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Lost Kingdom  :: Nueva :: La Grande Forêt

Ravages Monstrueux - Visite des ruines (Jor', Maximus, Kryos, Sif)

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La nuit est tombée.

C’est après quelques heures de marche dans un climat humide et chaud que vous trouvez l’endroit tant désiré. On ne peut pas le manquer à vrai dire, à l’endroit où devait se trouver un village perdu au milieu d’une forêt dédaleuse, il ne reste qu’une vaste plaine où les arbres ont été arrachés, déracinés et des débris des édifices n’ayant pas encore été engloutis par le monstre.

Vous vous avancez, et… Quatre gardes forestiers sont là. Ils vous regardent, ont déjà eu ouï dire de votre venue mais ne semblent pas particulièrement réjouis par votre arrivée, surtout à cause de l’aura de l’Inquisiteur Conquête qui ravive leur méfiance. Après vous avoir longuement dévisagés, ils retournent à leur occupation qui était celle de s’occuper d’entretenir leur feu. Ils campent à côté du lieu, peut-être tout comme vous cette nuit. Ils ne semblent pas prêter attention à vous pour le moment, mais gardent un oeil furtif sur vos actions.

Peu importe. Vous observez le carnage devant vous. La bête a attaqué il y a trois jours, et cela se voit. C’était un village assez petit mais recouvrant tout de même une superficie convenable mais il ne reste plus rien, à part peut-être ce que la créature n’a pas voulu engloutir ou a potentiellement omit. Dans un premier temps vous pouvez observer que le sol est très terreux, comme si la terre en question a préalablement été retournée plusieurs fois. Dans celle-ci est enfouie les restes de certaines maisons. Plus vous avancez et plus vos pieds semblent s’enfouir dans la terre, comme quand on a mal rebouché un trou. Il ne reste visiblement vraiment rien, si ce n’est des ruines qui peuvent potentiellement être explorées.

Cependant, il y a quelque chose qui cloche. Pour quelqu’un. Ici. Kryos depuis qu’il est arrivé sur les lieux de l’accident semble chamboulé. En effet, dans ses oreilles bourdonnent encore les hurlements des villageois engloutis dans l’estomac de la créature et il sent presque la terre se mouvoir et trembler sous ses pieds, comme si elle se préparait à jaillir des entrailles de Gaïa. Comme s’il était là au moment où tout est arrivé.

À cette sensation singulière s’accompagne une violente envie de creuser la terre, comme pour voir si un survivant n’est pas là, au fond… Est-ce raisonnable ? Mais à chacune de vos agitations, les gardes forestiers plissent le nez. Il ne vous veulent pas ici et vous tolèrent parce qu'ils n'ont pas le choix, mais gare à vous…



The Ruins
Ravages Monstrueux

« I wonder which one will fall. I wonder which one is the monster. I wonder which one will catch the other. Do you smell me, as much as I smell you? Do not worry my dear, I know the truth; I'll be the one eating you. »
L’humidité de la forêt était certainement la seule chose de qualité en ces lieux. Elle rendait la douleur du corps bien moindre, l’armure d’obsidienne n’arrivant pas à écarter toute cette souffrance. Mais elle était si coutumière cette douleur, qu’il l’avait embrassé et assimilé pour qu’elle ne soit plus un boulet, mais bien les ailes qui ravivaient sa rage et les cendres de sa rationalité.

Son pied lourd s’enfouit dans la terre retournée. Sa respiration rauque était la seule trace de sa présence dans la nuit noire. Seuls les reflets faibles du feu des gardes forestiers faisaient danser les ombres des arbres et des ruines restantes.

Après quelques instants immobiles à assimiler la situation, le saurien tourna lentement son visage masqué vers les quatre pauvres énergumènes méfiantes. Il dénotait leurs muscles contractés sous cet épiderme fragile. Il étira un sourire macabre, pris d’une envie de jouer avec, de les torturer, de leurs montrer que leurs regards devraient être plus désespérés que méfiants à son égard… Mais n’était-ce pas là seulement la frustration de ne pouvoir poser ses doigts osseux sur le joli cou de l’Oracle ? De n’avoir cette conversation voulue entre eux ? Ses squames sifflèrent, impatientes. Il s’ébroua soudainement. Là n’était le temps des retrouvailles.

L’Inquisiteur fixa enfin Kryos, dénotant son sang affluer, toute cette hémoglobine courir, danser, son cœur se raviver sous cet effet tendancieux. Quelque chose se passait et connaissant l’Oracle, cela n’était dû au hasard. Ses iris globuleux revinrent à la scène puant le macabre. Il finit par émettre des mots souffler à demi-voix.

« Maximus, Sif. Restez dans cette zone, observez-là et trouver un lieu de campement… Prenez aussi le temps de parler aux gardes, obtenir des informations, rassurer au mieux quant à notre présence. Je ne veux aucun problème avec ces humains. L’Oracle et moi allons commencer à investiguer les lieux plus au nord. »

Car sa présence n’apporterait que difficulté auprès des gardes, il préférait s’éloigner, aussi difficile était-il de le reconnaître. Car en prenant l’Oracle avec lui, il était sûr de garder un œil sur son parasite. Mais plus encore, s’il avait choisi la nuit pour première reconnaissance, c’était pour utiliser sa vision de saurien, celle si utile et bien plus performante dans l’obscurité totale.

Il attrapa par le bras le triton pris dans cet état si fascinant auquel il voulait des réponses. Et par de grandes enjambées, commença à s’enfoncer dans les ruines éloignées, laissant celles plus proches aux deux autres soldats. Il traînait Kryos derrière lui sans considération aucune, puis il le lâcha lorsqu'ils furent assez éloignés. D’un pas lourd, Jor’ observait les alentours avant d’escalader un bout de ruine pour avoir une meilleure vue de la situation.

Ses yeux parcouraient les lieux, envieux, excités. Il cherchait la moindre source de chaleur preuve de vie, le moindre indice. Et étrangement, il ne disait rien à l’Oracle. Car il lui tournait autour, car il voulait créer autant l’impatience que l’angoisse. Mais surtout, le Jörmungandr attendait le bon moment, celui parfait, où personne ne les verrait et ne les entendrait. Et cet instant n’était pas encore arrivé. Il ne voulait aucunement offrir des informations sur Fhaedren et ses péripéties à Maximus et Sif. Il voulait être seul, face à face, avec celui qui avait osé le faire chanter quant à sa plus belle possession : la source magique. A nous, et pourtant si volatile ! A nous, et pourtant si traître !

« Qu’est-ce que tu sens, parasite ? »

Mais on ne perdait guère les vieilles habitudes.


(c) DΛNDELION

 
 

 

 

  Ravages monstrueuxChapter 2

 

 

- Oui messire inquisiteur.

La réponse offerte sans la moindre latence ni la moindre hésitation, accompagnée d'un salut militaire, marque de dignité d'Ellgard et de ses armées. Mais sous la surface, il n'en est rien. Je suis seulement soulagée de pouvoir me détourner et offrir une saine distance de sécurité entre lui et nous. C'est fou, ce rôle impersonnel que j'endosse ne semble même plus capable de me protéger contre les abords agressifs de la hiérarchie. Il se colle a moi, guide mes actes et se substitut a toute pensées cohérentes pour ne laisser place qu'à la peur du devoir mal accompli, la peur de déplaire. Et un vague reproche a Maximus de m'avoir embarqué dans son sillage pour cette mission qui semble de plus en plus insurmontable.
Plus le temps passe, plus quelque chose semble frapper ma volonté et me marquer par un état de fatigue exacerbé. Avoir peur est épuisant et seul la présence de Maximus me permets de tenir ce coupe gorge mental. Je n'ai jamais manqué d'aussi peu de sang froid.
Ma sympathie va brièvement pour l'oracle - seul a rester dans cette situation infecte, mais je l'oublie assez vite, presque trop contente de fuir temporairement la présence de Hallvaror. Même si cet étau surnaturel est encore là, quelque part entre mes battements de coeur et les tressaillement de mes muscles, il s'amoindrit avec la distance de nos pas. Pour la première fois de ce qui me parait être une éternité, j'offre du répits à mon cerveau envahis de pensés négatives et pour la plupart illégales.

Mes jambes me dirigent spontanément vers les similis gardes après un regard entendu avec Maximus. Pas besoin de mot entre nous, il est de lieu commun que j'ai une gueule plus avenante que lui pour les premiers contacts. Sans oublier que malgré sa valeur et ses manières digne de l'inquisition famine, les cyborgs ne sont pas déjà pas tous bien vu en Ellgard, alors je n'ose imaginer dans une contrée plus arriérée.
J'arrive du coté des gardes forestiers. C'est étrange, un peu vertigineux. La première fois que je parle vraiment à quelqu'un qui n'est pas de Ellgard dans cette mission. Je sors de mon mutisme, pèse mes mots avec une précision inhabituelle. Ça me donne l'impression vague d'entrer en contact avec eux comme si nous ne parlions pas exactement la même langue. Mais je me surprends a être capable de réussir l'exploit.
Dans ma tête, je me repasse rapidement les leçons de Neha sur l'éloquence - exercice difficile s'il en est puisque je n'étais pas sobre a la majorité d'entre elles. En premier lieu, répéter ce qu'ils savent. Histoire de rappeler avec cordialité que leur hostilité n'a pas lieu d'être et que la collaboration est la probable clef de notre réussite.

