
Cela ne gênait pas Ambrose par ailleurs. La seule chose qui le concernait n’était rien d’autre que la théologie et son étude.


*


Le jour de son anniversaire, Ambrose n’avait toujours rien de mieux à faire que d’entasser une pile de livre sa table de travail à la bibliothèque de Theopolis. Il n’avait désormais plus personne pour lui. Sa tante, dernière parente, avait été enterrée il y a peu, et à présent si il devait périr ou disparaître il n’y aurait plus personne pour s’en rendre compte. Plus rien pour prouver son existence si ce n’est ce qu’il a pu écrire jusqu’ici. Bien sûr, un prêtre s’occupait de superviser son étude, mais ce n’était pas comme si il entretenait une relation particulière avec.
A bien y réfléchir, il menait une vie sociale et sentimentale morose. Était-ce que les Seraph avaient décidés pour lui ? Peut-être.

-En ce qui me concerne, chuchota t’il pour lui même en passant son doigt sur sa page parcheminée, il n’y a que l’étude qui compte. Autrement…

Il s’interrompit en soupirant. Le jeune homme savait bien que c’était une façade. Mais sans elle il s’effondrerait probablement à tout moment.
Tout à coup il songea qu’un petit moment de faiblesse ne pouvait pas lui faire du mal.
L’étudiant laissa retomber lourdement sa tête contre son ouvrage en se tirant les cheveux exagérément. Ce qui le consternait n’était pas tant de travailler à la bibliothèque le jour de son anniversaire, mais plutôt que ce jour là était parfaitement identique pour lui à tous les autres de l’année. Il se rappelait que dans sa jeunesse son tout premier rêve était d’être comme le héros de ses  romans. Aujourd’hui il avait douloureuse sensation de n’être que le figurant de nombreuses autres existences bien plus passionnantes et tumultueuses que la sienne. Il servait le décor. Quel sacrifice honorable. Mais peu important. C’était à prendre ou à laisser.
Le moment de faiblesse passé, il releva brusquement la tête, appuyant ses mains sur le papier, inspirant profondément. Ambrose trouva toutefois, à la place d’un second souffle, la jeune femme pétillante entre-aperçu aux alentours de ce même endroit il y avait quelques mois. Il ne l’avait pas oublié. Il ne l’aurait pas pu.
Elle était devant les rangées de livres de la réserve, témoignant qu’elle devait disposer d’une autorisation spéciale – une étudiante en théologie également ?
A la voir de plus près il lui semblait qu’elle était assez petite et menue ; cela renforçait l’ardeur de son aura dégagé par sa chevelure sanguine et de ses mouvements à la fois doux et vifs. Elle disposait à ses yeux d’une allégresse formidable ; cette fille là était à coup sûr l’héroïne d’une histoire captivante. Mais plutôt que de ressentir un frisson d’excitation comme il l’imaginait d’abord, il se mit à rougir.

Ambrose, ne sachant pas comment, avait trouvé l’audace nécessaire pour s’approcher à pas de loups de la jeune femme à la chevelure rouge. Elle semblait seule et concentrée. Cela lui plaisait et il avait le sentiment que c’était une ultime occasion pour lui d’essayer d’avoir autre chose dans l’existence qu’une façade à laquelle se raccrocher fébrilement.
Jusque là il ne savait pas comme l’aborder mais remarqua le recueil qu’elle tenait.

-Eh bien ça c’est une lecture difficile, laissa t’il échapper presque malgré lui.

Il fit un mouvement de recul, les yeux écarquillés lorsque sa nouvelle interlocutrice haussa les sourcils. Il fallut qu’il se fasse violence pour ne pas détourner le regard.
Elle appuya ses iris vermeils sur lui, une mèche intimidante en travers du visage.
Ambrose sentit les battements de son coeur remonter jusque dans ses oreilles et il ne parvenait pas à distinguer si elle lui adressait une œillade bienveillante ou méfiante. Tout ce qu’il souhaitait en ce moment, c’était de ne pas être immédiatement réduit au statut misérable d’un simple importun. Pouvait il croire au moins un instant qu’il pouvait être digne de se lier à ce genre d’individu ? Ce type de femme. Le romantique qu’il était l’espérait.
Cet espoir fut récompensé lorsque la jeune femme esquissa un sourire lumineux.

