ainsi vint l'union
sacrificielle
la fin d'une ère, le commencement d'une nouvelle
Plusieurs mois sont passés.
Tout ceci n’était partit que d’une petite plaisanterie simple et de mauvais goût. Une réaction excessive à une des nombreuses provocations du Chevalier. Elle était cette malheureuse goutte d’huile qui servait à alimenter le feu, et transformer cette flammèche en un brasier intense et nouveau. Il brûlait avec une ardeur sans nom, et éclairait de ses teintes orangées de nouvelles possibilités tout aussi fertiles qu’alléchantes ; ouvrant les épaisses portes à de sordides machinations.
Tout ceci était parti d’une simple taquinerie. Aerith se retrouvait à quelques heures de son mariage, choyée par une dizaine de femme ayant la tâche simple et pourtant claire de la préparer. Un mariage qui secouerait Ellgard, mais également où Ellgard entier serait convié pour célébrer pour la première fois l’union officiel d’un Inquisiteur avec une femme. Aujourd’hui, Aerith serait Kessi. Elle ne pensait pas avoir à porter une seconde fois ce nom odieux, encore moins dans un cas comme celui-ci, mais elle assumait elle-même les répercussions de ses propres erreurs. Elle avait ainsi une seconde fois modifié son apparence pour prendre les traits hybrides d’un reptile ; une face légèrement plus allongée, aux traits plus rudes, deux grandes orbes fauves aux pupilles linéaires, et un corps constellé d’écailles opaque. Malgré les maigres changements, elle était totalement différente. Sa face était autre. Sa voix aussi avait changé - plus claire, plus crissante pour qu’elle s’éloigne le plus possible de celle d’Aerith. Elle avait appris les subtilités de l’espionnage et du camouflage depuis bien longtemps, et savait que sa couverture était intacte, lisse, impeccable. Elle le serait, parce qu’elle devait l’être.
La femme écoutait d’une oreille sourde les demoiselles occupées à poudrer sa face et l’accabler d’artifices supposés la rendre plus belle encore. Elle s’observait dans le reflet de la coiffeuse, et se perdit un instant.
La veille. Elle voyait Holker. Il venait régulièrement passer ses nerfs et hurler ses démons sur le corps de son esclave parce qu’il la savait résistante et capable d’endurer chacune de ses pulsions. Sa peau était solide, ferme, et était, elle le savait, un parfait exutoire pour le corbeau névrosé. Elle ne se plaignait pas, elle restait souvent bien passive, le laissant ouvrir sa chair, marquer son épiderme et souiller son ego de ses griffes. Ce soir-là, il avait dû se retenir pour une raison évidente. Il n’avait marqué que les parties qu’il savait voilées par ses écailles opaques. Mais ce soir-là, pour la première fois, Aerith s’était redressée. Elle avait ouvert la gueule, et mordu avec une violence qui, bien que modérée restait tout de même atrocement présente. Le sang de l’Inquisiteur avait coulé le long de son derme, sa chair mise à vif par les crocs du dragon, et elle s’était à nouveau recouchée dans les draps ensanglantés. L’esclave savait qu’il n’avait pas la possibilité de la punir pour cet affront, pas maintenant. Enfin, bien sûr qu’il l’avait - mais il ne pouvait faire tomber son plan à l’eau par un excès de colère aussi légitime puisse-t-elle être. Il ne pouvait laisser afficher à sa mariée une peau souillée. Il le savait, son honneur serait tâché ; les ellgardiens parlent, jasent, les rumeurs se seraient répandues aussi rapidement qu’une traînée de poussière.
Ainsi, en cette journée, elle espérait qu’il porte sa trace. Sa marque. Sa création sanguinolente.
Elle observait le reflet des femmes dans le miroir, essayant de comprendre les techniques qu’elles utilisaient pour lier sa chevelure de façon complexe et délicate à la fois. Leurs palabres semblaient un peu moins lointaines, et elle sourit.
« - C’est rare, si rare de nos jours de voir que deux êtres sont capables d’officiellement se lier par amour.