- Bien le bonjour messires. Désolée d'interrompre vos devoirs. Je suis le Lieutenant Sifnir Illian, envoyée d'Ellgard pour enquêter sur cette série d'attaques dévastatrices.

Presque par mégarde, je m’aperçois que je réemploie malgré moi les tournures de phrases de Neha. Probablement que la diplomate a plus d'influence positive sur moi que je ne pourrais jamais en avoir sur elle.

- Vous n'êtes pas sans ignorer que nos gouvernements ont décidés de collaborer dans le but d'éliminer définitivement la source de cette menaces. Et dans ce contexte, j'aimerai compter sur votre présence et votre collaboration au nom du bien commun.

Même si mon ton est neutre, voire même plutôt peu autoritaire. Je fais attention à ma posture. Ouverte comme l'été me l'a appris. Ton poli et amical. Fin' autant que l'on puisse l'être quand on parle de la mort de centaines de personnes.

-  Pouvez vous nous offrir un éclairage sur les événements qui ont eu lieu ici ?.
 

  ©️ Jawilsia sur Never Utopia
 

 


Sif' s'approche des gardes et essaie d'entamer une discussion avec eux. Ils relèvent la tête, et observent la femme un instant - dévisageant ses courbes assez brièvement. Les hommes semblent très forts physiquement, et deux d'entre eux ont planté leurs lances dans le sol. Ils laissent la femme parler, et un d'entre eux soupire... Ils semblent tous s'accorder sur un seul et même point : pas confiance. Un des gardes prend la parole.

« Rien à vous dire. Faites ce que vous avez à faire et allez vous-en, fit l'un.
- Y a pas grand chose ici, ajouta un autre. »

Et ils retournent à leur feu. Très aimables.

« Levant les yeux vers le géant qu'il eut espéré éviter, il hésita une seconde, incertain, avant de comprendre de quoi il s'agissait. Le bestiau faisait bien une tête et demie de plus que lui, avec des mains comme des poêles, mais il semblait le fixer d'une façon amicale malgré tout. Au vu de son gabarit, Kryos était sûr que si le capitaine trébuchait et lui tombait dessus, il le tuerait sur le champ. Néanmoins, le triton lui serra la main en presque toute honnêteté, évaluant avec curiosité la couleur de ce contact entre eux deux, conservant encore quelques instants après l'empreinte du capitaine sur sa paume comme une sensation éphémère. Il avait un grand intérêt de voir quel genre de soldat accompagnait le titan mais son instinct lui soufflait que c'était très certainement des monstres cruels et inhumains au vu du pedigree de leur maître. Il gardait donc une certaine réserve mais affichait une ouverture qui seyait à son rôle d'oracle.

_ Capitaine. »

Un petit signe respectueux de la tête en guise de salutation. Le reste, ils le verraient bien en route. Si seulement le protocole militaire autorisait toute cette compagnie à parler librement.

---

Le voyage promettait déjà d'être exécrable. Chevauchant en silence, il faisait nuit et bien qu'il n'ait jamais été versé dans la stratégie et autres considérations du genre, il ne fallait pas être un sage du Conseil pour comprendre que c'était vraiment une idée idiote. Kryos comptait intérieurement les minutes avec une monotonie meurtrière pour l'esprit, anesthésiant ses pensées et son attention pour lui éviter d'avoir à subir cette interminable défilement de nuit et de pavés tous identiques les uns aux autres. Pour lui éviter de laisser son esprit dériver vers les souvenirs traumatisants de cette cave obscure et pleine de terreur dans laquelle il avait plongée voilà quelques mois maintenant, et que la présence du serpent monde ravivait.

Il avait parfaitement remarqué le malaise latent qui flottait là quelque part dans le cœurs des deux soldats, comme une vieille écume jaunâtre à la surface d'une mare, et il ne lui avait pas fallu longtemps pour deviner d'où celle-ci émanait. Il s'était rapidement fermé à son environnement pour ne pas ressentir ces troubles lointains mais persistants, s'enfermant dans un silence sinistre de l'âme, sa magie fluctuant de temps à autre, par à coups, lorsqu'il sentait l'ombre du Jörmungandr venir lui lécher la peau avec une indécence insolente. Ce n'était que les premières heures et déjà le voyage promettait d'être exécrable, devinant que la présence du titan finirait tôt ou tard par éroder les sens, l'esprit et la lucidité. Le triton en avait presque pitié pour les deux soldats qui les accompagnait, mais sa compassion s'arrêtait là et il n'était qu'indifférence à leur sort. De temps en temps, il dirigeait son attention vers la chaleur de ce mouvement invisible et secret qui s'agitait sous sa tunique, trouvant dans la présence de ce cinquième compagnon un réconfort silencieux.

Ils arrivent enfin à destination et si ç'aurait dû constituer un soulagement pour Kryos, il n'en est rien. Il démonte maladroitement et déjà il perçoit les relents mauvais et poisseux d'un quelque chose qui lui arrache un frisson de mal être. Ils sont là, enfermés dans la nuit, les cris muets des dévorés et des agonisants, leur sang imbibant la terre d'une trace indélébile, leur désespoir se mêlant aux racines et aux ruines, ravages causés par l'empreinte d'un quelque chose de beaucoup trop imposant pour être humain. Et une sensation terrible de vertige s'empare de lui alors qu'il redoute presque de marcher sur cette terre meuble dans laquelle ses pieds s'enfoncent mollement. Il la fixe avec incertitude, comme si elle risquait de s'ouvrir d'un instant à l'autre pour l'y faire sombrer.

Il fut arraché à sa contemplation par le brusque élan de l'inquisiteur qui l'embarqua d'une façon aussi subtile que délicate, l'attirant plus encore dans le gouffre de la nuit noire qui s'étalait devant eux, rayonnant de cette aura malsaine dont la mélodie sinistre ne semblait pourtant que nuances de gris devant le souvenir indélébile du Champion d'Obscural. Ce dernier avait redéfini la notion de ténèbres et plus jamais Kryos ne pourrait qualifier la nuit de noire. Il frissonna néanmoins, fermant ses perceptions empathiques à ce qui l'entourait. Il ne voulait pas aller là, il ne voulait pas y plonger. Et le Jörmungandr l'entraînait dans cet espace sans contours avec force et fracas, provoquant en lui une certaine colère, une indignation qui roulait sous sa peau et dans ses entrailles en bouffées de chaleurs. Il lui semblait que tout ceci n'était que de sa faute. Fhaedren, Euryale, le cristal avec le crâne et la folie qui s'était déchaînée ce jour-là. L'image d'une radiation noire et mauvaise enflait dans son esprit, prenant toute la place, menaçant d'éclater sur le serpent comme si tout ceci avait été sa faute.

Ils étaient seuls.

Presque.

Voilà peut-être ce que le destin attendait de lui.

Voilà peut-être la dernière chose à faire si Euryale disparaissait à jamais. Le triton sentait le poids de sa sacoche en bandoulière contre sa jambe. Le poids de ces rations de nourriture qu'il avait sur lui et pas sur son cheval. Est-ce que le titan était mortel ? Bien sûr. Bien sûr que oui. Il avait l'impression d'une sentiment pressant qui pulsait dans ses veines, qui lui criait de faire quelque chose pour combler le silence entre les mots du titan. Ce silence assourdissant qui lui provoquait des vertiges.

Il se contint. Il ne devait pas se précipiter.

Ses yeux ne quittèrent pas la silhouette de l'inquisiteur. Il n'avait pas besoin de regarder ce qu'il y avait autour de lui pour le savoir : uniquement des ruines et la désolation. Là dans la pénombre d'un feu de camp qui n'éclairait qu'un point dans la nuit à quelques dizaines de mètres, ses sens de triton ne percevait qu'à peine le contour de l'armure noire du dévoreur. Kryos prit une inspiration lourde, ses yeux s'ouvrant un peu plus tandis qu'il perçait du regard son vis à vis. Le visage grave, le cœur battant, il prit ce ton impérieux et acéré qu'il réservait à ceux en manque de spectacle qui venaient le voir dans le temple pour qu'il comble leur désespoir.

_ Je sens... »

Il reprenait ses propres mots, pour jouer le jeu insupportable du mystique halluciné.

_ Ouiii, c'est là, c'est grand, c'est terrible, ça aveugle le regard... »

Un visage sévère, inquisiteur, qu'il adressait au serpent avec une colère qui aurait pu foudroyer sur place. Il brisa soudainement le suspense sans plus de cérémonie.

