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Lost Kingdom  :: Nueva :: La Grande Forêt

Chapitre 2 : Lindorm, le dragon scellé [Sam Wariya]

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Après avoir fait la rencontre de deux étranges personnages, Vàli avait reprit la route de la capitale, Lenalaserine. En effet, après avoir reçu une étrange lettre de son frère décédé, il devait s'y rendre pour mettre les choses au clair et rencontrez ces nouveaux camarades, les mages noirs. Ainsi, après avoir traversé les lacs infinis, il arriva aux abords d'une grande forêt...

S'arrêtant pour prendre une énième pause, notre jeune goule jeta un regard autour de lui. Les arbres semblaient infinis, avec leurs troncs solides et leurs cimes bien ancrés dans le ciel, étalant leurs bras sinueux et feuillus. Vàli ressentait une sorte d'angoisse à bien les regarder et la pression semblait s'accentuer au fur et à mesure qu'il restait les yeux levés vers eux. Comme les gardiens ancestraux qui ne voudraient pas qu'une quelconque menace vienne ruiner leurs jardins secrets. Finalement, à n'en plus pouvoir, il baissa les yeux pour souffler un instant et refaire les lacets de ses bottes tâchées de terre. Cinq minutes passèrent et il entreprit de se remettre en marche. Après tout, il était jeune et dynamique, ce n'était pas des centaines de kilomètres qui allaient l'effrayer. Toutefois, une bonne nuit dans une auberge lui aurait bien plus. Aussi, cela faisait maintenant trois jours qu'il n'avait pas revu ou entendu son ami d'enfance, Binah. Et quel soulagement d'avoir l'esprit aussi libre et vide !

Vide, tel était son estomac également. La faim commençait à se reprendre dans son ventre et il savait qu'il allait devoir se ressourcer et bouffer comme toute créature qu'il était devait le faire. Son regard cerné de fatigue scruta le sol, à la recherche d'une quelconque bestiole. Rien, rien, encore rien. Il prolongea ses enjambées jusqu'à trouver ce qui lui semblait être la planque d'une souris ou d'une belette. Fléchissant sur ses genoux, il observa attentivement le trou afin de voir s'il était habité. Un couinement se faisait au fond et Vàli se mit à baver. De ses crocs, il les affichait vorace et d'un geste brusque et vif, il enfonça sa main, son bras à l'intérieur pour attraper sa proie. Et avec une facilité déconcertante, il s'empara de la pauvre bête et le porta à sa bouche. La souris, encore bien vivante, essayait en vain de s'extirper.

Crak ! La tête du petit mammifère sauta et une faible giclée de sang sautilla en dehors. A portée de bouche, notre chasseur n'en laissa pas une miette tomber et s'empressa de porter le reste du corps dans sa gueule allongée pour l'occasion. « Bon...ça le fera pour l'instant...Il vaut mieux ça que crever de faim...  ». Alors qu'il se léchait les doigts pour nettoyer les petites tâches de sang, un vent violent se mit à balayer les arbres et leurs feuilles. Un instant, Vàli ressentit une nouvelle fois cette impression. Celle de se faire observer, scruter, harceler. Mais il n'y avait là que du vent, rien de plus. « N'était-ce là que mon imagination ?  » pensait-il à voix haute. Avec tout ce qu'il se passait en ce moment, il ne savait plus réellement faire la distinction entre ce qu'il voyait, ce qu'il entendait, ce qu'il croyait.

Toutefois, il continua à s'enfoncer dans les bois, comme le vieil homme le lui avait conseillé. Un homme bien étrange d'ailleurs, qu'il avait croisé peu après avoir quitté les lacs infinis. Il lui avait dit d'une voix assez rauque et basse qu'il devait passer par cette voie pour atteindre son but. Puis, il avait rajouté silencieusement qu'il allait devoir faire un choix et qu'il ne devait pas avoir peur d'admettre la défaite et de fuir. Il n'avait rien compris et l'avait remercié nonchalamment. Enfin, tout ça pour vous expliquer comment il était arrivé là, entrain de s'amuser dans une forêt interminable où les arbres semblaient se moquer de lui. Baillant aux corneilles, il se rendit compte d'un seul coup, d'un petit détail qu'il n'avait pas remarqué jusque là...En effet, la forêt dans laquelle il était n'abritait plus aucun bruits. Pas de grincements, pas de couinements, de bruissements, rien. Un silence qui le rendit une nouvelle fois encore plus mal à aise. Il s'arrêta encore une fois et se mit à marmonner, stressé par ce détail inopiné.

