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Lost Kingdom  :: Akantha :: La Capitale - Everbright, cité des rois

Une simple question de croyances [Marcis] - Términé

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Marcis & Cérès



" Oh Terraris, je chante ton nom.  "


La guerre avait été évitée, un soulagement certain s'il en était, malheureusement leur petite tentative de ralliement de la petite noblesse ne semblait pas avoir eu un grand impact dans cette décision et pour couronner le tout les retombées commerciales possibles semblaient loin d'être ce qu'ils avaient pu espérer de la part de leurs invités. Il ne restait que quelques jours maintenant avant de quitter cette terre corrompue à la foi des seraphs et la dryade ne comptait pas passer ces derniers instants enfermée à ressasser l'échec qu'avait été leur tentative de manœuvre au sein des négociations, si elle avait beaucoup entendue parler de la capitale Akanthienne et avait une connaissance solide du pays elle n'y avait pourtant encore jamais mis les pieds avant cette menace, la faute à son passé d’Hermite vraisemblablement, mais elle comptait bien rattraper ses lacunes et profiter du peu de temps qui lui resté sur place.

Si l'on pouvait dire une chose sur ce pays c'est que malgré son monde d'apparat et de faux semblant, la présence de Tertius dans la foule ne passait pas pour autant inaperçue, en total décalage avec cette mode infâme de froufou et autres rubans infâmes. La dryade à la peau d'un vert pastel vêtue tel ces statues antiques d'une longue robe blanche et aux poignets et oreilles couverts de bijoux d'argent attirait les regards tantôt surpris, tantôt suspicieux parmi la foule qu'elle traversait. Ce qu'elle cherchait ? Elle ne le savait pas vraiment, elle errait tout simplement, observant l'architecture et les bâtiments tout en se gardant de lâcher à qui voulait bien l'entendre une prière à Terraris, Akantha était aliénée aux seraphs et l'ancienne religion n'y était plus tolérée, afficher sa prêtrise aurait pu s'avérer dramatique pour leurs relations diplomatiques et malheureusement elle ne pouvait se le permettre, Nueva avait besoin d'alliés et Akantha était le seul acceptable sur la liste.

Un soupire lasse au détour d'une ruelle avant que la prêtresse ne se fige en plein mouvement, son regard céruléen se focalisant sur l'objet de sa surprise. A quelques mètres d'elles se dressaient les ruines de ce qui semblait être un ancien temple, si vraisemblablement ce dernier était alloué aux seraphs en son temps, son architecture n'en restait pas moins un symbole de la magnificence et de la prouesse dont était capable l'esprit humain. Une démarche aussi gracieuse qu'assurée alors qu'elle reprend sa route sans se soucier du monde l'entourant, sa soif de connaissance et sa curiosité avaient été titiller, elle voulait pénétrer en ces lieux du passé. Elle le devait.

Les mains délicates s'appuient sur les immenses portes de bois attaqué par le temps, une poussé qui ne les fait même pas ciller, un soupire alors qu'elle s'arrête pour observer avec recul la bâtisse. Un une petite allée envahie de plantes sauvages contournait le temple par la gauche et c'est sans aucune hésitation qu'elle s'y engouffre à la recherche d'une autre entrée, entrée qu'elle finit par trouver en une petite porte de bois pourrie, plus faible, mais toujours verrouillée face à sa force trop frêle, un échec de plus pour alimenter sa frustration. Personne ne semblait la remarquer où l'observer à l’abri d'un faible muret de pierre, il n'en fallait pas davantage pour qu'elle passe à une option beaucoup moins conventionnelle.

Une profonde inspiration alors que les yeux céruléens se ferment sous la concentration, que dans les profondeurs de la terre sur laquelle elle se trouvait elle n'établisse la connexion avec les racines de la végétation l'entourant, une décharge de magie alors que derrière elle ne grandissent deux arbustes à moitié rabougris à une vitesse fulgurante avant de foncer comme s'ils étaient vivant vers la porte qui vole en éclat sous le choc de l'écorce. Les arbustes devenus vénérables se redressant en une forme conventionnel après leur œuvre achevé alors que la magie reflue et disparait sans pour autant perdre leur nouvel éclat plein de vivacité. Un sourire satisfait alors que les yeux s'ouvrent à nouveau face à l'entrée désormais libérée, elle n'avait jamais été de ses femmes pour le "non" était une réponse acceptable.

 

©️ Bebebe ♠️
Jamais il n’avait passé autant de temps sans prier. L’activité quotidienne du prêtre avait récemment été réduite à une tâche d’arrière-plan, tandis que son porte-monnaie percé s’avérait difficile à renflouer. Rapidement, il s’était rendu compte que son emploi en tant que manutentionnaire ne suffisait pas et qu’il devrait en avoir un second. Si l’homme avait passé une bonne partie de sa vie agenouillé devant un autel, il n’aurait toutefois jamais pensé avoir à le faire devant…

« - Surtout frottez bien, Marcis. Comme je vous l’ai appris : de gauche à droite, de droite à gauche. Il faut répartir convenablement la cire. Si je vois ne serait-ce qu’une chaussure mal entretenue, je suspens votre salaire, vous m’avez compris ? »

Comment était-il possible d’être aussi corrompu ?

Avec le peu de qualifications que le jeune homme possédait, au moins pour respecter les normes du marché de l’emploi, Marcis avait finalement dégotté un boulot d’assistant dans une petite boutique spécialisée dans l’habillage des pieds. Maltraité par le propriétaire, il avait réussi à y passer plusieurs jours sans poser sa démission. Tout naïf qu’il était, il avait toutefois réussi à percer à travers le jeu de son employeur qui ne rémunérait qu’à la suite d’une période d’essai dont il n’était pas encore arrivé au terme.

Rares étaient les clients qui venaient pour acheter, en réalité, mais beaucoup venaient se faire frotter les froufrous sur leurs souliers pour que ça reluise comme des miroirs. De l’avis de Marcis, les produits qu’il pouvait distinguer dans les rayons, quand il n’avait pas le regard tourné vers le sol, étaient tout simplement de mauvais goût.