_ Je sens deux imbéciles dans un champ de boue à chercher des caillasses sur un monceau de cadavres. Je sens l'impérieux mythe des flots perdus dans une forêt qui n'est pas la sienne à retourner la terre à la recherche d'une chimère. Je sens l'ordre impuissant et agacé qui pense pouvoir prendre ce qui n'est pas à lui. »

Allait-il faire exploser le monstre ? Allait-il trop loin avec ce qu'il s'était récemment passé ? Kryos ignorait si les accords entre les deux - trois ? - pays allaient tenir bien longtemps s'il se mettait à le pousser à bout.

_ Tu crois qu'il te suffit d'ordonner pour que j'obéisse ? Tu crois qu'il suffit que j'ouvre les yeux pour voir ? Le dieu ne se provoque pas sur commande, titan. Je ne suis pas ton soldat et tu n'es ni dans l'Empire, ni dans les flots. »

Une pulsion sourde qui hante l'horizon de la psyché comme un monstre menaçant d'éclater sa chrysalide pour dévoiler toute son horreur à la lumière du jour.

Le triton se redresse, dans une posture plus digne et plus altière, ses barrière mentales dressées contre le lieu et contre le serpent, une légère effluve de magie parfumant l'air comme le piquant d'épices dispersées ça et là. Il n'était pas qu'un parasite, ici. Il était l'Oracle, la Voix d'Aquaros, l'ambassadeur d'Atlantys. Et il se dressait comme tel contre la marée grondante qu'il avait en face de lui, la houle noire qui érodait les sens et l'esprit. Il ne ferait rien, il subirait s'il le fallait, mais la menace latente était là : ça ne serait pas sans conséquences. Et c'est avec un calme presque surnaturel qu'il annonce la plus stricte des vérités, rappelant par là même ce qu'il en était de leur pacte.

_ Rappelle toi qui est le maître des serpents ici. » »


Into the jaws of death, into the mouth of hell.




Moi qui croyais que les Atlantes étaient des moulins à paroles adorant parler d'eux, faut croire que celui-là était l’exception de leur race. Peut-être était-ce lié à son titre d'oracle ? Aucune idée, après tout, je n'avais pas eu le temps de me pencher sur leur étrange croyance pendant mon séjour. À moins que ce ne soit la présence de notre cher monstre de foire qui forçait sa concentration pour garder la tête sur les épaules et éviter de trembler des jambes. Le genre de truc que je devrais faire de mon côté au vu de mon taux actuel de stress. La créature n'était encore qu'une lointaine chimère et déjà j'étais au bord de la crise de nerfs. Quelle pitié.

...

Ne pas craquer. Ne PAS craquer. Pas devant Sif. SURTOUT PAS devant Sif. Ce serait la pire des choses. Ça briserait très certainement son moral dans la foulé et j'en entendrais parler dans l'unité pendant des mois, voir des années. En tout cas, je n'ai pas attendu bien longtemps avant de me diriger rapidement avec Sif vers les sauvages. J'espère que l'autre poisson s'en sortira, moi, j'suis pas m’écoutant de ne plus sentir l'autre timbré près de moi.

Je laisse bien sur Sif aller vers eux. Peut-être que sa petite bouille suffira à leur délier la langue...
...
LES ESPÈCES DE SACS A MERDE !
Je ne vois même pas ce que l'inquisiteur espérait de toute façon. Ce n'était pas des soldats, même pas des gardes, juste des crétins avec des lances et une pseudo-autorité aussi misérable que pathétique. Les pires de tous. Ça n'a aucune éducation et ça se croit capable d'une quelconque capacité de discernement. Sous race de sauvage. Qu'est-ce qui me retient de les trancher en deux et d'en nourrir Sthéno au final, hein ? Personne n’en saura jamais rien... non ? Contraire aux ordres ? Tss. Soit ! Je vais me montrer adulte et civiliser et épargner leur misérable vie. Au moins, n'était-il pas arrivé à l'insolence outrageuse dont le tribun de la petite princesse avait fait preuve. Ses paroles acerbes me sont toujours coincé au travers de la gorge et il ne fait aucun doute que notre prochaine rencontre ne se fera pas sous le signe de la paix.
Je vois le regard désespéré de Sif se tourner vers moi alors qu'elle doit se douter très fortement du torrent de violence qui menace de se déchaîner sur la petite troupe. Petite sourire pour la rassurer sur mes intentions avant de me rapprocher calmement d'eux et de ma compagne.

- Rien de bien étonnant, j'imagine. Un tel cataclysme ne laisse que bien rarement des traces et j'ose imaginer l'horreur que cela doit être pour vous qui vivez ici. Je n'ose imaginer la peur de perdre ses amis et sa famille... si ce n'est pas déjà le cas.

Toucher là ou ça fait mal et la clé de voûte. Soit il prend conscience de leur situation, soit il se renferme un peu plus sur eux. Dans tout les cas, je ne me vois pas être aussi mielleux que notre chère Néha. Ce n'est pas ma façon de faire.

- Mais, nous cacher des informations ne vous avancera à rien. Dans cette histoire, vous n'avez pas grand chose à perdre. Au pire nous rentrons chez nous bredouille et honteux. Par contre, si nous trouvons ou vie cette créature, je peux vous assurer que ma lame lui ferra connaître la colère de nos peuples.

By Halloween sur Never-Utopia


Maximus arrive à la rescousse de Sif. Les soldats lèvent leurs regard sur la montagne, leurs yeux se font un peu plus clair ; ils préfèrent parler à un homme digne de ce nom qu'à une femme, semblerait-il. Ils écoutent calmement l'homme, sans le craindre lui. À la place, leurs yeux se glissent sur l'Inquisiteur, plus loin... Son aura n'arrange pas la situation, et si les mots de Maximus ont réussi à rendre les gardes un peu moins fermés, ils n'en reste pas moins tendus et méfiants.

« Ouais. Voir ton village se faire décimer comme ça, c'est pas franchement joyeux. J'ai perdu ma famille, ici, et lui il désigne son camarade, à côté, sa femme. Le gouvernement nous a placés ici pour surveiller le lieu au cas où le monstre viendrait à nouveau sur les lieux. À l'endroit où notre famille a disparue à tout jamais. »

Le garde observe le feu, il fronce les sourcils, avant d'inspirer profondément.

« Ca fait longtemps que ça dure. Vous savez, des gens comme vous, y en a plein. Des mercenaires, des soldats qui pensent pouvoir obtenir richesse, reconnaissance, gloire. Mais vous savez pas à quoi vous vous frottez. Vous êtes pas les premiers, et surtout pas les derniers. Vous auriez dû rester chez vous, ellgardiens. Peu importe vos avancées technologiques, elles vous aideront pas à battre cette créature. »

On ne peut pas vraiment lui reprocher son pessimisme. Son regard s'obscurcit, et un autre mec prend la parole. Il semble être le plus vieux de tous, mais également le plus costaud.

« On sait rien sur elle. Elle a rien laissé derrière elle. Mais si vous voulez un conseil, vos p'tits gars là-bas devraient pas trop s'agiter. Vous avez pas remarqué la gueule qu'avait la terre ? On sait pas ce qui se passe en dessous. »

En parlant de terre, sous les pieds de Kryos et du Jörmungandr, le sol tremble légèrement, sans qu'ils sachent ce que c'est...



The Ruins
Ravages Monstrueux

« I wonder which one will fall. I wonder which one is the monster. I wonder which one will catch the other. Do you smell me, as much as I smell you? Do not worry my dear, I know the truth; I'll be the one eating you. »
Ô, à croire qu’il voulait mourir. A croire qu’il voulait être noyé dans cette dite terre pleine de cadavres. Jor’ sentait la haine prendre ses tripes, cette haine viscérale pour ceux qui osaient mettre à mal son orgueil et sa puissance. Cet orgueil fouetté avec ignominie par ce simple rang qu’il prenait. Maître des serpents.

Il s’avançait vers lui d’un pas décidé. Il laissait sa haine conduire ses muscles douloureux. Sa paume prenait cette fine gorge dans un étau de chair et d’effroi. Et il serrait. Toujours et encore. Au point de broyer les os, la trachée et s’amouracher de ce regard effrayé. Un sourire malsain sur son visage tandis qu’il aspirait cette vie d’un Oracle qui avait tout osé en pensant survivre.

Mais là n’était qu’un rêve. Ses squames frissonnèrent de frustration, tandis que Jor’ restait immobile et silencieux, devant cet outrage. Voilà donc le vrai visage de celui qui l’appelait torrent et maître des océans... Pour autant, le Jörmungandr étira un sourire étrangement satisfait, bien caché sous son casque.

Il sauta de ce maigre perchoir après n’avoir vu rien d’autre que le néant. Il se rapprocha du triton et lui tourna autour.

« Je pourrais te tuer pour cet affront. Mais je préfère bien mieux ce que je vois maintenant. »

Et tel un bijoutier mettant la main sur un de ses plus beaux diamants, le saurien déposa sa paume gantée sur cette épaule frêle. Il rapprocha son casque de ce faciès, s’étant positionné dans son dos et ronronna dans un malaise palpable :

« A moitié empoisonné par l’obscurité. Ton regard en dit long, parasite. Tu es déjà pourri. Je vois ton cœur, il suinte. Tu pues la noirceur à des kilomètres, tu portes une odeur familière. » Il prit une longue inspiration, mimant de sentir son humus pour mieux alourdir l’air de sa conclusion. « La mienne. »

Sa main se délia de son épaule, et il recula de quelques centimètres. Satisfait, si satisfait de voir ce fou pris de rage, d’orgueil. Et ses iris ? Ô… Prises d’un doute ressemblant tant à sa propre faim, à celle partagée dans une cave au milieu de Fhaedren.

