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Lost Kingdom  :: Akantha :: La Capitale - Everbright, cité des rois

Doucereuse Ruse - Lucius & Rane

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Doucereuse Ruse
ft. Lucius

Everbright - Akantha
Les jeux de pouvoir. Ils étaient toujours aussi fréquents, toujours aussi incessant, et comme à chaque fois, les victimes étaient aux abois, les maîtres réussissaient leurs coups, et les complots se chevauchaient comme une prostituée sur un ivrogne plein aux as. Si cela ne tenait qu'à elle, l'Hérétique n'aurait jamais mis son nez là-dedans, un vrai guêpier dont il était probablement impossible de se sortir. Cependant, sa situation ne relevait en rien d'ordinaire, étant donnée qu'appartenant au groupuscule des Noirs, le pouvoir devenait son moyen, pour atteindre son objectif. Et si normalement la Kaagahri s'occupant des jeux d'Akantha était sa femme, cette fois ci, elle se devait d'aller ajouter un esprit dans cet échiquier invraisemblable, pour ne pas perdre une ressource potentiellement importante. C'était pourquoi, lorsque Caitlyn avait été demandée auprès du Comte Adrien de Beaufort, et que cette dernière, absente pour une autre mission, n'avait pu répondre, la Sombre avait décidé de prendre sa place, ayant laissé un mot codé à sa moitié en leur lieu de résidence pour que cette dernière puisse le savoir à son retour.

Sitôt écrite, cette lettre avait vu Rane enfiler sa tenue de combat akanthienne, sans le casque, pour finalement attraper s'en aller vers la demeure du Beaufort. Bien que l'armure de Rane était plus à même de la protéger, il avait fallu faire des concessions, Akantha ne tolérant pas aussi facilement la technomagie. C'était pourquoi c'était une tenue en cuir renforcé qu'elle avait à la place, se faufilant au travers des rues incognito, ce qui n'aurait jamais été possible avec le proto_raptor.
Ses bras étaient visibles, ses muscles aussi, et les quelques cicatrices qui tailladaient ses épaules également. Elle n'aimait pas donner cette vision, mais sans la présence d'un métal pour la tenir en sécurité, elle préférait être libre de ses mouvements. Et puis, rien en cette missive du Comte, ne disait réellement que la vie de l'Akanthienne était en danger.

Tandis qu'elle se faufilait entre les rues, passantes ou non, elle était surveillée de près par son oiseau, ce faucon, rapace magique aux yeux précis, qui n'hésitait pas à utiliser son lien avec elle pour la prévenir, que ce soit un danger, ou un itinéraire. Il était l'ancêtre du GPS, en soit. Et sans lui, jamais la voleuse n'aurait pu trouver son chemin, ses jours passés dans la cité des Salamandres n'étant pas utilisés pour son petit plaisir touristique, mais pour la satisfaction de son aimée. Après tout, elle ne la voyait pas si souvent que cela, chacune ayant un rôle plus grand que leur personne à jouer en ce monde.

Lorsqu'elle parvint au devant de la demeure de son commanditaire, Rane leva le bras droit, auquel vint s'accrocher Tyrion, son faucon, dans un mouvement magnifique en piqué. Puis elle toqua à la porte, de laquelle elle s'attendait à voir apparaître un domestique au service du Comte. Au lieu de cela, elle eut droit au visage du Compte lui même. Et bien qu'elle eut des doutes au premier abord, lorsqu'elle l'entendit, elle n'en eu plus un seul.

_ Qui êtes vous ? Vous n'êtes pas Dame Kaagahri !

Il était évident qu'il attendait sa femme, ainsi, la marquée ne put qu'admettre que soit cet homme était contre l'idée même d'avoir des domestiques ou des esclaves, soit il était anxieux à l'idée de laisser ne serait-ce qu'une autre personne accueillir son invitée.

_ Je suis la Dame Kaagahri originelle en fait.

La mage noire montra sa main, et plus particulièrement son annulaire, où résidait une alliance en or blanc.

_ C'est en m'épousant que Caitlyn est devenue une Kaagahri, et malheureusement elle n'est pas disponible avant plusieurs jours. Aussi, il va falloir, au choix, vous contenter de moi, ou de personne.

Il l'examina attentivement, ce, toujours en gardant le pallier de sa porte, avant de soupirer. Et d'accepter.

_ Soit. Vous n'êtes pas la seule que j'ai conviée... ENfin... Votre femme n'est pas la seule que j'ai conviée, mais bon... je ne peux pas me permettre de vous laisser partir, à présent.