-Les lectures difficiles sont les seules qui valent le coup, déclara-t-elle fièrement.

Il n’en revenait pas. Tout en elle l’invitait à lui porter compagnie. En fait, elle paraissait ravis.
Immédiatement, Ambrose ramena ses cheveux légèrement en arrière en riant silencieusement.

-Je suis bien d’accord, répondit l’étudiant. Si vous aimez celui là, j’en connais au moins mille autres  qui sont plus difficiles encore.


*



Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’Ambrose fréquentait Kahay et qu’il revivait complètement d’une nouvelle façon à son contact. Il avait su très rapidement qu’il était tombé amoureux d’elle, mais plus encore chaque jour passant l’étudiant sentait une véritable dépendance croître pour l’Akanthienne. En elle convergeait toutes ses passions, toutes ses aspirations et ses joies. Kahay était pure et splendide et c’était comme un fantasme absolu de pouvoir être à ses côtés sans restriction. Leurs discussions sérieuses s’éternisaient souvent, allant d’érudits sujets jusqu’à la philosophie. Elle savait aussi se montrer badine de la plus délicieuse des façons, et aussi se montrer tout à coup très intime. Ambrose était infiniment fier d’être le seul à qui elle révélait sa facette savante tout en l’ayant changé en son confident.
A présent, lorsque le jeune homme entendait quelques crieurs faire de nouveau l’éloge de l’extraordinaire reine Nephetys, il avait le plaisir personnel de se dire qu’il n’aurait même pas souhaité son oreille à la place de celle de Kahay.
Il avait apprit d’elle que la jeune femme avait déménagé à Mearian il y avait plus d’un an, emmené par ses parents, suite à un drame familial. Elle lui avait également de nombreuses fois parlés de sa grande sœur qui lui manquait plus que tout et qu’elle s’était juré fermement de revoir. L’étudiant avait saisit au fur et à mesure du temps que rien n’endiguerait son désir de revenir dans son pays natal, auprès de celle-ci. Et il ne comptait absolument pas l’en dissuader ou apporter son opinion ; il voulait juste profiter du temps qu’il lui restait avec elle. Aussi court ou long qu’il puisse être.
Seul les Seraph pouvaient savoir où cela mènerait. Une chose était sûre, il était si envoûté par Kahay, que sa seule vision l’emplissait d’un divin bonheur qu’il n’avait pas goûté une seule fois avant de la rencontrer.

Un soir d’été, ils s’étendaient tous les deux sur un banc de la place la plus calme de Theopolis. Quelques conversations légères le faisaient toujours le plus grand bien.

-Tu es sûr de ne pas vouloir jouer de nouveau aux échecs ?

Kahay avait le regard brillant et taquin. Ambrose répondit souvent à cette expression par un anodin sourire.

-J’ai peur que toute ma vie ne me suffise pas à te battre une fois, dit-il.

-C’est peut-être vrai. Pas parce que tu manques de talent, mais tu manques d’ambition.

-Je manque d’ambition ? Qu’est-ce que je pourrais bien faire avec de l’ambition ?

Elle appuya son regard sur lui mais il ne se laissa pas dominer par celui-ci comme la majorité, s’égayant plutôt. Observant sa réaction, Kahay pouffa de rire. Puis elle lui serra la main.
Ambrose se laissa faire, se calmant. Ce n’était pas la première fois. La pétillante jeune femme était capable de ce genre de tendresse à tout moment quand elle passait un savoureux instant. Cela ne signifiait rien d’exceptionnel. Il adorait s’être accoutumé à sa gentillesse comme à sa sévérité silencieuse car autrefois il se trouvait impressionné par l’une ou l’autre.
Kahay adorait cela aussi.

-Sérieusement, marmonna cette dernière, il n’y a rien à quoi tu aspirerais ? En dehors du chemin tendu par tes dieux, il n’y a pas un destin tout autre qui t’anime ?