« *Bordel, je suis seul au monde ou quoi ? Il n'y a vraiment aucun bruits...c'est pas normal...*  »

Sam s’était levée de bonne humeur ce matin-là. L’air était frais, et un petit vent d’automne parcourait les arbres, juste assez pour garder un ciel dégagé.
L’épaisseur de la végétation camouflait les bruits avoisinants et ce silence naturel apaisait tout aussi bien la jeune fille que son loup.


Elle resta allongée un instant, emmitouflée dans son grand manteau blanc, tel un louveteau comateux, le temps d’apprécier la chaleur du vêtement et le calme de l’environnement.
Elle s’étira et se tourna pour caresser la tête de Yazu mais sa main ne trouva que du vide. Pas étonnant. Avec un temps pareil, l’odeur du gibier voyageait beaucoup plus vites jusqu’aux narines de l’animal et promettait un repas des plus savoureux.

*Et un petit déjeuner au lit pour Sam, un ! Yazu a intérêt de se dépêcher, je crève la dalle*

C’était donc de très bonne humeur que Sam commençait la journée. Non pas seulement en pendant à la viande fraîche qu’elle allait se mettre sous la dent mais surtout aux trophées qu’elle allait récolter. En effet, beau temps signifiait foule. Les gens s’aventuraient plus facilement dans la forêt dense de Nueva quand le temps se faisait clément. Qui sait ce qu’elle y trouverait aujourd’hui ? Un noble égarée, un paysan et ses sacoches remplis de riz ?
La jeune sauvageonne laissa libre court à ses pensées et entreprit de se faire une petite toilette. Elle abandonna leur hôtel de fortune et se rendit à la petite rivière qui coulait non loin.
Hôtel de fortune était d’ailleurs un terme bien trop chic pour désigner l’énième abri en plein air que Sam et son loup avaient choisi.
L’humidité avait creusé l’énorme rocher dont venait de sortir la jeune fille et en faisait un abri, similaire à une grotte mais beaucoup plus petit. L’entrée basse, forçait l’humaine à s’accroupir et l’énorme loup à ramper mais protégeait bien du vent. Un parterre de feuilles mortes assez épais s’était formé dans la cavité, créant un matelas naturel des plus confortables.
Sam entreprit de faire sa toilette quand elle entendit des bruits de pas. Elle se camoufla rapidement dans un buisson et tenta d’étudier la nature de la chose en approche tout en se rhabillant discretos derrière l’arbuste.

*Un humain* pensa-t-elle.

*Un humain alléchant !* entendit-il dans ses pensées.

« Yazu ! » chuchota-t-elle. « Tu es vraiment la seule personne qui arrive encore à me surprendre ».

L’animal esquissa ce qui ressemblait à un sourire et laissa découvrir une biche au coup ensanglantée maintenue entre ses crocs.

« Ouuuuh petit déjeuner ? » la questionna-t-elle.

Le loup acquiesça et agita la tête du côté de l’humain bruyant.

*Déjeuner ?* questionna le loup à son tour.

Sam fronça les sourcils, puis arbora un sourire malicieux.

« Tu connais les règles Yazu. On ne mange pas les humains. Certains sont parfois utiles. Par contre j’aurais bien de sous. Il a sûrement quelque chose que je pourrais revendre sur le marché. »

Sam sauta sur le coup de son loup et s’accrocha à son pelage juste avant que l’animal n’effectue un bon impressionnant sur la route. L’humaine et le loup en imposaient pas mal. Sam sur son dos, elles devaient faire environ 3m de haut. La biche logée entre les crocs du loup en rajoutait à leur entrée fracassante.
Cependant, l’allure du garçon qui se tint devant elles, eu pour effet de surprendre un peu la jeune fille.
Seul et plutôt jeune, l’humain dégageait une aura plutôt malsaine et tout en lui respirait la dépression. Yazu partageait son sentiment et gardait ses deux yeux jaunes fixés sur le garçon. Un faible grognement émanait de l’animal.
Ils s’observèrent tous pendant de longues minutes puis Sam ouvrit la bouche :

« Héééé le gothique ! On s’est perdu ? »
Notre goule s'était rendue à la grande forêt, pour continuer son périple. Se sentant suivi, il finit par s'arrêter plusieurs fois avant de se rendre compte finalement que cette forêt n'émettait aucuns bruits, aucuns signes de vie. Jusqu'à ce que...