Croyant à une menace, la guerrière et son faucon s'alarmèrent, et alors qu'elle brandissait presque son poing, l'oiseau écarta les ailes, comme prêt à s'envoler pour lui griffer les yeux de ses serres. Il plaça ses mains de telle sorte que Rane et Tyrion les voient, tout en se forçant à écarter le malentendu.

_ Mes excuses ! Mes excuses. Ce n'était pas une menace.

Alors l'Impie se calma, avant de faire un pas en avant.

_ Bon... Ce n'est rien... mais... puis-je entrer ?

_ Oh, oui oui. Je vous en prie.

ELle passa la porte derrière lui, et celle ci se ferma.
HRP
Si tu veux voir la tenue de Rane, elle se trouve sur l'un de ses deux avatars. Celui avec l'arc. Il te suffit juste d'oublier le casque, et le "truc" dans le dos. Oui, je dis "truc" car je ne sais pas ce que c'est exactement xD

Concernant Tyrion, le voici en compagnie de Rane

Enfin, je parle de sa marque (la marquée). Il s'agit de son "udjat", allias l'oeil d'horus (ça s'appelle vraiment un udjat) sur l'oeil droit de Pharah/Rane 
La créature n’appréciait que faiblement le climat chaud et sec d’Akantha. Ce dernier avait une tendance à tragique à le pousser à l’indolence et vers les zones les plus ombragées, loin du soleil et de ses rayons ardents. Malgré les palmiers impavides qui se balançaient au rythme d’une brise poussiéreuse et inexistante, il ne parvenait pas à trouver de rafraîchissement ici. La foule nageait et volait et se fondait autour de lui dans un mélange sexuel et métallique d’odeurs et de mouvements. Il voyait les épices qui s’attachaient aux manches larges des gens, et leurs pas qui labouraient un sol fatigué et morcelé. C’était un spectacle un peu trop entêtant pour lui, et il se retira en lui-même, appréciant de retrouver le silence froid et familier de son for intérieur, aujourd’hui silencieux. C’était tant mieux. Il ne voulait pas parler, et il allait pourtant devoir le faire. Il allait devoir communiquer. Il toucha le bois épais de la porte, sentant sa vieillesse et son indolence sous ses doigts. Il se demanda un instant s’il devait la pousser ou frapper, ce qu’il devait faire pour que son action rencontre le succès qui lui était nécessaire. Il tourna la tête, et attendit. Ce n’était pas encore le moment. Le ciel était encore bien trop vert pour qu’il se cache à son regard nuageux, il se contenta donc de s’assoir sur un des sièges du jardin de la noble maison, joignant ses mains et ignorant les regards surpris des serviteurs. Ces derniers avaient depuis longtemps été habitués à ne pas poser de question quand se tenait face à eux un individu trop bien habillé pour qu’il partage leurs devoirs. Tout au plus se contenteraient-ils d’avertir leur maître.

Et toi, qui t’avertis ?

De quoi ?

Du manque de but de tes actions. Tu ne sais même plus pourquoi tu es présent, j’en suis certain.

Bien sûr que si. Nous sommes là pour accomplir notre but. Avant que tu ne poses la question, je n’ai pas oublié ce qu’il était. Nous sommes venus ici pour ouvrir le sarcophage et regarder la chair qui pulsait à l’intérieur. Nous sommes venus ici pour que le feu de notre regard éclaire avec tout le juste courroux qu’il mérite les imperfections de cet homme. Nous sommes venus parce que le Cercueil demande des réponses, et que son appel n’est pas de ceux que l’on ignore. Nous sommes venus, parce qu’au final nous avons toujours été là. Nous sommes un point dans l’espace et dans le temps, une notion de ponctualité dans une tempête qui s’étend et se nourrit de son propre cadavre et hurle et demande son tribut.

Nous n’aurions pas dû résumer les choses comme cela. Nos pensées sont trop fortes, j’ai peur qu’on nous entende.

Qui ?

Silence. Ils arrivent.


Lucius voulu se relever, mais trouva contre sa chair diaphane une pointe de métal méfiante et froide, et sentit sa peau se tendre sous sa volonté. Il leva les mains, doucement, se demandant combien de temps il avait encore perdu à réfléchir sur le passé. A ses côtés s’étaient matérialisés deux hommes, l’un grand et sec comme la branche d’un arbre mort, et l’autre gras et liquide, suant toute l’eau de son corps comme s’il tentait de le faire pousser. Lucius pouvait déjà discerner dans ses entrailles les feuilles vertes et pleines de vie qui perçaient la pierre et détournaient le flot rythmique de sa sève vers d’autres entreprises, plus exigeantes. Plus affamées. Il se racla la gorge, et écouta l’imposant personnage poursuivre ce qui devait être une diatribe déjà plusieurs fois répétés. Il lui parla de son indignation, il lui demanda son identité. Le prophète errant plaça un doigt doux sur le fil de la lame, son enveloppe corporelle manquant de peu de se fendre et de laisser ses spores essaimer son environnement. Il la repoussa doucement, l’éloignant de son cou, et répondit doucement. Il était Lucius, et cela suffisait. Il était là parce qu’il le devait.