Ambrose hocha la tête, s’attendant à ce genre de question.

-Eh bien… mon rêve c’est d’avoir ce genre de soirée – non, plutôt ce genre de moment le plus souvent possible. Sincèrement, il n’y a rien que je souhaite de plus.

-Pourquoi ?

-Parce que tu es là. Parce qu’on peut parler des dieux, de l’univers, de tout. On peut parler de moi, de toi. De rien aussi. Tu es brillante, sensible et juste. Et je n’ai jamais le sentiment d’être plus libre que lorsque je suis avec toi. Est-ce que tu comprends ?

Elle ne répondit pas mais resserra encore l’étreinte de sa main sur la sienne.

Kahay l’avait déjà sentit au par avant. Cette sensation. Cette fois elle était persuadée qu’il y avait en son ami un peu de grâce, peut-être la seule de tout Theopolis. Pas pour ce qu’il avait dit. Mais car en fin de compte, il avait bien de l’ambition.

La jeune femme se pencha sur Ambrose.

-Sais tu vraiment ce qu’est un rêve ?

-Dis moi.

-Un rêve advient lorsque la croyance imite si bien la réalité qu’elle la dépasse…

Il la sentit contre lui et s’abandonna.
Cette nuit fut la première.


*


Kahay et Ambrose avait écrit tous les deux respectivement cinq et trois essais en théologie et philosophie ; Kahay les avais rédigé pour elle même, ne désirant pas avoir de quelconque image publique d’écrivain ou érudite. Ambrose avait eu la chance de les lire et les trouvais par ailleurs infiniment meilleurs que les siens. Cependant ces derniers demeurèrent assez bon pour qu’il puisse les soumettre à la bibliothèque de Theopolis avec l’accord des prêtres. Plusieurs postes au clergé s’ouvraient même désormais à lui. A cette question, il restait cependant hésitant.
Un choix aussi drastique de profession pourrait être pour lui synonyme de nouvelle vie, et donc de prendre une route divergente de ce celle de son amour.
Comme il l’avait comprit à leur toute première nuit en sentant les écailles sur son dos, Kahayferet était une salamandre et pourrait donc vivre plus longtemps que lui et finirait de toute façon par consacrer sa maturité dans son pays natal où se trouvait réellement son avenir.
Malgré tout, il lui était impossible de renoncer à elle de son propre chef.

Lorsque Ambrose fêta ses vingt huit ans il reçut de Kahay le plus bel anniversaire qu’il pouvait espérer et de loin. C’était aussi les dix ans exact de leur rencontre et la jeune femme s’en était malicieusement rappelé.
Elle l’emmena sortir un peu de Theopolis, pour passer quelques jours sur la campagne, où ils péchèrent, peignirent et où elle s’acharna sans relâche à le vaincre aux échecs.
Le temps parut doux et long. Comme un brin d’éternité dont ils auraient réussis à se saisir.


Pour les trente huit ans d’Ambrose, ils décidèrent tous les deux de partirent plus loin, vers le Sanctuaire des astres pour rendre grâce aux monastères et aux Seraph.
Il savait qu’elle était définitivement dubitative quand aux nouveaux dieux, mais Kahay appréciait le voyage et respectait les opinions de son compagnon. En fait, elle était devenue si brillante dans tous les domaines à une vitesse si affolante, que le théologien se sentait lui même dépasser par elle dans ses théories et perceptions de la divinité. Il se sentait perdu face à la complexité de son raisonnement qu’elle résumait juste aimablement à son attention par quelques mots.

-Il n’y a réellement de divin que la grâce ; tout le reste ne vaut que pour de la poussière ou de la cendre. C’est comme si c’était déjà mort.

Ambrose avouait que les réflexions de sa compagnon l’angoissait quelques fois. A cela, elle accordait un sourire rassurant et plein de compassion.
Le voyage au sanctuaire fut aussi bon que tous les périples qu’il eut la chance de faire avec Kahay. Là bas il la trouva plus belle que jamais, comme si l’âge la limait d’une innocence brute jusqu’à une  grandiose élégance. Sur le retour du sanctuaire, leur union fut harmonieuse ; et fertile.