Un loup surgit d'un des coins de la forêt aux milles feuillages. Une bête féroce qui devait faire dans les trois mètres de long et avec un pelage tellement blanc qu'il était impressionnant de le voir non tâché de saletés. Entre ses crocs proéminents se tenait un gibier fort alléchant, le cou de celui-ci dodelinant de gauche à droite, tel le pendule d'une horloge. Et surplombant la bête, une frêle petite personne qui semblait faire de la balançoire à son cou. Les yeux bien plus ouvert que la normale, Vàli se raidit et se tint prêt à faire face à la menace venue d'ailleurs. Sans se mouvoir, il resta immobile devant ces deux énergumènes. La femme, au teint pale et aux yeux de glace semblait rire de la situation. Comme le ferait un prédateur face à une proie inévitablement piégée. L'humain au-dessus était une femme aux cheveux de la même teinte que sa monture, moins éclatant toutefois et emmêlés. Avec quelques mèches tressées et nouées par un bijoux qui faisait tâche dans sa dégaine de sauvage. On dirait dit la princesse Mononoké de Nueva. D'une voix enfantine et avec une petite pointe d'immaturité, c'est elle qui rompit le silence pesant.

« Héééé le gothique ! On s’est perdu ? » fit-elle, ses yeux rivés sur Vàli.
« Gothique ? Qu'est-ce ça peut te foutre ? Tu viens d'où toi ? T'es une ermite ?  ». Se prononça-t-il, légèrement provocateur tout en gardant sa pose. Le bruit avait cassé le silence et donnait une toute autre atmosphère à la forêt. Au moins, des sons s'entrechoquaient. Il prolongea son regard sur ces nouvelles personnes, inspirant profondément et lentement, puis reprit la parole. « Trêves de plaisanterie, j'ai des choses à faire. Si tu es venue à ma rencontre, c'est que tu as des idées en tête je présume ? Tu veux quoi ? Me dépouiller ? Me bouffer ? Me violer ? Fais gaffe, je ne suis pas comestible.  » Il baissa le regard sur la biche fraîchement tuée. Elle, par contre, lui donnait envie de bouffer. Le rat n'avait fait qu'un faible en-cas, alors une biche entière, il l'aurait bien bouffer goulûment. Mais le must aurait été la jeune femme. Il avait souvent privilégier les jeunes femmes pour ses repas. Les voir se débattre et hurler alors qu'elles voyaient sa gueule s'ouvrir, béante. Puis passer les mains autour de leurs cous et les étrangler avant de finir par croquer la tête en premier lieu, comme si ce n'était qu'une cerise sur un gâteau. Et cela faisait longtemps qu'il n'avait pas croquer d'humains. Ça lui manquait.

Enfin, là n'était pas une question de repas. C'était plutôt celle d'une survie ou d'un éventuel combat. Toujours aussi immobile qu'une statue, il attendit une réponse. Il en avait oublié les arbres moqueurs qui semblaient l'espionner. Soudain, le vent violent se tout à l'heure se remit en marche, faisant flotter une pile de feuilles déplumées. Elles disparurent entre deux arbres gigantesques et tortueux, bien plus que les autres. Comme si ce n'était qu'une porte menant vers un autre temple maudit...Il reprit son attention vers la femme et souffla légèrement d'impatience.
La journée s’était annoncée bonne quand Sam s’était levée ce matin. Cependant la tranquillité de la forêt avait été dérangée par une rencontre surprenante…

Sam jaugeait le personnage de haut en bas. Il avait l’air d’avoir un caractère aussi agréable que le sien. Il était blanc comme un linge, maigre, trop maigre. Il semblait affamé. Il lorgnait la biche, puis Sam, puis la biche puis Sam.

*Il veut quoi le gothique ? Me piquer mon festin ? Il a l’air si affamé qu’on le dirait prêt à bouffer n’importe quoi…*

*Il pue* susurra Yazu dans sa tête *Il doit être habitué aux errances comme nous… Son corps sent le gibier frais *

Sam hocha la tête. La situation devait paraitre cocasse. Comme si elle se parlait seule.

« Gothique ? Qu'est-ce ça peut te foutre ? Tu viens d'où toi ? T'es une ermite ?  »

Elle gratta la tête de Yazu et glissa sur son museau comme elle glisserait sur un toboggan pour arriver au pied de l’inconnu. Il devait être un bon chasseur car il embaumait l’animal fraîchement attrapé. Il y avait pourtant quelque chose d’étrange en lui. Comment pouvait-on sentir le gibier en étant si maigre et si mal en point ? Seuls les yeux du jeune homme semblaient habités d’une flamme de vie, son enveloppe corporelle paraissait, elle, froide et distante.