- Surtout à Ellgard. »
Aerith n’avait jamais eu la même conception de l’amour ou même du mariage que les autres. Peut-être était-ce à cause de son immortalité et surtout de sa condition ; l’amour n’était finalement qu’une déclinaison d’une volonté de se reproduire pour assurer une descendance, et elle, elle était stérile. Le mariage quant à lui ne représentait finalement que quelque chose de purement symbolique, futile et politique ; la concrétisation d’un amour n’ayant besoin de se faire par un biais si artificiel.
Malgré ces idéaux, elle se trouvait là, à quelques heures de son mariage, choyée par une dizaine de femme ayant la tâche simple et pourtant claire de la préparer.
Finalement maquillée, elle se leva du siège moelleux sur lequel elle était placée depuis quelques heures, la face changée. Ils avaient rendu son teint uniforme, la particule de maquillage, si elle était certes voyante accordant à sa face des couleurs plus chatoyantes qu’elles ne l’étaient. Ses yeux étaient agrandis, sublimés par les nuances colorées glissées sur la surface de ses paupières.
Ses lippes, elles, étaient bénies d’un carmin intense et profond, matte, qui tenait à la perfection sur ses morceaux de chair. Elle avait insisté pour ramener son propre rouge à lèvre, qui tenait au creux d’une petite boîte circulaire incrustée de diamants. La pâte était anormalement épaisse, consistante et dégageait une fragrance mortifère, organique que seul Holker saura reconnaître, puisque la saveur qu’aura cette texture contre ses lèvres lors du moment fatidique où la boucle sera bouclée lui rappellera les saveurs exotiques que son palais avait pourtant l’habitude de régulièrement côtoyer.
Elle était désormais debout, les bras légèrement relevés, alors que ses assistantes resserraient violemment sur sa taille les lacets de son discret corset, comprimant sa cage thoracique et redressant sa poitrine. Ils laissèrent la future mariée attacher elle-même ses bas immaculés aux porte-jarretelle leur étant dédiés, s’étonnant au fur et à mesure de tout ce qu’une mariée était capable, et devait porter pour un jour tel que celui-ci.
« Vous semblez heureuse, Dame Kessi. Vous souriez. »
C’est vrai. Elle ne s’en était pas rendu compte. Aerith, non, Kessi était heureuse. Sa joie incontrôlée avait fait s’étirer ses lèvres en un sourire sincère, parce qu’aujourd’hui aussi était un jour spécial pour elle. Il n’allait pas signer le commencement d’un amour passionnel, mais sa fin prématurée. Renaîtrai de ceci un embryon noirâtre et puant, création, enfantement d’une union aux dessins particuliers. Ils ne savaient pas. Personne n’était prêt. Ils ne pouvaient l’être.
Le tissu de la robe glissa alors lentement sur son derme. Tout devait être magnifique, et il était évident qu’un élément comme celui-ci, supposé inspirer admiration et jalousie ne devait être mis de côté. C’était une grande robe, laiteuse, aux tissus d’une qualité exceptionnelle. Elle était large, s’étendait sur plusieurs mètres et ses ornements étaient aussi discrets qu’élégants. Sa particularité était qu’elle était recouverte de véritables roses rouges, conservées dans un certain état de solidité par une magie particulière. Elles recouvraient le bas de sa robe et remontaient cette dernière comme des traînées pernicieuses sanguinolentes, puis s’évanouirent, avant de recouvrir une certaine partie de son buste, les fleurs se mêlant aux broderies des tissus. Le travail des femmes s’achevaient lorsqu’elles lièrent à la chevelure nouée immaculée d’Aerith un voile translucide partant de la base de sa crinière jusqu’au sol, ce dernier bénit des caresses de la dentelle.
Kessi prit une grande inspiration.
« Vous êtes vraiment magnifique. Il est déjà l’heure, Madame. »
Elle glissa une dernière fois un oeil distrait à son reflet, alors que l’on rabattait son voile sur sa face, cachant cette dernière. On la guidait dehors. La voiture attendait déjà, et une fois qu’elle aura passé ses épaisses portes, sa vie prendra un tournant différent.