« La malédiction que nous avons expérimenté te colle à la peau… Et sans Euryale, tu n’as plus aucun support pour te sauver de ton propre appétit… De notre appétit. Tu es maudit, Kryos. »

Sa langue persiffla, amourachée qu’elle était par ce poids puant et obscur qu’elle pressentait sur les épaules du triton. Mais la terre qui trembla eut tôt fait de le ramener à l’ordre. Il observa le sol meule danser sous ses pieds. Il se rappela la gueule de la créature, et une certaine excitation lui prit l’âme. Etait-elle encore ici ? Peut-être. Et dans ce cas il valait mieux s’écarter de cette zone.

Sans demander son accord, et parce que personne à part lui pouvait prendre la vie de l’Oracle, il l’attrapa par le col. L’Inquisiteur prenait de grandes enjambées pour arriver aux abord boisés et à la limite de la terre retournée. Il jeta l’Oracle en dehors de la zone de danger.

« Tu restes ici. » Ordonna-t-il, sans considération aucune malgré le beau discours de Kryos.

Hors de question de laisser la graine de noirceur en l'Oracle se faire consumer par un autre monstre que lui. De plus, il doutait toujours de l'Oracle, et ce dernier était certainement l'une de ses dernières chances de redevenir le titan d'autrefois.

Le Jörmungandr observa ses deux soldats ; ils n’avaient pas remarqué le dernier évènement. Cela ne concernait donc que cette zone… Jor’ ne dégaina pas même son épée, le cœur battant. Il voulait voir. Il voulait tellement voir tandis qu’il se tenait à la limite même de ce tremblement. Ses muscles se tendirent, l’Ombre du Jörmungandr frissonna, extatique. Elle caressait les ruines, elle embrassait le sol, attendant, aussi avide que lui.

(c) DΛNDELION


Kryos et Jörmungandr ont bien fait de quitter le lieu, même si ce dernier cesse de trembler au moment où ils s'en éloignent.
!*
L'Inquisiteur, même s'il n'est pas totalement sur la zone à risque, décide de la caresser avec avidité. Comme s'il attendait, désirait profondément quelque chose. Vous entendez tous un bourdonnement sourd sous la terre pendant de longues secondes, qui finit par s'éloigner jusqu'à se taire. Le sol ne bouge plus, plus rien ne s'en émane. Les gardes se lèvent, nerveux. Vous titillez lentement leur tolérance et leur patience...

« Arrêtez de causer du grabuge, merde ! »

*Certaines de vos actions ont des répercussions importantes sur la suite de la mission.


 
 

 

 

 Ravages monstrueuxChapter 2

 

 


Je reste en retrait après m'être assurée que ces pauvres gens n'aient pas déclencher par malheur le courroux de Maximus. Ce dernier me prend le fardeau de la conversation et relance l'échange avec une aisance que je lui envie presque. Face à son attitude, ces types s'ouvrent davantage. En peu de temps, ces gardes nous confient leurs histoires comme si elles nous intéressait réellement.

Au moins, même si je reste une observatrice un peu bâtarde dans sa position, j'ai la satisfaction de savoir parfaitement ce qu'il se passe dans la tête de Méridius. Et surtout que j'ai une bonne idée de ce qu'il se serait passé si l'inquisiteur et l'Oracle n'étaient pas dans les parages. Deviner la fausseté sous l'aspect sympathique de Maximus offre quelque chose de satisfaisant. Assez pour m’empêcher foncièrement d'être vexée contre ces pauvres types.

Mais soit, je me tais. J'observe. Attendant que cette discutions passe comme tant d'autre. Mon regard lointain se dirige vers l'inquisiteur et l'oracle. Et quelque chose me révolte dans cette vision. Quant a savoir si c'est l'aura monstrueuse de l'inquisiteur ou son ascendant qui en est la cause. Je l'ignore, mais je ne veux pas rester passive. Je touche doucement l'épaule de Maximus pour indiquer que je vais de leur coté. Pendant la courte marche, j'observe l'état de l'oracle avant de les rejoindre d'un pas peu pressé.

- Permettez moi.

Pas de commentaire sur les circonstance de sa chute. Ma main se tend pour l'aider à se redresser. Simple geste qui traduit ma sympathie fébrile pour cet inconnu. Et pourtant, j'ai peur et je regrette d'être ici. Par ma seule présence, je vais probablement irriter la chose qui me sert d'inquisiteur.
Mais je pense que pour le bien de cette mission, il vaudrait ne pas les laisser seuls a l'avenir. Et puis... Et puis au pire, au retour d'Ellgard, je demanderai peut être explicitement la protection de Sieghart. Même si ca me déplait, je peux monnayer ma loyauté et des informations. Avec un peu de chance. Je pourrais tenter de fournir le dossier médical de cette chose. Je suis qu'il s'y trimballe quelque chose d'intéressant.

Je remarque presque par mégarde les mouvements du sable dans le sol. Quelque chose se déplace sous nos pied. Mon coeur rate quelques battements. Et mue par le réflexe des forces spéciales, je me met spontanément entre l'oracle et le cratère, arme au clair, bien que je reconnaisse le coté risible de ce geste. Quand tout s’arrête, j'entends vaguement quelqu'un aboie bruyamment dans mon dos. Mais je reste imperturbable. En grande partie a cause de l'aura que m'inspire mon supérieur et qui m'interdit de le perdre mes moyens.

- Seigneur Inquisiteur, le Capitaine Méridius s'entend actuellement avec les locaux. Avez vous des directives particulières à me transmettre au vue de l'apparente proximité de la bête ?

Je dois avouer que j'improvise cette excuse avec une célérité qui m'étonne presque. Avec un peu de chance, j'embarquerai même l'oracle. Qui a l'air de tout. Sauf d'un combattant  

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« La tempête déferla sur lui avec la force grondante et sournoise qu'on aurait pu attendre d'un Jörmungandr qui se voit agiter un morceau de viande fraîche sous le museau. Ses mots étaient du poison pour l'âme, un acide rongeant l'intérieur de la psyché avec une lenteur cadavérique. Lentement mais sûrement, s'infiltrant dans ces interstices intimes qu'ils partageaient tous les deux depuis ce jour maudit où ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Depuis ce jour maudit où Kryos s'était noyé dans les rêves de mégalomanie du titan et avait tiré ce fléau de son sommeil séculaire pour de nouveau libérer sa colère sur le monde. Après tout, n'y avait-il pas un peu du triton dans ce sillage écarlate de massacres et de terreur qu'il semait ici et là sur son passage ? Ne serait-il pas encore en train de dormir paisiblement si le triton n'avait pas eu l'affront de transgresser les interdits de son peuple ?

Ses mots étaient pleins d'une vérité amère qu'il ne pouvait hélas nier. La corruption qu'ils avaient tous côtoyé dans les sous sols de cette prison avaient laissé leur marque indélébile sur chacun d'entre eux. Irrésistiblement. Tous ces imbéciles avaient voulu s'emparer d'une chose dont ils ne saisissaient ni l'importance ni l'origine pour la plupart, mais là où certains s'étaient contentés de l'observer de loin, d'autres l'avaient carrément embrassés à bras ouverts. Et ceux là seraient maudits pour l'éternité. Et le Jörmungandr pouvait bien le menacer de mort, Kryos savait qu'il était enchaîné par les hommes contre sa volonté. Et s'il voulait ce qui lui avait été volé, il ne pourrait jamais se permettre de provoquer sa mort.

Il allait répliquer quand une secousse les prit de cours. Pas une secousse, non, plutôt un tremblement. Une bouffée de chaleur envahit presque instantanément la gorge de Kryos tandis que son cœur ratait un battement. La chose était là. Fébrile, il eut à peine le temps de maudire le serpent monde et de se demander comme il était possible qu'ils aient aussi peu de chance pour tomber pile poil à l'endroit où elle était dès leurs premiers pas sur son territoire que l'inquisiteur l'embarqua sans ménagement ni délicatesse pour les faire revenir hors de la zone ravagée. Et il le jetta presque par terre comme une vulgaire chose en lui intimant un nouvel ordre.

