Le soleil se levait au dessus du temple de la force, la lumière de l’aube perça doucement au travers des vitraux colorés qui ornaient les murs. Les rayons se posèrent doucement sur Theliel, l’enveloppant d’une douce chaleur. Elle soupira. Combien de temps avait elle passé dans son temple, assise en tailleur à se vider l’esprit. Une bonne partie de la nuit sûrement. Pourtant, elle n’était pas fatiguée. Elle ouvrit doucement les yeux. Pendant de longue secondes elle contempla son ombre qui semblait s’allonger sur le sol pavé de pierres blanches. Après avoir terminé sa contemplation, elle se redressa doucement, les jambes légèrement engourdies, elle fit marche en silence vers la sortie de l’édifice Un prêtre entrant la salua avec tout le respect que l’on doit à un officier de haut rang. Cependant elle l’arrêta d’un geste désinvolte de la main en continuant d’avancer.

“Oubliez les manières pour aujourd’hui. Je me repose.”

Sur ces mots, elle continua sa route, elle descendit les escaliers de pierre qui ramenaient à la ville. Elle ne portait pas d’armure aujourd’hui, ni son imposant morceau d’épée, ni d’emblème de l’armée. Elle était vêtue d’une simple tunique blanche, de bottes de cuir et portait un long châle marron enroulé autour de son coup et qui descendait sur ses épaules. Les vêtements n’étaient pas en très bon état, et ses cheveux sûrement plus en bataille que d’accoutumée tant et si bien qu’on aurait pu la confondre avec une enfant de la plèbe. Cela ne lui importait guère, elle n’était pas là pour se faire bien voir. Elle avançait dans les rue de la capitale, humait l’air du matin. Ça lui plaisait, de voir cette ville pour laquelle elle se donnait chaque jour tant de mal, s’éveiller avec la douce chaleur du soleil levant. Elle s’arrêta sur l’établis d’un vendeur de fruits, celui ci la salua gaiement en affichant un large sourire.

“Commandant Lengaris, cela faisait longtemps qu’on ne vous avais pas vue en ville. Prenez ce qui vous fait plaisir !”

Elle haussa les épaules en allant croquer dans une des pommes, elle mâcha calmement avant de prendre la parole.

“J’avais beaucoup de choses à faire ces derniers temps. Vous ce que vous devriez prendre, c’est un peu de repos. Travailler à l’aube chaque jour finira par vous rendre malade.”

Il secoua la tête son sourire se fânant de manière à peine perceptible.

“J’ai une femme et un fils vous savez, si je veux les faire vivre convenablement, il faut bien que je fasse rentrer de l’argent.”

La Séraph haussa un sourcil et fouilla dans sa bourse en croquant de nouveau dans sa pomme avant de lui lancer une pièce d’or sans prévenir. Le bougre ouvrit de grands yeux ronds et manqua de peu l’objet volant.

“Ce n’est pas raisonnable…”

Elle haussa de nouveau les épaules lançant son trognon de pomme dans un caniveau tout en tournant les talons.

“Contente toi de prendre un bon repos.”

Sans qu’elle puisse le voir il resserra ses mains sur la précieuse pièce avant de s’incliner aussi bas que possible.

“Les Dieux vous le rendrons.”
“Exactement, alors occupe toi de ce qu’ils peuvent te donner et loue les pour cela. Ils t’en seront reconnaissant.”

Sans ajouter un mot de plus, elle continua sa route dévorant la seconde pomme sur le chemin. Ses yeux observaient les alentours, elle connaissait cette route mieux que n’importe laquelle en Théopolis Et pour cause c’est sûrement celle qu’elle avait parcouru le plus de fois. Elle devait encore dormir à cette heure ci, où peut-être pas après tout. Mais la Séraph ne s’en souciait pas. Aujourd’hui était un jour particulier. Alors elle pouvait bien la réveiller et rester avec elle toute la journée. Elle ne pensait pas à mal après tout. Elle stoppa sa marche devant les appartements de celle qu’elle venait chercher ici et frappa doucement contre le bois des portes ouvrant un énorme four pour laisser échapper un bâillement qu’elle contenait déjà depuis quelques temps. Elle fit claquer sa langue contre son palais.

“Sappheire, c’est moi.”