Quand le bien crie son infortune
la mort n'est jamais loin
Petit village presqu’abandonné au Nord de Mearian. Il est dix-huit heures et le crépuscule jaunit le ciel.
« Maman, quelle est cette forme dans le ciel ? »
La mère étend le dernier drap blanc, essuie son front et suit le regard de son gamin figé dans l’éther bientôt endormi. Elle plisse les yeux.
« Une simple créature, Luther. Tu m’aides à éplucher les patates ?
- La forme vient vers chez nous, maman. »
Un soupir se fait entendre, et la femme jette un nouveau regard dans le ciel. Le point noir haut dans le ciel est désormais à une altitude moindre, et on peut à présent observer clairement ce qu’il représente. Un corps immense, deux grandes ailes, quatre pattes pendant dans le vide, une queue épaisse fouettant nerveusement l’air. Les yeux de la mère se plissent.
Une cloche sonne, et retentit dans tout le village, accompagnée d’une voix puissante entendue par tous.
« DRAGON, DRAGON !!! »
Petit village presqu’abandonné au Nord de Mearian. Il est vingt heures et la nuit bleuit le ciel. Les flammes consumaient les bâtisses, et le jaune du crépuscule est accompagné de rouge et de orange qui tout trois illuminent la petite bourgade de mille feux.
Le rouge.
Le sang tapissait la terre et faisait patauger dans son horrible couleur les corps encore vivant qui hurlaient et fuyaient, évitant les débris enflammés leur tombant dessus et surtout tentant par-dessous tout de ne pas subir le regard inquisiteur de la chose venue pour les annihiler tous. Un des corps mouvant avait faillit à cette tâche, et il ne put sentir qu’une épaisse patte se saisir de lui, avant d’être jeté dans les catacombes infinies d’une gueule dégoulinante d’hémoglobine. Il les avait tous gobés sans les mâcher, pour que chacun puisse entendre les hurlements des autres se faisant consumer par son acide stomacal. Que chacun puisse entendre les prières agonisantes des autres, qu’ils prient leurs Dieux sans jamais que ces derniers ne leur vienne en aide.
Ici, il n’y avait aucune entité supérieure capable de les sauver.
Ici, c’était la fin, et le commencement d’une nouvelle ère.
Ici, c’était l’apocalypse.
Un purgatoire théâtral où chacun avait une place importante, où chacun était à la fois acteur et spectateur.
Les rugissements de la créature obsidienne se faisaient entendre à plusieurs kilomètres, mais personne n’était capable de les sauver ici. Personne ne leur viendrait en aide, ils étaient déjà tous condamnés. La queue épaisse de la bête balaya plusieurs maisons, dévoilant en leur sein, profondément cachés des corps encore juvéniles incapables de gémir tant la frayeur glaçait leurs os. Le monstre s’en saisit, et décida de croquer dans leurs chairs, les lambeaux de celle-ci accompagnés d’organes et d’os fracturés tombant au creux de son estomac et faisant apprécier à ceux encore en vie à l’intérieur une pluie divine composée d’abats et de tissus organiques.
Le dragon continua, encore et encore, ratissant chaque coin et recoin du village pour dénicher les mets les plus enfouis, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. Jusqu’à ce que tous les habitants soient désormais hébergés au fond des abymes hurlantes de son être, et qu’ils le nourrissent de leurs pleurs désespérés.
Ici, ils mourraient tous.
Ils étaient son seul exutoire.
Personne ne viendrait.
Les Dieux ne sont pas là pour eux.
« Maman, quelle est cette forme dans le ciel ? »
La mère étend le dernier drap blanc, essuie son front et suit le regard de son gamin figé dans l’éther bientôt endormi. Elle plisse les yeux.
« Une simple créature, Luther. Tu m’aides à éplucher les patates ?
- La forme vient vers chez nous, maman. »
Un soupir se fait entendre, et la femme jette un nouveau regard dans le ciel. Le point noir haut dans le ciel est désormais à une altitude moindre, et on peut à présent observer clairement ce qu’il représente. Un corps immense, deux grandes ailes, quatre pattes pendant dans le vide, une queue épaisse fouettant nerveusement l’air. Les yeux de la mère se plissent.
Une cloche sonne, et retentit dans tout le village, accompagnée d’une voix puissante entendue par tous.
« DRAGON, DRAGON !!! »
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Petit village presqu’abandonné au Nord de Mearian. Il est vingt heures et la nuit bleuit le ciel. Les flammes consumaient les bâtisses, et le jaune du crépuscule est accompagné de rouge et de orange qui tout trois illuminent la petite bourgade de mille feux.
Le rouge.
Le sang tapissait la terre et faisait patauger dans son horrible couleur les corps encore vivant qui hurlaient et fuyaient, évitant les débris enflammés leur tombant dessus et surtout tentant par-dessous tout de ne pas subir le regard inquisiteur de la chose venue pour les annihiler tous. Un des corps mouvant avait faillit à cette tâche, et il ne put sentir qu’une épaisse patte se saisir de lui, avant d’être jeté dans les catacombes infinies d’une gueule dégoulinante d’hémoglobine. Il les avait tous gobés sans les mâcher, pour que chacun puisse entendre les hurlements des autres se faisant consumer par son acide stomacal. Que chacun puisse entendre les prières agonisantes des autres, qu’ils prient leurs Dieux sans jamais que ces derniers ne leur vienne en aide.
Ici, il n’y avait aucune entité supérieure capable de les sauver.
Ici, c’était la fin, et le commencement d’une nouvelle ère.
Ici, c’était l’apocalypse.
Un purgatoire théâtral où chacun avait une place importante, où chacun était à la fois acteur et spectateur.
Les rugissements de la créature obsidienne se faisaient entendre à plusieurs kilomètres, mais personne n’était capable de les sauver ici. Personne ne leur viendrait en aide, ils étaient déjà tous condamnés. La queue épaisse de la bête balaya plusieurs maisons, dévoilant en leur sein, profondément cachés des corps encore juvéniles incapables de gémir tant la frayeur glaçait leurs os. Le monstre s’en saisit, et décida de croquer dans leurs chairs, les lambeaux de celle-ci accompagnés d’organes et d’os fracturés tombant au creux de son estomac et faisant apprécier à ceux encore en vie à l’intérieur une pluie divine composée d’abats et de tissus organiques.
Le dragon continua, encore et encore, ratissant chaque coin et recoin du village pour dénicher les mets les plus enfouis, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. Jusqu’à ce que tous les habitants soient désormais hébergés au fond des abymes hurlantes de son être, et qu’ils le nourrissent de leurs pleurs désespérés.
Ici, ils mourraient tous.
Ils étaient son seul exutoire.
Personne ne viendrait.
Les Dieux ne sont pas là pour eux.