Outragé - et en même temps assez peu rassuré - Kryos s'immobilisa, dans l'espoir peut-être vain qu'une absence de vibrations calmerait la bête. Et bien entendu, le titan ne l'entendait pas de cette oreille et la sensation de son ombre s'emparant des ruines avec l'avidité qui le caractérisait tant laissa échapper un frisson d'appréhension le long de l'échine de Kryos. Il pouvait presque sentir la peur du monstre marin fouailler les entrailles de la terre à la recherche de ce qu'elle dissimulait, prédatrice et sournoise. Exactement ce qu'il aurait aimé éviter qu'il fasse : la provoquer. Un bourdonnement sourd résonna alors dans la nuit noire, un quelque chose d'absolument pas naturel ni bienveillant aux yeux de l'oracle. Aux aguets, celui-ci focalisa l'entièreté de son attention sur ce bruit discordant, ses perceptions empathiques ouvertes en grand bien malgré lui et le malaise qu'il captait, tentant tant bien que mal de poser une sensation, un quelque chose sur ce qu'il ne voyait pas et qui semblait pouvoir surgir de n'importe où à n'importe quel moment.

Et peut-être, une fois de plus, qu'il aurait dû rester dans l'ignorance.

Leurs enfantillages absurdes sont soudainement balayés par une vague sinistre aux relents de mort. Un quelque chose d'épais et de poisseux, qui ne se digère pas, plein de l'odeur des charniers et des fumées toxiques d'un monceau de cadavres qui brûlent mais vivent encore. Là, dans l'obscure mélasse de la nuit, coule, hurlant de rage, un halo pétrifiant au toucher froid comme la chair morte. Une démence qui s'éveille et s'élève, formidable, comme la mer qui se retire avant la lame de fond venant briser les côtes. C'est glacé, c'est brûlant, ça irradie l'esprit et le corps tout entier comme une lumière qui crucifie. Ça éclipse les querelles intestines et même le Jörmungandr semble durant une seconde devenir ridiculement insignifiant face à la promesse d’irrationalité qui pulse là dans les tréfonds.

Les échos des âmes en peine de Fhaedren lui reviennent en mémoire, leurs hurlements glacés déchirant l'esprit comme un couteau dans du beurre. Il lui semble percevoir sur la lande retournée, l'espace d'un instant, un champ de cadavres et d'os sur lesquels pousseraient de petites excroissances cristallines. Des pierres d'une couleur noire étrangement lumineuse, balisant l'obscurité d'un quelque chose de plus sombre encore, les appelant doucement à se joindre à elles. Et ce qu'il vient de se manger fait cruellement écho à ce à quoi il s'est ouvert en Fhaedren. Un souvenir douloureux qui semble brûler dans son esprit d'une façon presque physique.

Le bourdonnement a cessé depuis un moment, mais l'empreinte de la chose est profondément ancrée dans l'esprit du triton. Sa volonté en a pris un coup et l'angoisse de questions sans réponses commence à l'assaillir. Il est pâle, mais la nuit et son teint basané empêchent peut-être de s'en rendre compte. Ayant saisi la main de la chevalière, il l'agrippe avec un peu trop de force, incapable de la lâcher, se laissant à moitié faire pour se relever. Il sent en elle, à travers ce contact, le froissement familier de la peur. Mais elle est si fade comparée à ce qui règne là. Tous, ils sont tous inconscients ! Et la tentation de se fermer empathiquement à ce qui l'entoure est forte, mais plus forte encore est la peur de se savoir aveugle face à un danger qu'il serait incapable de sentir venir, aussi terrifiant soit-il.

La respiration forte et lourde, le rythme de son cœur commence lentement à redescendre, mais son bras tient encore celui de la chevalière avec bien trop de force, pour lui éviter de trembler. Le voilà de nouveau pris dans un enfer aveugle et presque sans échappatoire. Mais il devance les réponses aux questions de la chevalière et il les donne lui-même, d'un ton impérieux et sec, accusateur, et qui pourtant dénote de l'état de choc qui vient de le foudroyer. Dans ses paroles, il libère une once de magie, pour augmenter le charisme de ses propos, l'importance de ses mots, pour attirer l’œil et l'attention respectueuse.

_ Es-tu donc devenu fou ? Cesse immédiatement ! »

Il fixe la silhouette du titan avec, dans le regard, l'éclat du délire de celui qui a vu quelque chose qu'il n'aurait pas du voir. Un silence. Un silence bien trop lourd. Aucun bruit d'animal alentours ne se fait entendre, seul le frissonnement malaisant des feuilles dans les arbres semble masquer tant bien que mal ce vide sans contours. Un silence que le bourdonnement menace de briser n'importe quand mais qu'il rompt avec un aveu qu'il regrette presque d'annoncer.

_ J'ai vu ce qui rôde dans le sol. »

Ce n'était pas exactement le cas, mais Kryos voulait faire cesser coûte que coûte la folie du serpent monde. Continuer à provoquer ainsi la bête ne les conduirait qu'à l'apocalypse.

_ Tu voulais savoir ? Je vais te le dire, alors écoute moi bien, toi qui porte l'orgueil du nom de Conquête. Ce qui réside ici est bien au-delà de ton propre pouvoir, aussi grand soit-il, et ce ne sont pas deux soldats ou ton sabre qui vont l'arrêter. Elle n'a que faire de tes rêves de grandeurs, de ton titre ou de ce que tu es.

Si tu l'appelles maintenant, nous mourons tous. »


Des mots prononcés comme une sentence, une prophétie bien sinistre qui seyait à merveille à son rôle d'oracle mais dont il se serait finalement bien passé. Dans le fond, ce n'était plus véritablement un rôle, et il ne faisait là qu'annoncer la triste vérité d'un futur qui leur pendait au nez. »


The Ruins
Ravages Monstrueux

« I wonder which one will fall. I wonder which one is the monster. I wonder which one will catch the other. Do you smell me, as much as I smell you? Do not worry my dear, I know the truth; I'll be the one eating you. »
Le bourdonnement noyait l’air dans des senteurs de désastre mortuaire. Cela sonnait telle une mélopée de drame et de puissance à l’ouïe d’un titan gourmand d’infamie. Ca tremblait, ça frissonnait, ça glissait sur ses écailles avec amour, pour mieux les infiltrer dans une présence aussi familière que palpable. Et les mots vinrent, d’un langage englouti par les ruines et son sillage. Une langue cousine à la sienne, cousine à celle de Satan. Ces langues profondes qu’ils partageaient, qui prenaient à l’âme les mortels dans une incompréhension maladive, dans une menace d’angoisse et de mort.

La créature était donc obscure, liée à ce dieu qu’on voulait tant voir disparaître dans les méandres du temps. Mais il était là. Il était toujours là. Et les événements de Fhaedren n’avaient été qu’une simple preuve à ce qui allait arriver à cette terre. Jor’ sourit, de toutes ses dents. Ses squames s’étirèrent, avides, envieuses de ces mots prononcés. Dévorons-les !

Mais le bourdonnement cessa. Il laissa place au charisme d’un Oracle présageant autant la mort qu’une vision claire de l’âme de l’Inquisiteur… Sans rien prononcer sur le reste. Et pourtant, c’était bien le reste dont il avait peur. Il posa ses doigts sur la terre meuble, avec une délicatesse non-feinte. Il attrapa ce bout de chose dans sa paume, comme cherchant une réponse dans ce mystère de plus en plus excitant. Et qu’il ne voulait partager avec personne. Car il l’avait appelé frère, car il avait cette présence significative des damnés.

« Sif. » Prononça-t-il pensif, ne répondant guère au discours du parasite mais bien à ceux de la médecin. « Mets l’Oracle en sûreté. Prends le capitaine avec toi, faites un campement plus en amont de ce site, hors de danger, et guide l’Oracle là-bas. Prenez aussi les deux énergumènes avec vous, amadouez-les d'un repas ou que sais-je. Si un accident se produit sur le site et qu'ils deviennent des victimes, nous seront accusés à tort. »

Agenouillé, il laissa glisser la terre sur les ruines décadentes de ce monstre mystère. Les mots de l’Oracle fusionnaient à ceux du cyclope. L’excitation de ce dernier se mêlait à l’agacement envers le discours de l’Oracle. Avait-il vu ce qui rôde dans le sol ? Peut-être. Peut-être l’avait-il ressenti… Mais il ne lui avait pas parlé, à lui. Le Jörmungandr sentit ses écailles se contracter de rage. Menteur. Son aura continuait de glisser, des anneaux invisibles caressant la terre retournée avec tendresse. Il ne la contrôlait pas, elle le contrôlait. Elle suivait les pas fantomatiques d’un mirage palpable,  réel.

« Je vous rejoins dans quelques minutes. Nous discuterons alors de la marche à suivre. » Termina-t-il.

Le titan voulait être seul avec le titan. Il voulait lui parler comme il lui avait parlé, mais il ne voulait personne n'entendit ses propos jusqu’à ce qu’il fût sûr de ce qui régnait en-dessous. Son casque se tourna vers Sif, sa visière cachant son regard intéressé et malsain. Il les planta dans celui humain de la soldate et fit un geste de paume l’intimant de s’éloigner. Il ne tolérerait aucun refus.

Son regard revint à la scène, contemplatif… Envieux.

(c) DΛNDELION


Le serpent-monde fait le bon choix. Il (tente) éloigne les grouillants et désire s'entretenir seul avec la créature souterraine. Il semble attendre quelque chose, un contact ; la manifestation de la présence de celui qu'il appelle "titan"... Mais rien. C'est le calme plat. Le bourdonnement a disparu, il n'est plus, et Jörmungandr ignore si il parviendra encore à entendre à nouveau la douce voix de son frère dans le futur. Qui sait ?