*


Céline avait bientôt douze ans. Elle était la jeune et heureuse fille de l’Akanthienne Kahayferet et du théologien Ambrose et elle trouvait son bonheur dans toutes les choses simples.
Cette enfant était née et élevée avec la joie de vivre profondément ancrée dans son coeur. Nul ne pouvait ignorer la façon dont elle faisait toujours rebondir en sautillant ses longues nattes rousses, alors qu’elle marchait à travers les prairies s’étendant devant sa maison. Sa bonne humeur constante était contagieuse et seule sa maison semblait s’y trouver immunisée. Cette dernière demeurait très secrète et sortait rarement de la propriété qu’elle avait trouver dans le hameau égaré d’Adend.
Il se disait par là qu’elle était peut-être la maîtresse d’un noble d’Akantha qui avait du déménager jusqu’ici pour s’occuper discrètement de l’enfant d’un union illégitime. Nombre de rumeurs tournaient autour de ce genre d’explications babillardes sans jamais aspirer à être plus que des racontars pour animer le village.



*


Kahay avait soudain laissé tomber son livre pour s’approcher de sa fille qui s’intéressant à quelques accessoires de coiffure dans sa chambre. Elle se saisit d’un ruban vermeil pour le nouer avec attention autour d’une des nattes de Céline. Cette dernière se laissa faire en souriant, accoutumée à devoir presque imaginer les marques d’affection de sa mère qu’elle ne manifestait jamais.

-Cela me va bien maman ?

-Bien sûr, répondit Kahay en fixant le ruban.

-Est-ce que tu penses que je serai aussi jolie que toi quand je serai adulte ?

-Tu es déjà mignonne, voyons. Mais souhaites d’être…

Kahay se coupa, écarquillant les yeux. Elle laissa tomber le ruban au grand étonnement de sa fille.
Encore plus surprenant, il sembla à Céline qu’elle lui apercevait un sourire ému esquissé sur son visage en général immobile. Était-ce car son père venait la voir demain ? En tant que chercheur, il passait souvent du temps à Theopolis mais revenait dès que possible pour être avec Céline et Kahay.
Elle jeta un regard interrogateur toujours en sautillant sur place.

-Tu sais ma chérie, articula Kahay en appuyant son regard tout à coup très lumineux sur sa fille, j’espère que tu seras bien plus belle que moi.



*


Ambrose trépignait d’impatience d’être de retour à Adend, pour revoir sa compagne et sa fille.
Il rayonnait de joie car dans ce hameau se trouvait la meilleure partie de sa vie ; celle qu’autrefois il n’aurait pas osé souhaiter avoir.
C’est lorsque Kahay tomba enceinte de Céline que les choses prirent un tournant inattendu. Connaissant les projets de celle-ci, Ambrose paniqua et cru en qu’il s’agirait de la catastrophe mettant fin à leur relation dans le pire des drames. Au contraire, sa merveilleuse Kahayferet fut formidable. Elle affronta ses parents pour leur expliquer la situation et parvint à obtenir d’eux d’emménager en dehors de la ville afin de continuer à vivre en toute tranquillité leur idylle. De plus elle allait pouvoir y élever leur fille et Ambrose y trouver un refuge où mener l’existence à laquelle il aspirait depuis sa rencontre avec l’Akanthienne.
Tout avait été parfait. Céline était une enfant magnifique et adorable pour qui il aurait tout donné, et Kahay ne cessait d’être plus belle de jour en jour. Cela faisait plus de trente ans qu’ils vivaient leur amour et depuis la naissance de leur fille, elle n’évoquait plus ses projets de revenir dans son pays.
Il espérait qu’elle avait silencieusement décidée d’y repartir à sa mort, même si il avait conscience que c’était un souhait égoïste.
Quoiqu’il en soit, ce jour où il allait revenir chez lui était l’un des plus agréables qu’il ai connu. C’était aussi le dernier de sa vie heureuse.