Peut-être cela expliquait-il la radinerie du cordonnier ? Le prêtre se retenait toutefois de lui proposer une confession à Lumenal pour son pêché, mais en mourrait d’envie.

Tandis que la journée arrivait enfin à son terme, un dernier client, visiblement un noble, vint se faire cirer les chaussures. Irascible au possible, celui-ci n’hésita pas un instant à coller ses chaussures crottées dans le visage de son serviteur en lui demandant d’astiquer. Face à une telle indélicatesse et à la joie que se faisait l’artisan de voir son employé traité de la sorte, Marcis ne put alors se contenir d’exploser.

Stoppé dans sa tâche, il se redressa alors et…

BROOM !

Interdites, les trois silhouettes affichèrent soudainement des yeux ronds comme des soucoupes. Quelque chose venait vraisemblablement de faire un boucan d’enfer non loin. Heureusement le quartier n’était que très peu passant et, outre la boutique du cordonnier et une vieille église destinée aux hérétiques louant les Séraphs, il n’y avait pas grand-chose dans les parages.

Toutefois désireux de savoir ce qu’il pouvait bien se passer et content de découvrir une brèche lui permettant de fausser compagnie à ses deux tortionnaires, Marcis ne réfléchit pas deux fois avant de gagner la rue pour découvrir un étrange spectacle.

« - M’enfin ! C’pas possible ! Où qu’il va encore celui-là ? Je te préviens : si tu ne reviens pas tout de suite, tu es vi-

- Parfait, faites ainsi, je crois que Dieu vient de m’envoyer un signe ! Vous n’avez qu’à décrotter vos clients vous-même, en commençant par celui-ci, » ironisa le jeune vampire avec un sourire non-dissimulé. Sourire qui se trouvait aussi sur le visage du client en question, dont les chausses n’attendaient visiblement qu’à être soigneusement cirées.

Devant lui, Marcis pouvait distinguer l’entrée de l’autel aux Séraphs, jadis cloisonnée par une lourde porte, désormais ouverte à jamais. Pour cause : le lourd pan en bois avait sauté hors de ses gonds, propulsé par la naissance de deux grands arbres qui ne se trouvaient pas là auparavant. Quel genre de magie était donc à l’œuvre en ce lieu ? Devait-il redouter la présence de l'un de ces terribles monstres de déchéance ou bien était-ce l’œuvre d'un fidèle des Anciens Dieux ?

Bien plus curieux alors qu’il n’aurait véritablement dû l’être, le jeune homme gagna le seuil de la paroisse et sonda la semi-pénombre qui la tapissait. N’y voyant rien, il poursuivit alors sa route jusqu’à être surpris par la présence de quelque chose de dissimulé dans les ténèbres. Quelque chose de calme et de paisible qu’il parvenait aisément à identifier, grâce à toute la science que son père lui avait inculquée.

Il savait reconnaître un enfant de Terraris quand il en voyait un.

« - Est-ce que… est-ce que c’est vous qui avez fait ça ? »


Marcis & Cérès



" Oh Terraris, je chante ton nom.  "


La silhouette s'engouffre dans l'ouverture ténébreuse laissée par la porte défoncée au sol, le blanc de sa robe se noyant dans les ombres alors qu'elle avance doucement, le regard céruléen se perd dans l'obscurité de la nef afin d'y détailler le moindre détail, si le culte qu'abritait jadis cet endroit la révulsait, l'architecture elle ravissait sa curiosité avide par la découverte de ses merveilles si différentes de ce qu'elle avait toujours connu.

Un bruit pour capter son attention alors que les pas résonnent sur le bois lourd de la porte défoncée sur le marbre froid. Une légère appréhension face à cet homme inconnu pénétrant dans la bâtisse abandonné, appréhension que sa froideur caractéristique noie dans une posture calme et paisible, une appréhension disparaissant alors qu'il ne semble émaner de cet homme aucune menace potentielle, un geste d'indifférence alors que face à cette constatation elle se détourne pour continuer son observation de la voûte. Un silence apaisant avant que l'homme ne se décide à parler le premier, une question lui tirant un sourire presque invisible alors que son regard d'azur se braque à nouveau sur lui pour le détailler avec attention, sa voix aussi froide que mélodieuse retentissant enfin pour lui répondre avec une simplicité déconcertante.

" En effet, elle était verrouillée. Mais vue l'abandon du lieu je ne pense pas qu'elle manquera à quelqu'un. "

Une expression d'un calme et d'une indifférence glaciale alors qu'elle reprend sa marche dans la nef pour se diriger vers le choeur et ce qui était vraisemblablement un autel. Une remarque formulée à haute voix, semblable à une question sans vraiment paraître en être une. Sa voix retentissant dans un écho paisible et solennel. Pensive.

" Vous ne trouvez pas impressionnant de voir ce que la foi est capable d'engendrer... Quand bien même si elle est issue d'une vaste mascarade... "

Ses mains délicates parcourent le bois mort d'une rampe ayant survécu au temps alors que sa robe aérienne balaie la crasse du marbre sans qu'elle ne semble y accorder la moindre importance.

" Je suppose que vous croyez aux Seraphs ? "
 

©️ Bebebe ♠️
Alors que la question de l’inconnue venait de frapper les tympans du prêtre, celui-ci n’avait pu, qu’en toute réponse, afficher un visage interloqué teinté d’une expression de dégout et de profond mépris. À vrai dire, c’était la première fois qu’on lui posait la question, tandis que son affiliation religieuse s’était révélée bien souvent transparente au point de lui attirer des ennuis et des ennemis. Cette fois-ci il n’était néanmoins qu’un simple visiteur dans un lieu de culte désaffecté, dont la porte venait d’être brutalement enfoncée grâce à l’œuvre d’une créature dont la forme curieuse, le teint verdâtre et les yeux d’un bleu céleste n’étaient pas sans lui rappeler…

« - Une dryade… »

Il n’avait pas spécialement répondu à la question, toutefois l’homme de foi s’empressa de saisir son médaillon et de le brandir comme s’il s’agissait d’un talisman. Ce n’était pas autant pour se protéger de la violence de la jeune femme que pour lui faire comprendre qu’il n’était pas un traître à ses divins parents. Très rapidement, il avait compris que son interlocutrice n’était pas friande des Séraphs, mais surtout qu’elle était une adepte de Terraris au vu de sa longue robe de prêtresse aux couleurs rappelant celles dédies aux anciens dieux.