Celui d’une épouse maudite au destin tragique.
Kessi était prête.
Tout ceci n’était partit que d’une petite plaisanterie simple et de mauvais goût. Une réaction excessive à une des nombreuses provocations du Chevalier. Elle était cette malheureuse goutte d’huile qui servait à alimenter le feu, et transformer cette flammèche en un brasier intense et nouveau. Il brûlait avec une ardeur sans nom, et éclairait de ses teintes orangées de nouvelles possibilités tout aussi fertiles qu’alléchantes ; ouvrant les épaisses portes à de sordides machinations.
Tout ceci était parti d’une simple taquinerie. Aerith se retrouvait à quelques heures de son mariage, choyée par une dizaine de femme ayant la tâche simple et pourtant claire de la préparer. Un mariage qui secouerait Ellgard, mais également où Ellgard entier serait convié pour célébrer pour la première fois l’union officiel d’un Inquisiteur avec une femme. Aujourd’hui, Aerith serait Kessi. Elle ne pensait pas avoir à porter une seconde fois ce nom odieux, encore moins dans un cas comme celui-ci, mais elle assumait elle-même les répercussions de ses propres erreurs. Elle avait ainsi une seconde fois modifié son apparence pour prendre les traits hybrides d’un reptile ; une face légèrement plus allongée, aux traits plus rudes, deux grandes orbes fauves aux pupilles linéaires, et un corps constellé d’écailles opaque. Malgré les maigres changements, elle était totalement différente. Sa face était autre. Sa voix aussi avait changé - plus claire, plus crissante pour qu’elle s’éloigne le plus possible de celle d’Aerith. Elle avait appris les subtilités de l’espionnage et du camouflage depuis bien longtemps, et savait que sa couverture était intacte, lisse, impeccable. Elle le serait, parce qu’elle devait l’être.
La femme écoutait d’une oreille sourde les demoiselles occupées à poudrer sa face et l’accabler d’artifices supposés la rendre plus belle encore. Elle s’observait dans le reflet de la coiffeuse, et se perdit un instant.
La veille. Elle voyait Holker. Il venait régulièrement passer ses nerfs et hurler ses démons sur le corps de son esclave parce qu’il la savait résistante et capable d’endurer chacune de ses pulsions. Sa peau était solide, ferme, et était, elle le savait, un parfait exutoire pour le corbeau névrosé. Elle ne se plaignait pas, elle restait souvent bien passive, le laissant ouvrir sa chair, marquer son épiderme et souiller son ego de ses griffes. Ce soir-là, il avait dû se retenir pour une raison évidente. Il n’avait marqué que les parties qu’il savait voilées par ses écailles opaques. Mais ce soir-là, pour la première fois, Aerith s’était redressée. Elle avait ouvert la gueule, et mordu avec une violence qui, bien que modérée restait tout de même atrocement présente. Le sang de l’Inquisiteur avait coulé le long de son derme, sa chair mise à vif par les crocs du dragon, et elle s’était à nouveau recouchée dans les draps ensanglantés. L’esclave savait qu’il n’avait pas la possibilité de la punir pour cet affront, pas maintenant. Enfin, bien sûr qu’il l’avait - mais il ne pouvait faire tomber son plan à l’eau par un excès de colère aussi légitime puisse-t-elle être. Il ne pouvait laisser afficher à sa mariée une peau souillée. Il le savait, son honneur serait tâché ; les ellgardiens parlent, jasent, les rumeurs se seraient répandues aussi rapidement qu’une traînée de poussière.
Ainsi, en cette journée, elle espérait qu’il porte sa trace. Sa marque. Sa création sanguinolente.
Elle observait le reflet des femmes dans le miroir, essayant de comprendre les techniques qu’elles utilisaient pour lier sa chevelure de façon complexe et délicate à la fois. Leurs palabres semblaient un peu moins lointaines, et elle sourit.
« - C’est rare, si rare de nos jours de voir que deux êtres sont capables d’officiellement se lier par amour.