« Trêves de plaisanterie, j'ai des choses à faire. Si tu es venue à ma rencontre, c'est que tu as des idées en tête je présume ? Tu veux quoi ? Me dépouiller ? Me bouffer ? Me violer ? Fais gaffe, je ne suis pas comestible.  »

Après de nombreuses années à vivre dans les recoins de Nueva, Sam avait appris à survivre et à se méfier des créatures qui parcouraient ses sentiers. Cette personne en face d’elle n’était pas un humain quelconque, quelque chose gravitait autour de lui et ce quelque chose ne lui évoquait rien de bon. Yazu continuait de grogner ce qui la confortait dans son idée.
Un lycan de base aurait foncé, tête baissée, sur l’inconnu mais sa meute à elle ne se constituait que de deux personnes et le risque d’un combat s’avérait trop risqué si l’humain cachait son jeu.

Elle fit un pas vers lui : « Une ermite sûrement. Je préfère la sérénité de la nature à l’imbécilité humaine ».

Elle le renifla comme un loup curieux : « Te dépouiller de quoi ? Tu as l’air malade, la victoire serait beaucoup trop simple et peu divertissante ».

Elle se recula lentement jusqu’à toucher le museau de Yazu qu’elle caressa avec tendresse. Elle leva les yeux vers le gothique : «  Te bouffer ? A moins que je n’en donne l’ordre… Te violer ? J’suis pas fan des gothiques maigrichons ».

D’un geste rapide et agile, elle tordit une des cuisses de la biche qui s’arracha dans un petit craquement comme une brindille sur laquelle on aurait marché. Elle tendit l’immense morceau de viande saignante vers le jeune homme.

« Mange. A défaut d’être gothique tu seras toujours un peu moins maigrichon ».
Elle ne tarda pas à répondre à notre homme qui était sur ses gardes. Après s'être amusé avec son compagnon à poils longs, elle fit face à Vàli sans louper une occasion de tripatouiller son loup. Un duo bien excentrique pour des forêts perverses aux yeux invisibles. Le vent ne se calmait pas pour autant et continuait à glisser entre eux deux, comme pour leur faire signe de venir. Mais sans qu'aucuns des deux protagonistes n'en firent attentions.

« Une ermite sûrement. Je préfère la sérénité de la nature à l’imbécilité humaine » répondit-elle finalement.
« Humpf.  » pouffa Vàli d'un coup de narine peu discret. Il avait bien de la veine, de toujours tomber sur les gens lorsqu'il faisait une pause. A croire que le destin lui envoyait par-ci, par-là des gens pour l'embêter ou lui apprendre à être un peu plus humain. Une fois bien ardue avec les gens excentriques qu'il pouvait avoir en face de lui. Puis elle enchaîna naturellement et méthodiquement les réponses aux questions posées. Te dépouiller, te bouffer, te violer. Rien de tout cela. Mais elle avait eut le don d'énerver quelque peu Vàli en lui disant qu'il était gothique et maigrichon. Le mot maigrichon était revenu entre les lèvres de la jeune enfant et Vàli tiqua, rapidement, en fronçant les sourcils. Il se retint de répondre et attendit qu'elle finisse pour s'y mettre. Mais l'action suivante de l'Ermite fut une surprise. Elle arracha un bon cuissot de son butin et le tendit vers la goule affamée. Que devait-il faire ? Son regard s'arrondit et, détendant ses membres, il se ravisa. Devait-il accepter ? Trêve de pensées et de bavardages, la souris n'était rien comparé à ce morceau de barbaque alors il l'a chopa nonchalamment. Sans prendre le temps de prendre des pincettes, il se découvrit et afficha sa vraie apparence l'espace d'un instant. Les yeux creusés, les joues plus que flexibles, il déboîta sa mâchoire et déploya ses crocs de requins. Le bras tendu en l'air, il arracha un bon gros morceau de viande et l'engloutit d'une traite. Le craquement de l'os résonnait sourdement et glissait peu à peu entre les lèvres du monstre. Bout par bout, il fit disparaître le cuissot et se pourlécha les babines.

Repus temporairement, il baissa son regard vers sa "sauveuse" et la remercia d'un geste bref.
« Je ne suis pas maigrichon...Je suis juste insatiable.  » lui répondit-il en léchant ses doigts tâchés du sang de la fraîche biche. « Tu es bien généreuse dis donc. Je t'en remercie mais à l'avenir, tu devrais faire gaffe avec les inconnus. On ne t'a jamais dit de te méfier de tes compères ? Toi qui semble préférer la sérénité de la nature aux humains ? Enfin. Merci pour le repas, je t'en dois une j'imagine...  ». Alors qu'il voulait reprendre son chemin, sans s'attarder sur la discussion, le vent se fit bien plus intense et une voix commençait à s'élever dans les airs. Pile entre les deux humains, un être apparut, faisant ainsi une entrée fracassante pour le coup.