Les Séraphs avaient leurs propres bannières, mais les ornements en hommage au Dieu de la Terre ne laissaient généralement planer aucun doute pour qui connaissait les rituels.

« - Vous non plus, je suppose. Mon père a oublié de m’apprendre bien des choses, mais il m’a enseigné à reconnaître mes confrères et mes consœurs quand j’en vois. Je ne suis pas votre ennemi, mais un fils de Lumenal. »

Finalement, tandis que le vampire disait ces mots, son regard en était venu à parcourir des yeux l’intérieur de la nef. En partie laissée aux affres de la nature, celle-ci était sale et poussiéreuse, mais loin d’être laide pour autant. Les Séraphs étaient consciencieux dans les tâches qu’ils déléguaient aux hommes : rien n’était laissé au hasard dans une architecture où tout était calculé et affiné au millimètre près.

« - Les hommes sont capables de véritables prouesses. Toutefois ce qu’ils peuvent construire n’est pas toujours impulsé par de bonnes intentions. J’en ai déjà fait les frais. Cet endroit a probablement été construit pour être beau, avant que l’on ne réfléchisse à son utilité. Une simple question d’égo pour ces faux dieux qui ont eu à cœur de conquérir l’improbable en répandant leur mauvaise culture et leurs valeurs de grandeur corrompue. Tout cela… n’est qu’une honteuse façade pour dissimuler la vérité : ils ne sont pas les dieux ici. »

Terminant son laïus, le prêtre s’en vint cueillir d’une main un calice laissé sur l’autel au centre de la nef et dévisagea son interlocutrice. Il n’attendait pas d’elle une réponse, mais espérait savoir pourquoi elle s’était introduite dans ces ruines.

Mais avant toute chose…

« - Qui êtes-vous, au juste, pour oser vous dresser contre ces imposteurs ? Qu’aviez-vous prévu en détruisant cette porte et en pénétrant ici ? Vous avez eu de la chance qu’aucun Magister ne soit présent dans les parages... »


Marcis & Cérès



" Oh Terraris, je chante ton nom.  "


Un geste vif pour brandir le médaillon, un moment de surprise avant que la dryade ne décide de s'approcher pour regarder le trésor de l'inconnu, un trésor marqué du sceau de Lumenal provoquant une excitation qu'elle ne s'expliquait pas, elle d'habitude si froide et calme, neutre et implacable. Il parle et ses paroles sont comme un baume au coeur que seul l'immensité boisée des forêts Nuevienne avait jamais sût lui apporter, au plus proche de Terraris et de son œuvre. Un sourire qui se dessine sur les lèvres pastelles alors qu'elle répond en s'inclinant légèrement.

" C'est un plaisir de vous rencontrer, fils de Lumenal. En effet, mon coeur et mon corps appartiennent à Terraris, père des dryades et des forêts. "

Il réagit enfin à sa question, où plutôt l'interrogation qu'elle avait formulé à haute voix quelques minutes plus tôt et c'est en écoutant avec attention que son regard repart se perdre sur l'édifice et son architecture. Elle reste silencieuse, un point de vue qu'elle partageait sans pour autant se désintéressé du passé de ce lieu et de la prouesse de civilisation qu'il représentait. Elle haïssait peut-être les seraphs, mais leurs fidèles n'étaient que des âmes trompées et dupées, de pauvres âmes cherchant à croire en un espoir, quelque chose de supérieur leur aidant à donner un sens à leur vie, un sens à leur mort. Son attention se reporte sur l'homme alors qu'il saisit un calice abandonné avant de poser une question qui semblait titiller sa curiosité. Une question lui tirant une expression amusée, bien loin de cette froideur lui collant habituellement à la peau.

" Je voulais simplement observer de plus prêt ce lieu, si les seraphs n'attirent que mon aversion et ma révulsion, je reste néanmoins fascinée par le génie humain sous toutes ses formes et l'architecture de ce bâtiment est l'une d'elle, je me devais donc d'entrer pour l'observer de mes propres yeux. "

Une expression sérieuse et sincère alors que son regard d'azur se perd dans le siens, une proximité étrange qu'elle ressentait avec ce parfait inconnu, surement par leu foi commune à l'ancienne religion.

"Quand aux magisters, j'aimerai voir leur réaction en se rendant compte qu'ils ont interpellé la sage Tertius, représentante officielle du conseil de Nueva pour les négociations venant de se terminer. "

Un sourire alors qu'elle s'incline légèrement devant l'homme en guise de salutations officielles maintenant qu'elle venait de lui révéler son statut.

"Je me nomme Cérès Kementari, prêtresse de Terraris et élue du peuple Nuevien en qualité de sage Tertius. "

Une pause avant qu'elle ne parle à nouveau en reprenant une expression digne et solennelle, un devoir imposé par son statut alors que les bracelts d'argent teinte dans un mouvement léger et aérien pour saisir à son tour le calice.

" Et vous enfant de Luménal ? Qui êtes vous et pourquoi pénétrer en ces lieux par une porte enfoncée par une parfaite inconnue ? Je suppose que ce n'était pas pour jouer aux magisters et aux impies comme le font les enfants d'ici. "

Un sourire légèrement moqueur alors qu'elle observe en détail son interlocuteur, quelque chose la perturbant dans ce qu'il dégageait sans avoir la moindre idée de ce dont il pouvait s'agir, quelque chose de sombre malgré la luminosité qu'il dégageait, un être très intéressant et intriguant à n'en point douter.
 

©️ Bebebe ♠️
Avait-il trouvé sa première amie en ce bas monde ?

Cette femme qui se réclamait prêtresse de Terraris et sage de Nueva lui réchauffait le cœur. Lui qui n’avait plus cru, qui n’avait plus pensé et perdu la foi en la présence de congénères. Lui qui s’estimait dernier prêtre des Anciens Dieux, avait-il commis l’erreur de ne pas se tourner vers ce pays civilisé ?