Into the jaws of death, into the mouth of hell.




La naïveté de ces pouilleux m'attriste. S'ils savaient quel terrible voisin il possède, je doute qu'ils eurent mis tant de temps avant de nous appeler à l'aide. C'est triste. Posséder l'un des plus merveilleux centres de savoir et avoir une population aussi ignorante et stupide. Je soupire intérieurement, mais ne laisse rien paraître d'autre que mon visage dur et assuré. De toute façon pour l'heure, ce dont ils ont besoin n'est pas de la culture, de l'espoir et ça, c'est dans mes cordes.

- Je comprend que vous ayez peur. J'ai vécu sept dans l'enfer de Fahedren et j'ai lourdement expérimenté le fléau qui vous accable. Mais voyez-vous messieurs, a la différence des mercenaires dont vous avez l'habitude, nous, somme un corps d'armée professionnel. Nous ne cherchons pas la gloire ou la fortune, nous somme le bras armée de l'empereur, l'instrument de sa volonté. Nous accomplissons nos missions pour la sûreté de notre peuple, peut importe ce que cela doit nous coûter. Et puis... contrairement à ce que vous semblez croire, ma nation possède une arme capable de réduire les plus grandes cités de notre monde à l'état d'un vulgaire cratère fumant. Alors n'ayez aucune crainte sur nos capacités. Je ne peux vous promettre que les attaques cesseront maintenant que nous somme là et je n'ai certainement pas l'insolence de prétendre que vos familles ne risques plus rien. Tout ce que je peux vous affirmer, c'est que lorsque nous lui aurons mis la main dessus, l'impitoyable machine de guerre Ellgardienne la brisera entre ses rouages.

Parole, douce parole. Un gros bluff, mais pas un mensonge pour autant. Les moyens alloués à cette mission étaient limités pour le moment, mais il ne fait aucun doute que si la créature était finalement identifiée, la toute-puissance de feu Ellgardienne se décharnerait sur elle avec la violence qui nous caractérise. Pas sûr que nos méthodes plaise à Nueva par contre. C'est sûrement pour cette raison que l'empereur n'a pour l'heure envoyé que notre petit groupe. Jauger la créature, établir sa menace et ses habitudes, tenter de l'éliminer si c'est à notre porté ou transmettre les informations si cela se révèle impossible et s'assurer que nos armes lourdes la trouvent. Peut-être devrions-nous tenter d'y envoyer les nueviens en premiers ? Après, c'est leurs terres non ?

Cruelle réflexion abruptement interrompue par ce que j'aurais pus associer à un petit tremblement de terre si mon intellect était l'égale de nos camarades de fortune. Il semble évident maintenant que j'y pense qu'une créature d'une telle taille ne pouvait se déplacer sans bruit. Il faudra penser à informer au plus tôt nos poste-frontière pour qu'il surveille pareil phénomène. Ma dernière envie reste que nos craintes se réalisent et que cette chose ne passe la frontière.

- C'est habituelles ces secousses ? Vous en aviez déjà ressentie ? Réfléchissez bien, c'est sûrement capitale. Vous deviez être dans le coin peu avant les événements non ? Avez-vous sentis ce genre de secousse quelques instant avant ou même quelques jours ? Ou avez vous déjà entendu des gens en parler tout simplement. Des villages qui l'aurait ressentie sans avoir été attaqué ?

By Halloween sur Never-Utopia

 
 

 

 

 Ravages monstrueuxChapter 2

 

 



Loin de calmer le jeu. Ma présence ne les empeche pas de s'agresser et j'assiste un peu mal a l'aise a l'échange qui a lieu au milieu du chaos. Je note quelque peu l'indignation et l'irrespect de l'oracle. Ce dernier lance quelques clefs dont je n'ai passablement ni la serrure. Ni même l'envie de plancher sur l’énigme qu'il déblatère. Pourtant, je me note quelque part qu'il à l'air de bien connaitre les ambitions de mon supérieur. Pour sûr que Maximus serait intéresser d'avoir une conversation avec lui affin d'être dans les meilleurs grâce de Sieg. Je lui en soufflerai un mot en privé. Peut être.

Mon attention est brusquement alpaguée par Hallvaror qui sort de son indifférence profonde pour l'émissaire. Il y a quelque chose que je n'aime foncièrement pas quand il prononce mon nom. Ou quand il me parle directement. Pourtant, je suis impassible. Mais quand il darde la fente de son masque vers moi et j’entraperçois vaguement ses orbites. C'est instinctif. Ca me donne la chair de poule, ça accélère mon rythme cardiaque. Cette perspective me donne l'impression qu'un gigantesque œil jaune braque son iris immense sur ma personne. C'est comme faire face à un projecteur aveuglant qui paralyse ma pensée.
S'il y a bien une chose auquel j'aime aspirer en temps normal avec les gens puissant, c'est bien à l'invisibilité. Avec Jor, j'ai atteint le stade ou j'ai envie qu'une partie de ma personnalité se dissolve pour rendre cette mascarade hypocrite plus supportable.

- Oui seigneur inquisiteur.

J'offre un salut de la tête avant de me retourner de quelques degrés vers l'Oracle. Je devine à son regard qu'il n'a pas l'intention de m'obéir. Pourtant... Pourtant j'essaie. Je ne sais pas quelle volonté me permet de continuer. Peut être le bref espoir de pouvoir respirer a l'air libre après une apnée auprès de la chose.

- Sir, je me dois de vous mettre en sécurité.

Ouais. Nan. Ca ne fonctionne pas comme ca un être humain. Je serre les dents et m'oblige péniblement à articuler malgré la tension qui agite mon esprit. Mon ton reste poli, intransigeant. Une expression creuse. Je veux juste m'éloigner de l'inquisiteur. De ce cratère. Je me sentirai plus sereine a proximité de Maximus.

- Ecoutez, j'ai ordre de le faire et j’accomplirai mon devoir. Je n'aprécierai pas vous forcer la main. Alors pour la préservation de votre dignité d'Oracle, je vous serais gré de marcher à mes cotés pour rejoindre le Capitaine Méridius.

Autrement dit : Marche. Ou je te porte, comme une princesse ou un sac de pomme de terre suivant ton agitation.  

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Maximus continue de parler aux gardes. Ils semblaient déjà tendus, nerveux et méfiants alors on sait pas vraiment si c'était une excellente idée d'en rajouter une couche. Mais on peut comprendre que tout le monde ne possède pas les qualités oratoires de Neha ou Diantéha. Il crible littéralement les soldats de questions, et ces derniers l'observent, indignés et confus, alors que le discours du général se voulait à première vue rassurant. Un des hommes fait grincer ses dents, serrant sa lance entre son poing. Peut-être que si le soldat avait décidé de sympathiser un peu pour apaiser les hommes, leur réaction ne serait pas si excessive. Peu importe.

« Votre "impitoyable machine de guerre" ne peut rien ici. Votre Empire est loin, et la bête est toute proche alors arrêtez de l'avoir à la bouche. Professionnels ou pas, vous avez sans aucun doute énervé la chose. Il hausse la voix et imite celle de Maximus. "Vous deviez être dans le coin peu avant les événements non ?"... On vient de vous dire qu'on habitait dans ce putain de village avant qu'il se fasse engloutir !

- Vous êtes bien des ellgardiens ; cambrer le dos et vous pavaner comme des coqs mais pas moyen d'écouter ceux qui vous parlent, ajouta le plus vieux.

- Vous avez suffisamment causé de merde comme ça. On était tranquilles avant que vous arriviez mais dès que vous avez posé le pied ici, tout est parti en couilles ! On vous tolère déjà ici alors faites ce que vous avez à faire et allez vous-en !, ajouta un autre. »

Heureusement, ils ne sont pas si agressifs que cela. Simplement menaçants. Ils ne sont pas là pour se battre, mais mieux vaut ne pas davantage les chauffer. On sème ce que l'on récolte lorsque l'on décide de réveiller le PTSD des gens avec si peu de délicatesse, Maximus. Une chose est sûre, les gardes se souviendront de toi.

« Le Jörmungandr était fidèle à lui-même et faisait ironiquement écho à Kryos sur certains points. Les deux étaient empreints d'une mégalomanie avide et de cette espèce d'inconscience du danger qui les caractérisait tant. Toutefois, le titan provoquait là un outrage qu'il était difficile au triton d'ignorer. Et, par-delà même ces futilités, il le sentait déjà entrain de continuer de fouiller les entrailles de la terre de ce linceul de ténèbres et de terreur qui le recouvrait en permanence comme le voile d'un mauvais augure. Et l'intense attente qui pulsait dans les tempes de l'oracle au rythme du cœur du serpent lui semblait comme le métronome fatal égrenant les secondes une à une dans un compte à rebours où, à la fin, il ne resterait plus rien que la promesse d'une mort rapide et peut-être pas trop douloureuse pour les plus chanceux d'entre eux.