1 C'était une sorte d'être mystique, à moitié transparente et aux oreilles pointues. Un regard aussi bleue que la petite Mononoké des bois et un talisman couronnant son front. Un bijou en croissant de lune aussi bleuté que le fond de ses yeux. A peine vêtue, elle se tenait droite et semblait vouloir s'imposer. Alors aussitôt, Vàli se remit en pose, prêt à découdre avec ce troisième personnage. Sans se gêner, il accosta la chose d'une voix intimidante et brusque.

« Qui es-tu !? C'est toi qui m'épiait tout à l'heure, entre les arbres ou dedans !? Tu veux qu'on se batte ou quoi ? Encore une casse-couille qui vient me gêner durant mon voyage !  ». Mais la nouvelle n'en tint pas rigueur et préféré observer dans un premier temps la fille et son loup. Sourire aux lèvres, elle se rapprocha en flottant littéralement sur le sol, comme si elle ne faisait qu'un avec le vent. Puis, après avoir dévisager longuement la femme, elle se mit à parler. « J'ai besoin de votre aide, humbles voyageurs. Je suis prise au dépourvu et si on ne fait rien, Il risque de sortir et si c'est le cas, cette forêt risque de se retrouver dans un feu infini...». Elle s'avança encore un peu plus de la fille à la blanche chevelure et vint toucher le museau du loup, comme si de rien n'était. Vàli remarqua rapidement qu'elle n'avait pas tourner son visage face à lui, comme si elle ne voulait pas le regarder en face. Se mordant la lèvre, il lui posa alors la question, en tout franchise.

« Quand on te parle, cocotte, c'est face à face, tu n'as pas à agir comme ça, à me répondre sans prendre le temps de me regarder. A moins que cette "aide", tu ne la demande qu'à cette fille et son loup, dans ce cas, je me casse rapidos...»
« Je n'aime pas particulièrement les goules dans ton genre.» répliqua sèchement l'inconnue, toujours focalisée sur ce qu'elle semblait admirer.
Sam fixait le grand brun avec intensité.

*Prends la cuisse, prends la cuisse* se murmurait-elle. 

Son regard ne s’abaissa pas. Elle se rappela un des enseignements de Yazu.  Pour la plupart des êtres maléfiques, leur cœur se lit dans leurs yeux. Et pour celui qu’elle avait en face d’elle, il lui fallait confirmation. L’air affamé, cette odeur étrange, une aura malsaine qui flotte autour de lui…. On dit des goules que leurs yeux changent quand elles mangent. Les pupilles noircissent et ne sont habitées que d’une simple lueur rouge démoniaque.

L’inconnu dévora la cuisse de biche. Enfin dévorer, c’est un euphémisme. Il ne restait rien. Pas même un os à ronger, un bout de peau trop épais. R I E N. Non seulement Sam avait pu voir ses craintes se confirmer en voyant les yeux du jeune homme changer pendant « sa dégustation », mais d’autres surprises s’ajoutèrent : un déboitement de la mâchoire, des dents beaucoup trop surréalistes pour être des dents d’humains. En bref, une goule.

Sam recula devant le maléfique qui la remercia du repas d’un coup de tête. Elle camoufla un regard de dégoût et s’apprêtait à rebrousser chemin pour aller tranquillement finir sa biche avec Yazu quand un elfe s’interposa de manière spectaculaire.

La jeune lycan resta la bouche ouverte. 

*Fiouuu ça en jette* pensa-t-elle, les yeux brillants d’admiration.

Les elfes protègent  les forêts de Nueva qu’elle aime tant. Tout le monde le savait. Sam n’avait jamais eu l’occasion d’en croiser un. Après tout, ils se font toujours très discrets. Elle dévisagea la femme aux traits purs et parfaits. Elle sentit le cœur de Yazu s’apaiser quand elle lui toucha le museau.

Jamais, ô grand jamais, le loup ne s’était laissé toucher par qui que ce soit. Mais elle semblait d’une telle sagesse, d’une telle douceur, d’une telle gentillesse. 

Elle fut tirée de son rêve éveillé par la voix cinglante de Mr La Goule qui, pour je ne sais quelle raison s’acharnait sur l’être divin.

"Je n'aime pas particulièrement les goules dans ton genre" . entendit-elle.

« Aha ! » s’exclama Sam en pointant la personne concernée du doigt.  « Une goule ! J’en étais sûr! » son doigt moqueur et dénonciateur toujours pointé vers le gothique.
Elle se posa ensuite devant les deux personnages. Chacun rayonnait d'une lueur propre. L'elfe éclairait les arbres d'une clarté apaisante et la goule baignait la nature d'une teinte sombre. Les bras sur les hanches, Sam considéra la situation. Malgré tout le respect qu'elle avait pour l'elfe, être sympa n'était pas sa qualité première. Hormis sa nature de lycan, elle se savait très bien dépourvue de tout caractère magique. Ainsi, mieux valait sauver sa peau que de se retrouver à l'article de la mort devant je ne sais quelle créature.