- Surtout à Ellgard. »
Aerith n’avait jamais eu la même conception de l’amour ou même du mariage que les autres. Peut-être était-ce à cause de son immortalité et surtout de sa condition ; l’amour n’était finalement qu’une déclinaison d’une volonté de se reproduire pour assurer une descendance, et elle, elle était stérile. Le mariage quant à lui ne représentait finalement que quelque chose de purement symbolique, futile et politique ; la concrétisation d’un amour n’ayant besoin de se faire par un biais si artificiel.
Malgré ces idéaux, elle se trouvait là, à quelques heures de son mariage, choyée par une dizaine de femme ayant la tâche simple et pourtant claire de la préparer.
Finalement maquillée, elle se leva du siège moelleux sur lequel elle était placée depuis quelques heures, la face changée. Ils avaient rendu son teint uniforme, la particule de maquillage, si elle était certes voyante accordant à sa face des couleurs plus chatoyantes qu’elles ne l’étaient. Ses yeux étaient agrandis, sublimés par les nuances colorées glissées sur la surface de ses paupières.
Ses lippes, elles, étaient bénies d’un carmin intense et profond, matte, qui tenait à la perfection sur ses morceaux de chair. Elle avait insisté pour ramener son propre rouge à lèvre, qui tenait au creux d’une petite boîte circulaire incrustée de diamants. La pâte était anormalement épaisse, consistante et dégageait une fragrance mortifère, organique que seul Holker saura reconnaître, puisque la saveur qu’aura cette texture contre ses lèvres lors du moment fatidique où la boucle sera bouclée lui rappellera les saveurs exotiques que son palais avait pourtant l’habitude de régulièrement côtoyer.
Elle était désormais debout, les bras légèrement relevés, alors que ses assistantes resserraient violemment sur sa taille les lacets de son discret corset, comprimant sa cage thoracique et redressant sa poitrine. Ils laissèrent la future mariée attacher elle-même ses bas immaculés aux porte-jarretelle leur étant dédiés, s’étonnant au fur et à mesure de tout ce qu’une mariée était capable, et devait porter pour un jour tel que celui-ci.
« Vous semblez heureuse, Dame Kessi. Vous souriez. »
C’est vrai. Elle ne s’en était pas rendu compte. Aerith, non, Kessi était heureuse. Sa joie incontrôlée avait fait s’étirer ses lèvres en un sourire sincère, parce qu’aujourd’hui aussi était un jour spécial pour elle. Il n’allait pas signer le commencement d’un amour passionnel, mais sa fin prématurée. Renaîtrai de ceci un embryon noirâtre et puant, création, enfantement d’une union aux dessins particuliers. Ils ne savaient pas. Personne n’était prêt. Ils ne pouvaient l’être.
Le tissu de la robe glissa alors lentement sur son derme. Tout devait être magnifique, et il était évident qu’un élément comme celui-ci, supposé inspirer admiration et jalousie ne devait être mis de côté. C’était une grande robe, laiteuse, aux tissus d’une qualité exceptionnelle. Elle était large, s’étendait sur plusieurs mètres et ses ornements étaient aussi discrets qu’élégants. Sa particularité était qu’elle était recouverte de véritables roses rouges, conservées dans un certain état de solidité par une magie particulière. Elles recouvraient le bas de sa robe et remontaient cette dernière comme des traînées pernicieuses sanguinolentes, puis s’évanouirent, avant de recouvrir une certaine partie de son buste, les fleurs se mêlant aux broderies des tissus. Le travail des femmes s’achevaient lorsqu’elles lièrent à la chevelure nouée immaculée d’Aerith un voile translucide partant de la base de sa crinière jusqu’au sol, ce dernier bénit des caresses de la dentelle.
Kessi prit une grande inspiration.
« Vous êtes vraiment magnifique. Il est déjà l’heure, Madame. »
Elle glissa une dernière fois un oeil distrait à son reflet, alors que l’on rabattait son voile sur sa face, cachant cette dernière. On la guidait dehors. La voiture attendait déjà, et une fois qu’elle aura passé ses épaisses portes, sa vie prendra un tournant différent.
Celui d’une épouse maudite au destin tragique.
Kessi était prête.