Kahay l’accueillit, rayonnante, une tasse à la main. Il fut surpris de voir qu’elle arborait des vêtements luxueux à la mode d’Akantha ; une robe noire et légère qui épousait ses formes.
Il aimait beaucoup cette idée et vint l’embrasser avec un épanchement passionné.
Ils se regardèrent un temps avec tendresse ; Ambrose remarqua toutefois une émotion rare dans les yeux de sa dulcinée, et il ne parvint pas à parfaitement l’identifier. Le théologien écarta cette idée de la tête très rapidement pour profiter uniquement de sa retrouvaille avec Kahay.

-Tu sens merveilleusement bon je trouve, s’exclama-t-il.

-C’est l’amande à mon avis. Une huile pour les cheveux avec laquelle ma sœur aimait me coiffer quand j’étais petite…

Ambrose se retint de faire la grimace ; il n’aimait pas qu’elle parle de sa sœur. C’était signe que la nostalgie la reprenait. Peut-être était il partit trop longtemps ?
Il fit mine de jeter un coup d’œil par dessus son épaule.  

-Où est Céline ?

-Dehors, elle profite du beau temps. Rentre un peu avec moi.

Elle tendit sa tasse à Ambrose qui la saisit et huma un thé prépara avec soin. Il la remercie d’un regard avant d’en boire quelques gorgées. Ils entrèrent dans la maison dont tous les volets étaient fermés et elle l’entraîna jusqu’à la chambre comme si elle voulait lui montrer quelque chose.
L'Akanthienne était étrangement silencieuse et avait une attitude presque anormale.
Lorsqu’elle fit volte-face pour lui saisir les épaules et qu’Ambrose entrevit ses yeux rouges luire dans l’obscurité de la pièce avec une intensité insolite, il comprit que quelque chose clochait.
-Ma mère vient de mourir, déclara Kahay.

Elle l’avait formulé sans aucune émotion. Mais malgré tout Ambrose réagit normalement.

-Ho Kahay… je suis désolé, tu dois être…

-Je vais revenir chez moi. Je vais revoir ma sœur.

Il la connaissait assez bien pour entendre sonner dans sa voix douce le ton de la certitude absolue. C’était des mots froids et blessant qu’il avait toujours craint d’entendre. Un frisson parcouru l’homme tandis qu’il ouvrit la bouche sans que rien ne puisse sortir.
Sa tête lui paraissait lourde à porter. Ses doigts étaient engourdis. Était-ce le choc ?

-Il faut que je parte Ambrose, ajouta-t-elle. Tu m’entends ?

-Après tout ce temps… dit-il finalement, après tout ce temps tu vas… et pour Céline ?

C’était sûr à présent. Quelque chose clochait. Les yeux vermeils de Kahay clignaient à peine.
Il ne parvenait plus à supporter le poids de son corps et perdait l’équilibre.
Ambrose sentit les mains de sa dulcinée guider ses épaules, se montrer rassurantes. Elle l’allongea doucement sur le lit tandis qu’il se rendait compte que plus aucun de ses membres n’allaient bientôt lui répondre. Son esprit aussi était confus mais il parvenait à articuler quelques mots.

-Kahay… qu’as tu fait ? Pourquoi est-ce que… ?

La femme de sa vie remonta ses mains tendres et méticuleuses jusqu’à son visage. Elle essuya une larme sur le coin de l’oeil.

-Ambrose, chuchota doucereusement une voix depuis les ténèbres, n’ai pas peur. Je t’ai juste fait boire quelque chose pour que tu ne t’agites pas.

-M’agiter ? Mais…

-J’ai attendu bien trop longtemps. Ma patience a atteint toutes ses ultimes limites et… je suis prête pour la retrouver. Tu dois comprendre, d’accord ? Alors maintenant nous allons nous dire adieu. C’est à dire que l’on va se quitter comme deux personnes qui se sont sincèrement aimés.

Pour Ambrose, cela devait être un cauchemar. Il n’était pas effrayé, mais cela n’avait aucun sens. C’était bien Kahay, il n’y avait pas de doute. Mais que cherchait elle à faire ? Pourquoi toute cette mise en scène ? Que pouvait il bien se passer en ce moment dans la tête de la femme qu’il avait aimé trente ans ?
Il ne comprenait pas. Et Ambrose ne comprendra jamais.