Sur d'elle, elle leur confie:

« Bon les gars, c’est pas que j’vous aime pas, mais je m’appelle pas mère Theresa. J’ai déjà donné le tiers de mon butin à Monsieur le Gothique Carnivore. J’suis pas du genre sauvetage du monde. Mme l’Elfe vous me sembler fort intelligente et vous comprendrez que dans votre situation actuelle, si vous faites face à un monstre ténébreux qui veut ravager la forêt, mieux vaut vous entourez de Monsieur Ténèbre ici présent. Vu la dalle qu’il se tape, il n’en fera qu’une bouchée.  Moi  et mon loup, à part chasser et négocier sur le marché noir on ne vous sera pas d’une grande aide ! »
Vàli n'eut pas le temps de répondre que la jeune femme et son loup s'étaient mis à se mouvoir. Elle répondit avec une confiance toute naturelle et semblait hélas décliner l'invitation de l'elfe qui lui faisait face. Clairement, elle ne voulait pas se mettre en danger et proposait même l'intervention de Vàli pour cette quête sacrée de la forêt. Il pouffa une nouvelle fois discrètement et adressa son regard sur elle.  « Tu n'as pas beaucoup de volonté dis donc, jeune fille. Et même pas tu es curieuse ? Cette..elfe n'est carrément pas précise, ce qu'on sait, c'est que la forêt risque d'y passer parce qu'IL risque de sortir. Mais quoi ? Qu'est-ce qui va sortir ? Et d'où ? En plus la voilà qu'elle se pointe comme une fleur entre nous deux, quel manque de tact.  ». L'Efle mystique finit alors par se retourner et le regarder d'un air sévère, comme si elle pouvait l'électrocuter avec ses yeux intense.

« Ce n'est pas à toi que je m'adresse, vil goule. Je sais ce que tu es au plus profond de toi et qui t'accompagne, tu devrais juste renoncer à cette voie que tu empruntes, elle ne t'apportera rien de bon.» répliqua-t-elle sèchement avant de détourner son visage de celui de la goule. Incroyablement surpris, Vàli ne put trouver les mots pour lui répondre et se contenta de bouger les lèvres sans émettre de sons. «Mais il est vrai que je ne me suis pas présenter, je m'appelle Sylphia et je suis une elfe de la forêt. J'ai besoin d'aide pour refermer les verrous de la porte Lunaire. Cette porte mène à une profonde cavité où est enfermé Lindorm, un dragon déchu du ciel pour avoir commis des fautes impardonnables. Je ne sais pas comment c'est possible mais quelque chose à réussit à ouvrir trois verrous sur quatre. ». A ces moments, elle se posa sur le sol et s'épousseta le peu de tissus qu'elle avait sur le corps. Un sourire s'afficha sur son visage et elle poursuivit ce qui semblait être un monologue de j-rpg. «Même si toi et ton loup, vous ne faites que chasser, vous serez bien plus utile que cet être subjugué par les ténèbres. Accepteriez-vous quand même de m'aider ? Si jamais un soucis survient, je vous aiderai à fuir.»

Vàli avait tout compris et d'une mine boudeuse, il fouilla dans sa poche à la recherche d'un cigarette. Sans se presser et d'un air véritablement blasée, il se l'alluma et alla se poser sur un rocher. Les yeux perdus sur les individus en face de lui, il se laissa aller à penser. « *On me snobe littéralement...Si elle m'espionnait depuis le début entre les arbres, pourquoi m'ignorer et demander l'aide de cette fille ? Etait-ce vraiment elle qui me regardait ? Cette sensation venait vraiment d'elle ? Bordel, je suis censé foutre quoi là...Je continue mon chemin ou je les suis en mode ninja ? Hum...* ». La cendre tomba sur la mousse de son rocher et l'elfe continuait sur sa lancée, sans s'arrêter, inlassablement. «Bien sur, j'ai une récompense à la clef, j'ai quelques sous de coté à vous offrir si vous le souhaitez.» termina-t-elle enfin après avoir tendu sa carotte. Vàli ravala sa fierté, chose incroyable et se releva pour se rapprocher. Non, les sous ne l'avait pas motivé à se bouger mais il ne pouvait rester là sans rien faire. Il voulait faire partie de cette quête.« Je souhaite m'excuser auprès de vous deux. Je ne peux pas rester là sans rien faire, toi, l'Elfe, tu me regardais depuis mon entrée en forêt, je ne peux pas rester de marbre face à cette proposition, même si tu sembles avoir trouver mieux. Toi, la fille au loup, tu m'as filé à manger alors pour cette fois, je peux essayer de te protéger, à tes risques et périls ». Il s'arrêta un instant pour retirer une bouffée de cigarette et se présenter comme il devait le faire.

