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Danàn, tu en as fait du chemin. Mais tes débuts seront assez simples, banals même. Tu as commencé comme elfe sylvain, comme tes deux parents. Ta personnalité et ta curiosité t'ont valu un joli avenir, passant ton temps libre à satisfaire ton envie incommensurable d'apprentissage. Sur ton CV, on pouvait également ajouter tribun d'un mage et professeur à l'Université de Nueva. Et enfin garde frontalier. Tes parents étaient tellement fiers de toi. Comment pouvait-il en être autrement ? Tu étais appréciée de tes pairs. Sans doute ne s'attendaient-ils pas à ce que tu tentes d'invoquer un démon, pour enfin t'éclairer sur leur monde, ce monde qui t'était tellement mystérieux comparé à ce monde là remplis de tâches noires. L'érudite que tu étais ne pouvait pas rester sans rien faire alors qu'il y avait un moyen d'en connaître plus.

Tu avais tout fait pour invoquer un démon quel qu'il soit, tant qu'il pouvait répondre à tes questions. Tu te souviens avoir glisser un sourire sur tes lèvres, bien qu'il s'effaça bien vite. Tu ne t'attendais pas à des réponses toutes cuites, il ne te menait pas la vie facile. Tu n'espérais rien de plus de lui, juste un informateur de plus. Petit à petit, ses regards, ses sourires te firent changer d'avis.

La reconnaissance, l'affection, l'amour, la colère...
Tu étais perdue, emmêlée dans cette flaque de sentiments, sans arriver à t'en défaire.  Tu n'osais rien dire, tu est forte, tu n'allais pas te laisser attendrir par ce démon, tu n'étais que son invocatrice. Shaol... Tu te souviens  finalement de ses embrasses, de ce temps à regarder le ciel à ses côtés. A ce découvrir l'un l'autre. Ces temps te manquent, n'est-ce pas ?

Mais ce temps ne fut que trop bref, la sensation d'une lame se bloquant dans tes côtes te semble encore trop frais. Tu ne pouvais que regarder la lance s'étant loger dans ton ventre -où peut-être une progéniture aurait pu être sa place- tu pensais naïvement. Tes yeux se remplirent de larmes, ta vision se troublant par le même effet, à moins que ce liquide rougeoyant qui s'échappait de la plaie et de tes lèvres. Tu avais mal, mais tu ne pouvais pas abandonner. Tu avais peur de mourir, une immense peur. Les gens avais besoin de toi. On avait besoin de toi. Combien de fois avais-tu essayé d'enlever cette lance de ton ventre, sans succès,  tes mains tremblantes n'arrivaient pas à serrer convenablement le bout de bois, laissant une trainée de sang derrière elles. Les remontant pour essayer de sécher tes larmes, te salissant les joues, tu sentie une nouvelle douleur dans ton dos, rejointe par une autre, te faisant comme une impulsion et te faisant tomber sur les genoux. Tu te sentais partir, te forçant à rester consciente, sans réussir, tes larmes reprenant en cherchant désespérément du regard celui qui avait fait battre ton cœur si longtemps. Il arriverait trop tard, tu le savais.

Tu étais si fatiguée.  

Quelques secondes. Juste quelques secondes. Il n'en faudrait pas plus. Tu avais si froid. Tu ne voulais pas mourir, après tout, qui voudrait ? Tu avais été si faible. Ils avaient besoin de toi. Et tu allais mourir bêtement. Tu te haïssais. Tout tes rêves avaient été réduits à néants.

Tu avais le vague souvenir d'être maintenue, à genou, la lance te tenant ainsi, alors que ta vie partait, tes larmes se mêlant au sang avant de te sentir pousser sur le côté brusquement, tombant sur le flan.  Et un cri, si loin, t'appelant. Mais tu ne pouvais rien faire si ce n'est te laisser aller dans cette embrasse glacée qu'était la mort alors qu'au fond de toi, ton âme avait soif de cette vie qu'on venait de te ravir. Tes yeux se fermèrent doucement, lâchant ton dernier souffle par la même occasion. Danàn Olryn était morte ce jour là, sans avoir pu dire quoi que ce soit aux gens qu'elle aimait.

Mais aujourd'hui, tu sais que ce ne serait pas possible. Tu as tellement honte de toi. Tellement honte d'avoir possédé ce corps qui n'était pas le tien. Te sentant horriblement coupable de son meurtre. De l'avoir dépourvu de son enveloppe charnelle, d'avoir tué une pauvre âme. Tu aurais préféré mourir définitivement ce jour là. Tu n'aurais pas à revoir qui que ce soit, pas ainsi. Personne ne voudrait te voir, pas dans un corps d'emprunt, n'est-ce pas ? Pas en sachant le mal que tu as fait, toi qui n'essayais que de faire grossir tes connaissances et faire le bien. Il était tant que cette nouvelle vie se fasse sans combat, que le sang arrête de couler. Et ton nouveau corps allait t'aider à y parvenir.