"C’est vrai, reprit-il après une courte pause. Je n’ai pas le choix."

Il marqua ses mots, tentant de communiquer l’urgence de sa situation à ses vis-à-vis. Le temps pressait, et ils étaient là à perdre du temps. Il devait lutter contre la tempête, et cela requérait qu’on le laisse faire son travail. Il ignora leurs regards médusés, les hommes trouvant visiblement ses paroles perturbantes. Ils doutaient probablement de l’intégrité de son esprit, sans comprendre qu’il était sans doute la dernière personne saine d’esprit à errer sur le grand cadavre.

"Peu importe mes raisons, en fait. Je peux vous aider. Vous voulez quelque chose, et… Et je peux le faire, quoi que ce soit. Je ne serais pas là sinon."

Il vit la colère transfigurer les traits du maître des lieux, et leva sa main avant que ce dernier ne lui réponde. Il le voyait sur sa petite embarcation, balloté par des flots insensibles à ses problèmes, et il se révoltait contre l’irruption soudaine d’un passager clandestin.

"Avant de me répondre, considérez ceci : vous ne savez pas comment je sais ce que je sais, et vous ne me pouvez donc ni me faire taire ni m’expulser sans prendre de risques inutiles. Je peux vous aider. Je le dois, au risque de me répéter. Allez ouvrir la porte, et revenez me voir quand ce sera fait."

Sitôt eut-il terminé sa phrase qu’on put entendre quelqu’un frapper pour tenter de pénétrer le noble bâtiment. Le bruit explosa à leurs oreilles comme une bombe, soudain et inattendu, dissipant aussitôt l’atmosphère tendue qui pesait auparavant sur le petit groupe. L’autre signala à son garde de garder un œil sur son étrange invité, et s’en alla répondre ; Lucius soupira, regardant la face fermée de son geôlier improvisé. Il ne semblait pas vouloir échanger, ce qui ne le dérangeait pas outre mesure. Converser sous ce genre de cieux était une mauvaise idée, et il n’avait accepté de déroger à ce principe élémentaire de sécurité que pour accomplir son œuvre.

Le ciel était encore vert. Plus pour longtemps.
Doucereuse Ruse
ft. Lucius

Everbright - Akantha
_ Suivez moi...

L'Hérétique s'exécutant, son regard passait sur les détails de la maisonnée, bien plus somptueuse de l'intérieur que de l'extérieur, tapisseries et chef d'oeuvres d'artistes probablement renommés, que l'étrange Akanthienne à la peau halée et au regard marqué, ne connaissait probablement pas. Comment se porter ainsi en un lieu d'aisance, lorsque toute sa vie, on avait été exclue du monde ? Pour elle, il ne s'agissait que de dessins plus ou moins beaux. Pourtant les oeuvres ornant les délicats murs de la villa semblaient plus importants que tout. Sauf exception, telle que la mission ou la vie du propriétaire, qui en son embonpoint bien avancé, suintant la peur à vue de nez, ainsi qu'une incompréhension certaine, arrivait jusqu'au jardin, d'où un geôlier quelque peu élégant gardait de la pointe d'une lance un individu bien étrange.

_ Dénommé Lucius...

L'Impie savait. Elle connaissait les règles de bienséances en présence d'un comte les ayant étudié avec sa moitié. Pourtant, en ce moment très précis, elle les effaça de sa mémoire, interrompant à la fois le maître des lieux et causant un terrible outrage qu'il ne pourrait de toutes façons jamais faire payer sans mettre à mal sa demande ou sa vie.

_ Est-il prisonnier ? ou invité ? Parce que votre garde ne semble pas savoir tenir un homme en joue.

_ Que... ?

Le faucon poussa un cri, alors que Rane s'avançait, passant au devant du comte et du garde, poussant ce dernier avec fermeté, avant de planter son regard sur le visage de ce Lucius, ce bandeau l'ornant, ainsi que ses cornes, faisant de lui un être plus exceptionnel encore que chaque noble de la ville.