« Je me nomme Vàli Gungnir et oui, je suis l'un de ces goules à qui l'on souhaite la mort par-dessus tout. ». Sylphia rétorqua alors, avec une incroyable neutralité.

«Désolé mais je ne t'ai jamais épiée. Cette sensation que tu as ressentie, c'est dans ta tête, uniquement dans ta tête.»
« Bien sûr, j'ai une récompense à la clef, j'ai quelques sous de coté à vous offrir si vous le souhaitez.»

A la mention des mots « récompense » et « sous », les oreilles de Sam et Yazu se redressèrent. Le duo échangea un regard. Dragon – argent – dragon – argent ? Ces mots tournaient dans la tête de la jeune fille et de son loup. Les passants se faisaient rares dernièrement à Nueva. Le mot se répandait comme un microbe que la forêt regorgeait  de chasseurs et les nobles essayaient désormais de prendre une route annexe. Sam n’avait donc rien à négocier au marché noir et restait dernièrement dans le silence de la nature. Yazu la regarda avec envie. Argent  signifiait steak de la ville. La première fois que l’animal avait mis les crocs dans de la viande cuite. Son regard s’était illuminé comme celui d’un enfant devant un nouveau jouet.
Sam regarda son manteau dont les couleurs chatoyantes avaient disparu sous la boue , les coutures limées par le temps et la marche en extérieur. Elle aurait bien besoin d’une nouvelle tenue.
Mais tout de même, un dragon. L’elfe lui avait promis de l’aider à s’enfuir, alors pourquoi pas.
Elle sortit de ses pensées quand elle vit le gothique s’adresser à elle.

« Toi, la fille au loup, tu m'as filé à manger alors pour cette fois, je peux essayer de te protéger, à tes risques et périls. »

« A mes risques et périls ? » rétorqua Sam, « Qui promet pareille protection ? Pff ! »

Elle reprit son rictus moqueur habituel et sauta sur le dos de son loup. Elle tripota la corde qui retenait son masque autour de son coup puis s’adressa au jeune homme d’un ton provocant :

« Vàli… dans mon cœur tu resteras le gothique cannibale » dit-elle avant d’éclater d’un grand rire cristallin.

« Sylphia. J’accepte ton offre. Tu m’as convaincu quand tu as prononcé le mot « récompense ». Je vais montrer à Sir Je-bouffe-tout-ce-qui-bouge que je suis bien plus forte qu’il n’y parait. »

Classique Sam. Brute et têtue, elle prenait toujours ces décisions sur des coups de tête. De la lâcheuse d’il y a 5 mins elle prenait à présent des allures de vaillantes guerrières.
Le trio était assez atypique et aurait surpris plus d’un passant. La jeune fille eu un nouveau rictus et dans une pause encore bien prétentieuse se tourna vers ses nouveaux compagnons de voyage :

« Je m’appelle Sam. Sam Wariya. Et mon acolyte se nomme Yazu. »

Au même moment la terre gronda sous le cri assourdissant d’une bête qui ne devait clairement pas être de bonne humeur. Sur les yeux des trois aventuriers se lisaient le même mot : Lindorn.

« Vite ! » s’écria Sylphia en perdant, l’espace d’une seconde sa grâce mystique. « Si nous ne nous dépêchons pas, c’est tout la forêt qui finira sous les flammes ! »

Elle vola à toute vitesse en direction d’un enchevêtrement sombre d’arbres épais et de plantes touffues. Yazu galopa sur ses talons. Sam eu tout juste le temps de saisir Vàli à une main par le col avec la force surhumaine qui caractérise les lycans. Elle le jeta sans ménagement sur le dos de Yazu. Les trois aventuriers se lancèrent à la poursuite de Sylphia.

« Désolé. Mais tu étais trop lent. » dit-elle sans se retourner mais en s’adressant tout de même bien à la goule.  « Tiens-toi à ma taille sinon tu glisseras et te fera écraser par Yazu. »
Alors qu'il était certain que c'était Sylphia qui l'espionnait depuis son entrée dans la forêt, elle réfuta ça de manière cinglante. Vàli ne trouva les mots et se contenta d'afficher un air d'incompréhension. Peut-être n'était-ce que le fruit de son imagination débordante ? Il laissa cette question en suspens alors que la fille-louve acceptait finalement l'offre, clairement attiré par l'appât du gain. Sans oublier d'envoyer quelques piques à la goule à qui cela ne faisait ni chaud, ni froid pour le coup. D'une certaine prestance, presque caricaturale, elle se présenta sous le nom de Sam, tout simplement et de son loup, Yazu. Et bien, il était temps, pensait Vàli en la regardant se donner des airs de grande impératrice. Ils se firent interrompre par le cri de la bête au loin et un tremblement de terre soudain qui n'inaugurait rien de bon pour le coup. La dernier verrou allait-il céder ? Il fallait faire vite et l'elfe pressa l'équipe à se mouvoir.