Néanmoins, malgré l'éventuelle sympathie qu'il aurait pu éprouver pour la chevalière, ses pensées étaient encore toutes fraîchement empreintes de la démence que son esprit venait d'effleurer, et là sous la terre il savait que se terrait quelque chose de bien plus dangereux que la simple bête qu'ils s'imaginaient tous trouver. Si le serpent monde décidait de la provoquer, ça n'était pas cinquante mètres qui allaient les sauver. Une froideur impatiente et exaspérée s'empara du cœur de l'oracle tandis qu'il tournait son attention vers la chevalière, adoptant une figure déterminée et la lâchant malgré tout. Ils n'étaient pas réunis depuis très longtemps et déjà l'impérieuse arrogance ellgardienne enflait comme un bubon hideux, dirigée toute entière dans cette direction par le mythe des fonds marins. S'ils n'avaient été que tous les deux, ç'aurait été une chose, mais sa qualité d'oracle et de représentant d'Atlantys lui interdisaient tout simplement de permettre que ce genre d'indignités ne surviennent sans conséquences.

Il fixa la chevalière de ses yeux d'un gris pâle aux reflets légèrement bleutés. Un instant d'hésitation passa dans l'incertitude la plus totale après ses propos, un instant où il lui sembla saisir tout l'inconfort et le malaise qui régnait dans le cœur de cette femme. Un sentiment si humain et si vulnérable, qui semblait s'étouffer lui-même pour s'éviter de prendre trop d'ampleur. C'était une tentation terrible pour l'avidité égoïste de Kryos, mais interdite. Contenant l'agitation qui régnait en son sein, il fit un grand effort pour se forcer à canaliser les élans empathiques sauvages qui remuaient avec force en lui. Là quelque part, cette saloperie rôdait, et il se trouvait ici à devoir argumenter avec les chiens-soldats du Jörmungandr, incapables de percevoir ce qu'il avait entrevu et de saisir l'urgence de ce qu'il se passait et le danger auquel ils étaient exposés.

L'ambiance sembla néanmoins changer subtilement au moment même où Kryos déployait les volutes de sa présence en une aura dirigée vers la chevalière, se glissant autour d'elle dans un mélange de douceur et de sournoiserie, comme le bruit du froissement de la soie qui viendrait chatoyer dans l'esprit. Une chaleur froide qui irradiait d'une façon qui en devenait presque douloureuse, envoûtant la conscience pour sublimer la présence de Kryos et la faire tendre vers un quelque chose qui semblait prendre plus de poids dans la réalité. Comme si tout le reste n'était que fadeur et grisaille devant ce qu'il pouvait dire ou faire. Un beau impossible qui voulait faire tendre vers un mélange de crainte et de révérence. Qui voulait s'imposer comme tel.

Kryos n'avait comme arme que les mots, aussi était-ce ce qu'il allait utiliser maintenant, à défaut d'user d'armes ou de violence.

_ « Me forcer la main ». Est-ce une menace, chevalière ? »

Il avait posé la question d'un ton calme et mesuré, presque peiné, tandis qu'il mettait en exergue ses propres mots comme pour mieux les faire ressortir. Il n'appréciait pas l'impression d'hostilité qui se dégageait de l'ensemble du tableau depuis le début, et le temps où il était un esclave invisible était passé. Il devait choisir ses propos avec précaution et ne pas se mettre en porte à faux. Mais ce rôle l'agaçait. Cette prophétie et la façon délirante dont le mensonge était presque en train de devenir réalité. Il ne manquait plus que demain il reçoive véritablement les visions du dieu et c'en était fini de sa santé mentale.

Toutefois, sa question était purement rhétorique. C'était le Jörmungandr qui avait pouvoir sur cette femme, pas l'inverse, aussi ses mots s'adressèrent-il autant à l'un qu'à l'autre.

_ Je crois que vous vous méprenez, impériaux. Je suis l'Oracle du dieu Aquaros, ambassadeur d'Atlantys et présent ici en ce jour afin d'honorer l'alliance qui lie mon peuple à celui de Nueva et nos Princes marchands au Conseil des sages. Je consens de bon gré à faire preuve de bonne volonté pour permettre de mener à bien cette quête ensemble mais je n'ai nul compte à vous rendre et vous n'êtes pas ici chez vous. Qu'un seul d'entre vous décide de « me forcer la main » ou de faire preuve de violence à mon égard et vous paierez les conséquences d'un tel affront. »

Un instant de silence. Il devinait bien que la chevalière ne faisait que son devoir, mais il doutait que les ellgardiens soient au courant - ou aient simplement pris la peine de se renseigner - des alliances diplomatiques qui existaient entre Atlantys et Nueva. Ceci, il le rappelait à tous, mais il avait encore une menace bien plus percutante si jamais ils se moquaient complètement de la diplomatie.

_ Je sais quelles arcanes vous déployez, inquisiteur. Alors ou vous cessez de provoquer inconsciemment la bête, ou je vous quitte sur le champ. »

Une menace qu'il ne faisait pas en l'air. Une menace qui conduisait à une hypothèse bien plus terrible encore. Après tout, pourquoi Ellgard aurait-il dépêché l'inquisiteur lui-même sur place ? Avec uniquement deux soldats pour éradiquer une telle menace ? Nueva n'était pas en reste de guerriers et de mages et s'il avait fallu dix gardes d'élite pour la tuer, il n'y aurait jamais eu besoin d'Ellgard. Non, la réponse se situait ailleurs, dans des secrets interdits et conservés dans la sécurité de l'ombre. Car s'il y avait une seule inquisition que Kryos connaissait bien plus en profondeur que ce qu'il aurait dû, c'était celle de Conquête. Il savait pour les cristaux, leur recherche et exploitation, bien sûr. Mais il savait aussi pour les expériences interdites qui s'y déroulaient, ces choses ignobles et contre nature qu'Ellgard développait sur les êtres vivants. Ellgard avait supposément une technomagie dévastatrice, alors pourquoi envoyer le général en chef de cette branche enquêter sur une créature aussi formidable si ce n'était pour se l'approprier pour eux ?

Il fixa l'inquisiteur, droit dans sa posture. S'il n'était pas vraiment utile de tenter de le subjuguer lui, Kryos ne résista cependant pas à libérer une once de sa magie à son égard. Comme la saveur d'un quelque chose qui était devenu familier avec le temps. Il n'éprouvait même pas ce plaisir malsain qui le saisissait d'habitude quand il tentait de se jouer du serpent monde. Non, pour une fois, il était très sérieux.

_ Auquel cas, je suis certain que le Conseil des Sages sera plus qu'intéressé d'apprendre ce que vous essayez de faire. »

Et, dans le fond, il voulait surtout ne pas mourir avalé dans les prochaines minutes. »

 
 

 

 

 Ravages monstrueuxChapter 2

 

 

Ma tête résonne comme un bout de métal en fusion, pris entre un marteau et une enclume. Quelque chose me comprime le crane et crispe tous les muscles de mon corps. Comme un barrage qui abdique sous son fardeau liquide, tout mon être cède dans un flopée de sentiment contradictoires et incompréhensibles. Je reste là. Bras ballant et incapable de prendre une décision. Le paysage disparait, les couleurs ternissent. Et l'oracle semble englober mon champs de vision et mes pensés.

Quand il parle, j'ai comme une envie de prendre son parti, de lui plaire. Je suis persuadée qu'une partie de moi serait capable de foutre en l’air tout mon monde pour qu'il me remarque. Pour qu'il ait une bonne opinion de moi. Est ce donc ça l'Amour que l'on promets aux enfants avant qu'il ne se couchent ? Probablement, mais ce dernier n'a rien de sain, n'a rien d'attirant. Je le comprends quand la menace de son indifférence m'effraie plus que le monstre que nous chassons, et quand ma psyché me supplie de m'excuser de cet affront. De le suivre quand il prend à parti l'inquisiteur et d'appuyer ses dires. Et pourtant.

Je suis terrifiée. La partie saine de mon cerveau me rappelle la présence silencieuse de Jor dans mon dos. Je sais parfaitement ce qui arrive à tous les déviants qui refusent les ordres à l'empire. J'ai même opéré quelques missions des moins avouables dans les camps de travail du nord. Et les images de cet endroit se ressasseront dans mon esprit jusqu'à ma fin de ma vie. Elle sont mon ancre d'horreur qui me crucifie à ma rationalité. La seule certitude qui me reste.
Je suis un parfait chien de l'empire. J'ai agit comme tel depuis tant d'années et je mourrais comme tel. Pourquoi rêverais je d'offrir ma chaine à cet inconnu ?

Des centaines de questions du style me traversent les synapses. Je n'arrive pas a faire taire ce monde. J'ai juste envie de me replier, de couper de mon cerveau. De m'enfoncer une lame profondément dans la chair pour avoir de nouveau les idées claires.
Je veux dissoudre ma personnalité dans le néant.



