Tout n'est que cycle
Le soleil se lève sur l'horizon, la faible lueur du jour naissant vient caresser les ronces de son touché invisible, comme une agression alors qu'elles semblent la craindre et sursauter faiblement avant de se calmer, un faible mouvement insidieux, comme si fugacement la végétation emprisonnant la pierre avait pris vie, dotée de sa propre volonté.
Instant fugace alors que l'immobilité reprend ses droits sur le temple improvisé au cœur de la capitale. Un décor aussi somptueux que dérangeant alors qu'autour de la bâtisse de pierre que les ronces envahissent trônent fièrement les rues pavées où la vie renait après l'obscurité de la nuit. Un décalage dans le décor dans la lumière de l'aube, un décalage mystérieux et enivrant que la capitale avait aujourd'hui accepté en son sein.
Les portes de la bâtisse s'ouvrent dans un mouvement lent alors que la lumière pénètre à l'intérieur de la pièce principale. Halo apaisant venant réchauffer la peau aux teintes vertes pastelles alors que les yeux céruléens se ferment pour savourer la douce chaleur. Dans son dos dénudé la lumière s’engouffre dans la pièce pour chasser l'obscurité alors que les jours s'apprêtent à décliner, que la saison de Terraris touche à sa fin.
Un instant de délice, douce quiétude alors que ses mains fines se séparent des portes massives et qu'elle reste là, immobile dans leur encadrure, yeux fermés et visage tourné vers l'astre de chaleur, porteur de vie autant que de malheur.
Sa silhouette svelte s'imposant aux passants dans sa tenue de voiles blancs bercés par la légère brise du matin, une tenue semblant sortie des temps anciens, une tenue qui aurait pu être outrageante dans sa transparence aérienne si elle ne possédait pas cette allure noble et mystérieuse que l'ont octroie aux anciens prêtres hantant les légendes. Sa chevelure écarlate tombant tel une cascade sauvage sur ses épaules dénudées alors qu'après un temps incertain, instant divin, les yeux presque translucides de la dryade s'ouvrent pour mettre fin à cet instant de bien être. Un de ces instants de bonheur dont la simplicité détenait le secret. Un bonheur qu'il faut bien arrêter pour reprendre contact avec la réalité, un soupir presque lasse alors que lentement la nymphe fait volte face pour se détourner et s'enfoncer dans la salle et prendre la direction de l'autel.
Ce soir était une nuit importante, celle de l'équinoxe d'automne annonçant la fin proche de la saison de la déité mère de toute vie, père des dryades et maître des forêts, entité reine de la terre et de ses bienfaits, empereur de la fertilité et de la fécondité. Mais aussi roi des défunts reposant en ses entrailles, l'incarnation du cycle sans fin de la vie et de la mort. Terraris.
Bebebe