« Vite ! Si nous ne nous dépêchons pas, c’est tout la forêt qui finira sous les flammes ! »
« Désolé. Mais tu étais trop lent. » dit-elle sans se retourner mais en s’adressant tout de même bien à la goule.  « Tiens-toi à ma taille sinon tu glisseras et te fera écraser par Yazu. ». Sans pouvoir réagir, ni répondre, il se fit prendre par le col et envoyer sur le dos de la monture. Trop lent ? Il était encore perdu dans ses pensées à ce moment là et les deux femmes avaient réagir au plus du quart de tour. Posé sur la bête en mouvement, il plongea son regard sur les alentours, voyant défiler les arbres et les buissons à une vitesse folle. Si folle que tout semblait fondre autour de lui, ne distinguant que des tâches vertes, flous, véloces. Sylphia en tête, elle les guida tout le long d'un sentier quelque peu discret, papillonnant tel un colibri. Posant ses mains sur la taille de la femme, il sentit l'envie de bouffer. Une pulsion soudaine qu'il dût réprimander instantanément et qui le frustrait. Comment ne pas résister à l'envie de croquer un bout d'une demoiselle avec autant d'énergie.


Chapitre 2 : Lindorm, le dragon scellé [Sam Wariya] 676271Lieu4

« Merci du moyen de transport et puis, ça coule de source je crois bien mais je ne peux pas courir à la même vitesse qu'un loup comme le tien. Je viens juste par curiosité aussi, l'argent, je m'en cogne totalement tu sais. Tu pourras garder l'entièreté du lot.» Alors que les formes reprenaient leurs aspects d'origine, il fut surpris de voir au loin une grande porte circulaire avec des barreaux en plus au devant, accompagné de gros rochers sur les cotés. On pouvait distinguer tout autour des symboles mystiques comme une lune, un soleil, des sortes de hiéroglyphes élémentaires. Sans conteste les verrous dont l'elfe parlait, trois sur quatre était fissuré. Vàli sauta par dessus le loup, histoire de reprendre son autonomie puis il observa les lieux. Rien de dangereux au premier abord mais il se méfiait quand même. Sylphia se posa devant la porte où des grondements sourds résonnaient. Tournant de trois quarts vers ses deux sauveurs, Sylphia reprit la parole.  

« Voilà la porte ! Comme vous pouvez le voir les verrous sont en piteux états et le dernier, celui de la lune est le seul à tenir ! A ce moment, deux choix s'offrent à vous : Soit vous reformez les verrous en les assemblant à nouveau, c'est à dire forcer pour les parties coupés en deux soient à nouveau collés, soit nous attendons que le dernier verrou saute et vous allez affronter la bête mais je doute fort que vous puissiez le vaincre...Ce sera un gros risque de laisser la porte s'ouvrir...»

Un éclat de rire résonna soudainement en ces lieux et Vàli tourna la tête pour en trouver la provenance. Il y avait bien quelqu'un à l'origine de ce problème et il semblait enclin à se montrer. Au-dessus de la porte, une ombre faite de brouillard apparut et deux rouges regardaient l'équipe sévèrement. « Aahahahaha...comme si j'allais vous laisser faire quoique ce soit mes mignons, vous êtes drôles...». Terminant sa phrase, une femme apparut accompagner d'une masse noir à ses cotés. Des yeux s'affichèrent, dégueulasse, un peu partout sur ce tas noir vivant.

1Vàli se tenait prêt à combattre vu que de tout évidence, cette personne n'était pas là pour prendre une tisane et discuter tranquillement. Assez mécontent de devoir remplir cette quête, d'aller devoir tâter du dragon et rencontrer une autre ennemi, il engueula Sylphia. « Vous êtes la maîtresse des lieux et vous n'avez pas remarqué qu'elle était là, en train de saboter votre porte chérie ? C'est assez surprenant dis donc. Nous voilà bien à devoir affronter une gamine et un truc dégueulasse remplis de yeux. »
« Vous pensez gagner contre moi et mon fidèle Heliacarnus ? Vous déconnez là non ? Vous allez juste crever et je sortirai ce joli dragon de son trou, héhéhé...».