Grâce à un sortilège simple ne nécessitant pas grand chose qu’une tête sur les épaules, cette missive s’était modelée de telle sorte à prendre la forme d’un volatile, n’arrêtant sa course que lorsqu’elle sera entre les mains du destinataire. C’était le moyen le plus sûr de transmettre un message ne voulant être lu que par une seule personne, de cette manière elle n’atterrirait pas dans les mains douteuses d’une langue un peu trop pendue.
La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà et le ciel avait laissé place à un panorama éthérée constellé d'astres lumineux offrant un spectacle agréable et rassurant. La nuit pouvait être inquiétante et symbole de mystère, secrets et d’interdits, et Mavis honorait ce trait ce soir. Lorsque les yeux s'étaient fermés à Theopolis les siens s'étaient ouverts et elle avait quitté la chaleur de son lit pour embrasser le froid de l’extérieur, drapée dans un amas de vêtement couvrant l’entièreté de son corps et surtout sa tête, couverte par une épaisse capuche qu’elle rabattait sans cesse contre son front, trop effrayée d’être reconnue que ce soit par un membre de l’Ordre ou même un citoyen, guidée par une de ses domestiques en qui elle vouait une grande confiance.
Tourmentée par un évènement qui remontait à quelques mois seulement, son âme se trouvait enlisée dans le mensonge la peur et surtout le doute. Elle ne pouvait garder ces choses pour elle et c’est dans la plus sage des décisions qu’elle eu l’idée d’en parler à une de ces créatures qui allait désormais partager son quotidien, seules et uniques créatures en qui elle, semblerait-il pouvait vouer une confiance aveugle malgré les quelques soucis et tromperies auxquels elle a eu affaire il y a peu. Pour cette confidence personne ne semblait mieux placé que Justice pour endosser son fardeau, lui qui était son mentor et donc digne de confiance mais également la vertu pouvant juger de la manière la plus objective qui soit la situation.
Il lui fallait un endroit où les murs n’auraient pas d’oreilles. Bien sûr finalement à Mearian nous n’étions à l’abris de rien, peu importe l’endroit où l’on se trouvait mais d’après ses propres constatations c’étaient ces lieux qui étaient les plus discrets et les moins propices à l’espionnage même... bien intentionné. Attendue par sa servante à l’orée de la forêt, c’est en son sein que renfermait la Source de vie, là où l’or bleu semblait être figé par une force surnaturelle et métaphysique - magnifique panorama qui serait le jardin d’Eden pour beaucoup tant l’énergie qu’il dégageait était bienveillante en totale concordance avec le spectacle s’offrant à nous. Elle avait eu l’occasion d’y aller plusieurs fois mais jamais de nuit - l’endroit resplendissait davantage. Rabattant sa capuche sur ses épaules elle laissait sa chevelure chatoyante et juvénile baigner dans les rayons lunaires filtrant entre les arbres timides ne laissant que peu entrevoir la beauté du lac. Par la suite, Mavis pris place sur une irrégularité de la terre non loin de l’eau - rocher partiellement rempli de mousse. De temps à autres elle osait s’approcher du bord, observant son reflet et laissant même l’épiderme de ses doigts effleurer l’eau pour contempler les ondulations de la matière. C’est après quelques temps d’attente que le calme des lieux fut perturbé par ce qui s’avérait être un bruit de pas contre les feuillages et brindilles craquant sous un poids probablement humain - elle se retourna aussitôt, son coeur ratant un battement, ayant en l’espace d’un instant cru que sa lettre aurait été intercepté par quelqu’un de peu louable ou pire un membre de l’Ordre. Un soupir de soulagement fut expiré des poumons de la jeune adolescente lorsqu’elle aperçut la silhouette de cet homme qu’elle reconnaissait, soupir suivi d’un étirement peu naturel de ses lèvres ; sourire offert en l’observant s’approcher. Ce n’est lorsqu’il fut relativement proche - à portée de voix qu’elle fit résonner cette dernière au creux de sa gorge.
Bonsoir, Olieron. Merci d’être venu, j’espère ne pas t’avoir réveillé. Petite politesse qu’elle s’était accordée, moindre des choses selon elle. Je t’ai amené ici parce que je n’avais pas envie que l’on nous entende, le sujet pouvant être plutôt délicat… Justification de son choix de l’endroit de manière claire et concise. Je ne vais pas perdre de temps afin que nous ne passions pas des heures en ces lieux et que nous puissions rapidement retourner à nos occupations ; je suis au courant. Du fait qu’il n’y ai pas que vingt et une vertus, mais qu’il existe neuf autres à l’essence plus sombre, si bien qu'on ne pourrait pas appeler ça des vertus.