Sous cet assaut douloureux, je ferme les yeux et il me semble que quelque chose va mieux en cet instant.
Je ne devrais pas gâcher les ressources technologiques. Mais si je me sens pas capable, je sais que j'ai un stimulant dans mon sac. Ca pourrait être utile pour tenir, ça me permettrai de baigner dans l'indifférence du monde plus sereinement.
De toute manière, je le réserve déjà plus ou moins consciemment au jour ou je me sentirais incapable de supporter la présence de la chose. Ma main le saisit fébrilement dans mon sac et...

Nan. Pas de ca. De toute manière, la situation est une impasse malgré tout. Je ne veux pas causer d'incident diplomatique en forçant l'Oracle a me suivre. Pourtant...

- Vous considérez que des mesures prises pour votre sécurité sont un affront. Pourtant vous accusez impunément de conspiration un représentant de l'empire et ses soldats venus risquer leurs vies sur des terres étrangères.

Je me sens un peu brisée. Quant a savoir si c'est l'idée devoir lui déplaire ou le fait d’appréhender la sale image qu'il a de nous, je l'ignore. Pourtant, je reste polie, quand bien même le sarcasme brise légèrement l'illusion.

- Alors dites moi en détail ce que nous essayons de faire Oracle. Je suis toute ouïe.

Ouais, parce que même si j'ai conscience d'être un instrument politique. Je me demande sincèrement ce que nous avons a gagner en tuant une créature qui opère sur Nueva. Si ce n'est la sécurité future de nos citoyens

Mon regard cherche des yeux Maximus qui a l'air de nous observer de loin. Je lui fais signe de se ramener. Dès que la relève arrive, je lui expliquerai brièvement la situation et je quitterai le groupe pour faire ce foutu camp en amont de la colline. De toute manière tout mon être me le hurle, je dois prendre une pause. J'essaierai de faire du sport ce soir pour me défouler. Ca me permettrait en plus de m'éloigner de ces gens toxiques.

 ©️ Jawilsia sur Never Utopia
 

 
« Un instant qui se crispe de plus en plus, situation difficile qui semble tendre vers un point critique et de plus en plus instable. Quelque chose là dans son instinct le prend aux tripes et lui hurle de quitter cet endroit. Quelque chose le hérisse, quelque chose de profondément primal qui frissonne sur la nuque et sur la chair. Comme un chuchotis dans les ténèbres, le souffle bruissant du vent dans les arbres. Un mauvais présage qui rôde là autour et entre eux. Il ne veut pas plonger l'esprit dans les secrets de ce lieux. Il ne veut pas se laisser flotter à la surface de cette obscure étendue d'eau noire qui lui rappelle irrémédiablement ses catatonies délirantes de Fhaedren. Il sent quelque chose se hérisser en lui, certitude silencieuse et profonde que la voie qu'ils ont tous choisie est un chemin d'échardes de verre à arpenter pieds nus.

Son regard se tourne de nouveau vers la chevalière, ses yeux attirés par les traits de son visage, ses cheveux courts, le teint basané de peau qu'ils partagent. Un instant, le spectre de son accusation flotte entre eux comme un linceul noyé et diaphane. Il sent sur la surface de sa peau le bruit crissant de ces bris que font ses mots quand elle parle, les vagues de moiteur qui libèrent une senteur de vertige à chacun de ses gestes. Sa psyché frotte contre la sienne et il décèle la façon dangereuse dont elle oscille, cette tension nerveuse qui pousse à bout et fatigue, marbrée de ce désir irrationnel d'attention et de malaise. Une émanation dont les perturbations ondulent jusqu'entre ses pensées, s'y répercutent, les troublent et le changent lui. Il l'observe et, à cet instant précis, il se demande comment ils vont tous supporter une cohabitation qui promet d'être longue et douloureuse.

Il frissonne et se fait violence, tentant de se distancer de tout et de tous, sentant cette fatigue mentale qui déjà pèse sur lui comme une chape. Cette nuit ne suffira pas pour être d'un repos réparateur, il le pressent instinctivement. Elle sera froide et fragile et leurs nerfs seront mis à rude épreuve. Lentement, l'aura disparaît, cette emprise surnaturelle et malsaine se tarit à mesure qu'il la dissipe. Et durant une seconde entre eux, c'est comme s'il tentait de lire les secrets du monde entier dans ses yeux nus.

_ La réponse, chevalière, vous la connaissez déjà. »

Un ton calme et pourtant empreint d'un quelque chose de pas tout à fait serein. Un ton plein des présages graves de ceux qu'on annonce aux morts en sursis. D'extrêmes suspicions quant à la présence directe de Conquête naissaient en ses pensées, mais rien dont il ait aucune preuve tangible pour le moment. Cette femme défendait-elle son inquisiteur par conviction ou parce qu'elle savait la vérité ? Il l'ignorait. Mais il savait une chose, c'est ce qui avait pulsé à l'instant en son sein même.

_ Elle est là en vous. Elle gronde, terrible et indésirable, lutte contre les chaînes que vous tentez de lui imposer. Elle hurle contre cette façon que vous avez d’essayer de vous étouffer vous-même, de l'oublier, de ne pas la ressentir. De vous débattre. Et elle enserre ses anneaux cruels encore plus fortement autour de votre esprit, qui s'effrite petit à petit. Elle s'embrase et fouille jusque dans la terre à la recherche de la bête comme elle est à la recherche de votre lucidité. Elle serpente, avide, et convoite cette créature pour la faire sienne, pour l'acculer. Elle la provoque et la pique, furieuse, tentatrice. Elle est là, tout autour de nous, la Peur dans les ténèbres. Cette ombre qui veut tirer de son sommeil le mal qui rôde en ces lieux pour la faire jaillir des entrailles du sol, pleine de furie et de mort. Cette ombre qui émerge de votre inquisiteur comme un cri des abysses. »

Un instant de silence, terrible, où il lui semble sur le point de rayer quelque chose. Pourtant, il n'a plus rien de véhément dans ses propos, étrangement. Peut-être simplement un quelque chose de las.

_ Regardez-moi dans les yeux et dites moi qu'elle n'existe pas. » »


Into the jaws of death, into the mouth of hell.




Brusque retour à la réalité lorsque leur réponse heurte de plein fouet le flux de mes pensées. Suis-je étonné ? Légèrement, mais pour une raison qui m'échappe vu que je ne me faisais aucun espoir qu'ils montrent le moindre zeste d'intellect. Je retiens quand même un rire à son imitation qui, bien qu'elle soit étrangement réussie, me rappelles la dernière fois que quelqu'un s'était amusé à ce petit jeu avec moi, un jeune pouilleux des quartiers pauvre qui ne devait pas avoir plus de 8 ans et qui se prenait pour plus important qu'il ne pourrait jamais rêver l'être. Et pourtant la différence en lui et mes adorables Nuevien est palpables. Le gamin, lui, possédait plus de deux neurones fonctionnel.

- Très bien. Si vous souhaiter me voir comme un monstre sans cœur et bien soit, je n'ai pas été envoyé ici pour sympathiser, mais aider votre peuple. Bien que je sois attristé que vous refusiez de nous renseigner, je respect votre choix.

Je "respect" hein ! Ha ha ha ha ! C'est possible d'être d'une telle mauvaise foi ? C'est contre-indiqué pour le cœur normalement non ? Je faisais des efforts colossal pour rester courtois, mais ma tension allait devenir problématique si je continuais comme ça. Je suis tellement heureux d'être seul avec eux à cet instant précis pour m'épargner le regard amusé que m'aurait porté ma comparse. Quoi que. Vu les appels de détresse qu'elle m'envoie, cela ne semble au moins autant dans le mal que moi avec son poisson. Quel plaisir de voir que la haine Ellgardienne n'est pas cantonné à ces adorables bouffeurs de salade, mais réussis à s'étendre par-delà les océans.
J'y vois au moins l'occasion de rompre le contact avec ces crétins et je ne suis pas homme à gâcher de telle perche. Merci de ton aide ma belle.

- Je vais vous prendre au mot en tout cas. Bon courage messieurs.

Vous en aurez besoin bande de chien. Si nous escomptions une quelconque aide de leur part, il faudrait, je ne sais quel miracle pour leur faire pousser une paire de couilles.
Le souci dans tout ça, c'est que je pensais m'extraire d'une situation problématique, mais finalement, j'ai l'impression de passer juste d'un problème à un autre lorsque je saisis la tension entre les deux. Ho, Empereur, donnez moi la force de continuer et de ne PAS les couper en deux. Je vous en supplie aidez moi à ne pas m'énerver.

J'arrive rapidement devant eux, mais c'est dur de garder bonne figure dans ces conditions, mais si mon esprit tendait vers le burn-out, mon masque ne souffrait toujours d'aucun stigmate. Je n'allais de toute façon pas le garder encore bien longtemps. Dès qu'on en a fini avec l'Atlante et l'autre monstruosité, on se tire faire un bon feu et dormir. J'en ai plein les bottes de cette journée.

- On peut oublier les gardes, la bête semble les terroriser. Si le m... HUM. l'inquisiteur Hallvaror continue ses recherches, c'est que le bruit de tout à l'heure était bien pire qu'un simple tremblement de terre. Vous avez déjà trouvez quelque chose.

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