Il n’avait pu se rendre à Nueva, alors Nueva s’était rendu à lui et aujourd’hui il y découvrait les vestiges de sa propre religion. Quelque part, on croyait encore aux Anciens Dieux : sa mission reposait sur quelque chose d’existant, sur des fondations réelles.

Il n’était pas seul.

La dryade le regardait avec des yeux étrangement doux, comme si ceux-ci cherchaient non pas à percer à travers lui, mais à réchauffer son âme. C’était une caractéristique commune à un grand nombre d’élémentaires de terre, quand elle ne s’étendait pas aux sirènes et aux tritons. Mais rarement aux Salamandres, plus portées sur la destruction. La terre, elle, créait et berçait, comme une tendre origine du cycle de la vie.

Marcis, en la présence de la dénommée Cérès, se sentait comme endormi, reposé, alors que seul le timbre de sa voix résonnait dans l’espace. Pour une fois, quelqu’un cherchait à savoir qui il était vraiment, quand dans ce monde tout ce qui comptait était de savoir ce qu’il pouvait faire. Car il n’était ni noble, ni riche, on se fichait de ses origines comme on se fichait de ses croyances.

« - Mon nom est Marcis Valerius, fils d’Orwin Valerius et descendant d’Orphae Valerius, l’un des Onze fils et filles de Lumenal. Je suis le dernier représentant de ma lignée et ma mission est de veiller sur la relique de mon ancêtre tout en parcourant le monde pour convaincre les hommes de mettre un terme à leur hérésie, expliqua-t-il tout en embrassant, d’un grand mouvement des bras, l’infratructure dans laquelle se trouvaient les deux fidèles. Je dois toutefois avouer être ici uniquement car j’ai succombé au pêché de curiosité. Je ne sais pas s’il serait sage de rester longtemps dans les parages cependant… »

Tandis que Marcis avait amorcé ses dernières paroles, des bruits de pas et des aboiements d’ordres entre soldats s’étaient fait entendre dans une rue voisine. La garde approchait et il n’était pas certain de vouloir s’attirer plus d’ennuis qu’il n’en avait déjà.

« - Si vous avez terminé ce que vous étiez en train de faire, je ne saurais assez vous conseiller de libérer les lieux. »


Marcis & Cérès



" Oh Terraris, je chante ton nom.  "


Il se présente et c'est un mélange de surprise et de stupéfaction qui viennent danser sur le visage de la dryade au rythme de ses mots. Les Onze... Il en était fait mention dans quelques textes qu'elle avait étudié lors de son passage à l'université, la religion des cinq était riche et précieuse sous un bon nombres d'aspects, mais malheureusement une grande partie de ce dernier avait été perdu dans les affres du temps où muselait par l'intolérance et l'impiété de l'Ordre des astres. Elle n'a guère le temps que fouiller davantage dans sa mémoire alors que l'agitation du dehors se fait entendre et que son interlocuteur la presse de partir de ce lieu majestueux, à raison, si elle ne craignait pas la garde Akanthienne il en été certainement autrement pour cet homme et sa religion en dehors des accords passés entre la fière Akantha et la sordide Maerian.

" En effet nous ferions mieux de trouver un meilleur endroit pour continuer cette conversation. "

Déposant le calice poussiéreux sur l'autel elle embraye le pas sur le dénommé Marcis, les deux silhouettes formant un duo des plus improbables sortant du bâtiment à l'abandon par où ils y étaient entré afin de rejoindre la petite allée où les deux arbres trônaient désormais fièrement dans les rues pavés d'Evebright, une œuvre bénigne qui emplissait pourtant la dryade d'une certaine satisfaction. Remontant la petite allée ils débouchèrent sur une rue adjacente dont l'animation jurait avec la quiétude des lieux qu'ils venaient de quitter.

" Je connais très mal votre capitale, c'est pour cela que j'ai décidé de m'y perdre aujourd'hui afin d'y découvrir le plus de choses possibles avant mon départ. Que diriez-vous de m'accompagner ? Vous devez certainement connaître tout un tas de lieu où nous pourrons discuter paisiblement, j'aimerai en apprendre davantage sur les onzes, votre lignée et cette fameuse relique. Nueva est peut-être une nation libre de la religion des seraphs malheureusement nombre des connaissances concernant les anciens dieux ont disparue et la légende des onze se limitent pour moi à de vagues mentions trouvées dans d'anciens textes, j'aimerai en apprendre davantage si vous le permettez. "

Un regard luisant d'intérêt et de soif d'apprendre, encore et toujours, caractéristique qu’elle avait en commun avec bon nombre des sages de la paisible Nueva pour qui l'université et le savoir était la base de toute civilisation digne de ce nom.

"Je m'en remets donc à vous sire Valerius pour me faire découvrir les richesses d'Evebright et de votre histoire."

Autour d'eux certains passant ne peuvent s'empêcher de jeter des regards de surprise au passage de l'étrange duo, regards aquel elle s'était habitué depuis son arrivée en Akantha, si sa tenue et son apparence ne choquaient en aucun cas les Nueviens, surtout depuis qu'elle avait ressuscité un véritable culte au dieu de la Terre dans la capitale en y ouvrant un temple, c'était loin d'être le cas en ces terres conquises par la terrible religion Seraphs.
 

©️ Bebebe ♠️
Les pas du jeune prêtre avaient finalement guidé les deux religieux jusque dans l’un des rares lieux qu’il osait fréquenter dans cette capitale impie. Les Séraphs étaient partout, leur religion omniprésente et le seul moyen pour le jeune homme d’avoir la paix était tout simplement de s’isoler.

Pour cela, Everbright recelait heureusement de lieux abandonnés et oubliés de tous, comme le lieu de culte qu’ils venaient de quitter mais qui n’était, finalement, qu’un autel aux imposteurs. Il y avait d’autres endroits.

La conversation était progressivement venue mourir entre le vampire et la dryade tandis qu’ils s’étaient rapprochés de son sanctuaire. Enfin, pour lui, ce qui y ressemblait le plus. Ils n’avaient finalement échangé que des commodités pour ne pas se faire surprendre par l’ennemi. Marcis avait déjà eu beaucoup trop de mauvaises expériences à ce sujet… et les oreilles des personnes mal intentionnées avaient tendance à trainer un peu partout.