Elle appuya ses doigts sur la peau fine de son visage. Il la sentit s’assécher lentement.
Kahayferet s’allongea à moitié contre lui, approchant sa bouche de son oreille.

-Pour-pourquoi ?

Dernière question et dernier mot d’un homme mortifié.

-Eh bien… susurra Kahay, peut-être parce que je suis jalouse et que je veux que personne d’autre ne puisse t’aimer. Peut-être aussi qu’ainsi je suis sûr que tu ne me porteras pas préjudice, ni à moi ni à ma sœur. De cette façon j’assure aussi de conserver un peu de ta grâce, celle que j’ai pu voir et élever vers moi. Mais… (elle eu un rire affectueux) cela je sais que tu as du mal à le saisir, alors ne t’en fais pas.

Un silence passa et le théologien entendit un craquement. Il se rendit compte avec horreur que c’était son visage qui craquait.

-Ho Ambrose… tu es la seule chose qui m’ait plu dans ce pays misérable et laid. Tu pourras vivre pleinement heureux avec cette pensée, mon ami.

Ses lèvres. Ses paupières. Ses joues. Son nez. Son front. Ses orbites. Ses tempes. Son visage.
Ils s’en allaient tous en poussière. Ou plutôt en cendres.
Kahay avait apprécié tout cela à sa juste valeur. Car elle seule pouvait voir la beauté. C’était pour cette raison que la nature lui avait donné cette soif de savoir, cette vision du monde.
Pour voir le divin il fallait apercevoir la Grâce. Et cette dernière se trouvait au royaume d’Akantha, manifestée à travers Nephetys. Elle allait bientôt la revoir.
Un immense sourire satisfait se peignit sur elle tandis que sous ses mains, le visage d’Ambrose s’envolait en volutes noires et aériennes. C’était très bien ainsi. Un adieu magnifique.

Et l’homme hurlait à en perdre la voix pour toujours car son agonie était insoutenable.

*

Ambrose se réveillait contre le bois; il entendait le craquement de celui-ci. Il ne pouvait rien voir, et hurler n'était plus un luxe dont il pouvait user.
Le théologien était enfermé entre lui même, aveugle et muet. La douleur était suffisamment insupportable pour qu'il ai de la peine à se tenir droit et à avancer; mais bientôt il pourrait marcher dans les ténèbres. Son visage était calciné, et on le reconnaîtrait probablement jamais; on fuirait peut-être son apparence.
Mais il vivait. Étrangement il vivait. Il ne comprenait rien. Pourquoi Kahay lui avait infligé un tel supplice et une condamnation aussi cruelle ? Autrefois, il aurait pu entrevoir les mystérieuses motivations de la belle aux cheveux sanguins. En ce moment, il souffrait à n'en rien saisir.
Il ne pouvait supposer que d'une chose. Kahay n'avait pas échoué à le tuer. Elle avait décidé avec précision de son sort actuel.
A cette pensée il se débattit en vain. Il cria sans qu'aucun son, autre qu'un râle sourd, n'émane de sa gorge.

*


Pendant que Kahay quittait son compagnon, Céline ne se trouvait évidemment pas dans les parages. Un tel spectacle ne lui aurait pas convenue. Sa mère l’avait préparé à partir.
Pas à Akantha bien sûr, ce n’était pas la place d’une enfant indigne, mais pour Theopolis.
Là bas elle se servirait de son influence pour obtenir qu’un prêtre en ait la garde. Cette jolie jeune fille grandirait désormais à Mearian et devrait trouver sa propre voie. Selon Kahay, c’était une excellente façon d’en finir avec elle. Elle y voyait une sorte de noble amour désintéressé dans la séparation brutale pour le bien de l’une comme de l’autre.
Pour ce qui était d’Ambrose s’était une toute autre histoire. Il vivrait bien sûr, car Kahay l’avait aimé. Mais d’une toute nouvelle manière ; livré face à lui même jusqu’à la mort. Peut-être qu’ainsi il finirait pas voir tout ce qu’elle avait d’essayer de lui faire voir par le passé.