_ Enchantée. Je suis Rane. Et voici Tyrion. Puis-je vous poser une question ? Autre que celle ci, bien entendu... Êtes vous... aveugle ?

Ce n'était pas le plus important. Mais outre l'outrage qu'Adrien devrait oublier, s'il ne voulait pas d'ennuis avec sa mission trop secrète, l'action de l'Hérétique avait une autre portée. Elle devait trouver le pouvoir, bien qu'ilm ne l'intéressait pas tant que cela, personnellement. Cependant, en cet être aveugle et pourtant semblant à la fois trop et pas assez important, son infirmité potentielle le rendait puissant et détenteur d'un potentiel pouvoir, que ce fut par l'absence d'ustensile pour l'aider dans ses déplacements, ou le fait que le garde était à la fois obligé de le tenir menacé comme un criminel, mais le faisait de telle sorte que ce Lucius ne souffrirait pas d'une quelconque tentative d'atteinte à sa personne.

_ Ehm... Excusez moi, mais... Savez vous qui je suis ?

Le rapace tournant sa tête immédiatement après les paroles du grassouillet, pour le regarder d'une expression vide, la face de l'udjat se retourna bientôt vers son commanditaire pour qu'elle s'en approche. Il était le juste mélange entre l'indigné et l'effrayé. Un aveugle germant dans son jardin, et une basanée n'ayant aucune crainte à saper son autorité et pouvoir dans sa propre demeure.

_ Un homme dans une situation trop délicate pour se permettre de faire du tapage, je présume. Comte Adrien, si je suis navrée d'avoir ainsi agi, je ne m'en excuserais cependant que pour la forme. N'oubliez pas que vous m'avez invitée, et qu'à ce titre, je pense avoir le droit de m'entretenir avec un homme qui n'est visiblement pas votre, car tenu immobile par un fer.

Il ne dit rien. La sombre n'en retira qu'un maigre sourire, avant de néanmoins s'incliner, puis de demander à l'hôte :

_ Désormais, si vous le voulez bien, puis-je savoir qui vous avez mandé, à part moi, et pourquoi, exactement ?

Le comte claqua des doigts, pour que son garde cesse toute action hostile, tout positionnement pouvant mener à de la méfiance ou une réaction inappropriée de la part de ses visiteurs, avant d'ordonner.

_ Veuillez l'amener.

Sans aucune réponse auditive, le garde disparut, alors que le comte reprenait, n'oubliant pas les paroles de Lucius l'étrange voyant. S'il disait être là pour l'aider, autant lui faire part de ce qu'il voulait.

_ On me veut du mal. Ma vie est en danger. Ma position aussi. Tout. Et je pense avoir capturé le fauteur de trouble.

Intriguée et presque déçue, la fausse Akanthienne demanda alors, naturellement :

_ Dans ce cas, n'avez vous pas besoin de personne ?

_ Là est le problème. Le prisonnier ne parle pas vraiment... DU moins, pas sur les sujets que je lui demande. je ne sais pas s'il est un pion ou un instigateur. Je voulais Dame Kaagahri... je veux dire, votre femme... pour ses dons d'assassin. Elle sait... "interroger" un suspect, n'est-ce pas ?

_ Vous voulez dire "torturer" ?

Le comte grimaça à l'entente de ce mot.

_ Disons... "faire parler". C'est ce que vous devez faire. Et si cet homme n'est qu'un pion, j'aimerais aussi que vous démanteliez cette conspiration envers ma personne...

_ Vous en révélez beaucoup.

_ Je n'ai pas le choix.

Il déglutit, alors que le garde revenait, avec des chaînes. Ces chaînes tirant un prisonnier... Le fameux prisonnier...
HRP
Si tu veux voir la tenue de Rane, elle se trouve sur l'un de ses deux avatars. Celui avec l'arc. Il te suffit juste d'oublier le casque, et le "truc" dans le dos. Oui, je dis "truc" car je ne sais pas ce que c'est exactement xD

Concernant Tyrion, le voici en compagnie de Rane

Enfin, je parle de sa marque (la marquée). Il s'agit de son "udjat", allias l'oeil d'horus (ça s'appelle vraiment un udjat) sur l'oeil droit de Pharah/Rane 
Il sentit le vent arriver, et vit le rapace et ses battements d’ailes agités. Le mouvement provoquait dans les oreilles de Lucius une déferlante de couleurs, et il pouvait la lumière qui irradiait en rayon concentriques de l’œil de sa maîtresse. Il sut alors pourquoi il était venu ici, et ce qu’il était venu faire. Il était venu la voir pour en faire la connaissance, pour l’ajouter à la toile soyeuse et vertigineuse de ses connaissances. Il ne savait exactement comment elle devait s’intégrer, quel fil elle devait tendre et quel filament elle devait briser, mais cela était au final assez peu important. Rien n’était important que ce qui l’était, et pour l’instant il pouvait la voir devant lui, sa voix se répandant sur lui avec une intolérable chaleur, s’ajoutant aux rayons verdoyants de l’astre du jour avec lequel elle semblait partager tant d’affinités.