Finalement, les deux « jeunes » gens découvrirent ce qui devait probablement être l’un des quartiers les plus pauvres et les plus désaffectés. Selon l’histoire de la ville, c’était auparavant le quartier le plus religieux. Aujourd’hui encore, il conservait le nom de « Monastère ». Si peu de personnes l’évoquaient dans des conversations mondaines, c’était toutefois comme cela que l’on continuait de l’appeler après toutes ces années.

« - Intéressant de voir qu’ils se sont vraiment appliqués à faire tomber en désuétude tout ce qui se rapporte aux Anciens Dieux, de près ou de loin. Mais malgré tous leurs efforts, il y aura toujours quelqu’un pour s’en rappeler. »

Ici ils pouvaient parler et ils pouvaient parler vrai. Les rues étaient pratiquement désertes et le mal qui pouvait s’y trouver n’était pas celui des hautes sphères, mais bien des castes les plus basses. Des guildes de voleurs ou d’assassins, essentiellement.

« - Nous y voici, » signa enfin Marcis tout en se plaçant devant la porte d’une curieuse maison qui ne possédait pas de verrou. Ici, il n’y en avait plus depuis belle lurette.

Alors il poussa simplement sur le bois et éclaira avec une torche vivement allumée l’ancienne habitation qui, mis à part quelques détails, ne cassait pas trois pattes à un canard. C’était antique, poussiéreux et rongé par la moisissure, mais ce n’était pas ce qui l’intéressait. Deux ou trois pièces les séparèrent d’une nouvelle porte qui, cette fois-ci, possédait un verrou dont seul Marcis avait la clé. Il l’actionna sans peine et découvrit un escalier en pierre descendant vers les ténèbres.

Il s’y engagea le premier.


Marcis & Cérès



" Oh Terraris, je chante ton nom.  "


Il ne répond pas, mais son comportement semble indiqué un acquiescement certain alors que s'éloignant du temple à l'abandon ils progressent dans les rues pavés de la riche Everbright, la conversation perdant de son intérêt alors que les banalités remplacent le sujet originel avec une certaine frustration pour la dryade, mais il ne fallait pas être devin pour comprendre que son interlocuteur préférait un lieu plus tranquille pour parler franchement. Une précaution logique et pleine de bon sens alors que les Seraphs représentaient aujourd'hui la seule et unique religion, une déception également dans cet état de fait alors que la sage pensait que malgré ces travers religieux et sa pratique de l'esclavage Akantha restait une nation éclairée et libre de parole contrairement à l'empire, peut-être s'était-elle fourvoyée ?

Lentement le décor change alors que les richesses apparentes et colorées les entourant laissent peu à peu la place à un décor plus sombre, des odeurs âcres et de détritus remplaçant les délicieux fumés de fleurs, nourriture et parfums en tout genre alors que la population change au même rythme que celui des bâtiments. Les parures de bijoux et vêtements affriolants laissent la place aux guenilles usées et sombres, ses yeux céruléens se perdant sur les âmes errantes et les bâtisses non entretenues avec un certain pincement au coeur alors que se montrait à elle la face sombre d'Evebright, une face sombre avec laquelle elle ne sentait pas à l'aise avec sa longue tenue blanche et ses bracelets d'argent cliquetant au rythme de ses pas, comme si elle crachait au peuple sa propre richesse face à leur misère. Ils dévisagent le duo et ce n'est pas la peur mais un réel malaise qui s'empare du sage alors que la réalité se réimpose à elle devant cette misère les entourant. Une phrase rompant le fil de ses sombres pensées. Une simple réponse alors qu'elle retire l'un de ses bracelets d'argent pour le déposer devant un vieillard en piteuse état assis contre les murs noircis d'une bâtisse à l'abandon.

" En effet... "

Un sourire qui se veut chaleureux adressé à l'homme estomaqué par son geste avant qu'elle ne se détourne pour continuer leur route. Elle suivait cet inconnu sans méfiance et sans crainte, naïve aurait dit certains alors que c'était simplement sa curiosité qui guidait ses pas, sa curiosité et un étrange sentiment de confiance en vers cet inconnu qui avait surgit sur sa route. Il n'y avait pas de hasard, elle en était certaine, les dieux avaient provoquer leur rencontre, il ne pouvait en être autrement. Le dénommé Marcis s'arrête enfin devant une étrange bâtisse qu'elle observe avec minutie avant d'entrée à sa suite dans l'étrange demeure où la crasse et la poussière siégeaient fièrement. Une seconde porte, fermée cette fois que le jeune homme ouvre avec une clef, sans savoir pourquoi la dryade sentait son être vibrer devant tant de mystère et cette exploration de l'inconnu, un frisson d'exaltation qu'elle n'avait pas ressentis depuis longtemps devant l'incertitude des heures à venir, une inspiration alors qu'elle franchit le seuil à sa suite refermant derrière elle la porte. Une question banale qu'elle lui adresse en découvrant la pièce.

" Je suppose que vous résidez ici ? "

 

©️ Bebebe ♠️
« - Non, non ! Bien sûr que non ! »

Le fait que la dryade puisse même se poser ce genre de questions ne l’avait même pas effleuré. Cet endroit n’était pas sa demeure : si le jeune prêtre passait la plupart de son temps à travailler, ça n’était pas pour vivre dans pareil endroit où il ne pourrait probablement pas fermer l’œil de la nuit. Le quartier avait depuis longtemps sombré dans la misère et n’était clairement pas un lieu où résider : à cet effet, la plupart des maisons étaient vides et leurs fenêtres calfeutrées.

Parfois comme si celles-ci cherchaient à conserver leurs sombres secrets à l’intérieur plutôt que de prévenir la moindre intrusion. Il n’était pas difficile de pénétrer par effraction dans les baraques abandonnées du Monastère.