L’élégante Akanthienne souriait fièrement. Décidément, elle avait balayée son passé d’une élégante façon. A présent qu’il n’y avait plus aucun regret à avoir, il ne restait qu’à accomplir sa destinée.
Durant toutes ces années où elle était restée prisonnière à Mearian, elle avait fait en sorte qu’elle ne soit pas perdue ni gaspillée. Tout le savoir et la connaissance qui s’y trouvait, elle l’avait accumuler afin de réaliser son rêve personnel, et le seul qui mérite de trouver sa place dans la réalité.

Elle n’avait été certainement pas étonnée d’apprendre que sa grande sœur était devenue reine du royaume, c’était même assez prévisible. Depuis enfant elle avait pu comprendre dans l’amour et le caractère de Nephetys que se trouvait la forme la plus pure et évidente de la Grâce, qui resplendissait par ailleurs à travers son apparence, son aura et son intelligence.
Elle imaginait bien comment elle s’y était prise pour monter sur le trône, réduisant à néant les obstacles ridicules qu’avaient été les membres de sa famille dérisoire. La force et l’ambition de cette femme unique émerveillait au plus haut point Kahay. Et puisqu’elle avait consacrée sa vie à la sublimer, il était de son devoir de revenir à présent que ses parents étaient décédés.
Mais plus encore… sa sœur lui manquait à en mourir.
*


A son retour à Akantha, Kahayferet Alnaari allait devenir la dame de compagnie de sa sœur, la reine Nephetys. Cela pu émouvoir certains et faire circuler quelques enthousiasmes à propos de cette réunion inespérée.

La femme était très belle bien que d’une beauté plus immature que la reine. Cependant sa chevelure amarante et sauvage et son regard vermeil firent sensation à la cour.
Cette petite sœur, à peine arrivée, regardait chacun avec des façons mystérieuses et étonnantes. Elle était charmante et plus d’un imaginèrent immédiatement un moyen d’obtenir ses faveurs. D’autres plus romantiques se trouvèrent émus d’apercevoir une rare tendresse dans son caractère.

Kahay, elle, les ignorais avec un dédain dissimulé. Si jusque là aucun n’avait réellement vu la beauté de la reine, il méritait à peine de prospérer dans son sillon.
A ce propos, elle devrait se montrer méfiante et pragmatique. En temps et en heure.
Pour le moment, la seule priorité était ses retrouvailles tant attendues. Ses yeux scintillaient à cette pensée. Voilà qui ravit la majorité de ses admirateurs.

Seul quelques uns, particulièrement attentif et intuitif, eurent un étrange pré-sentiment. C’était comme si un détail clochait chez Kahayferet Alnaari.
Mais ce n’était probablement qu’une impression.

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Je le redis, mais tu n'imagines pas le bonheur que tu m'apportes avec ce compte La Grâce ou la cendre [terminée] 1786526449 J'en palpite La Grâce ou la cendre [terminée] 3622086245
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Merci bien pour ses Re Coo coo, re-bienvenue et rerebienvenue !

Je vous annonce aussi que j'ai terminée ma fiche =)
Le staff passe vite te lire La Grâce ou la cendre [terminée] 635802493

Bonjour, des nouvelles au sujet des modifications? La Grâce ou la cendre [terminée] 635802493
Hey ! Je ne sais pas si tu as eu l'occasion de voir ma réponse (fort en retard °°) de ton MP.

Quoiqu'il en soit j'ai apporté quelques modifs dans une juste mesure. Je suis prêt à modifier encore ce qui ne va pas pas.
C'est dans la boîte !
Félicitation, te voilà officiellement validé ! *lance des cailloux festifs*

Un personnage qui me donne des frissons dans le dos, que-ce que ça va donner si un jour elle croise le chemin de Lycoris! Amuse toi bien à la Cour des Cendres!

Sur ces mots, je te redirige vers la fiche personnage obligatoire afin de conserver une trace de ton évolution. Bon courage pour la suite !