Elle avait tout de même écarté la lance qui le caressait depuis tout à l’heure. Il n’avait jamais été dans les intentions de l’arme de le blesser, mais il pouvait tout de même apprécier le sentiment. Elle finit par s’approcher de lui, sa radiance l’aveuglant et brûlant ses yeux déjà incandescents. Elle lui posa une question, et il l’entendit à peine, tant il avait l’impression que le sang qui giclait dans sa tête depuis la pompe frénétique qu’était son cœur faisait un bruit de tsunami s’écrasant sur des rochers. Il répondit tout de même, hochant de la tête, ses lèvres desséchées semblant comme cousues l’une à l’autre. Elle sembla cependant d’un coup s’intéresser au compte, allant tempêter devant lui, l’autre se mettant à suer sous l’impact cuisant de son rayonnement, sa peau se fendant et se parcellant de lumière. Il suivit la tempête dans ses pérégrinations, l’écoutant vociférer et menacer de châtiment divin le pauvre homme qui les avait accueillis chez lui. Il finit cependant par expliquer le problème qui l’assaillait, confirmant les craintes du prophète : on lui voulait du mal. Il n’était en soi pas là pour l’aider particulièrement, mais il se trouvait que ce but s’alignait remarquablement avec son objectif premier. S’il voulait que la toile tissée soit une toile de bienfaisance et bon augure, il convenait de faire quelques menus efforts.

On leur amena le prisonnier qu’ils devaient interroger, un pauvre petit erre diminué par l’emprisonnement, sa peau tendue sur son corps comme les voiles gonflées de vent d’un navire, et ce dernier commença à gémir, sa voix dissipant enfin le vert incandescent du ciel d’émeraude. Le bleu reprit sa place parmi eux, se faisant plus solide, l’enveloppant de son étreinte paternelle. Lucius opina du chef de manière satisfaite, et reprit son inquisition, se demandant ce qu’ils allaient pouvoir tirer de lui. Ce dernier ne semblait pas prêt à parler, et Lucius se décida à l’examiner de plus près, espérant pouvoir délier sa langue sans avoir recours à la violence. Le cas échéant, il se plierait aux nécessités réclamées par la situation, mais il préférait pouvoir faire sans. La violence avait la fâcheuse tendance de réduire à peau de chagrin le champ des possibles, ce qui lui semblait totalement antithétique avec les piliers de sa propre existence. Il porta sa main sur la joue de l’homme, ce dernier s’agitant dans ses chaînes, ne se calmant que sous l’impulsion de son geôlier. Lucius lui fit signe que tout allait bien, et il continua son exploration, se doigts parcourant la surface abrupte de son visage.

Il était capable de voir, bien entendu. Mais sa vision n’était pas celle des hommes, et son monde n’était pas le leur. Ce qu’il voyait ne tenait généralement que très peu compte des contraintes de lieux et de temps qui affectaient normalement la vision de ses congénères, et cela pouvait de temps en temps s’avérer très gênant. Il devina un nez un peu trop long, et des lèvres pleines. Un menton et une mâchoire robustes, et des arcades sourcilières bien dessinés. Il n’avait pas l’air d’être laid, et il pouvait sentir sous le cristal mordoré de sa peau le chant de ses os et les pulsations rythmiques de son sang. Il ne devinait rien de plus, et il lui semblait qu’il ne pourrait pas directement extraire de son crâne ce qu’il voulait. Il continua son examen, tout en prenant la parole pour la première fois depuis l’irruption de sa solaire amie :

"Avez-vous une idée de la façon de procéder ? Je crains de ne pas pouvoir directement obtenir les réponses nécessaires."

C’était vrai. Déjà il sentait à force d’examiner les fils qui tendaient la tapisserie de l’existence de l’homme un mal de tête puissant le gagner, et ses mains se mettre à trembler. Il craignait que s’il continuât comme ça, ce fut son âme toute entière qui se retrouva balayée et dispersée aux quatre vents. Il retira ses doigts, rompant le contact avec la peau de l’individu, et attendit une réaction.