Toujours était-il que les escaliers baignaient dans une pénombre incroyable et que, après quelques marches, le prêtre trouva une intense satisfaction lorsqu’il fit ripper  la tête d’une allumette sur la pierre de sorte à l’allumer. Puis vint enflammer un premier brasero qui éclaira jusqu’à la dernière marche. Là, Marcis enflamma une seconde torche, puis deux autres, dévoilant les vestiges d’un autel très ancien dédié aux Anciens Dieux.

Précisément à Lumenal, puisqu’il en avait fait son lieu de prière.

La salle était large, circulaire et possédait de nombreuses entrées dont une, effondrée, qui devait probablement mener à la surface jadis. Les livres de Marcis précisaient d’ailleurs d’autres lieux de cultes dissimulés de la même manière qui avaient probablement mieux survécu aux Séraphs qu’aux affres du temps. Mais demeuraient pour la plupart difficile d’accès, évidemment ; seul celui-ci pouvait encore convenir, poussière et humidité mis à part.

« - C’est ici que je viens me recueillir, » expliqua le prêtre tout en se positionnant face à l’autel pour s’y agenouiller.

La curieuse table en pierre était couverte d’un drap blanc illustrant les représentations les plus communes des cinq dieux par ses coutures complexes. Sur la pieuse nappe se trouvait une assiette vide qui devait probablement servir d’offrande du temps où de la nourriture était stockée dans la maison. Elle était désormais poussiéreuse mais, comme le gobelet qui la jouxtait et les autres reliques entassées sur l’autel, Marcis n’avait pratiquement rien touché.

Le sol sous ses genoux était frais et humide, les dalles en pierre grossières particulièrement inconfortables. Et pourtant c’était là qu’il se sentait le mieux, proche de la plénitude lorsque ses yeux se fermaient et que sa bouche psalmodiait des louanges à Lumenal.

Il en avait presque oublié son invitée, qu’il invita, toujours les yeux fermés, à le rejoindre dans ses saintes louanges.


Marcis & Cérès



" Oh Terraris, je chante ton nom.  "


Absorbée par l'atmosphère du lieu la dryade y évolue avec délicatesse, arpentant la pièce et laissant son regard parcourir le décor ancien et dépouillé. Son intérêt se porte rapidement sur l'autel devant lequel le jeune homme s'installe, simple et efficace alors que silencieusement ce dernier se met en mouvement, genoux au sol et yeux clos alors qu'il entame sa prière, une façon de faire qui surpris légèrement la dryade, seulement quelques instants, après tout chacun avait son propre moyen de se rapprocher des cinq et s'est pleine de curiosité et de solennité qu'elle répond à l'invitation muette de son hôte, imitant son mouvement, loin de se préoccuper de sa longue robe blanche déjà souillée que la poussière vient teinter de gris. Le froid humide la saisit quelques instants avant qu'elle ne s'y habitue, une sensation familière et différent à la fois de celle qu'elle connaissait en se plongeant dans les racines de la terre fraiche et humide. Ses yeux céruléens se ferment et silencieusement elle fait le vide en son esprit, un écran noir se dressant devant ses yeux alors qu'elle laisse sa foi des cinq virevolté, se concentrant sur la lumière chaude en l'honneur de Lumenal qu'elle n'était pas habituée à prier. Les pensées futiles disparaissent pour un profond sentiment de quiétude et de bien être. Le temps semble s'effacer et c'est après un long moment qu'elle ne saurait mesurer que ses yeux finissent par s'ouvrir dans la pénombre de la pièce, se redressant lentement alors que le dénommé Marcis semble lui aussi avoir terminé son entreprise, se relevant délicatement elle laisse le sang affluer lentement dans ses jambes engourdies avant de se redresser totalement. Son regard se posant sur le jeune homme avec une profonde bienveillance teinté de curiosité.

" Ce fût très instructif. Merci de cette découverte sieur Valerius. "

Un silence alors que son esprit reprend sa vivacité après ce long temps de latence paisible.

" Dites-moi Marcis, pouvez-vous me parler des 11 et de leur histoire, comme dit précédemment je n'ai toujours lu que des traces et restes flous de cette légende et je serai véritablement fascinée d'en apprendre davantage sur le sujet. Si vous le voulez bien, évidemment. "

Un profond respect, une soif de savoir et de connaissances sincère et véritable, tel était au final la vérité la plus profonde sur le fondement de la dryade, spectatrice d'un monde au bord de l'agonie et ayant choisis de prendre les armes par la foi et la l'amour de Nueva.
 

©️ Bebebe ♠️
Sa prière sitôt terminée, la question abrupte de la dryade vint soudainement le sortir de ses songes. Finalement reposé, en communion avec ses dieux, Marcis venait d’évacuer toute la torpeur qui l’avait pris en tenaille depuis la scène à l’église : il découvrait désormais l'empressement qu'il avait eu à atteindre le lieu et le manque de manières avec lequel il avait traité son invitée. Celle-ci patientait encore à ses côtés tandis qu’il se remémorait la première itération de son interrogation en ouvrant lentement les yeux.

« - J-je suis désolé, j’avais besoin de me recueillir et cette journée particulièrement intense m’a totalement assommé. Votre question m’était sortie de l’esprit dès lors que j’ai désiré rejoindre ce lieu où je me sens protégé par les dieux. »

Tendrement, les braseros continuaient de disperser leurs lumières dansantes grâce à leurs flammes vacillantes, éclairant tant bien que mal la pièce toujours plongée dans une semi-pénombre. Les ombres se déplaçaient sur les murs, faisant croire à la présence de druides spectraux, des fidèles aux cultes anciens.

« - En quittant mon monastère, je pensais que la légende avait perduré et que bon nombre conservaient des traces des Onze dans leur mémoire. Mais les livres ont été brûlés et les imposteurs ont remplacé les vrais souvenirs par des faux. Je tenterai donc de répondre à votre trouble en partant du postulat que vous ne savez rien, mais ne prenez pas cela pour une forme de condescendance quelconque. »

Et tout en disant cela, le vampire se redressa de concert avec sa convive pour les mener hors de la curieuse cave. Prenant bien soin d’éteindre les torches sur son chemin, il racla finalement le sol de la porte qui scellait l’entrée sans même la fermer entièrement, faisant ensuite découvrir le reste de la bâtisse en partie écroulée.