Elle était bien au courant que c’était un secret, c’est la raison pour laquelle elle voulait en parler seul à seul.
Mais j’ai quand même une question à te poser, Olieron ; as-tu déjà rencontré deux Seraphs à l’apparence… similaire ? Pour ne pas dire, identique ?
an error ft. Mavis La Grande Prêtresse |
Une lettre aux allures étranges même si ce n'était pas la première fois qu'une information ou un message avait été précieusement camouflé ou protégé d'un quelconque sortilège afin de chasser les curieux. C'est ainsi que la Grande Prêtresse il y a aujourd'hui quelques années t'avait plus ou moins ordonné de rejoindre la source de la vie, votre berceau commun à vous tous Seraph, le tout de nuit afin de te parler de quelque chose. Message quelque peu troublant là où tu te demandais pourquoi ce quelque chose imposait tant de nécessités. Tu étais curieux de savoir ce qui pouvait causer tant de tracas ou plutôt tant de remous en l'esprit de Mavis, habituée à converser avec vous depuis son plus jeune âge, peu de choses devaient être aptes à la poussée à réaliser ce genre d'entre vues nimbés de secrets. Une révélation peut être ou tu ne savais quoi, tu te demandais si tout ceci allait vous concerner vous les seraph ou alors si ceci allait tourner d'un tout autre sujet. Tu avais réellement beau chercher tu ne comprenais pas la nécessité de ceci, tu ne comprenais pas pourquoi tant de secret était nécessaire. Tu ne tardas une fois la nuit tomber à rejoindre le lieu énoncé en ses écrits, curieux et à la fois inquiet de par ce qu'elle voudrait te dire.
Chassant parfois dès lors quelques branches tandis que tu avançais, rayons de la lune filtrant pour certains à travers les branches alors que tu ne connaissais que trop bien cette route l'ayant arpenté pour diverses raisons. Tu te rappelais encore de tes premiers pas en ses terres ou de chacune des cérémonies de réincarnation où tu avais accueilli de nouvelles fois un de tes semblables mort pour diverses raisons. Même si tu n'étais de leur avis sur bien des points, il était nécessaire de les guider lors de leur retour là où leur mémoire n'était que néant, il était nécessaire de tenté de corriger certaines erreurs à la racine. Ce n'est qu'après quelques minutes que tu finis donc par quitter les bois suivi de sonorités comme des craquements de brindilles, tes pas te portant vers la forme qui se tenait non loin de l'eau, ton interlocutrice nocturne. Tu allais bientôt savoir les raisons de toutes ces précautions faisant preuve en parallèle d'un respect des plus classiques pour sa personne en écho à ses propos.
« - Bonsoir Mavis, ce n'est pas grave pour tout ce qui est réveil et j'en passe. Tu dois avoir une bonne raison je suppose même si j'appréhende peut être quelque peu celle-ci. »
Tu pris place dès lors sur un rocher non loin d'elle, observant parfois toi aussi ton reflet dans l'eau tout comme le ciel par la suite. Tu arquas un sourcil lorsqu'elle vint te poser une question que tu trouvais étrange. Tu pouvais concevoir que des seraph possèdent des ressemblances sous leur forme humaine et encore ceci était lié au hasard surtout mais tu avais du mal à voir où elle venait en venir en réalité ou du moins il manquait des détails à tes yeux.
« - On va procéder doucement, tu veux dire sous leur forme normale ou sous notre forme humaine ? Sous notre forme normale chacun de nous est réellement singulier, unique. »
Les changements pouvant s’opérer à la corruption tout comme l'aura qui entourait chacun de vous qui finissait par elle aussi se corrompre une fois la vertu disparu pour laisser place au vice. Tu repris donc la parole par la suite venant compléter tes propos sur le second aspect de sa précédente question.
« - Concernant notre forme humaine, celle-ci change à chaque incarnation tout comme le sexe peut lui aussi être soumis à des changements. C'est un aléa que nous ne contrôlons mais depuis ma naissance sachant que je n'ai jamais eu à me réincarner je n'ai jamais connu de cas où deux vertus ou même corrompus étaient identiques. J'ai du mal à savoir où tu veux en venir ? »