ft.Solstice
A la Croisée du Chemin
La végétation s’ouvrait dans un chemin étroit de terre, jalonné de cailloux. Il s’ouvrait entre la végétation épaisse, presque imperceptible pour les yeux mal avisés. Il coupait dans la forêt et permettait de la traverser sans se perdre et en évitant les principaux obstacles, qu’il fut végétaux ou organiques. Il n’était pas aisé pour autant d’emprunter ce chemin que seuls les voyageurs habitués et surtout peu chargés utilisaient.
C’était le cas du Simurgh. Celui-ci, alourdi par la pluie drue et lourde habituelle à cette période de l’année, se sentait trop fatigué pour traverser l’entièreté de la forêt à coups de battements d’ailes. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas repris sa forme originelle et cela lui manquait peu à peu. Il voulait sentir l’air entre ses plumes et le monde s’ouvrir à toutes les possibilités. Ce devait être une des rares choses qui étaient dans sa liste de choses agréables et réchauffant légèrement son coeur.
Le Simurgh, alors dans sa forme humaine féminine, était emmitouflée dans une large cape brune, la capuche ramenée sur sa tête ruisselait de pluie. Elle portait une tenue assez légère afin que l’eau ne l’alourdît pas plus que de raison. Un pantalon serrant qui disparaissait dans ses bottes de cuir, un chemisier court de couleur blanche qui dénudait à moitié ses épaules ainsi que des brassières renforcées de cuir et rien d’autre. Son épée pendait mollement dans son dos. Son sac de voyage était dissimulé sous la cape et aidait l’épée à rebondir à chaque pas. Il avançait doucement, le chemin était boueux et glissant. Chaque pas devait être prudemment posé. Une blessure n’aurait pas ralenti Faörih plus de quelques secondes mais il aurait été bien ridicule d’user de l’énergie pour guérir une blessure évitable.
La pluie tombait et rendait la visibilité incertaine. On ne distinguait pas le chemin à plus de dix mètres. Le rideau d’eau formait un brouillard désagréable. Le froid s’infiltrait dans ses vêtements, une goutte d’eau coulait de temps en temps le long de sa peau, si bien que son chemisier avait bien vite été trempé malgré la cape. Celle-ci n’avait en effet pas réussi à contenir les flots d’eau qui martelait ses épaules et sa tête. Faörih avançait, lentement mais sûrement, en route pour le prochain hameau qui se situait à l’orée de la forêt. Il était difficile de donner une approximation de l’heure mais il devait être fin d’après-midi. Le soleil ne tarderait pas à se coucher et il fallait se rendre au plus vite là-bas. La créature pressa encore un peu le pas. Il aurait bien sûr pu simplement reprendre sa forme et simplement dormir dans la cime des arbres mais il ne voulait pas tremper ses plumes. Les plumes mouillés se révélaient profondément désagréables, surtout pour une être aussi grand que le mythologique.
La forme humaine tendait l’oreille. Elle guettait le moindre bruit à travers le son de la pluie qui ricochait dans les flaques, sur les feuilles et dans les fougères. Rien n’était sûr, dans la forêt. Les prédateurs avaient tendance à chasser pendant les temps humides afin de dissimuler leur odeur plus facilement. Il fallait rester attentif afin de ne pas se faire surprendre par l’une ou l’autre créature. Les pas du Simurgh étaient discrets et se voulaient le plus silencieux possible. Il guettait. Il ne réfléchissait plus au chemin qu’il connaissait par coeur. Il ne comptait plus depuis longtemps le nombre de fois qu’il l’avait emprunté. Il était même possible qu’il aie contribué avec le temps à en faire un chemin. Il se souvenait, des premières fois, guidé par des dryades. Il se souvenait de tout.
Faörih soupira doucement. A la pluie s’ajouta le poids de la triste nostalgie. Il aurait voulu retourner en arrière, recommencer tout. Il se disait qu’il aurait du mourir dans l’explosion de l’ancienne nation, mais son destin avait été autre. Il devait continuer d’avancer, coûte que coûte. Avancer jusqu’au hameau et enfin sécher ses os qui semblaient être mouillés depuis déjà des semaines.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.