Celle-ci aurait bien pu sembler être une simple habitation au premier regard, toutefois certains détails ne trompaient pas : il s’agissait en réalité d’une forme de sanctuaire très peu commun, une maison que l’on gardait jadis vide mais parfaitement entretenue pour que les esprits des prêtres disparus puissent veiller sur l’autel dans son sous-bassement. Il s’agissait là de quelque chose de typiquement Akanthien que l’on ne trouvait nulle part ailleurs.

Pour Marcis, les esprits étaient partis à partir du moment où le ménage avait été délaissé et où le bâtiment avait commencé à  tomber en ruines. Respectueux toutefois, il prenait garde à ne pas profaner le lieu en ne débarrassant pas les couverts posés sur la table de la salle à manger, située au rez-de chaussée, et les assiettes avec les résidus de ce qu’elles contenaient jadis. Depuis longtemps réduits à l’état de poussière, ceux-ci ne propageaient plus aucune odeur fétide de toute manière. Son regard suivit une dernière fois les contours tristes des éboulis qui avaient obstrué l’escalier menant au premier étage, probablement aussi ravagé que les marches censées y conduire.

Dans le silence, les deux êtres inhumains s’assirent de part et d’autre de la table laissée riche en porcelaines précieuses et en ustensiles en argent. Après une longue inspiration, le moine débuta sa tirade.

« - Les Onze apparurent à l’aube des temps, quand les maléfices d’Obscural provoquèrent chaos et conflit sur cette terre. Hommes de foi et fiers combattants, ils luttèrent contre le Fléau et unirent hommes et élémentaires que les sentiments mauvais et les ténèbres avaient divisés. Ils parvinrent à réaliser cet exploit grâce à des armes qui, dit-on, leur auraient été confiées par les dieux. À cette pensée, le regard de Marcis vint se poser sur son épée qu’il décrocha de sa ceinture et vint poser, habillée de son fourreau, sur la table qui le séparait de son interlocutrice. Avec ces divins cadeaux ils firent régner le respect et l’ordre pendant des dizaines d’années, fondant ainsi le Concile de la Lumière. Mais au fil du temps certain d’entre eux se laissèrent corrompre par leurs propres dons, insufflés de la malédiction d’Obscural eux-aussi. Cinq se retournèrent contre leurs frères et sœurs et manquèrent de renverser l’Église avec leur traîtrise. Mais ils furent repoussés par ceux restés loyaux aux dieux et finirent par fonder la terrible Église des Ténèbres. On les nomma les Parjures. »

L’histoire était davantage riche en détails, mais Marcis sentait que la dryade voulait aller à l’essentiel. Il s’était présenté comme descendant d’Orphae mais n’avait jamais précisé s’il s’agissait d’un Parjure ou non. Il sentit le soupçon peser sur sa personne et s’empressa de poursuivre.

« - Mon ancêtre était l’un des Loyaux. Il s’est fidèlement battu contre les Parjures malgré la malédiction insidieuse qui le rongeait et n’a jamais sombré dans le péché de gourmandise. Ses efforts ont permis à ma lignée de survivre grâce au sang animal et non pas celui d’êtres humains ou humanoïdes. Nous traitons nos repas avec respect et n’oublions pas d’où nous venons et l’ampleur des sacrifices. C’est l’épée que je vous ai dévoilée là, Damoclès, qui l’a transformé et il m’arrive de sentir une emprise mauvaise et sombre lorsque je l’utilise. Car elle possède la magie d’insuffler la vie… mais aussi de la reprendre ! »

Pendant un long instant les yeux du vampire restèrent alors rivés sur son arme, avant que la réponse de la femme verte ne le fasse revenir à la réalité une fois de plus.


Marcis & Cérès



" Oh Terraris, je chante ton nom.  "


C'est avec attention qu'elle observe le jeune homme et le suit alors que ce dernier entre en mouvement pour la mener plus loin dans la bâtisse à l'abandon alors qu'elle se reperd dans l'observation des lieux, des lieux où rien n'avait bougé depuis vraisemblablement de nombreuses années.

" Ne nous inquiétez pas, prenez le temps qu'il vous faut. "

Elle écoute tout en progressant dans la batîsse et en continuant d'observer les divers éléments du décor n'ayant pas bougé, une table dressée recouverte de poussière, comme si hier encore une famille avant pris le dîner, un frisson qui parcourt l'échine alors que la question s'impose à elle, que leur étaient-ils arrivés ? Gardant un silence respectueux elle le laisse poursuivre même si la présence d'un monastère titille son intérêt.

Ils finissent enfin par arriver à destination alors qu'une table se dresse devant eux et qu'il la contourne pour la fixer dans le blanc des yeux tout en déposant son fourreau sur cette dernière en commençant son récit. Un récit des plus intéressant à n'en point douter alors qu'elle écoute avec attention. Certaines choses prenant tout leurs sens alors que ce jeune homme état en réalité un vampire, un fait expliquant cet étrange sentiment d'ombre et de lumière mêlées qu'il lui avait inspiré dans l'église abandonnée. Il était donc un ténébreux et se nourrissait selon ses dires de sang animal, un frisson lui parcourra l'échine quelques instants, elle n’avait jamais été à l'aise avec les vampires et les goules, si ces pauvres êtres n'étaient qu'une conséquence de l'intervention d'Obsural, beaucoup d'entre eux restaient des êtres sans respect pour la vie d’autrui et dont la survie dépendait de la vie d'autrui. Un fait avec lequel elle, comme Nueva, même si ils acceptaient tout le monde sans distinction était assez mal à l'aise de part leur système de lois et ce que tout cela impliquait. Néanmoins ce jeune homme sans doute pas si jeune que cela semblait mu d'une véritable foi motivée par de pures intentions et cela suffisait à dissiper ses craintes.

Il poursuit son histoire et la question de l'arme lui tire une expression indéfinissable alors que son regard vient se perdre sur elle et l'observer avec attention. Une arme possédant la magie des dieux mais pouvant également entraîner la corruption. De tout ce qu'elle avait lu cela ne faisait aucun doute, elle était ancienne et son pouvoir devait être immense. Ils possédaient nombre d'anciennes reliques des anciens cultes et notamment imprégnées de la magie des anciens prêtres et prêtresses des cinq en Nueva, mais rien de semblable à cet objet qui semblait porter à la foi le pouvoir de Lumenal et celui d'Obscural. Un fait troublant et loin d'être rassurant.

" C'est véritablement fascinant. En effet les écrits portant sur les 11 et la guerre de la lumière sont rares et il ne s'agit la plupart du temps que de vagues mentions. Nous possédons notamment un ouvre à l'université traitant de créatures anciennes et mythiques. Il est dit que l'église des ténèbres aurait chercher à utiliser le pouvoirs de plusieurs d'entre-elles, mais c'est à peu prêt tout. Une brume obscure dont nous connaissons l'existence, sans en connaître les fondement. "

Un silence alors qu'elle s'approche de l'épée pour continuant son observation.

" Si cet arme possède vraiment le pouvoir que vous décrivez et remonte à des temps si anciens, sa magie et son utilisation rappellent les mises en garde des 5 en vers les mortels. Concernant les cristaux et leur pouvoir, mais aussi la corruption d'obscural, elle ne créé pas elle attaque ce qui est pour le dénaturer, si cette épée a été touchée d'une manière ou d'une autre, ses utilisateurs successifs et sa puissance sont certainement responsables de ce que vous ressentez. A votre place je prendrai soin à ne l'utiliser qu'en cas d'absolu nécessité, mais surtout à garder son pouvoir et son origine secrètes, si quelqu'un de mal intentionné venait à mettre la main sur un tel objet, il y'a fort à parier que cette épée succomberait à la corruption par son utilisateur. "

Un silence alors qu'elle se redresse pour fixer le vampire dans le blanc des yeux avec un air aussi grave que sérieux.

" Sir Valerius, que diriez-vous de m'accompagner à Nueva, pour un temps du moins, je pourrai vous donner accès l'université et à son savoir et en échange j’aimerai que vous compiliez par écrit tout le savoir dont vous disposez sur les 11, le concile de la lumière, l'église des ténèbres et la guerre et ce fameux monastère d'où vous venez. Vous êtes certainement la seule personne encore vivante à posséder ce savoir et le perdre serait une véritable tragédie. Je pourrai également vous montrer le temple de Lelanserine dédié au culte de Terraris que nous avons fait revenir à la vie au sein d'une bonne partie de la population. "

Un silence suite à la proposition, elle se doutait qu'elle le prendrait certainement au dépourvu, mais elle n'était pas le genre à prendre 10 000 détours pour obtenir ce qu'elle voulait.
 

©️ Bebebe ♠️
La dryade avait analysé l’épée avec une fine précaution, conseillant au jeune vampire de ne s’en server qu’en cas d’ultime recours. Si c’était plus ou moins ce qu’il avait en tête au départ, eu respect pour l’héritage ses ancêtres, il n’avait que très peu pu se douter de l’emprise maléfique que la lame pouvait avoir sur lui. Même s’il l’avait sentie lors de ses derniers échanges avec une homologue anonyme, il n’était pas trop certain de savoir si cela était dû à sa fatigue ou non.

Désormais il savait.

S’en suivit alors une invitation que le vampire n’aurait jamais pu prédire. Calmement Cérès l’avait considéré jusqu’alors, mais c’était désormais respectueusement qu’elle l’avait enjoint à coucher son savoir par écrit et ce à l’université de Nueva. Il y avait là des mots que Marcis n’avait jamais entendus auparavant mais qu’il pouvait toutefois retrouver dans sa mémoire lourde de vocables qu’il avait appris par cœur au monastère.

« - Ce serait avec grand joie que je vous suivrais dès à présent pour découvrir votre temple et vous aider dans l’archivage des connaissances anciennes. Peut-être pourrais-je aussi en apprendre plus que ce qui m’a été dispensé sur Luménal et même retrouver d’autres descendants des Onze disséminés à travers le monde. Mais je me dois de reporter mon départ, malheureusement, car il me reste des affaires à régler avant le mois prochain. Alors je partirai, mais je suppose que vous serez déjà de retour dans votre contrée. »

Aussi, à ce moment-là plaça-t-il à nouveau son épée dans son fourreau, car la nuit tombait et il était grand temps de se séparer. Le vent soufflait à travers les murs creusés de la maison abandonnée et une bise glaciale se levait pour prendre sa relève, frigorifiant les deux créatures qui expiraient régulièrement des petits nuages de condensation. D’autres mots furent alors partagés pour creuser un lien plus profond entre les deux prêtres, heureux de s’être trouvés, mais ils se rendirent bientôt compte que le couvre-feu était passé et qu’ils pouvaient à présent retourner discrètement en centre-ville où ils se sépareraient.

Le chemin se fit donc dans un grand silence mutuel mais respectueux avant que les jardins d’Ismaël ne se profilent, carrefour au centre de la capitale.

« - Vénérable Cérès, ce fût un honneur de vous rencontrer et c’est avec hâte que j’espère vous retrouver bientôt, de l’autre côté de l’océan. Il nous reste encore beaucoup à partager et j’espère que mes récits seront à la hauteur de vos attentes, lorsque je viendrai vous les écrire. Mais à présent il nous faut nous quitter je le crains, car telle est la volonté de Luménal.

Nous ne marchons pas en terre promise ici, car Obscural a depuis longtemps envahi ces contrées et nombre des miens ne préfèrent pas les ténèbres pour leur vertu récupératrice sur le sommeil, mais pour accomplir de bien plus sombres desseins,
» confia alors le vampire tout en effectuant une révérence distinguée avant d’enfin se retirer vers le quartier de sa résidence.

Tout le long du chemin il n’eut alors de cesse de penser à la providence qui avait voulu que la Sage et lui se rencontrent, oriflammes des Anciens Dieux qui avaient depuis longtemps perdu le contrôle dans cette ville et bien d’autres. Mais grâce à cela une graine d’espoir avait germé et de cet entretien il était ressorti plus fort et plus serein, en paix avec ses dieux.

En paix avec lui-même.